ÉTHIQUE RELATIONNELLE #21. Respect et Confiance

… Où il est important, aussi, d’entretenir avec soi-même une relation éthique : d’être à sa propre écoute, de savoir s’accueillir avec bienveillance, tolérance, non-jugement et… indulgence.

Me voici donc arrivée au terme de ce nouveau défi que je m’étais lancée à moi-même, ces 21 jours d’articles sur le thème de l’éthique des relations.

Je me rends compte que j’ai finalement parlé plus souvent que je ne l’avais imaginé des relations plurielles consensuelles, et notamment de celles que l’on désigne sous le terme-parapluie de polyamorie (rappelons que le libertinage est aussi une forme de non-exclusivité consensuelle, qui renvoie le plus souvent plus spécifiquement à des relations sexuelles, tandis que l’adultère est certes, une non-exclusivité, mais non-consensuelle par définition, puisqu’au moins l’une des personnes concernées n’est pas même au courant).

De nombreux livres m’ont inspirée lors de mes réflexions, et notamment More Than Two, du blog du même nom, écrit à quatre mains par Franklin Veaux et Eve Rickert, et à qui je tiens à rendre hommage ici : c’est sous leur plume, en effet, que j’ai notamment pris conscience de la différence entre des accords d’un côté, qui sont passés entre toutes les personnes concernées, et des « règles » de l’autre, qui potentiellement s’appliquent à une tierce personne ; de même que la différence entre poser ses propres limites d’un côté, et imposer des règles à quelqu’un·e d’autre, de l’autre.

C’est encore à elleux que je dois une partie de ma réflexion sur les droits qu’ielles ont appelé les « droits de la personne en relation secondaire« , autrement dit d’une personne qui serait en relation avec des personnes déjà elles-mêmes en relation dite « primaire ».
J’avoue cependant que ces termes « primaire » et « secondaire » qui renvoient, pour moi, à une échelle de « hiérarchie » (rankingsupposée entre les personnes (ou les relations) me posent problème en eux-mêmes. Il n’est cependant pas toujours simple de trouver de bons mots pour décrire des situations inédites jusqu’à présent dans les relations (dans mon article #20, j’ai par exemple choisi d’employer le terme de partenaire « historique », pour désigner une relation antérieure à une autre).
Pour celleux que ça intéresse et qui lisent en anglais, je ne peux que vous encourager à prendre connaissance du « Secondary Bill of Rights » écrit par Franklin Veaux en 2013.

Au final, j’ai la sensation que les éléments les plus importants à cultiver dans des relations, quelles qu’elle soient, sont le respect mutuel, en toutes circonstances, et la confiance – confiance en soi, confiance en l’autre, confiance en la relation.

Dans mon Voyage en Polyamorie, j’ai souvent opposé l’Amour d’un côté, la Peur de l’autre.
En réalité, je crois qu’ils correspondent aussi à la Con-fiance d’un côté, la Dé-fiance de l’autre :

  • avoir confiance que son/sa partenaire est quelqu’un·e de fiable, qu’on peut se fier à sa parole, se sentir en sécurité qu’ielle ne fera jamais rien « contre nous » et que, s’il lui arrive de faire quelque chose qui nous perturbe, c’est dans tous les cas « pour ellui » (Ne rien prendre personnellement » : 2ème accord toltèque) ; l’autre soir lors d’un groupe de parole, une femme nous racontait que son mari, quand il la sentait perdre pied, la rassurait en lui disant : Je ne suis pas contre toi.
  • par opposition à se sentir en « in-sécurité », se méfier de l’autre, et en conséquence, une fois que notre système d’alerte interne a été activé (à juste titre ou non), percevoir la réalité à travers un filtre déformant « parano » qui nous fait interpréter tout dans un sens qui nous est défavorable.

Philippe Jeammet, psychiatre qui vient de publier un livre sur les émotions (Quand les émotions nous rendent fous) oppose précisément ces deux états émotionnels : la confiance d’un côté, la peur de l’autre. (À ce propos, je vous invite à écouter en podcast l’excellente émission de La Tête au Carré sur France Inter).

Quand votre partenaire a envie de passer du temps avec une autre personne, plutôt que de vous focaliser sur le « manque », la bouteille à moitié vide, et de vous demander pourquoi ielle n’est pas avec vous… pensez plutôt à la bouteille à moitié pleine : à tous ces moments passés ensemble, à ce qui fait qu’ielle revient, est revenu·e et reviendra encore vers vous, pour tout que vous avez co-créé ensemble, pour cette relation forte que vous avez ensemble.

L’enjeu de la confiance me renvoie à ce mantra qui me vient de Susan Jeffers, ma gourou en chef, celle qu’aucun·e des dizaines d’auteurices que j’ai lu·es depuis des années n’a réussi à détrôner :

Whatever happens, I’ll handle it.

C’est le mantra qui me renvoie à la Déesse intérieure en moi, cette confiance absolue que quoiqu’il arrive, je m’en sortirai. C’est aussi celui qui dit : Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. 

Susan Jeffers est aussi l’autrice qui a écrit le super Feel The Fear and Do It Anyway. Il ne s’agit pas de ne « plus avoir peur« , ni de « lutter contre sa peur« , ni encore de chercher se convaincre qu’il n’y a « aucune raison d’avoir peur » (avez-vous déjà essayé de « raisonner » un enfant qui a peur que quelqu’un soit caché derrière ses rideaux ?), mais bien d’accueillir la peur en nous, comme il s’agit d’accueillir en nous toutes nos émotions, qui sont là, qui sont légitimes, qui sont nos alliées pour nous aider à comprendre ce qu’il se passe en nous, et, une fois qu’on l’a accueillie, acceptée, regardée en face, d’y aller quand mêmeNe pas attendre de ne plus ressentir la peur pour faire le premier pas.

Et puis, petit pas à petit pas, chaque jour de mieux en mieux… avancer sur le chemin qui est le nôtre.

L’enjeu, quand on entre en relation avec quelqu’un·e, est de créer de l’intimité, de se relier à ellui d’une manière authentique. De ne pas tricher, de ne pas faire semblant. Si on a peur de lea perdre, partager cette peur avec ellui, la lui faire connaître… en espérant qu’ielle saura l’accueillir sans jugement et dans la bienveillance. Et si ça ne le fait pas… alors c’est que ça ne devait pas le faire, et passer son chemin.

C’est en s’ouvrant peu à peu à l’autre dans la confiance et dans l’amour, que se crée jour après jour entre nous une intimité qui nous rend à la fois plus vulnérable et plus fort·e l’un·e et l’autre.

Rien ne sert de construire des barricades autour de notre relation : si l’autre doit un jour partir, rien ni personne ne pourra jamais lea retenir contre son gré. Les « règles » que l’on cherche à imposer à l’autre pour apaiser nos propres craintes… sont comme autant de barreaux de prison : l’autre y restera tant que cela lui conviendra aussi… et puis si un jour cela ne lui correspond plus, ielle les franchira.
Rien ne sert de lutter contre le courant : mieux vaut se laisser porter.

L’autre est un miroir pour moi. Quand quelqu’un·e me parle de moi, en réalité, ielle me parle d’ellui. Et si moi je suis tenté·e de lui faire un reproche, me poser la question : qu’est-ce que cela révèle… de moi ? Qu’est-ce qui me dérange en l’autre qui, en réalité, me renvoie à moi et à mes propres ombres ?

Une relation intime me permet de petit à petit mieux apprendre à aimer, mieux apprendre à m’aimer moi, mieux apprendre à aimer l’autre, et de devenir une meilleure version de moi-même.

Là encore, les écrits de Susan Jeffers sont une source d’inspiration constante pour moi. C’est elle qui a écrit Embracing Uncertainty, elle encore à qui j’ai emprunté mon fameux petit « … – ou pas » qui m’aide tant au quotidien pour apprendre à lâcher prise sur les attentes et m’ouvrir à ce que la vie m’apporte : rester curieuxe, ouvert·e, cultiver en soi sa capacité d’émerveillement.
Susan Jeffers encore qui parle d’accueillir en soi au moins « un waouh par jour«  !

L’enjeu est d’apprendre à s’aimer soi-même, à être soi-même, pour pouvoir s’ouvrir à l’autre : c’est le fameux « moi-m’aime« .

Si je sais que quoiqu’il arrive, je serai là pour moi, parce que je suis mon propre parent intérieur qui vient rassurer mon « enfant intérieur » – qu’il y a quelques jours, j’ai soudain visualisée comme « mon enfant autiste » – alors je ne crains plus l’autre. Car je sais que l’autre, ellui aussi, fait du mieux qu’ielle peut, et ne fait rien « contre moi », mais « pour ellui ». Et je peux avoir confiance en ellui pour ne pas me vouloir de mal. Je peux alors m’ouvrir à ellui, comme ielle peut s’ouvrir à moi : dans l’accueil et la bienveillance.

Respect – regarder l’autre comme un·e autre, comme une merveille de la vie, aussi libre et légitime que moi – et confiance – confiance en moi, confiance en l’autre, confiance en la relation – sont pour moi les deux piliers d’une relation positive et éthique à l’autre.

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #8. Droit à se définir soi-même

Du point de vue qui est le mien, celui de l’éthique des relations, je souhaite aujourd’hui réfléchir autour de l’idée que :  Chacun·e a le droit au respect, et en particulier, de se définir soi-même. 

En réalité, personne ne peut savoir à ma place ce que je pense, ce que je ressens, ce que je souhaite, quelles sont mes intentions ou mes motivations.

Cellui qui prétend le savoir… est dans l’absurde, le non-sens, et dans l’abus : ielle outrepasse mes limites psychiques (j’y reviendrai demain).

J’ai découvert cette réflexion autour de ce qu’est une relation verbalement abusive  dans les livres de Patricia Evans il y a seulement quelques mois : et c’est comme si soudain tout avait pris sens pour moi, comme si toutes les pièces d’un puzzle jusque-là éparpillées… trouvaient enfin leur juste place.

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Li’dée principale est que dans notre société (patriarcale, hiérarchique), au lieu de reconnaître que chaque être humain ne peut légitimement que se définir lui-même, on marche à l’envers, dans le sens où on nous définit dès l’enfance de l’extérieur (outside in).
Les parents, en effet, ont souvent tendance à prétendre « mieux savoir que leur enfant » ce qui est bon pour lui, ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il a dans la tête. Mais non, tu ne t’es pas fait mal, c’est juste un bobo. Tu le fais exprès pour m’embêter ! Tu n’écoutes jamais ce que je te dis ! 

Or personne ne peut savoir à ma place ce qu’il se passe dans ma tête, mon corps, mes émotions, et je ne peux me définir que depuis l’intérieur vers l’extérieur :  inside out (tiens, ça ne peut pas être un hasard : c’est le titre de ce fabuleux film des studios Pixar sur les émotions, malheureusement traduit en français par Vice-versa – ce qui lui enlève tout son sens).

Et pourquoi cette définition « de l’extérieur » ? Pourquoi certain·e·s se permettent-ielles de prétendre mieux savoir que d’autres ce qu’il se passe en elleux ? Parce qu’ielles se sentent « légitimes » dans leur supériorité.

C’est là que m’est utile l’image des deux échelles sur lesquelles peuvent se mesurer les relations que j’ai trouvée chez Elaine N. Aron : l’échelle verticale du ranking (celle des rapports de force et de pouvoir : de la hiérarchie) qui fait que les êtres humains se mesurent les un·e·s aux autres en supérieur·e·s ou inférieur·e·s – par contraste avec l’échelle horizontale du linking : celle du « lien », de l’amitié et de l’amour, et qui est altruiste, réciproque, mutuelle, égalitaire.
Unknown-1Reprenons. Autrefois – il n’y a pas si longtemps – l’homme avait pouvoir sur la femme (le droit de vote, d’avoir un compte en banque, etc, vous vous souvenez ? L’occasion de (re)voir l’excellente vidéo sur « Les Femmes« , à la fois éducative, informative et hilarante (parce que mieux vaut en rire qu’en pleurer…) de Et tout le monde s’en fout).
Or aujourd’hui, on voit bien à quel point c’est juste… absurde.

On continue pour autant à trouver ce rapport de force et de pouvoir « normal » (qui détermine une « supériorité » hiérarchique, le « tu me dois le respect parce que je suis ton·ta supérieur·e, j’ai plus de poids que toi dans la société – au sens de : plus de pouvoir) pour d’autres relations telles que :

  • le parent sur l’enfant
  • lea professeur·e sur l’élève (pourquoi ne dit-on pas enseignant·e / apprenant·e ?)
  • l’employeur·se sur son employé·e.

Or, d’un point de vue éthique, fondamental, chaque personne étant un être humain : personne n’est supérieur à personne.

Pourtant certaines personnes se croient “supérieures” à d’autres et à ce titre, se permettent de les juger (des « jugements » de l’extérieur, qui, on le sait pourtant, parlent d’elles-mêmes et non de la personne qu’elles prétendent juger) et de mal leur parler, voire de leur donner des ordres.

En particulier,  les enfants sont encore trop souvent considérés comme des “sous-êtres”.
Mon fils l’a très justement exprimé un soir lors d’un atelier de communication non-violente – et les quinze adultes présent·e·s autour de lui ont, je crois, été fortement ému·e·s, comme moi, en « comprenant » la souffrance quotidienne qui se révélait à nous ainsi – quand il a fait cette demande : Est-ce que cela vous serait possible, ce soir, de me considérer non comme « un enfant », mais comme « une personne » ?

Pour moi, cela voulait tout dire de la manière dont souvent les parents, les professeurs, les adultes dans leur ensemble, se permettent de mal  parler aux enfants, de leur donner des ordres, de les rabaisser : ce sont des humiliations répétées (Ah surtout ne me réponds pas, ne sois pas impertinent !) et au quotidien, des émotions interdites d’expression que, petit à petit, l’enfant apprend à refouler – voire auxquelles plus tard, il n’aura parfois même plus accès.

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Pour moi, si quelqu’un·e se permet de prétendre savoir ce qu’il y a dans la tête, le corps, les intentions de quelqu’un·e d’autre, ou de lui dire comment ielle « devrait » se comporter, ou de porter un jugement sur ce qu’ielle a fait… ielle est dans l’abus.

Or on l’a vu, les rapports de force et de pouvoir, et les relations abusives donc, sont inscrites pour la plupart d’entre nous, dès notre enfance : on les intègre comme « normales ». On croit « normal » d’être défini·e de l’extérieuroutside in – alors qu’en réalité, cela ne fait pas sens, et constitue déjà de l’abus.

Fondamentalement, personne n’a plus de valeur que quelqu’un·e d’autre, quel que soient, une fois de plus, son âge, son genre, son statut social. Personne ne peut prétendre savoir mieux que moi qui je suis, ce que je veux, ce que je ressens ou ce que j’ai dans la tête. L’autre est… autre, aussi légitime que moi en tant qu’être humain.

Hâte de lire vos commentaires, aujourd’hui plus que jamais.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #7. Communication compassionnelle

J’ai choisi aujourd’hui de parler de communication compassionnelle plutôt que de « communication non-violente » qui fait directement référence aux outils développés par Marshall Rosenberg, pour deux raisons principales :

– d’une part, parce que j’ai de plus en plus de mal avec les mots qui se définissent « contre », en « non-quelque chose ».
Le livre J’arrête de râler de Christine Lewicki par exemple a été pour moi une révélation… mais je trouve dommage qu’il s’adresse à notre cerveau par une formule négative : car le cerveau ne connaît pas, ne comprend pas, la négative – d’où les enjeux et le développement de la psychologie positive, dont la découverte a littéralement changé ma vie (cf ma toute première série d’articles : 13 jours… devenus 21 de pensée positive) ;

– d’autre part, parce que je souhaite que mes réflexions ici, puisque je parle d’éthique des relations, dépassent en réalité le cadre de la seule « communication non violente ».
En ce sens, il ne s’agit pas « seulement » de communiquer les un·e·s avec les autres de manière « non-violente », mais bien plus profondément : avec le cœur, et dans l’accueil et la compassion.

Pourquoi ? Parce qu’à mon sens, cela permet de comprendre, de se comprendre, de nous comprendre.

Beaucoup de nos pensées, en effet, sont alimentées par des « projections », des hypothèses, des suppositions : l’autre fait ou a fait quelque chose par rapport à quoi je me sens mal ou mal à l’aise, qui me heurte, me blesse, réveille en moi des émotions désagréables… et ma machine à pensées (négatives, le plus souvent, parce que j’ai été élevé·e à penser comme ça, parce que l’ensemble de notre société fonctionne encore souvent comme ça) se met en route : ielle n’a vraiment aucune considération pour moi ; en fait, ielle s’en fout de moi ; si je comptais pour ielle, ielle n’aurait pas fait une chose pareille… (quelle que soit la chose en question).
Je pense trop copieSauf que j’ai bien écrit : « réveille en moi des émotions désagréables ».
Les émotions, en effet, sont les miennes : elles sont en moi. La même action, dans un autre contexte, ou faite par quelqu’un·e d’autre, n’aurait pas réveillé en moi les mêmes émotions, ni du coup, les mêmes pensées qui, en réalité, viennent « justifier » ou « trouver des explications (théoriquement) rationnelles » à ces émotions.

Dans notre culture, quand quelque chose pose problème, on a souvent le réflexe (acquis) de chercher un·e responsable, voire un·e coupable. Et comme je ne souhaite pas reconnaître que je pourrais avoir ma part de responsabilité, car, notre culture étant, de mon point de vue, une culture de la punition (si je suis « coupable », alors je dois être « puni·e »), je crains de n’être  mis·e en accusation ou montré·e du doigt si je me désigne comme « responsable »… alors je rejette la responsabilité – voire la « faute » – sur l’autre !

Je le vois au quotidien avec mes enfants : qu’est-ce que c’est difficile de déconstruire cette « réactivité » qui paraît automatique – instinctive ? – du « C’est pas moi ! » souvent suivi de : « Et puisque c’est pas moi… c’est l’autre ! »

La véritable question ici est : pourquoi, au nom de quoi, faudrait-il désigner ou trouver un·e « coupable » ?
Quand un verre d’eau a été renversé, l’important est-il de savoir qui l’a renversé, comment il a été renversé ou… de réparer les dégâts ?
Autrement dit, l’enjeu est-il de trouver un·e coupable / responsable  (Pourquoi je devrais ranger ? C’est pas moi qui ai dérangé !) ou bien de faire en sorte que tout aille pour le mieux à nouveau ?

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Pour moi, la communication compassionnelle – être dans la compassion, dans le sens de cum patior : souffrir avec – est aussi celle qui permet de « comprendre » l’autre. Et quand on comprend l’autre – qui, par définition, est autre (cf #6. L’autre… est autre) -, on peut lâcher les projections, les hypothèses, les suppositions, et se placer simplement de son point de vue.

Finalement, je me rends compte que c’est comme les différents points de vue dans une scène de cinéma : selon si on voit une scène du point de vue de l’un·e ou du point de vue de l’autre, on ne la vit pas, et on ne la comprend pas de la même façon.
Quand on réalise une scène au cinéma, il s’agit toujours de se poser la question : qui est le ou la narrateurice, qui raconte, de quel point de vue se place-t-on ?

Chacun·e d’entre nous est toujours le héros ou l’héroïne de sa propre histoire. Je ne peux voir le monde qu’à travers mes propres yeux : je peux imaginer ce qu’il se passe dans la tête de l’autre, je peux projeter ce qu’ielle pense, ressent… mais je ne peux pas le savoir. 

Et fondamentalement, de son point de vue, chaque être humain fait toujours ce qu’ielle pense, sur le moment, dans les circonstances données, être le mieux pour ellui.

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Ça me paraît en effet très important à garder en tête : on peut espérer qu’il est quand même rare que quelqu’un·e fasse quelque chose véritablement contre quelqu’un·e d’autre, ou exprès pour lui nuire : c’est plus sûrement parce qu’ielle fait passer son propre intérêt avant celui de quelqu’un·e d’autre…

On voit bien par exemple à quel point ça paraît absurde d’entendre un parent dire à propos de son enfant : Ielle le fait exprès pour me faire enrager, ou encore  Il me cherche ! pour reprendre le titre d’un livre d’Isabelle Filliozat – un enfant (surtout petit) a rarement pour intention de faire enrager son parent : ce n’est clairement pas dans son intérêt !

Il me chercheVu comme ça, on voit bien à quel point il est tout aussi absurde d’entendre quelqu’un·e dire à quelqu’un·e d’autre, quel que soit son âge : Tu ne m’écoutes pas ! Tu le fais exprès ou quoi ? Tu ne fais aucun effort. 

En réalité, comme je le disais,  l’autre est autre, et par définition, personne ne peut savoir ce qu’il se passe dans la tête de quelqu’un·e d’autre.

Découle pour moi de ce grand principe d’égalité de droits et de respect entre les personnes que j’ai posé dans mon article #5, le fait que chacun·e de nous a des droits, des émotions, des ressentis, des limites, des besoins… tout autant légitimes que les nôtres.

Il est donc tout aussi important :

  • à la fois d’oser affirmer ses émotions, besoins, désirs – car si on ne parle pas pour soi, personne ne peut les imaginer, ou les inventer, sauf dans le cadre d’une fiction ;
  • et d’entendre et accueillir ceux de l’autre, car c’est la seule façon de connaître ou de comprendre quelqu’un·e : de l’écouter et de comprendre son point de vue.

Étant entendu que comprendre, accueillir, accepter… ne signifie pas « être d’accord ».

Cela permet cependant au moins de : ne pas projeter, ou selon l’accord toltèque #3, ne pas faire de supposition. 

Cela permet aussi de mieux ressentir l’accord toltèque #2 : ne rien prendre personnellement.
En effet, quand l’autre fait quelque chose avec quoi je me sens mal ou mal à l’aise… partir du principe qu’ielle ne fait jamais rien dans l’intention de me blesser ou de me porter préjudice : quand on comprend son point de vue, on ressent que ça n’est pas “contre” nous, mais “pour” lui ou elle.

Accords toltèques

Fondamentalement, chacun.e est libre, de manière intrinsèque et inaliénable, de mener sa vie comme ielle l’entend, et… ne nous “doit” rien.

Et notamment, quand j’entends dire : “Les enfants doivent respect à leurs parents… sous-entendu « parce que » ce sont leurs parents” (idem avec des professeurs), je suis profondément choquée.
Oui, un enfant doit respect à son parent ou à son professeur, de même que, pour moi, éthiquement parlant, et de manière non négociable, un parent ou un professeur doit respect à l’enfant.

En réalité, chacun·e doit le respect à chacun·e, quel que soit son âge, son “rang” dans la société, son genre.
Ce sera le thème de la réflexion de mon article #8.

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Au plaisir,
avec amour et bienveillance,

Isabelle

 

NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
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Parlons de sexualité à nos enfants !

Une autre version de ce texte, écrite en collaboration avec Jérôme Soubeyrand, le réalisateur de « Ceci est mon corps » est consultable sur le blog de Mediapart

Parlons de sexualité et de respect à nos enfants !

Des élèves de 6ème du collège Montaigne à Paris ont été sanctionnés pour attouchements et harcèlement sexuel, a-t-on appris dans la presse récemment : certains avaient notamment contraint des filles à regarder des films porno sur leurs téléphones portables. Vous avez bien lu : en 6ème !

Et les « bien-pensant » de s’en prendre à Internet et aux dits téléphones portables…

HOLÀ sur la toile, où des internautes s’insurgent en racontant leurs souvenirs d’enfants traumatisées par de semblables faits – téléphones portables en moins.

Je suis née en 1968. Quand j’étais en CM1 ou CM2, des garçons de ma classe se sont concertés, certains pour me tenir prisonnière, d’autres pour contraindre un nommé Grégoire à m’embrasser (il se disait amoureux de moi). Le pauvre… c’est lui que j’ai giflé pour me protéger. Et je n’ai plus jamais osé le regarder en face.

« Petites blagues entre amis » ? « Jeux d’enfants » ? « C’était pour rire » ?
Mais ça ne m’a pas fait rire. C’est au contraire un des événements traumatisants de ma scolarité en primaire – avec le maître qui nous envoyait au visage ses éponges et ses craies pour nous faire taire.

Mon compagnon, est, lui, né en 1972. Il se souvient encore combien il a été choqué en CM2 quand des garçons « jouaient » à mettre la main aux fesses des filles.

C’était bien avant Internet ! Bien avant les téléphones portables ! (*)

(*) (Pour aller plus loin, lire les excellents articles sur madmoizelle.com)

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Parce qu’aujourd’hui, je me sens doublement concernée : d’une part, en tant que maman, parce que les enfants impliqués étaient il y a un an encore dans la même école que mes propres enfants (si si, ce n’est pas une blague !) ; et d’autre part, en tant que cinéaste, parce que je me sens malgré tout « légitime » pour parler de cinéma…

… j’ai décidé de vous parler aujourd’hui – une fois n’est pas coutume – de films porno !

Mais avant de m’exprimer en tant que cinéaste à propos de ce qu’on peut dire à nos enfants sur les films porno que – parents, que vous le vouliez ou non, que vous soyez « vigilants » ou non, que vous vous voiliez la face ou non – vos enfants verront de toute façon bien trop tôt pour leur âge et bien plus tôt que nous (*)… voici quelques réflexions que m’inspirent ces faits.

(*) (J’ai vu mon premier film porno quelques jours après mes 18 ans pour « marquer le coup » de mon accession à l’âge adulte, dans un cinéma en copie 35, avec mon petit-ami de l’époque : nous en sommes sortis tous deux assez choqués, voire dégoûtés…)

 

Le droit au respect

Le harcèlement sexuel des filles par les garçons ne date pas d’hier, ni d’Internet ! C’est bien précisément ce qui est inacceptable, et qu’il nous appartient de changer.

Cela ne fait pas si longtemps qu’en France, un viol est enfin considéré comme un crime. J’avais 12 ans ! (*)

(*) Et encore, 80% des viols seraient, semble-t-il, déqualifiés (disqualifiés) en « délits » et agressions sexuelles, afin d’être jugés en correctionnel et non aux assises (pour désengorger les tribunaux ?)

Et aussi incroyable que cela paraisse, aujourd’hui encore, un inceste n’est toujours pas reconnu spécifiquement comme tel, mais encore qualifié de « viol sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité ». Ça paraît dingue ? Pourtant… c’est en France que cela se passe.

En France, où les châtiments corporels ne sont toujours pas interdits par la loi. Où les parents ont encore le « droit » de frapper leurs enfants, gifles ou fessées

Quand donc notre société évoluera-t-elle ? Les violences envers les femmes ont enfin été reconnues et interdites, on n’a pas le droit de frapper sa femme ni son chien, mais on aurait le droit de « corriger » son enfant ? (« son » enfant ?!)
Il y a vraiment encore des gens qui croient que « c’est pour leur bien » ? Faites-leur lire Alice Miller !

Et avec ça, les enfants seraient censés comprendre qu’on n’a PAS LE DROIT de toucher un(e) autre sans son consentement explicite ?

imagesOn n’a tout simplement PAS LE DROIT moral, éthique, fondamental, de toucher l’autre, que ce soit en lui faisant mal (frapper, pincer, mordre, donner un coup de pied, bousculer, cracher au visage) ou pour une caresse (?!) ou un baiser qu’il ou elle ne souhaite pas.

On n’a PAS LE DROIT de pincer ou de mettre la main aux fesses, de toucher la vulve ou le pénis, de toucher les seins de quelqu’un. Pas le DROIT. Point.

C’est ça que nos enfants doivent entendre et encore entendre, de tous les adultes autour d’eux. De leurs parents, oncles et tantes, amis, de leurs instituteurs, professeurs, animateurs. Encore et encore. Pas le DROIT.


Le droit à être entendu(e)

Ça vaut la peine, toujours, de se battre pour faire reconnaître ses droits. Ne jamais capituler, ne jamais renoncer !

C’est bien parce que nos aîné(e)s se sont battu(e)s contre le viol que la loi est passée en 1980. Il n’y a pas si longtemps, certains rigolaient à l’évocation d’un viol (*) : « Ce n’est pas si grave que ça », « elle l’a bien cherché », « elle n’avait qu’à pas s’habiller si court »… Ça vous choque ?

(*) (Cet article est tout sauf un article « anti-hommes » : c’est un article anti-macho, ce qui n’a rien à voir !)

Eh bien, moi, quand j’entends un petit garçon de dix ans me dire en toute innocence : « Oui, on pince les fesses des filles, mais c’est pas méchant, c’est pour rigoler », ça me choque tout autant !

C’est là, que commencent la discrimination filles / garçons, la guerre entre les sexes, les incompréhensions : dans la cour de l’école !

Est-ce que les filles, elles, « rigolent » ? Ont-elles une autre solution si elles veulent être acceptées par la « bande » ?

54275813ecoute-jpgQue se passera-t-il si l’une décide d’aller se plaindre ? Vraisemblablement… rien. Ou plutôt, si : on la trouvera « chochotte », voire « fayotte ». On trouvera qu’elle fait « beaucoup d’histoires pour pas grand-chose…» Et elle sera mal vue par les garçons qui voulaient « juste rigoler ».

Or on sait à quel point, à cet âge, la socialisation et le regard des autres sont importants.

Les jeunes filles harcelées par les garçons à Montaigne ont tenté de parler, à plusieurs reprises, depuis octobre. Elles n’ont pas été écoutées, pas entendues.
Alors elles se sont tues. Certaines ont tenté de se défendre seules. D’autres se sont refermées sur elles-mêmes, de plus en plus mal.

Est-ce que ce n’est pas le rôle de l’école et le rôle des parents d’enseigner à nos enfants avant tout le RESPECT de l’autre ? De leur faire comprendre une bonne fois pour toutes que NON, c’est NON ?!

Les femmes – les hommes aussi ! – ont le droit au respect de leur parole : NON, c’est NON, et au respect de leur corps.

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Écoutons encore les garçons : « Les filles, elles nous détestent : elles veulent nous faire punir. Alors que nous, on les aime, et quand elles nous embêtent, on ne dit rien, parce qu’on ne veut pas qu’elles soient punies. »

Certainement, les filles sont bien aussi « mauvaises » (langues) que les garçons. Elles attaquent (ou se défendent) avec des mots qui font mal, en lieu et place des gestes qui agressent.

Que se passerait-il si un garçon allait se plaindre d’un mot blessant ? Il se ferait rembarrer par les adultes : « Trop sensible, trop émotif, il doit apprendre à se défendre tout seul… »

Et c’est l’escalade ! Les garçons touchent, les filles font mouche avec leurs piques blessantes.

La guerre des sexes commence à l’école. (*)
N’est-il pas temps qu’elle cesse ?

(*) (La même disparité se retrouve à l’âge adulte : combien d’hommes victimes de femmes manipulatrices osent parler ? Et pourtant… Messieurs, osez parler ! Vous contribuerez à changer la société et le regard que les femmes portent sur vous ! Et vous rendrez un immense service à vos enfants !)

Unknown


Le respect et la confiance

Il est du devoir des adultes d’enseigner aux enfants le RESPECT de l’autre.

Et peut-être, au lieu de punir, critiquer, dévaloriser – ce qui ne fait qu’entretenir la rancœur et l’humiliation de l’enfant qui se sent attaqué pour ce qu’il « est » et non pour ce qu’il a « fait » – pourrait-on expliquer aux enfants qu’ils ont tout à gagner d’une attitude de respect qui crée la confiance entre deux personnes ?

J’ai assisté il y a quelque temps à une soirée sur le tantrisme présentée par Jacques Ferber, auteur et universitaire, qui expliquait que, si  l’homme a une pulsion naturelle – animale, instinctive – vers la femme, qui le pousse à la toucher…, la femme a, elle, en face, une réaction tout aussi « instinctive » de protection et de fuite, héritée de siècles et de millénaires de domination masculine : quand l’homme tend la main vers elle… la femme recule et se referme comme une huître.

Les femmes ont appris de leur mère – qui l’ont elles-mêmes appris de leur mère, et ce, depuis des générations – à se méfier des hommes qui cherchent à les « prendre » et à les « posséder ».

Que se passerait-il si les hommes laissaient enfin leurs mains aux vestiaires ? S’ils se tenaient à une distance respectueuse, sans outrepasser les limites de la zone de sécurité des femmes ?

18944461-Red-decorative-heart-Stock-Vector-heart-tattoo-romanticC’est l’expérience qu’a fait faire Jacques Ferber aux quelques cinquante personnes, hommes et femmes, qui assistaient avec moi à cette soirée : eh bien… comme des papillons tout juste éclos de leur chrysalide, merveilleusement, les femmes ont déployé leurs ailes et ont entamé une danse sensuelle autour des hommes qui les laissaient être femmes, sans chercher à les forcer… Ce sont elles qui sont venues à eux.

Les hommes étaient émerveillés de laisser venir à eux cette sensualité nouvelle, brute, de ces femmes soudain ouvertes à la relation… Et elles-mêmes étaient surprises de se découvrir aussi « osantes » dans ce cadre sécure : elles étaient en confiance, elles savaient que les hommes ne chercheraient pas même à les toucher.

N’est-ce pas cela que nous devrions enseigner à nos garçons ? À laisser venir à eux les filles… au lieu de chercher à les toucher et les attraper ?!


Parlons de sexualité à nos enfants

Mais pour qu’ils puissent nous entendre, peut-être serait-il temps que l’on se décide enfin à leur parler de sexualité en des termes plus justes, et surtout moins fuyants, que ce qui se pratique habituellement ?

Car que fait un petit garçon qui soulève la jupe d’une fille ? Il veut percer son mystère, comprendre ce qui se cache là-dessous… car il manque d’informations !

La sexualité est bien plus que ce que prétend leur enseigner « l’éducation sexuelle » au collège (et encore… bien tard !). Car en quoi consiste cette « éducation sexuelle » ? En une éducation de la reproduction et des risques des MST !

On leur parle de « peurs », de « risques »… On leur parle de « procréation », de « contraception ». On leur explique comment « ne pas tomber enceinte », « ne pas attraper une MST ». On leur parle de préservatifs et de pilule (et encore… dans le meilleur des cas !).

Mais on ne leur parle pas de l’essentiel : du plaisir, de l’extase, de la jouissance, du bonheur qu’apporte une sexualité épanouie et partagée.

pivoineRougeEt pourtant, nos enfants se doutent bien – dès leur plus jeune âge – qu’il y a derrière la propension des hommes et des femmes à se retrouver dans un lit, à fermer la porte de leur chambre à coucher, à s’embrasser avec la langue, à se tenir par la main dans la rue… bien autre chose qu’un simple désir de « procréer ».

Les enfants savent que les adultes autour d’eux (leurs parents, beaux-parents, les parents de leurs ami(e)s) font l’amour, parlent d’amour, regardent des films d’amour… : c’est bien qu’ils doivent y trouver un certain plaisir ? Mais lequel ?

Alors ils cherchent à comprendre ! Ils sont en quête de ce plaisir dont ils ont l’intuition, mais dont les adultes semblent garder jalousement le secret !

Il est temps de parler à nos enfants des plaisirs intenses de connexion et de relation que l’on peut éprouver quand on fait l’amour. Dans la tradition tantrique, l’énergie sexuelle créée par l’acte d’amour est un moyen d’accéder au divin.

C’est bien cette énergie que sentent en eux les petits garçons qui ont cette « pulsion » de toucher les filles… Si on leur apprend à ne pas aller vers elles les mains en avant, mais dans le respect et l’écoute, si on leur explique que ce qu’ils recevront sera alors bien plus gratifiant… peut-être connaîtront-ils plus tôt que leurs parents la joie que procurent de vraies relations de confiance entre les gens ?


À propos des films porno

Il nous faut donc aussi leur parler de ce qu’ils voient, ou peuvent voir, dans les films porno.

Car si on fait l’autruche et qu’on préfère croire qu’ils n’y ont pas accès, ou si on essaie de leur faire « honte », si on les punit… alors il les regarderont quand même, mais en cachette. On aura beau interdire les téléphones portables dans la cour du collège, on ne pourra pas les interdire dans la rue, ou dans leur chambre.

On doit leur dire que ce qu’ils voient dans les films porno ne reflète pas la réalité. Que ce n’est pas ça, « faire l’amour ». Que ce n’est pas pour « ça », que leurs parents ou les adultes autour d’eux s’enferment dans leur chambre la nuit.

Que les films porno ne sont pas plus « vrais » qu’un film d’aventures ou de science-fiction : c’est du CINÉMA ! Les scènes sont reconstituées : elles ne sont pas filmées en plans-séquences, mais sont montées, à partir de plusieurs prises. Il faut plusieurs heures de travail, plusieurs prises, plusieurs axes… pour une seule séquence de quelques minutes.

Les hommes « normaux » ne bandent pas pendant des heures : les acteurs de porno sont des hardeurs, ils sont dopés, comme des sportifs.(*)

(*) (A-t-on jamais pensé combien ça peut complexer un petit garçon (ou un homme !) de regarder ces scènes de copulation qui semblent durer des heures ?)

Et je ne m’étendrai pas sur le soi-disant « plaisir » ressenti par ces acteurs : certes, les hommes éjaculent, mais on peut avoir une éjaculation mécanique sans orgasme… Quant aux femmes, on sait depuis Quand Harry rencontre Sally que n’importe quelle femme peut simuler…et quand bien même, on les voit de toute façon peu prendre du plaisir dans ces films !

Respect-shutterstock_178715795Leur dire que les flms porno sont faits pour exciter des adultes, pour satisfaire des pulsions masturbatoires immédiates, mais ne correspondent en rien à ce qu’il se passe réellement entre un homme et une femme (ou deux hommes, ou deux femmes) qui se respectent et entrent en relation par la sexualité.

Leur dire aussi que la pénétration n’est pas la panacée universelle, qu’elle ne suffit pas à faire jouir une femme s’il n’y a pas stimulation du clitoris et excitation préalable, et qu’il existe bien d’autres moyens d’éprouver du plaisir que le fameux va-et-vient qui les fascine tant.


Parlons vrai à nos enfants ! 

Et puis aussi, arrêtons l’hypocrisie : on peut faire l’amour sans être amoureux ! On peut avoir du désir sans amour, faire du sexe sans amour. Nos enfants le savent. Ils veulent comprendre ce qu’on ne leur dit pas.

Ne plus leur dire : « Tu dois te réserver pour le garçon ou la fille que tu aimeras ». Parce que quand ils éprouvent du désir pour l’un, puis l’une, ou pour plusieurs… ils en conçoivent de la honte, ils ne se croient « pas normaux ».
Or ils sont normaux, en relation avec leur instinct de vie, leur désir, leur intense vitalité. Ce sont les adultes qui réprouvent, refoulent, n’assument pas.

Si on parle à nos enfants, peut-être auront-ils moins besoin d’aller chercher des réponses par eux-mêmes ou auprès de leurs grands frères, élevés eux aussi aux mêmes non-dits et films porno ?

Parlons-leur ! De désir, de plaisir, de sexualité ! Disons-leur qu’un jour, quand ils seront plus grands, eux aussi connaîtront ces plaisirs, ces joies immenses.

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Disons aux filles que leur sexe est à l’intérieur de leur corps, et qu’un jour, elles aussi, accueilleront en leur grotte sacrée, le pénis d’un homme qu’elles auront choisi d’accueillir. Apprenons aux garçons le respect de la femme, de la Déesse en chacune d’elles. Qu’ils viennent à elles dans leur puissance et à leur écoute. Qu’ils échangent dans le respect et la confiance.

Car une sexualité heureuse et épanouie, comme l’amour, ne peut éclore que dans le respect et la confiance.

Au plaisir,
Isabelle

PS. Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu, pour faire plaisir à vos neurones-miroirs, voir et entendre des scènes d’amour et de sexualité, dans le respect et la confiance… courez voir CECI EST MON CORPS, en 26ème semaine d’exploitation au cinéma La Clef : lundi 8 juin, à 17h20, en présence du réalisateur et acteur Jérôme Soubeyrand ! Hors circuit commercial, hors société de consommation, mais plébiscité par le public qui en redemande !
Et pour le plaisir, une fois de plus, LA fameuse scène où Marlène explique à un Gabin médusé sa conception du plaisir entre un homme et une femme :