Depuis plus d’un an, peut-être deux, j’avais lu plusieurs livres parlant de méditation de pleine conscience – de « mindfulness« , comme on dit en anglais. J’avais aussi essayé plusieurs méditations accompagnées par des voix : Bernard Giraudeau d’après Jon Kabat-Zinn, Christophe André, Laurence Bibas…
« Être présent« , « vivre l’instant présent », « ici et maintenant« , « être à 100% » dans ce qu’on fait : autant d’expressions avec lesquelles je me suis familiarisée progressivement. Je pratique aussi « la grenouille » avec mes enfants depuis un an et demi – plus par périodes que de manière régulière. Et j’ai eu le plaisir d’apprendre par la maîtresse de ma fille qu’elle leur faisait « faire des grenouilles » en classe, et que ma fille parvenait assez rapidement, par rapport aux autres enfants qui en avaient moins l’habitude, à entrer dans des états de calme intérieur profond.
J’ai eu un déclic, ensuite, il y a tout juste un an, grâce à mon amie Elisabeth Allier et à ses très courtes méditations sur sa page Facebook Mieux-être au travail : ses 2 ou 3 mn me paraissaient soudain moins insurmontables que les 10 ou 20 mn que proposent souvent les CD.
C’est aussi grâce à Elisabeth que j’ai découvert la cloche de pleine conscience inspirée par l’enseignement du moine vietnamien Thich Nhat Hanh, et que j’ai depuis intégrée à mon quotidien : sur le site fungie.info, on peut programmer les intervalles réguliers auxquels on souhaite que la cloche sonne… et elle nous ramène à nous même, nous rappelle de respirer, et de nous poser la question : suis-je bien en train de faire ce que j’avais décidé de faire ? La première fois que je l’ai entendue, j’ai sangloté longtemps… preuve s’il en est que j’en avais besoin !
J’ai alors accepté l’idée qu’il valait mieux faire tous les jours une courte méditation, que de se fixer d’en faire une plus longue mais… ne pas la faire ! C’est comme avec l’exercice physique : on conseille 3 fois 45 mn par semaine, idéalement au moins 30 mn par jour. Certes. Mais mieux vaut faire parfois 10 ou 20 mn que… rien du tout ! C’est le fameux « le mieux est souvent l’ennemi du bien ». Et, au risque de me répéter, L’Apprentissage de l’imperfection est devenu un de mes mantras, qui m’a en particulier permis de me lancer dans l’aventure de LUTINE, puis dans celle de ce site… en décidant que ça ne serait pas parfait, mais qu’au moins, ça « serait » – l’essentiel étant précisément de faire.
J’ai cependant le sentiment que, jusqu’à ma lecture des livres de Dan Siegel sur le cerveau et la « mindsight » – cette pratique qui permet d' »intégrer » les différentes fonctions et parties de notre cerveau – j’avais « entendu » que la méditation de pleine conscience était bénéfique, mais la pratiquer au quotidien restait un vœu pieu, peut-être parce que je n’avais pas « compris » comment ça fonctionnait.
Qu’a donc écrit Dan Siegel qui a eu sur moi cette effet de révélation ? D’abord, il s’appuie sur des recherches scientifiques, pas seulement des pratiques empiriques ancestrales. Et ça rassure mon esprit cartésien.
Ensuite, il insiste beaucoup sur les différences – et la complémentarité – entre notre cerveau gauche (logique, linéaire, littéral, langagier) et notre cerveau droit (intuitif, créatif, émotif, global) : depuis Je pense trop de Christel Petitcollin, qui me les a fait découvrir, ces notions m’aident au quotidien depuis quelques années.
Il parle aussi beaucoup des émotions, et de la manière de les apprivoiser pour s’en faire des alliées, et non chercher à les « contrôler » ou les « gérer » : là encore, voilà des années que j’y travaille, notamment depuis ma lecture de L’Intelligence émotionnelle et du Crocodile de Catherine Aymelet-Perrissol.
Il se réfère souvent aussi au transgénérationnel, à partir de la théorie de l’attachement, développée par Bowlby… et pour celles et ceux d’entre vous qui avez suivi à quel point, depuis que j’ai vu Ceci est mon corps de Jérôme Soubeyrand, ça a pris une importance dans ma vie, vous comprendrez que j’y ai été particulièrement sensible.
Enfin, mon point d’entrée dans les recherches de Dan Siegel a été son livre sur le cerveau des enfants : là aussi, voilà des années que je m’intéresse à la pédagogie bienveillante ou positive, par opposition à la violence éducative ordinaire.
Bref, Dan Siegel embrasse dans chacun de ses livres tous ces domaines de réflexion et de recherche sur lesquels je travaille moi-même de mon côté depuis des années. Pas étonnant qu’il m’ait autant accrochée…
Mais j’en viens au fait : qu’explique-t-il donc sur la méditation de pleine conscience qui a fait que lui, enfin, m’a convaincue de l’intégrer à mon quotidien comme une hygiène du cerveau, au même titre qu’on se brosse les dents sans plus se poser de questions ?
Avant de m’interroger sur cette pratique, je croyais que méditer, c’était « vider son cerveau », ne penser à rien : ce que je me suis toujours sentie incapable de faire… Depuis un ou deux ans, j’avais bien compris qu’il ne s’agissait pas de « ne penser à rien », mais de focaliser son attention sur – par exemple – sa respiration, ou des parties de son corps (comme dans le « scanner du corps »). Je pensais que l’objectif était d’y « parvenir ». Et je trouvais ça difficile, je n’y « arrivais » pas vraiment, ma pensée s’échappait constamment.
J’avais bien entendu qu’à chaque fois, les voix enregistrées nous disaient : « Si vous remarquez que votre esprit s’est échappé, ramenez-le doucement, lentement, sans jugement ». Je le voyais un peu comme un chien fou, qui échappait à notre contrôle, et qu’il fallait « maîtriser » et « contraindre ».
Or ce que j’ai compris grâce à Dan Siegel, c’est que c’est précisément ces moments où la pensée nous échappe qui font l’objet de la méditation : l’enjeu n’est pas d’être parfait (!), mais d’exercer notre attention, comme on le ferait avec un muscle. Quand on fait un entraînement physique, on contracte son muscle, on le relâche, on le contracte, on le relâche… et c’est cette alternance qui le muscle. Avec la méditation, l’enjeu est d’apprendre à ramener son attention sur ce sur quoi on a décidé d’être attentif.
Les moments où nos pensées nous échappent ne sont donc pas un signe d' »échec », mais l’occasion, au contraire, d’apprendre à nous rendre compte qu’elles sont là, à être présent à nous-mêmes… et choisir de focaliser notre attention là où on l’a décidé : sur la respiration si on a choisi la respiration, sur le corps si on a choisi le corps, sur les sons si on a choisi les sons, voire sur nos pensées si on a choisi nos pensées. Waouh !
Aussi un des éléments cruciaux sur lesquels insiste Dan Siegel est ce que les neurosciences appellent désormais communément la plasticité du cerveau : le fait qu’il n’est jamais trop tard pour avancer, progresser, et intégrer les différentes parties de notre cerveau. La méditation de pleine conscience est un des exercices pratiques que propose Dan Siegel pour avancer sur le chemin de notre vie en étant plus présent à nous-mêmes, en apprenant à mieux nous connaître, mieux nous comprendre, mieux vivre nos propres émotions et mieux déchiffrer celles des autres, et par là-même, vivre de meilleures relations avec les gens qui nous entourent. Ceci est le début de mon voyage. Pas à pas, et chaque jour de mieux en mieux.
Au plaisir de lire vos commentaires, et à demain,
avec amour et bienveillance,
Isabelle