ÉTHIQUE RELATIONNELLE #8. Droit à se définir soi-même

Du point de vue qui est le mien, celui de l’éthique des relations, je souhaite aujourd’hui réfléchir autour de l’idée que :  Chacun·e a le droit au respect, et en particulier, de se définir soi-même. 

En réalité, personne ne peut savoir à ma place ce que je pense, ce que je ressens, ce que je souhaite, quelles sont mes intentions ou mes motivations.

Cellui qui prétend le savoir… est dans l’absurde, le non-sens, et dans l’abus : ielle outrepasse mes limites psychiques (j’y reviendrai demain).

J’ai découvert cette réflexion autour de ce qu’est une relation verbalement abusive  dans les livres de Patricia Evans il y a seulement quelques mois : et c’est comme si soudain tout avait pris sens pour moi, comme si toutes les pièces d’un puzzle jusque-là éparpillées… trouvaient enfin leur juste place.

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Li’dée principale est que dans notre société (patriarcale, hiérarchique), au lieu de reconnaître que chaque être humain ne peut légitimement que se définir lui-même, on marche à l’envers, dans le sens où on nous définit dès l’enfance de l’extérieur (outside in).
Les parents, en effet, ont souvent tendance à prétendre « mieux savoir que leur enfant » ce qui est bon pour lui, ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il a dans la tête. Mais non, tu ne t’es pas fait mal, c’est juste un bobo. Tu le fais exprès pour m’embêter ! Tu n’écoutes jamais ce que je te dis ! 

Or personne ne peut savoir à ma place ce qu’il se passe dans ma tête, mon corps, mes émotions, et je ne peux me définir que depuis l’intérieur vers l’extérieur :  inside out (tiens, ça ne peut pas être un hasard : c’est le titre de ce fabuleux film des studios Pixar sur les émotions, malheureusement traduit en français par Vice-versa – ce qui lui enlève tout son sens).

Et pourquoi cette définition « de l’extérieur » ? Pourquoi certain·e·s se permettent-ielles de prétendre mieux savoir que d’autres ce qu’il se passe en elleux ? Parce qu’ielles se sentent « légitimes » dans leur supériorité.

C’est là que m’est utile l’image des deux échelles sur lesquelles peuvent se mesurer les relations que j’ai trouvée chez Elaine N. Aron : l’échelle verticale du ranking (celle des rapports de force et de pouvoir : de la hiérarchie) qui fait que les êtres humains se mesurent les un·e·s aux autres en supérieur·e·s ou inférieur·e·s – par contraste avec l’échelle horizontale du linking : celle du « lien », de l’amitié et de l’amour, et qui est altruiste, réciproque, mutuelle, égalitaire.
Unknown-1Reprenons. Autrefois – il n’y a pas si longtemps – l’homme avait pouvoir sur la femme (le droit de vote, d’avoir un compte en banque, etc, vous vous souvenez ? L’occasion de (re)voir l’excellente vidéo sur « Les Femmes« , à la fois éducative, informative et hilarante (parce que mieux vaut en rire qu’en pleurer…) de Et tout le monde s’en fout).
Or aujourd’hui, on voit bien à quel point c’est juste… absurde.

On continue pour autant à trouver ce rapport de force et de pouvoir « normal » (qui détermine une « supériorité » hiérarchique, le « tu me dois le respect parce que je suis ton·ta supérieur·e, j’ai plus de poids que toi dans la société – au sens de : plus de pouvoir) pour d’autres relations telles que :

  • le parent sur l’enfant
  • lea professeur·e sur l’élève (pourquoi ne dit-on pas enseignant·e / apprenant·e ?)
  • l’employeur·se sur son employé·e.

Or, d’un point de vue éthique, fondamental, chaque personne étant un être humain : personne n’est supérieur à personne.

Pourtant certaines personnes se croient “supérieures” à d’autres et à ce titre, se permettent de les juger (des « jugements » de l’extérieur, qui, on le sait pourtant, parlent d’elles-mêmes et non de la personne qu’elles prétendent juger) et de mal leur parler, voire de leur donner des ordres.

En particulier,  les enfants sont encore trop souvent considérés comme des “sous-êtres”.
Mon fils l’a très justement exprimé un soir lors d’un atelier de communication non-violente – et les quinze adultes présent·e·s autour de lui ont, je crois, été fortement ému·e·s, comme moi, en « comprenant » la souffrance quotidienne qui se révélait à nous ainsi – quand il a fait cette demande : Est-ce que cela vous serait possible, ce soir, de me considérer non comme « un enfant », mais comme « une personne » ?

Pour moi, cela voulait tout dire de la manière dont souvent les parents, les professeurs, les adultes dans leur ensemble, se permettent de mal  parler aux enfants, de leur donner des ordres, de les rabaisser : ce sont des humiliations répétées (Ah surtout ne me réponds pas, ne sois pas impertinent !) et au quotidien, des émotions interdites d’expression que, petit à petit, l’enfant apprend à refouler – voire auxquelles plus tard, il n’aura parfois même plus accès.

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Pour moi, si quelqu’un·e se permet de prétendre savoir ce qu’il y a dans la tête, le corps, les intentions de quelqu’un·e d’autre, ou de lui dire comment ielle « devrait » se comporter, ou de porter un jugement sur ce qu’ielle a fait… ielle est dans l’abus.

Or on l’a vu, les rapports de force et de pouvoir, et les relations abusives donc, sont inscrites pour la plupart d’entre nous, dès notre enfance : on les intègre comme « normales ». On croit « normal » d’être défini·e de l’extérieuroutside in – alors qu’en réalité, cela ne fait pas sens, et constitue déjà de l’abus.

Fondamentalement, personne n’a plus de valeur que quelqu’un·e d’autre, quel que soient, une fois de plus, son âge, son genre, son statut social. Personne ne peut prétendre savoir mieux que moi qui je suis, ce que je veux, ce que je ressens ou ce que j’ai dans la tête. L’autre est… autre, aussi légitime que moi en tant qu’être humain.

Hâte de lire vos commentaires, aujourd’hui plus que jamais.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
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13 JOURS… #13 : La Discipline positive

Waouh ! Déjà le 13ème jour ! Le temps passe vite quand on s’amuse…

Aujourd’hui je n’ai pas « cédé à des pensées négatives », mais j’ai eu un peu de mal à gérer une émotion forte.

Je l’ai repérée, accueillie… mais un peu tard : ma première réaction a été une réaction classique de défense – l’attaque !

(Vous savez, notre « crocodile intérieur » – notre cerveau reptilien – qui, quand il se sent menacé, réagit en fight, flight ou freeze ? Il attaque (s’il pense avoir une chance de gagner), fuit (s’il se sent en situation d’infériorité) ou « fait le mort » (s’il ne peut ni attaquer, ni fuir, il se met en mode « freeze » : c’est le fameux état de « dissociation » en cas d’agression, notamment).(*)

Une de mes amies me disait récemment qu’elle avait constaté que c’était précisément dans ce moment où on est « chaud bouillant » (**) que la pratique de la méditation se révèle un atout précieux : comme on a l’habitude de regarder passer ses pensées et ses émotions, on se souvient plus facilement, quand notre pilote automatique nous ferait réagir à la violence par de la violence, de d’abord respirer.

Ça n’a l’air de rien, et pourtant, c’est si important : PENSER À RESPIRER ! 

C’est d’autant plus important avec un enfant : car si lui réagit avec son crocodile (il se sent menacé, il attaque !), c’est à nous, adulte, de repérer le piège du rapport de forces dans lequel il essaie (son crocodile) de nous entraîner.

Sur le moment, ça peut paraître tellement tentant d’avoir recours à la punition !

Oui mais… qu’apprenons-nous à nos enfants quand on les punit ? À se soumettre au rapport de forces : on leur apprend l’humiliation. Ils obéissent non parce qu’ils sont convaincus, mais parce qu’ils ont peur. On leur apprend le « ranking » (la hiérarchie, le pouvoir, la soumission) au lieu du « linking » (le lien d’amour, de respect, d’altruisme, de compassion).(***)

C’est sûr, sur le moment, ça « marche » : ils obéissent. Oui mais… à long terme ?

L’enjeu est donc au contraire d’apprendre à nos enfants la collaboration, le respect, la résolution de conflits : il n’y a pas de « problèmes », il n’y a que des solutions. Il n’y a pas d' »échecs », il n’y a que des « expériences » qui nous apprennent à mieux vivre, à mieux aimer, à mieux réagir la fois suivante.

Il y a quelques mois, j’ai découvert  La Discipline positive.

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Le principe de base est qu’un enfant qui a un comportement inadapté – voire inacceptable : car si toute émotion est légitime, tout comportement ne l’est pas – est un enfant qui n’a pas encore appris à gérer ses émotions et son crocodile.

Si on veut lui apprendre à accueillir ses émotions et adapter son comportement, c’est à nous, adultes, d’être un « role model » : les enfants sont bien plus en connexion directe que nous avec leur inconscient, avec le langage non-verbal, et apprennent en nous observant.

Et donc : Dire ce que je fais, et faire ce que je dis. 

Un jour dans un square, j’ai vu une mère dire à son fils en lui balançant une gifle : « Combien de fois je t’ai dit de ne pas taper sur ta sœur ? »
Quelle leçon aura retenue ce petit garçon ?

Penser, parler et agir positif :
toujours chercher une solution gagnant / gagnant.

Bien sûr, ce n’est pas tous les jours facile !
L’important reste : JOUR APRÈS JOUR, DE MIEUX EN MIEUX.

Et vous, comment faites-vous quand votre crocodile essaie de vous entraîner vers là où vous ne souhaitez pas aller ? L’espace des commentaires vous appartient !!! Partageons nos expériences ! 

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Au plaisir de vous y retrouver, et à demain !

Isabelle

Et pour aller plus loin :
(*) Livre Comment apprivoiser son crocodile, de Catherine Aymelet-Perissol
(**) selon l’expression utilisée par Marcia Benitah, thérapeute TIPI
(***) cf The Undervalued Self de Elaine N. Aron
Voir aussi le site de L’Atelier des parents, animé en France par Sophie Benkemoun : je lui dois tout !

Par ailleurs, si ça vous amuse de vous faire peur : lisez Alice Miller (Notre corps ne ment jamais, C’est pour ton bien) ou Olivier Maurel : La Fessée.

13 JOURS… #9 : La Méditation de pleine conscience

Bonjour,

aujourd’hui, je pensais vous parler de créativité : hier, emportée par mon élan, je croyais m’être avancée sur mon article d’aujourd’hui ! Bien sûr, la vie en a décidé autrement… – sinon ça serait pas drôle ! 😉

Alors que je me réjouissais d’avoir devant moi une journée sereine sans interruption ou distraction extérieures, j’ai en réalité passé trois heures à m’inquiéter pour une amie qui ne me répondait pas… et qui après m’a reproché de m’être inquiétée pour rien.

Et là… je les ai repérées, ces vilaines pensées négatives si promptes à se réveiller et à me faire basculer en mode de ce qu’Elaine N. Aron, dans The Undervalued Self, appelle le « ranking » : se comparer, se mettre en rapport en force ou de soumission ; ce que j’ai hérité de quand j’étais petite fille et qu’on me disputait parce que ce que j’avais fait n’était « pas bien » et que les grands étaient « fâchés contre moi« , « déçus » (et sans doute, concluais-je, ne m’aimaient plus).

Alors j’ai fait ce qu’Elaine N. Aron suggère en cas de « ranking » : j’ai fait du « linking » – du lien : je me suis connectée aux gens que j’aime et qui m’aiment, telle que je suis, et sans jugement, en accueillant mes émotions pour ce qu’elles sont : des émotions, passagères, fugitives, aussi intenses qu’elles puissent l’être sur le moment.

J’ai retrouvé le sourire. Et je me suis connectée à la page Facebook de mon amie Elisabeth, qui depuis son Vietnam lointain nous envoie des méditations en pleine conscience : méditation de douceur et de bienveillance, méditation de gratitude, méditation… de vaisselle, méditation de chocolat !!! (Si, si, vous avez bien lu : j’adore !)

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La méditation sur mes zones de douleur m’a aidée à débloquer cette sensation de vertèbre coincée : celle qui est en liaison avec mon diaphragme, et que je bloque sous le coup d’une émotion négative en arrêtant de respirer ; la méditation de gratitude m’a fait remercier l’univers que mon amie soit en bonne santé, et que j’aie tant de chance d’avoir la vie que j’ai, avec toutes ces belles personnes qui m’entourent.

Et mes pensées négatives… n’auront même pas duré une minute ! Waouh !!! 😉 Je suis fière de moi et de mes progrès : jour après jour, et de mieux en mieux, step by step et Bird by Bird, comme l’écrit Anne Lamott…

Merci la vie ! 😉

Et vous, pratiquez-vous déjà la méditation de pleine conscience ?
Les pages de commentaire ci-dessous… vous attendent ! 

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Au plaisir et à demain,

Isabelle

13 JOURS DE PENSÉE POSITIVE #4 : Tomber sept fois, se relever huit !

Eh bien voilà les ami(e)s, fallait bien que ça arrive ! Quand on apprend à marcher… au début, eh bien on tombe ! L’important, c’est de se remettre sur ses deux jambes et de recommencer !

Le défi, c’est 13 jours d’affilée de pensée positive… pour ancrer dans le cerveau de nouveaux chemins, de nouveaux réflexes… J’aimais bien l’idée de commencer un 1er novembre pour le post #1, que les numéros des posts correspondent à la date du jour (mon côté matheux ?) et puis aussi, mais ça peut-être, je ne vous l’avais pas dit, si j’avais réussi du premier coup… le 14ème jour aurait été le 14 novembre, jour de mon anniversaire !!! 😉

Oui mais voilà… hier soir, je suis tombée.

Oh, pas longtemps… le temps de reconnaître que j’étais tombée… que je n’en étais pas fière… et que – ça, c’est le côté positif !!! – d’une certaine manière, ça donnait tout son sens à mon post du matin : dur dur de se lever quand on n’a pas assez dormi, dur dur d’être créative et au top quand on baille toute la journée, dur dur de rester positive quand tout le corps crie « Besoin de dormir, laissez-moi tranquille ! »

(Tiens, à propos du sommeil, un excellent bouquin de Mary Sheedy Kurcinka : Sleepless in America: Is Your Child Misbehaving…or Missing Sleep? )

Alors j’avais décidé d’être honnête (de toute façon, je ne sais pas faire autrement !), me voilà bien obligée de reprendre ce défi à son tout premier jour !

Car le défi n’est pas : je VAIS être positive pendant 13 jours d’affilée (car on est toutes et tous – et heureusement ! – faillibles), mais : je m’engage à faire mon possible pour rester positive jour après jour et j’aurai remporté mon défi quand j’aurai réussi à rester positive pendant 13 jours d’affilée !

Donc ce 4ème jour… est en fait le 1er de mon 2ème départ.

Trois jours, c’est déjà bien : VALIDONS LE POSITIF ! Et la prochaine fois, je ferai mieux… ou pas ! (J’adore cette formule qui me vient de Susan Jeffers dans Embracing Uncertainty : elle permet de rester ouvert(e) aux aléas de la vie, et à tout ce qu’on ne maîtrise pas – et en réalité, on ne maîtrise rien d’autre à chaque seconde, que notre choix de penser de telle ou telle façon).

Je commence par 13 jours d’affilée de pensée positive, pour apprendre à mon cerveau de nouveaux chemins de réaction précisément pour ces moments où on bascule en cerveau reptilien qui cherche à se protéger de la douleur ou de la peur.

Je ne suis qu’au tout début de mon chemin… et ce sont mes vieux schémas qui ont réagi en pilote automatique (le « protector-persecutor » de Elaine N. Aron dans The Undervalued Self ) : je me suis vue et entendue crier pour me défendre contre des pensées négatives dont je craignais qu’elles ne m’entraînent vers le bas.

Et tout en perdant pied et en en ayant conscience, je pensais : « C’est vrai que le négatif entraîne le négatif ! » mais aussi (et là, vous avez le droit de rire !) : « Qu’est-ce que je vais écrire sur mon blog demain, moi ? » 

Ce matin, évidemment, le sujet s’est imposé de lui-même : oui, je suis tombée… mais ce n’est pas un « échec » pour autant : c’est une étape, une  expérience qui m’aide à comprendre et avancer. 

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Et vous ? Où en êtes-vous de votre défi et de votre compte de jours ?

Et puisque je recommence au jour 1, certain(e)s d’entre vous voudraient-ils / elles (re) démarrer avec moi ? 😉

Vos commentaires sont plus que les bienvenus : souhaités ! 😉

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À demain !

Isabelle