J’étais partie pour un article qui aurait eu pour titre : après « Le Défi de la piscine, L’Expérience du coiffeur ». Tout cela m’apparaît bien dérisoire maintenant.
Paris est à nouveau la cible de terroristes. Ce mot-là porte en lui-même sa définition : leur objectif est d’instaurer en nous la « terreur ». Alors ne leur faisons pas ce plaisir : restons dignes, et droits, et ne cédons pas à la terreur. Comme les Britanniques sous les bombes pendant la 2ème guerre mondiale, restons flegmatiques : « Keep Calm and Carry On », disait une affiche créée en 1939.
Bien sûr, les émotions sont contagieuses. Bien sûr, les mots reviennent : l’horreur, le cauchemar, l’absolue abomination. Bien sûr, le premier mouvement, naturel, est de penser à ses proches. Depuis une heure, les messages affluent, les textos se croisent : Tout va bien, vous êtes chez vous ? Et puis on pense aux autres. Aux victimes, à leurs proches. On s’imagine que ça aurait pu être nous, notre frère, notre sœur, notre ami(e), notre enfant. On se demande comment des humains peuvent concevoir et agir de tels actes criminels, monstrueux. Et notre esprit s’emballe.
C’est là que les outils de la mindsight, sans doute, sont les plus utiles. Voir ce qu’il se passe en nous.
Si quelqu’un nous appelle en panique totale (c’est comme ça que j’ai été informée des attentats ce soir, par quelqu’un qui voulait « quitter le pays »…), on a beau dans un premier temps savoir que c’est lui qui ne gère pas ses propres émotions sur le moment… c’est pernicieux, et vite contaminant.
J’ai croisé le regard aimant et rassurant de mon aimé qui m’a fait signe de raccrocher alors que j’étais comme « happée » par le stress de mon interlocuteur. J’ai raccroché. Et fondu en larmes. Le choc. Mais aussi son stress, qui pénètre comme une perfusion sous-cutanée, de manière vicieuse, comme un poison qui gagne peu à peu tout le corps.
J’ai observé mes émotions, mes sensations physiques. J’ai décrit cette sensation de poison à l’intérieur de mon corps. Le cortisol ?
Je me suis rappelé à moi-même que les émotions, par définition, sont passagères. Que les sensations, si on les accueille, se dissolvent rapidement.
Pleurer. Évacuer. Et rester calme.
L’humain est ainsi fait. Capable du pire comme du meilleur.
Je préfère penser au meilleur. À tous ces témoignages d’amour que j’ai reçus dans la journée. À tous ceux que j’ai donnés. À tous ces messages qui continuent d’arriver : « Tout va bien ? On vous aime. »
Je vous aime. Paix, amour et compassion.
Comme disent les anglophones : « Loving Kindness« .
Avec amour et bienveillance.
Isabelle