21 JOURS pour des relations positives #5. Prendre le temps

Aujourd’hui, j’ai eu le plaisir et la joie de pouvoir observer une maman en interaction positive avec sa toute petite fille de 18 mois. Ou devrais-je écrire plutôt : une petite fille qui a la chance, l’immense privilège d’avoir une maman qui la laisse être qui elle est, et est à l’écoute de ses besoins et de ses désirs sans la juger, la presser, la critiquer, ou chercher à lui imposer son propre rythme – autrement dit, qui crée précisément ce que j’ai choisi d’appeler une relation « positive » entre elles.

Avez-vous remarqué comment, quand on dit à un enfant de se dépêcher… il a souvent tendance – intuitivement, pour se protéger ? – à au contraire, ralentir ? Il entre en « résistance », en se concentrant sur ses propres désirs…

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Un des (nombreux) livres que j’ai lus sur ce qu’on appelle aujourd’hui l’éducation ou la discipline positives ou bienveillantes, s’intitule Nos enfants sont des merveilles.
C’est vraiment la sensation que j’ai eue tout l’après-midi : de m’émerveiller devant cette toute petite fille qui comprend tout, sait déjà tellement ce dont elle a envie et comment se faire comprendre… parce qu’elle se sent légitime, reconnue et entendue.

Yvane Wiart, qui a écrit sur l’attachement (mais aussi, ce n’est pas un hasard, à la fois sur la violence ordinaire dans les familles et à l’inverse, sur les couples heureux) parlerait sans aucun doute ici d’un attachement « sécure » (j’y reviendrai : la théorie de l’attachement me paraît en effet fondamentale pour comprendre nos relations).

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Si on fait confiance à nos enfants, ils se développent naturellement dans le sens de la vie, de l’apprentissage conscient, du plaisir.

Sauf handicap, connaissez-vous un enfant qui n’apprend pas à marcher ?
« Avez-vous déjà vu un adulte marcher à quatre pattes ? » faisait remarquer le papa de cette petite fille cet après-midi à mes propres enfants ? Un enfant sans handicap finira toujours par marcher sur ses deux pieds, qu’il commence dès 10 mois, ou aussi « tard » que 17, voire même plus… mais il finira toujours par marcher.
Pourquoi ? Parce qu’il en éprouve le besoin, pour explorer le monde différemment. Il regarde les adultes ou les autres enfants autour de lui… et très vite, dès que son corps le lui permet, il se met en tête de marcher à son tour, et il y arrivera.
Savez-vous combien de fois tombe un enfant avant de savoir marcher ? (J’en parlais justement ce matin avec mes enfants). 2000 fois !

Imaginez-vous un parent qui dirait à son enfant à chaque fois qu’il tombe : Décidément tu es trop nul, tu n’y arriveras jamais ! Si tu n’y mets pas du tien, dans un mois on y est encore ! C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
Vous souriez ? Ça vous paraît absurde ? Et pourtant, n’est-ce pas ce qu’on leur dit implicitement un peu plus tard, quand par exemple ils renversent un verre de jus d’orange sans le faire exprès : Tu pourrais faire attention ! Quel.le maladroit.e tu fais ! Combien de fois je t’ai dit de ne pas le mettre trop près du bord ?

IMG_0165La maman de cette petite fille est déjà pour beaucoup « différente » dans son rapport à sa fille : co-dodo, portage, allaitement à la demande, apprentissage de la langue des signes pour lui permettre d’avoir un « langage » avant que son système corporel ne lui permette de prononcer des mots… J’avais l’impression de me revoir il y a dix ans, quand mon fils avait son âge, et que je faisais déjà partie d’un groupe de parents « extra-terrestres »…

Mais tout ça n’est rien si on n’est pas concrètement, pratiquement, à l’écoute de la merveille que sont nos enfants, minute après minute. Et évidemment, cela demande du temps. Le temps du développement des enfants n’est pas celui que tente de nous imposer aujourd’hui la société, avec ses rythmes, ses horaires, ses carcans, ses habitudes, ses « tu devrais« , « il faut » et « parce que c’est comme ça »…

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Un exemple, un seul. Après avoir passé un bon moment dans un parc (à avancer à la vitesse d’une petite fille de 18 mois poussant sa poussette de poupée, tandis qu’il y a tant de choses passionnantes à observer à chaque pas : tous ces enfants, ces chiens, ces jeux… : autrement dit, quelques 50 mètres à l’heure, peut-être ?), nous décidons d’en partir, car il commençait à faire nuit et froid.

Après une heure dans le parc à être totalement libre de ses mouvements, la petite fille sort donc du parc toujours en poussant sa poussette… et soudain, sa maman l’arrête : on devait traverser une rue. Elle lui donne le choix : préfère-t-elle monter dans sa poussette (la grande) ou les bras ?
La petite fille s’exprime clairement : ni l’un, ni l’autre. Elle veut continuer à pousser sa poussette. Sauf que ce n’est pas possible : il y a désormais des voitures.

Alors la maman « négocie », typiquement en communication « positive » (appelée classiquement « non-violente », mais à vrai dire, je n’aime pas tellement la négative) – je la souligne avec les lettres OSBD :
– les faits (Observation) : Si tu traverses la rue toute seule…
– 
sa propre émotion (Sentiment) : … j’ai peur, car il y a des voitures…
– son Besoin : Mon besoin est que tu sois en sécurité et je n’ai pas envie qu’elles te roulent dessus.
– 
une proposition (Demande) : Est-ce que tu serais ok pour qu’on traverse ensemble ? Tu pousses ta poussette, et tu me donnes la main en même temps ?
Et la petite fille qui avait manifesté très clairement son désaccord pour les bras ou la poussette (la grande) a accepté de traverser la rue en donnant la main à sa maman…

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Clairement ça prend du temps… de même que ça avait pris du temps de lui faire accepter de mettre son manteau en sortant : le temps qu’elle-même se rende compte qu’en effet, il faisait frisquet. Et en arrivant au parc, c’est elle-même qui avait réclamé son bonnet à sa maman. Une merveille, je vous dis…

Si cette merveille peut se déployer ainsi sous nos yeux, c’est parce que ses parents créent pour elle cet espace de liberté, d’autonomie, d’indépendance. Cette petite fille se sent autorisée à exprimer ses besoins, ses désirs, ses désaccords. Elle sait qu’elle sera entendue, accueillie, acceptée, et que ses parents feront de leur mieux pour la satisfaire. Elle se sent en confiance.
Et quand sa maman lui exprime ses propres besoins, elle est en capacité de les entendre à son tour. Parce qu’un des plus beaux cadeaux qu’elle lui fait en étant attentive à ses besoins, c’est l’apprentissage de l’empathie.
Waouh !

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J’ai tout appris avec mes enfants. Dès la seconde, presque, où j’ai su que j’étais enceinte de ma fille, alors que je venais d’avoir 40 ans, j’ai senti intuitivement que sa naissance serait une « re-naissance » pour moi, comme une « 2ème naissance ». Et en effet, depuis qu’elle est arrivée parmi nous, j’ai l’impression d’avoir, émotionnellement, « l’âge de ma fille ». Je (ré)apprends la vie et les relations avec elle. J’apprends à ressentir, accueillir, mieux canaliser mes émotions.
J’ai encore tant appris cet après-midi. J’ai réalisé que si je devais aujourd’hui avoir un 3ème enfant, je ferais encore tant de choses différemment… On apprend tous les jours.

Comme nous le faisaient remarquer Gervais Sirois et Sylvie Dubé avec lesquels j’ai suivi cette semaine une formation intitulée Cerveau et Apprentissage avec L’Atelier des Parents  : le cerveau est fait pour apprendre.
Oui, ça paraît une évidence. Et en même temps, le dire et en prendre conscience paraît révolutionnaire dans notre société qui semble si souvent marcher à l’envers…

Une après-midi comme celle d’aujourd’hui passée à partager l’intimité douce et positive d’une maman et d’un papa avec leur petite fille de 18 mois… est un cadeau de la vie qui me redonne espoir dans l’avenir : je ne suis pas seule à me sentir parfois « extra-terrestre ».

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

Parlons de sexualité à nos enfants !

Une autre version de ce texte, écrite en collaboration avec Jérôme Soubeyrand, le réalisateur de « Ceci est mon corps » est consultable sur le blog de Mediapart

Parlons de sexualité et de respect à nos enfants !

Des élèves de 6ème du collège Montaigne à Paris ont été sanctionnés pour attouchements et harcèlement sexuel, a-t-on appris dans la presse récemment : certains avaient notamment contraint des filles à regarder des films porno sur leurs téléphones portables. Vous avez bien lu : en 6ème !

Et les « bien-pensant » de s’en prendre à Internet et aux dits téléphones portables…

HOLÀ sur la toile, où des internautes s’insurgent en racontant leurs souvenirs d’enfants traumatisées par de semblables faits – téléphones portables en moins.

Je suis née en 1968. Quand j’étais en CM1 ou CM2, des garçons de ma classe se sont concertés, certains pour me tenir prisonnière, d’autres pour contraindre un nommé Grégoire à m’embrasser (il se disait amoureux de moi). Le pauvre… c’est lui que j’ai giflé pour me protéger. Et je n’ai plus jamais osé le regarder en face.

« Petites blagues entre amis » ? « Jeux d’enfants » ? « C’était pour rire » ?
Mais ça ne m’a pas fait rire. C’est au contraire un des événements traumatisants de ma scolarité en primaire – avec le maître qui nous envoyait au visage ses éponges et ses craies pour nous faire taire.

Mon compagnon, est, lui, né en 1972. Il se souvient encore combien il a été choqué en CM2 quand des garçons « jouaient » à mettre la main aux fesses des filles.

C’était bien avant Internet ! Bien avant les téléphones portables ! (*)

(*) (Pour aller plus loin, lire les excellents articles sur madmoizelle.com)

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Parce qu’aujourd’hui, je me sens doublement concernée : d’une part, en tant que maman, parce que les enfants impliqués étaient il y a un an encore dans la même école que mes propres enfants (si si, ce n’est pas une blague !) ; et d’autre part, en tant que cinéaste, parce que je me sens malgré tout « légitime » pour parler de cinéma…

… j’ai décidé de vous parler aujourd’hui – une fois n’est pas coutume – de films porno !

Mais avant de m’exprimer en tant que cinéaste à propos de ce qu’on peut dire à nos enfants sur les films porno que – parents, que vous le vouliez ou non, que vous soyez « vigilants » ou non, que vous vous voiliez la face ou non – vos enfants verront de toute façon bien trop tôt pour leur âge et bien plus tôt que nous (*)… voici quelques réflexions que m’inspirent ces faits.

(*) (J’ai vu mon premier film porno quelques jours après mes 18 ans pour « marquer le coup » de mon accession à l’âge adulte, dans un cinéma en copie 35, avec mon petit-ami de l’époque : nous en sommes sortis tous deux assez choqués, voire dégoûtés…)

 

Le droit au respect

Le harcèlement sexuel des filles par les garçons ne date pas d’hier, ni d’Internet ! C’est bien précisément ce qui est inacceptable, et qu’il nous appartient de changer.

Cela ne fait pas si longtemps qu’en France, un viol est enfin considéré comme un crime. J’avais 12 ans ! (*)

(*) Et encore, 80% des viols seraient, semble-t-il, déqualifiés (disqualifiés) en « délits » et agressions sexuelles, afin d’être jugés en correctionnel et non aux assises (pour désengorger les tribunaux ?)

Et aussi incroyable que cela paraisse, aujourd’hui encore, un inceste n’est toujours pas reconnu spécifiquement comme tel, mais encore qualifié de « viol sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité ». Ça paraît dingue ? Pourtant… c’est en France que cela se passe.

En France, où les châtiments corporels ne sont toujours pas interdits par la loi. Où les parents ont encore le « droit » de frapper leurs enfants, gifles ou fessées

Quand donc notre société évoluera-t-elle ? Les violences envers les femmes ont enfin été reconnues et interdites, on n’a pas le droit de frapper sa femme ni son chien, mais on aurait le droit de « corriger » son enfant ? (« son » enfant ?!)
Il y a vraiment encore des gens qui croient que « c’est pour leur bien » ? Faites-leur lire Alice Miller !

Et avec ça, les enfants seraient censés comprendre qu’on n’a PAS LE DROIT de toucher un(e) autre sans son consentement explicite ?

imagesOn n’a tout simplement PAS LE DROIT moral, éthique, fondamental, de toucher l’autre, que ce soit en lui faisant mal (frapper, pincer, mordre, donner un coup de pied, bousculer, cracher au visage) ou pour une caresse (?!) ou un baiser qu’il ou elle ne souhaite pas.

On n’a PAS LE DROIT de pincer ou de mettre la main aux fesses, de toucher la vulve ou le pénis, de toucher les seins de quelqu’un. Pas le DROIT. Point.

C’est ça que nos enfants doivent entendre et encore entendre, de tous les adultes autour d’eux. De leurs parents, oncles et tantes, amis, de leurs instituteurs, professeurs, animateurs. Encore et encore. Pas le DROIT.


Le droit à être entendu(e)

Ça vaut la peine, toujours, de se battre pour faire reconnaître ses droits. Ne jamais capituler, ne jamais renoncer !

C’est bien parce que nos aîné(e)s se sont battu(e)s contre le viol que la loi est passée en 1980. Il n’y a pas si longtemps, certains rigolaient à l’évocation d’un viol (*) : « Ce n’est pas si grave que ça », « elle l’a bien cherché », « elle n’avait qu’à pas s’habiller si court »… Ça vous choque ?

(*) (Cet article est tout sauf un article « anti-hommes » : c’est un article anti-macho, ce qui n’a rien à voir !)

Eh bien, moi, quand j’entends un petit garçon de dix ans me dire en toute innocence : « Oui, on pince les fesses des filles, mais c’est pas méchant, c’est pour rigoler », ça me choque tout autant !

C’est là, que commencent la discrimination filles / garçons, la guerre entre les sexes, les incompréhensions : dans la cour de l’école !

Est-ce que les filles, elles, « rigolent » ? Ont-elles une autre solution si elles veulent être acceptées par la « bande » ?

54275813ecoute-jpgQue se passera-t-il si l’une décide d’aller se plaindre ? Vraisemblablement… rien. Ou plutôt, si : on la trouvera « chochotte », voire « fayotte ». On trouvera qu’elle fait « beaucoup d’histoires pour pas grand-chose…» Et elle sera mal vue par les garçons qui voulaient « juste rigoler ».

Or on sait à quel point, à cet âge, la socialisation et le regard des autres sont importants.

Les jeunes filles harcelées par les garçons à Montaigne ont tenté de parler, à plusieurs reprises, depuis octobre. Elles n’ont pas été écoutées, pas entendues.
Alors elles se sont tues. Certaines ont tenté de se défendre seules. D’autres se sont refermées sur elles-mêmes, de plus en plus mal.

Est-ce que ce n’est pas le rôle de l’école et le rôle des parents d’enseigner à nos enfants avant tout le RESPECT de l’autre ? De leur faire comprendre une bonne fois pour toutes que NON, c’est NON ?!

Les femmes – les hommes aussi ! – ont le droit au respect de leur parole : NON, c’est NON, et au respect de leur corps.

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Écoutons encore les garçons : « Les filles, elles nous détestent : elles veulent nous faire punir. Alors que nous, on les aime, et quand elles nous embêtent, on ne dit rien, parce qu’on ne veut pas qu’elles soient punies. »

Certainement, les filles sont bien aussi « mauvaises » (langues) que les garçons. Elles attaquent (ou se défendent) avec des mots qui font mal, en lieu et place des gestes qui agressent.

Que se passerait-il si un garçon allait se plaindre d’un mot blessant ? Il se ferait rembarrer par les adultes : « Trop sensible, trop émotif, il doit apprendre à se défendre tout seul… »

Et c’est l’escalade ! Les garçons touchent, les filles font mouche avec leurs piques blessantes.

La guerre des sexes commence à l’école. (*)
N’est-il pas temps qu’elle cesse ?

(*) (La même disparité se retrouve à l’âge adulte : combien d’hommes victimes de femmes manipulatrices osent parler ? Et pourtant… Messieurs, osez parler ! Vous contribuerez à changer la société et le regard que les femmes portent sur vous ! Et vous rendrez un immense service à vos enfants !)

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Le respect et la confiance

Il est du devoir des adultes d’enseigner aux enfants le RESPECT de l’autre.

Et peut-être, au lieu de punir, critiquer, dévaloriser – ce qui ne fait qu’entretenir la rancœur et l’humiliation de l’enfant qui se sent attaqué pour ce qu’il « est » et non pour ce qu’il a « fait » – pourrait-on expliquer aux enfants qu’ils ont tout à gagner d’une attitude de respect qui crée la confiance entre deux personnes ?

J’ai assisté il y a quelque temps à une soirée sur le tantrisme présentée par Jacques Ferber, auteur et universitaire, qui expliquait que, si  l’homme a une pulsion naturelle – animale, instinctive – vers la femme, qui le pousse à la toucher…, la femme a, elle, en face, une réaction tout aussi « instinctive » de protection et de fuite, héritée de siècles et de millénaires de domination masculine : quand l’homme tend la main vers elle… la femme recule et se referme comme une huître.

Les femmes ont appris de leur mère – qui l’ont elles-mêmes appris de leur mère, et ce, depuis des générations – à se méfier des hommes qui cherchent à les « prendre » et à les « posséder ».

Que se passerait-il si les hommes laissaient enfin leurs mains aux vestiaires ? S’ils se tenaient à une distance respectueuse, sans outrepasser les limites de la zone de sécurité des femmes ?

18944461-Red-decorative-heart-Stock-Vector-heart-tattoo-romanticC’est l’expérience qu’a fait faire Jacques Ferber aux quelques cinquante personnes, hommes et femmes, qui assistaient avec moi à cette soirée : eh bien… comme des papillons tout juste éclos de leur chrysalide, merveilleusement, les femmes ont déployé leurs ailes et ont entamé une danse sensuelle autour des hommes qui les laissaient être femmes, sans chercher à les forcer… Ce sont elles qui sont venues à eux.

Les hommes étaient émerveillés de laisser venir à eux cette sensualité nouvelle, brute, de ces femmes soudain ouvertes à la relation… Et elles-mêmes étaient surprises de se découvrir aussi « osantes » dans ce cadre sécure : elles étaient en confiance, elles savaient que les hommes ne chercheraient pas même à les toucher.

N’est-ce pas cela que nous devrions enseigner à nos garçons ? À laisser venir à eux les filles… au lieu de chercher à les toucher et les attraper ?!


Parlons de sexualité à nos enfants

Mais pour qu’ils puissent nous entendre, peut-être serait-il temps que l’on se décide enfin à leur parler de sexualité en des termes plus justes, et surtout moins fuyants, que ce qui se pratique habituellement ?

Car que fait un petit garçon qui soulève la jupe d’une fille ? Il veut percer son mystère, comprendre ce qui se cache là-dessous… car il manque d’informations !

La sexualité est bien plus que ce que prétend leur enseigner « l’éducation sexuelle » au collège (et encore… bien tard !). Car en quoi consiste cette « éducation sexuelle » ? En une éducation de la reproduction et des risques des MST !

On leur parle de « peurs », de « risques »… On leur parle de « procréation », de « contraception ». On leur explique comment « ne pas tomber enceinte », « ne pas attraper une MST ». On leur parle de préservatifs et de pilule (et encore… dans le meilleur des cas !).

Mais on ne leur parle pas de l’essentiel : du plaisir, de l’extase, de la jouissance, du bonheur qu’apporte une sexualité épanouie et partagée.

pivoineRougeEt pourtant, nos enfants se doutent bien – dès leur plus jeune âge – qu’il y a derrière la propension des hommes et des femmes à se retrouver dans un lit, à fermer la porte de leur chambre à coucher, à s’embrasser avec la langue, à se tenir par la main dans la rue… bien autre chose qu’un simple désir de « procréer ».

Les enfants savent que les adultes autour d’eux (leurs parents, beaux-parents, les parents de leurs ami(e)s) font l’amour, parlent d’amour, regardent des films d’amour… : c’est bien qu’ils doivent y trouver un certain plaisir ? Mais lequel ?

Alors ils cherchent à comprendre ! Ils sont en quête de ce plaisir dont ils ont l’intuition, mais dont les adultes semblent garder jalousement le secret !

Il est temps de parler à nos enfants des plaisirs intenses de connexion et de relation que l’on peut éprouver quand on fait l’amour. Dans la tradition tantrique, l’énergie sexuelle créée par l’acte d’amour est un moyen d’accéder au divin.

C’est bien cette énergie que sentent en eux les petits garçons qui ont cette « pulsion » de toucher les filles… Si on leur apprend à ne pas aller vers elles les mains en avant, mais dans le respect et l’écoute, si on leur explique que ce qu’ils recevront sera alors bien plus gratifiant… peut-être connaîtront-ils plus tôt que leurs parents la joie que procurent de vraies relations de confiance entre les gens ?


À propos des films porno

Il nous faut donc aussi leur parler de ce qu’ils voient, ou peuvent voir, dans les films porno.

Car si on fait l’autruche et qu’on préfère croire qu’ils n’y ont pas accès, ou si on essaie de leur faire « honte », si on les punit… alors il les regarderont quand même, mais en cachette. On aura beau interdire les téléphones portables dans la cour du collège, on ne pourra pas les interdire dans la rue, ou dans leur chambre.

On doit leur dire que ce qu’ils voient dans les films porno ne reflète pas la réalité. Que ce n’est pas ça, « faire l’amour ». Que ce n’est pas pour « ça », que leurs parents ou les adultes autour d’eux s’enferment dans leur chambre la nuit.

Que les films porno ne sont pas plus « vrais » qu’un film d’aventures ou de science-fiction : c’est du CINÉMA ! Les scènes sont reconstituées : elles ne sont pas filmées en plans-séquences, mais sont montées, à partir de plusieurs prises. Il faut plusieurs heures de travail, plusieurs prises, plusieurs axes… pour une seule séquence de quelques minutes.

Les hommes « normaux » ne bandent pas pendant des heures : les acteurs de porno sont des hardeurs, ils sont dopés, comme des sportifs.(*)

(*) (A-t-on jamais pensé combien ça peut complexer un petit garçon (ou un homme !) de regarder ces scènes de copulation qui semblent durer des heures ?)

Et je ne m’étendrai pas sur le soi-disant « plaisir » ressenti par ces acteurs : certes, les hommes éjaculent, mais on peut avoir une éjaculation mécanique sans orgasme… Quant aux femmes, on sait depuis Quand Harry rencontre Sally que n’importe quelle femme peut simuler…et quand bien même, on les voit de toute façon peu prendre du plaisir dans ces films !

Respect-shutterstock_178715795Leur dire que les flms porno sont faits pour exciter des adultes, pour satisfaire des pulsions masturbatoires immédiates, mais ne correspondent en rien à ce qu’il se passe réellement entre un homme et une femme (ou deux hommes, ou deux femmes) qui se respectent et entrent en relation par la sexualité.

Leur dire aussi que la pénétration n’est pas la panacée universelle, qu’elle ne suffit pas à faire jouir une femme s’il n’y a pas stimulation du clitoris et excitation préalable, et qu’il existe bien d’autres moyens d’éprouver du plaisir que le fameux va-et-vient qui les fascine tant.


Parlons vrai à nos enfants ! 

Et puis aussi, arrêtons l’hypocrisie : on peut faire l’amour sans être amoureux ! On peut avoir du désir sans amour, faire du sexe sans amour. Nos enfants le savent. Ils veulent comprendre ce qu’on ne leur dit pas.

Ne plus leur dire : « Tu dois te réserver pour le garçon ou la fille que tu aimeras ». Parce que quand ils éprouvent du désir pour l’un, puis l’une, ou pour plusieurs… ils en conçoivent de la honte, ils ne se croient « pas normaux ».
Or ils sont normaux, en relation avec leur instinct de vie, leur désir, leur intense vitalité. Ce sont les adultes qui réprouvent, refoulent, n’assument pas.

Si on parle à nos enfants, peut-être auront-ils moins besoin d’aller chercher des réponses par eux-mêmes ou auprès de leurs grands frères, élevés eux aussi aux mêmes non-dits et films porno ?

Parlons-leur ! De désir, de plaisir, de sexualité ! Disons-leur qu’un jour, quand ils seront plus grands, eux aussi connaîtront ces plaisirs, ces joies immenses.

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Disons aux filles que leur sexe est à l’intérieur de leur corps, et qu’un jour, elles aussi, accueilleront en leur grotte sacrée, le pénis d’un homme qu’elles auront choisi d’accueillir. Apprenons aux garçons le respect de la femme, de la Déesse en chacune d’elles. Qu’ils viennent à elles dans leur puissance et à leur écoute. Qu’ils échangent dans le respect et la confiance.

Car une sexualité heureuse et épanouie, comme l’amour, ne peut éclore que dans le respect et la confiance.

Au plaisir,
Isabelle

PS. Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu, pour faire plaisir à vos neurones-miroirs, voir et entendre des scènes d’amour et de sexualité, dans le respect et la confiance… courez voir CECI EST MON CORPS, en 26ème semaine d’exploitation au cinéma La Clef : lundi 8 juin, à 17h20, en présence du réalisateur et acteur Jérôme Soubeyrand ! Hors circuit commercial, hors société de consommation, mais plébiscité par le public qui en redemande !
Et pour le plaisir, une fois de plus, LA fameuse scène où Marlène explique à un Gabin médusé sa conception du plaisir entre un homme et une femme :

13 JOURS… #16 : Je respecte et j’honore mes enfants

Après ces 13 jours – qui sont donc devenus 16 car je considérais être tombée au jour 3 (*) – je décide aujourd’hui de me lancer un nouveau challenge :

Jour après jour et chaque jour de mieux en mieux,
je respecte et j’honore mes enfants.

J’ai essayé, il y a quelques mois, le pari de Christine Lewicki : après J’arrête de râler, J’arrête de râler sur mes enfants.
L’idée, sur le moment, m’a parue excitante : on porte au bras un bracelet, et à chaque fois qu’on « râle », on le change de bras.

Depuis des mois, quand je « râle » ou quand elle sent que je « pourrais râler », ma fille de 5 ans m’apporte ce qu’elle appelle « mon bracelet pour pas râler » : à chaque fois,  ça a pour effet de désamorcer ma mauvaise humeur… tout simplement parce que je prends conscience que je suis ou étais sur le point de céder à ma monkey’s voice (mon « moi pas cool »…).

Certes. Mais depuis des mois, ça ne marche qu’en partie. Et grâce à la pensée positive et aux explications de Brian Mayne sur le subconscient qui ne comprend pas les injonctions négatives (**) , j’ai enfin soudain compris pourquoi : parce que dans « j’arrête de râler », mon inconscient entend « râler » ! De même que ce « truc » du bracelet qu’on change de bras… indique à mon cerveau que je vais à nouveau râler, à un moment ou à un autre, inscrivant ainsi la « rechute » dans la structure même du défi…

Ça m’arrive malheureusement, comme j’imagine à beaucoup d’entre vous qui ont des enfants, de perdre patience : de m’énerver, de crier.
Mon crocodile, dérangé dans son espace intérieur, réclame de la paix et du silence en… élevant la voix !

Bien sûr, sur le moment, ça « marche » : les enfants, impressionnés, arrêtent de se disputer ou de crier. Et moi… mon cerveau retient que c’est une bonne idée de crier pour demander la paix.
– Ah bon ?

Comme tout ce qui est négatif, c’est en effet une spirale descendante : en criant, j’apprends à mon tour à mes enfants que quand on veut la paix, une solution est de… crier plus fort que l’autre.

Vous vous souvenez de la dame au square qui disait à son fils : « Combien de fois je t’ai dit de pas taper ta sœur ? » et ajoutait en le giflant :  « Tiens, prends ça, ça t’apprendra ! » ?
Quelle leçon aura effectivement retenue ce petit garçon ? Celle des mots, du langage verbal (« ne pas taper ») ou celle du langage non verbal, qu’il a inscrite dans son corps : quand on veut faire comprendre quelque chose à quelqu’un, on lui tape dessus ?

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J’ai compris que ce n’est pas l’ordre « J‘arrête de râler » ou « j’arrête de crier » sur mes enfants que je dois envoyer comme direction à mon subconscient, mais un ordre POSITIF.
De même que ce n’est pas en disant à mes enfants : « Arrêtez de crier ! » en… leur criant dessus, que je leur apprendrai à respecter et honorer leur interlocuteur.

Aujourd’hui, je décide donc de me lancer ce nouveau challenge :

Jour après jour et de mieux en mieux,
je respecte et j’honore mes enfants.

Et je leur apprends ainsi à exprimer leurs besoins… avec des mots.

Ce matin, mon fils me disait au petit-déjeuner :

« La confiance et l’amour sont les meilleurs remèdes.
Citation française de Quentin D.-B. » (lui-même)

Ô combien il a raison !

Et vous, quelles sont les citations qui vous aident au quotidien ? L’espace des commentaires ci-dessous est pour vous : je vous y attends pour partager. 

Et pour vous abonner à ma newsletterc’est ici ! 

Au plaisir, et à demain,

Isabelle

(*) cf mon article #4 : Tomber sept fois, se relever huit fois
(**) cf Goal Mapping, de Brian Mayne
(***) cf mon article #13 : La Discipline positive
L’illustration est des Éditions Pour penser

13 JOURS… #13 : La Discipline positive

Waouh ! Déjà le 13ème jour ! Le temps passe vite quand on s’amuse…

Aujourd’hui je n’ai pas « cédé à des pensées négatives », mais j’ai eu un peu de mal à gérer une émotion forte.

Je l’ai repérée, accueillie… mais un peu tard : ma première réaction a été une réaction classique de défense – l’attaque !

(Vous savez, notre « crocodile intérieur » – notre cerveau reptilien – qui, quand il se sent menacé, réagit en fight, flight ou freeze ? Il attaque (s’il pense avoir une chance de gagner), fuit (s’il se sent en situation d’infériorité) ou « fait le mort » (s’il ne peut ni attaquer, ni fuir, il se met en mode « freeze » : c’est le fameux état de « dissociation » en cas d’agression, notamment).(*)

Une de mes amies me disait récemment qu’elle avait constaté que c’était précisément dans ce moment où on est « chaud bouillant » (**) que la pratique de la méditation se révèle un atout précieux : comme on a l’habitude de regarder passer ses pensées et ses émotions, on se souvient plus facilement, quand notre pilote automatique nous ferait réagir à la violence par de la violence, de d’abord respirer.

Ça n’a l’air de rien, et pourtant, c’est si important : PENSER À RESPIRER ! 

C’est d’autant plus important avec un enfant : car si lui réagit avec son crocodile (il se sent menacé, il attaque !), c’est à nous, adulte, de repérer le piège du rapport de forces dans lequel il essaie (son crocodile) de nous entraîner.

Sur le moment, ça peut paraître tellement tentant d’avoir recours à la punition !

Oui mais… qu’apprenons-nous à nos enfants quand on les punit ? À se soumettre au rapport de forces : on leur apprend l’humiliation. Ils obéissent non parce qu’ils sont convaincus, mais parce qu’ils ont peur. On leur apprend le « ranking » (la hiérarchie, le pouvoir, la soumission) au lieu du « linking » (le lien d’amour, de respect, d’altruisme, de compassion).(***)

C’est sûr, sur le moment, ça « marche » : ils obéissent. Oui mais… à long terme ?

L’enjeu est donc au contraire d’apprendre à nos enfants la collaboration, le respect, la résolution de conflits : il n’y a pas de « problèmes », il n’y a que des solutions. Il n’y a pas d' »échecs », il n’y a que des « expériences » qui nous apprennent à mieux vivre, à mieux aimer, à mieux réagir la fois suivante.

Il y a quelques mois, j’ai découvert  La Discipline positive.

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Le principe de base est qu’un enfant qui a un comportement inadapté – voire inacceptable : car si toute émotion est légitime, tout comportement ne l’est pas – est un enfant qui n’a pas encore appris à gérer ses émotions et son crocodile.

Si on veut lui apprendre à accueillir ses émotions et adapter son comportement, c’est à nous, adultes, d’être un « role model » : les enfants sont bien plus en connexion directe que nous avec leur inconscient, avec le langage non-verbal, et apprennent en nous observant.

Et donc : Dire ce que je fais, et faire ce que je dis. 

Un jour dans un square, j’ai vu une mère dire à son fils en lui balançant une gifle : « Combien de fois je t’ai dit de ne pas taper sur ta sœur ? »
Quelle leçon aura retenue ce petit garçon ?

Penser, parler et agir positif :
toujours chercher une solution gagnant / gagnant.

Bien sûr, ce n’est pas tous les jours facile !
L’important reste : JOUR APRÈS JOUR, DE MIEUX EN MIEUX.

Et vous, comment faites-vous quand votre crocodile essaie de vous entraîner vers là où vous ne souhaitez pas aller ? L’espace des commentaires vous appartient !!! Partageons nos expériences ! 

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Au plaisir de vous y retrouver, et à demain !

Isabelle

Et pour aller plus loin :
(*) Livre Comment apprivoiser son crocodile, de Catherine Aymelet-Perissol
(**) selon l’expression utilisée par Marcia Benitah, thérapeute TIPI
(***) cf The Undervalued Self de Elaine N. Aron
Voir aussi le site de L’Atelier des parents, animé en France par Sophie Benkemoun : je lui dois tout !

Par ailleurs, si ça vous amuse de vous faire peur : lisez Alice Miller (Notre corps ne ment jamais, C’est pour ton bien) ou Olivier Maurel : La Fessée.