J’ai écrit mon précédent article… le mercredi 7 janvier, avant d’avoir pris la mesure de l’événement qui a changé, pour sûr, la perception du monde dans lequel nous vivons.
Comme vous toutes et vous tous, je suppose, je me suis demandé comment continuer… à vivre, à écrire, travailler, rire, aimer… Tout soudain, me paraissait dérisoire. Et puis les survivants de l’attentat nous ont montré la voie : justement, précisément, notre devoir est de CONTINUER ! Continuer à vivre, à aimer, à rire, à chanter, à créer ! Parce que là, est notre liberté, notre force, notre humanité. « Même pas peur », comme dit ma petite nièce, « même pas mal ! »
Alors aujourd’hui, je voudrais vous offrir les mots écrits par Julos Beaucarne dans la nuit du 2 au 3 février 1975, alors que sa compagne, sa muse et mère de ses enfants, venait d’être assassinée, mots qui ont été repris par François Morel dans sa lettre à Patrick Pellous du 9 janvier sur France Inter.
Vous pouvez retrouver ici l’intégralité de cette lettre dont voici quelques extraits :
« C’est la société qui est malade, il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et la persuasion. (…) Ne perdons pas courage ni vous ni moi. (…) Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. (…) Il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. (…) À vous autres, mes amis d’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui. Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers. »
Et parce je trouve ces mots si forts, les voici dits par Claude Nougaro :
Alors je continue mon travail, et je contribue à ma façon, en semant moi aussi mes petites graines dans l’univers. Et je reprends à mon compte les mots de Françoise Simpère, l’auteure du Guide des Amours plurielles, dans une interview qu’elle m’a accordée pour mon film LUTINE : « Je pense qu’aimer, c’est garder les yeux ouverts sur le monde. »
Alors… aimons-nous à tort et à travers, et gardons les yeux ouverts sur le monde !
Au plaisir,
Isabelle
PS. Et comme continuer, résister, vivre, être libre, ça veut aussi dire aller au cinéma, et aller au cinéma voir un film libre, à la fois joyeux, libertaire et libérateur, un film qui fait rire et interroge, et qui sans aucun doute, en dérange certains… bref, un film nécessaire en ces temps agités ! CECI EST MON CORPS, film auto-produit, auto-distribué et qui n’existe en salles que tant que des spectateurs comme vous et moi allons le voir… est actuellement en 8ème semaine d’exploitation au cinéma La Clef à Paris. Séances le dimanche 1er février et le lundi 2 à 14h. J’y serai lundi 2 à 14h : je vous y donne rendez-vous !