L’idée à la base serait que la nature a « créé » l’amour pour pousser l’homme et la femme à procréer et rester ensemble tant que leur rejeton ne pourrait pas tenir seul sur ses deux pieds.
Sauf que… il s’agit clairement d’une vision hétéro-centrée de l’amour, et qui met d’emblée la femme en dépendance de l’homme (l’homme chargé d’assurer sa subsistance tandis qu’elle allaite leur enfant) et qui ne semble plus convenir à la réalité pratique de notre société moderne.
Et quand bien même : il ne s’agit là que des premiers mois de l’amour, donc, et en réalité, de ce qu’on désigne bien plus sûrement sous le terme de « passion amoureuse« .
Traditionnellement, on dit que l’amour « amoureux » – celui que l’on appelle l’amour « romantique » entre deux personnes – commence par une période que l’on peut rapporter à l’Eros des Grecs, cette période de limerence que dans les milieux poly, on désigne sous le nom de ENR : énergie de nouvelle relation, qui dure, dit-on – ceci étant appuyé par la biologie – entre quelques semaines et maximum 18 à 36 mois.
Passée cette première phase de passion amoureuse, on voit alors l’autre tel·le qu’ielle est et non plus tel·le que notre regard amoureux des premiers temps nous l’a fait voir : l’amour rend aveugle, dit le dicton, et ceci semble corroboré par la biologie. C’est là où, le plus souvent, « ça passe ou ça casse » : la plupart des relations ne dépassent pas ce stade des premières semaines ou mois.
Si la relation continue, si l’amour-passion s’est enrichi au quotidien d’amitié, de respect, de partage et d’intimité, on parle alors d’amour Philia: c’est l’amour-intimité, l’amour-amitié, où l’on partage, où l’on se révèle à l’autre peu à peu et à tour de rôle, en réciprocité, comme le fait remarquer Michel Bozon dans Pratique de l’amour.
On peut aimer quelqu’un très fort sans se sentir « amoureuxe » de cette personne, de même qu’on peut aimer quelqu’un·e sans avoir envie de lier sa vie à elle.
Car c’est là qu’intervient traditionnellement cette injonction sociétale à « faire couple » qui correspond à ce que l’on appelle l’escalator relationnel. Et qui, pour le coup, n’a plus grand-chose à voir avec la biologie, et tout avec les normes de la société (plus ou moins internalisées) dans laquelle on vit.
En effet, si deux personnes se plaisent, se fréquentent depuis un certain temps, la plupart des gens autour d’elles s’attendent à ce que leur relation franchisse l’échelon « supérieur » : qu’elles habitent ensemble, voire passent un contrat « officiel » (PACS ou mariage) et/ou fassent ou adoptent des enfants.
On parle alors d’engagement, selon la « théorie triangulaire de l’amour » développée par Robert Sternberg : les personnes partagent des valeurs communes, voire un projet de vie commun, et lient leur vie l’une à l’autre.
Cette théorie (après tout, ça n’en est qu’une parmi d’autres) applique à l’amour qui réunirait ces trois facettes – amour romantique, intimité et engagement – le terme de « accompli » (« consummate« ) : il s’agit bien ici encore et toujours du modèle dominant du couple monogame dans notre culture, présenté comme « supérieur » – dans le sens de « plus complet » – aux autres formes de relations.
Or en réalité, aujourd’hui, force est de constater que ce modèle dominant, dans les faits, n’est guère compétitif : si tant est que l’on pose comme critère de réussite (car c’est encore souvent absurdement le cas) la durée ou la pérennité d’un couple, les taux d' »échec » sont retentissants.
Les statistiques des divorces sont impressionnantes, et le seraient bien plus encore si elles tenaient compte de toutes les unions libres, voire des couples qui se reconnaissent comme tels eux-mêmes, mais ne le sont pas par le recensement public, car non-cohabitant.
Or, malgré ces chiffres, malgré la réalité, comment se fait-il que l’on veuille encore y croire ?
Parce que quand on est amoureuxe, on est dopé·e aux hormones et, qu’en général, on est heureuxe. Et donc on a envie de se projeter dans l’avenir, et que ça dure longtemps.
Et donc on continue à s’interroger (je continue à m’interroger !) : comment faut-il donc s’y prendre pour « faire durer l’amour » ?
D’où cette question première s’il en est : qu’est-ce que l’amour ?
Certain·es (Helen Fisher et Lucy Vincent en tête, donc) disent qu’il s’agit d’un phénomène biologique : les fameuses ocytocine et dopamine, et toutes ces endorphines qui nous font planer…
D’autres disent à l’inverse qu’il s’agit avant tout d’une construction sociale.
En réalité, on a changé de regard sur l’amour depuis quelques dizaines d’années.
La philosophe canadienne Carrie Jenkins vient de consacrer un ouvrage entier à l’amour, en s’interrogeant précisément sur cette question : l’amour est-il un fait biologique ou une construction sociale ?
Sa conclusion, sans grande surprise, est qu’il s’agit à la fois d’un fait biologique ET d’une construction sociale.
Là où son livre est puissant, en revanche, est dans sa déconstruction des schémas induits par notre pensée monogame traditionnelle, notamment des conclusions de Helen Fisher.
Que l’amour soit ocytocine et dopamine, certes : personne ne revient là-dessus ; de même que les IRM des cerveaux des personnes qui se disent amoureuses semblent assez parlants.
Sauf que… pourquoi Helen Fisher conclut-t-elle, par exemple, que l’ocytocine induit l’exclusivité, si ce n’est qu’elle lui fait dire ce qu’elle a envie de lui faire dire ?
Tout le livre de Carrie Jenkins tend à nous montrer que l’amour est aussi une construction sociale basée sur cette origine biologique de l’amour.
On ressent des papillons dans le ventre (si tant est qu’on ne soit pas aromantique), ce qui nous pousse à vouloir passer du temps avec une personne ; l’ocytocine que nous sécrétons alors favorise l’attachement entre nous : c’est un cercle vertueux ; et… là entrent en jeu la construction sociale et l’escalator relationnel, qui favorisent un certain type de relations plutôt qu’un autre.
Par exemple, il n’y a pas si longtemps, la vision « majoritaire » était que l’amour – le « véritable » amour – ne pouvait être qu’hétérosexuel : l’amour homosexuel était vu avec suspicion, on voulait croire qu’il s’agissait avant tout d’une attirance sexuelle (d’où ce terme de « homo-sexuel ? Pour le pathologiser ?)
C’est là où clairement, la légalisation un peu partout dans nos pays occidentaux du mariage entre personnes de même genre fait que désormais, l’amour homosexuel a acquis ses lettres de noblesse : on entend, on « accepte », que deux personnes du même genre peuvent être sincèrement amoureuses l’une de l’autre au point de vouloir lier leur vie l’une à l’autre sur le long terme.
Il ne viendrait plus à l’idée de qui que ce soit de remettre en cause le fait que c’est de l’amour.
C’est en ce sens que l’on peut considérer l’amouraussi comme une construction sociale : en légalisant le mariage homo, la société dans son ensemble reconnaît que ce que ressentent les deux personnes qui se lient ainsi l’une à l’autre est tout aussi valide que ce que ressentent deux personnes hétéro – c’est ce qu’on reconnaît et appelle « l’amour ».
Selon Carrie Jenkins, l’amour est donc bien à la fois un fait biologique – ce que je ressens : et je suis la seule personne légitime pour le définir – ET une construction sociale : la forme que prennent mes relations est « reconnue » – ou non – par la société dans son ensemble.
Hâte de lire vos commentaires.
Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa
NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
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Drôle de journée… Où je pensais ne faire que me réjouir d’un bout à l’autre, préparant des bons gâteaux pour mes ami(e)s et mes enfants réunis ce soir à l’occasion de mon anniversaire… La vie en a décidé autrement, une fois de plus.
Une partie de moi se réjouit et célèbre la vie… une partie de moi est triste, choquée, et inquiète. Eh bien voilà : précisément. Ce ne sont que des « parties » de moi.
Ma peur, ma tristesse, ma colère… ne sont pas « moi toute entière », ne me « définissent » pas.
Je peux accueillir en moi ces émotions, de peur, tristesse, colère, ces sensations physiques désagréables (car elles ne sont pas « négatives » : elles sont là pour m’alerter, prendre soin de moi), je peux leur laisser en moi la place dont elles ont besoin pour être entendues, reconnues… et en même temps, m’autoriser à vivre pleinement cette journée de célébration pour moi, avec mes ami(e)s et mes enfants !
Souvenez-vous ce qu’il se passe dans INSIDE OUT (Vice-Versa) quand la joie et la tristesse sont envoyées aux oubliettes et que la peur et la colère s’emparent des commandes du cerveau de la petite fille : ce n’est pas cela que l’on se souhaite, ne vivre plus que dans la peur et la colère. C’est précisément ce que les terroristes cherchent à provoquer en nous, ces émotions réactives non contrôlées, qui ne peuvent nous mener qu’à une escalade de parano et de violence de part et d’autre.
Nous avons le choix : nous pouvons décider de garder le contrôle de notre cerveau. Il y a pour ça des outils, que nous enseigne en particulier Daniel Siegel avec la Mindsight.
Nous ne pouvons pas contrôler nos émotions, bien sûr : elles sont là pour nous aider à vivre, pour nous protéger, pour nous alerter d’un danger. Mais nous pouvons apprendre à les reconnaître en nous, à les accueillir et à vivre avec : nous pouvons les remercier d’être là pour nous – elles sont la preuve que nous sommes vivants ! – et apprendre ensuite à les exprimer autrement. Nous ne sommes pas « obligé.e.s » de céder à la peur et à la colère en nous. Nous pouvons choisir de regarder autrement, autre chose : la vie en nous, l’amour autour de nous.
Tout à l’heure, ma fille de 6 ans jouait avec un petit enregistreur dans le couloir, et je l’ai soudain entendue crier : « ALLO, LA VIE ?! » et son propre écho lui répondait : « ALLO, LA VIE ?! »
Quelle émotion, soudain, s’est emparée de moi… Une émotion d’amour et de bienveillance.
Amour, bienveillance et compassion, c’est ce que je vous souhaite.
Demain est un autre jour. À demain.
Avec tout mon amour.
Une autre version de ce texte, écrite en collaboration avec Jérôme Soubeyrand, le réalisateur de « Ceci est mon corps » est consultable sur le blog de Mediapart.
Parlons de sexualité et de respect à nos enfants !
Des élèves de 6ème du collège Montaigne à Paris ont été sanctionnés pour attouchements et harcèlement sexuel, a-t-on appris dans la presse récemment : certains avaient notamment contraint des filles à regarder des films porno sur leurs téléphones portables. Vous avez bien lu : en 6ème !
Et les « bien-pensant » de s’en prendre à Internet et aux dits téléphones portables…
HOLÀ sur la toile, où des internautes s’insurgent en racontant leurs souvenirs d’enfants traumatisées par de semblables faits – téléphones portables en moins.
Je suis née en 1968. Quand j’étais en CM1 ou CM2, des garçons de ma classe se sont concertés, certains pour me tenir prisonnière, d’autres pour contraindre un nommé Grégoire à m’embrasser (il se disait amoureux de moi). Le pauvre… c’est lui que j’ai giflé pour me protéger. Et je n’ai plus jamais osé le regarder en face.
« Petites blagues entre amis » ? « Jeux d’enfants» ? « C’était pour rire » ?
Mais ça ne m’a pas fait rire. C’est au contraire un des événements traumatisants de ma scolarité en primaire – avec le maître qui nous envoyait au visage ses éponges et ses craies pour nous faire taire.
Mon compagnon, est, lui, né en 1972. Il se souvient encore combien il a été choqué en CM2 quand des garçons « jouaient » à mettre la main aux fesses des filles.
C’était bienavant Internet ! Bien avant les téléphones portables ! (*)
(*) (Pour aller plus loin, lire les excellents articles sur madmoizelle.com)
Parce qu’aujourd’hui, je me sens doublement concernée : d’une part, en tant que maman, parce que les enfants impliqués étaient il y a un an encore dans la même école que mes propres enfants (si si, ce n’est pas une blague !) ; et d’autre part, en tant que cinéaste, parce que je me sens malgré tout « légitime » pour parler de cinéma…
… j’ai décidé de vous parler aujourd’hui – une fois n’est pas coutume – de films porno !
Mais avant de m’exprimer en tant que cinéaste à propos de ce qu’on peut dire à nos enfants sur les films porno que – parents, que vous le vouliez ou non, que vous soyez « vigilants » ou non, que vous vous voiliez la face ou non – vos enfants verront de toute façon bien trop tôt pour leur âge et bien plus tôt que nous (*)… voici quelques réflexions que m’inspirent ces faits.
(*) (J’ai vu mon premier film porno quelques jours après mes 18 ans pour « marquer le coup » de mon accession à l’âge adulte, dans un cinéma en copie 35, avec mon petit-ami de l’époque : nous en sommes sortis tous deux assez choqués, voire dégoûtés…)
Le droit au respect
Le harcèlement sexuel des filles par les garçons ne date pas d’hier, ni d’Internet ! C’est bien précisément ce qui est inacceptable, et qu’il nous appartient de changer.
Cela ne fait pas si longtemps qu’en France, un viol est enfin considéré comme un crime. J’avais 12 ans ! (*)
(*) Et encore, 80% des viols seraient, semble-t-il, déqualifiés (disqualifiés) en « délits » et agressions sexuelles, afin d’être jugés en correctionnel et non aux assises (pour désengorger les tribunaux ?)
Et aussi incroyable que cela paraisse, aujourd’hui encore, un inceste n’est toujours pas reconnu spécifiquement comme tel, mais encore qualifié de « viol sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité ». Ça paraît dingue ? Pourtant… c’est en France que cela se passe.
En France, où les châtiments corporels ne sont toujours pas interdits par la loi. Où les parents ont encore le « droit » de frapper leurs enfants, gifles ou fessées…
Quand donc notre société évoluera-t-elle ? Les violences envers les femmes ont enfin été reconnues et interdites, on n’a pas le droit de frapper sa femme ni son chien, mais on aurait le droit de « corriger » son enfant ? (« son » enfant ?!)
Il y a vraiment encore des gens qui croient que « c’est pour leur bien » ? Faites-leur lire Alice Miller !
Et avec ça, les enfants seraient censés comprendre qu’on n’a PAS LE DROIT de toucher un(e) autre sans son consentement explicite ?
On n’a tout simplement PAS LE DROIT moral, éthique, fondamental, de toucher l’autre, que ce soit en lui faisant mal (frapper, pincer, mordre, donner un coup de pied, bousculer, cracher au visage) ou pour une caresse (?!) ou un baiser qu’il ou elle ne souhaite pas.
On n’a PAS LE DROIT de pincer ou de mettre la main aux fesses, de toucher la vulve ou le pénis, de toucher les seins de quelqu’un. Pas le DROIT. Point.
C’est ça que nos enfants doivent entendre et encore entendre, de tous les adultes autour d’eux. De leurs parents, oncles et tantes, amis, de leurs instituteurs, professeurs, animateurs. Encore et encore. Pas le DROIT.
Le droit à être entendu(e)
Ça vaut la peine, toujours, de se battre pour faire reconnaître ses droits. Ne jamais capituler, ne jamais renoncer !
C’est bien parce que nos aîné(e)s se sont battu(e)s contre le viol que la loi est passée en 1980. Il n’y a pas si longtemps, certains rigolaient à l’évocation d’un viol (*) : « Ce n’est pas si grave que ça », « elle l’a bien cherché », « elle n’avait qu’à pas s’habiller si court »… Ça vous choque ?
(*) (Cet article est tout sauf un article « anti-hommes » : c’est un article anti-macho, ce qui n’a rien à voir !)
Eh bien, moi, quand j’entends un petit garçon de dix ans me dire en toute innocence : « Oui, on pince les fesses des filles, mais c’est pas méchant, c’est pour rigoler », ça me choque tout autant !
C’est là, que commencent la discrimination filles / garçons, la guerre entre les sexes, les incompréhensions : dans la cour de l’école !
Est-ce que les filles, elles, « rigolent » ? Ont-elles une autre solution si elles veulent être acceptées par la « bande » ?
Que se passera-t-il si l’une décide d’aller se plaindre ? Vraisemblablement… rien. Ou plutôt, si : on la trouvera « chochotte », voire « fayotte ». On trouvera qu’elle fait « beaucoup d’histoires pour pas grand-chose…» Et elle sera mal vue par les garçons qui voulaient « juste rigoler ».
Or on sait à quel point, à cet âge, la socialisation et le regard des autres sont importants.
Les jeunes filles harcelées par les garçons à Montaigne ont tenté de parler, à plusieurs reprises, depuis octobre. Elles n’ont pas été écoutées, pas entendues.
Alors elles se sont tues. Certaines ont tenté de se défendre seules. D’autres se sont refermées sur elles-mêmes, de plus en plus mal.
Est-ce que ce n’est pas le rôle de l’école et le rôle des parents d’enseigner à nos enfants avant tout le RESPECT de l’autre ? De leur faire comprendre une bonne fois pour toutes que NON, c’est NON?!
Les femmes – les hommes aussi ! – ont le droit au respect de leur parole : NON, c’est NON, et au respect de leur corps.
Écoutons encore les garçons : « Les filles, elles nous détestent : elles veulent nous faire punir. Alors que nous, on les aime, et quand elles nous embêtent, on ne dit rien, parce qu’on ne veut pas qu’elles soient punies. »
Certainement, les filles sont bien aussi « mauvaises » (langues) que les garçons. Elles attaquent (ou se défendent) avec des mots qui font mal, en lieu et place des gestes qui agressent.
Que se passerait-il si un garçon allait se plaindre d’un mot blessant ? Il se ferait rembarrer par les adultes : « Trop sensible, trop émotif, il doit apprendre à se défendre tout seul… »
Et c’est l’escalade ! Les garçons touchent, les filles font mouche avec leurs piques blessantes.
La guerre des sexes commence à l’école. (*)
N’est-il pas temps qu’elle cesse ?
(*) (La même disparité se retrouve à l’âge adulte : combien d’hommes victimes de femmes manipulatrices osent parler ? Et pourtant… Messieurs, osez parler ! Vous contribuerez à changer la société et le regard que les femmes portent sur vous ! Et vous rendrez un immense service à vos enfants !)
Le respect et la confiance
Il est du devoir des adultes d’enseigner aux enfants le RESPECT de l’autre.
Et peut-être, au lieu de punir, critiquer, dévaloriser – ce qui ne fait qu’entretenir la rancœur et l’humiliation de l’enfant qui se sent attaqué pour ce qu’il « est » et non pour ce qu’il a « fait » – pourrait-on expliquer aux enfants qu’ils ont tout à gagner d’une attitude de respect qui crée la confiance entre deux personnes ?
J’ai assisté il y a quelque temps à une soirée sur le tantrisme présentée par Jacques Ferber, auteur et universitaire, qui expliquait que, si l’homme a une pulsion naturelle – animale, instinctive – vers la femme, qui le pousse à la toucher…, la femme a, elle, en face, une réaction tout aussi « instinctive » de protection et de fuite, héritée de siècles et de millénaires de domination masculine : quand l’homme tend la main vers elle… la femme recule et se referme comme une huître.
Les femmes ont appris de leur mère – qui l’ont elles-mêmes appris de leur mère, et ce, depuis des générations – à se méfier des hommes qui cherchent à les « prendre » et à les « posséder ».
Que se passerait-il si les hommes laissaient enfin leurs mains aux vestiaires ? S’ils se tenaient à une distance respectueuse, sans outrepasser les limites de la zone de sécurité des femmes ?
C’est l’expérience qu’a fait faire Jacques Ferber aux quelques cinquante personnes, hommes et femmes, qui assistaient avec moi à cette soirée : eh bien… comme des papillons tout juste éclos de leur chrysalide, merveilleusement, les femmes ont déployé leurs ailes et ont entamé une danse sensuelle autour des hommes qui les laissaient être femmes, sans chercher à les forcer… Ce sont elles qui sont venues à eux.
Les hommes étaient émerveillés de laisser venir à eux cette sensualité nouvelle, brute, de ces femmes soudain ouvertes à la relation… Et elles-mêmes étaient surprises de se découvrir aussi « osantes » dans ce cadre sécure : elles étaient en confiance, elles savaient que les hommes ne chercheraient pas même à les toucher.
N’est-ce pas cela que nous devrions enseigner à nos garçons ? À laisser venir à eux les filles… au lieu de chercher à les toucher et les attraper ?!
Parlons de sexualité à nos enfants
Mais pour qu’ils puissent nous entendre, peut-être serait-il temps que l’on se décide enfin à leur parler de sexualité en des termes plus justes, et surtout moins fuyants, que ce qui se pratique habituellement ?
Car que fait un petit garçon qui soulève la jupe d’une fille ? Il veut percer son mystère, comprendre ce qui se cache là-dessous… car il manque d’informations !
La sexualité est bien plus que ce que prétend leur enseigner « l’éducation sexuelle » au collège (et encore… bien tard !). Car en quoi consiste cette « éducation sexuelle » ? En une éducation de la reproduction et des risques des MST !
On leur parle de « peurs », de « risques »… On leur parle de « procréation », de « contraception ». On leur explique comment « ne pas tomber enceinte », « ne pas attraper une MST ». On leur parle de préservatifs et de pilule (et encore… dans le meilleur des cas !).
Mais on ne leur parle pas de l’essentiel : du plaisir, de l’extase, de la jouissance, du bonheur qu’apporte une sexualité épanouie et partagée.
Et pourtant, nos enfants se doutent bien – dès leur plus jeune âge – qu’il y a derrière la propension des hommes et des femmes à se retrouver dans un lit, à fermer la porte de leur chambre à coucher, à s’embrasser avec la langue, à se tenir par la main dans la rue… bien autre chose qu’un simple désir de « procréer ».
Les enfants savent que les adultes autour d’eux (leurs parents, beaux-parents, les parents de leurs ami(e)s) font l’amour, parlent d’amour, regardent des films d’amour… : c’est bien qu’ils doivent y trouver un certain plaisir ? Mais lequel ?
Alors ils cherchent à comprendre ! Ils sont en quête de ce plaisir dont ils ont l’intuition, mais dont les adultes semblent garder jalousement le secret !
Il est temps de parler à nos enfants des plaisirs intenses de connexion et de relation que l’on peut éprouver quand on fait l’amour. Dans la tradition tantrique, l’énergie sexuelle créée par l’acte d’amour est un moyen d’accéder au divin.
C’est bien cette énergie que sentent en eux les petits garçons qui ont cette « pulsion » de toucher les filles… Si on leur apprend à ne pas aller vers elles les mains en avant, mais dans le respect et l’écoute, si on leur explique que ce qu’ils recevront sera alors bien plus gratifiant… peut-être connaîtront-ils plus tôt que leurs parents la joie que procurent de vraies relations de confiance entre les gens ?
À propos des films porno
Il nous faut donc aussi leur parler de ce qu’ils voient, ou peuvent voir, dans les films porno.
Car si on fait l’autruche et qu’on préfère croire qu’ils n’y ont pas accès, ou si on essaie de leur faire « honte », si on les punit… alors il les regarderont quand même, mais en cachette. On aura beau interdire les téléphones portables dans la cour du collège, on ne pourra pas les interdire dans la rue, ou dans leur chambre.
On doit leur dire que ce qu’ils voient dans les films porno ne reflète pas la réalité. Que ce n’est pas ça, « faire l’amour ». Que ce n’est pas pour « ça », que leurs parents ou les adultes autour d’eux s’enferment dans leur chambre la nuit.
Que les films porno ne sont pas plus « vrais » qu’un film d’aventures ou de science-fiction : c’est du CINÉMA ! Les scènes sont reconstituées : elles ne sont pas filmées en plans-séquences, mais sont montées, à partir de plusieurs prises. Il faut plusieurs heures de travail, plusieurs prises, plusieurs axes… pour une seule séquence de quelques minutes.
Les hommes « normaux » ne bandent pas pendant des heures : les acteurs de porno sont des hardeurs, ils sont dopés, comme des sportifs.(*)
(*) (A-t-on jamais pensé combien ça peut complexer un petit garçon (ou un homme !) de regarder ces scènes de copulation qui semblent durer des heures ?)
Et je ne m’étendrai pas sur le soi-disant « plaisir » ressenti par ces acteurs : certes, les hommes éjaculent, mais on peut avoir une éjaculation mécanique sans orgasme… Quant aux femmes, on sait depuis Quand Harry rencontre Sally que n’importe quelle femme peut simuler…et quand bien même, on les voit de toute façon peu prendre du plaisir dans ces films !
Leur dire que les flms porno sont faits pour exciter des adultes, pour satisfaire des pulsions masturbatoires immédiates, mais ne correspondent en rien à ce qu’il se passe réellement entre un homme et une femme (ou deux hommes, ou deux femmes) qui se respectent et entrent en relation par la sexualité.
Leur dire aussi que la pénétration n’est pas la panacée universelle, qu’elle ne suffit pas à faire jouir une femme s’il n’y a pas stimulation du clitoris et excitation préalable, et qu’il existe bien d’autres moyens d’éprouver du plaisir que le fameux va-et-vient qui les fascine tant.
Parlons vrai à nos enfants !
Et puis aussi, arrêtons l’hypocrisie : on peut faire l’amour sans être amoureux ! On peut avoir du désir sans amour, faire du sexe sans amour. Nos enfants le savent. Ils veulent comprendre ce qu’on ne leur dit pas.
Ne plus leur dire : « Tu dois te réserver pour le garçon ou la fille que tu aimeras ». Parce que quand ils éprouvent du désir pour l’un, puis l’une, ou pour plusieurs… ils en conçoivent de la honte, ils ne se croient « pas normaux ».
Or ils sont normaux, en relation avec leur instinct de vie, leur désir, leur intense vitalité. Ce sont les adultes qui réprouvent, refoulent, n’assument pas.
Si on parle à nos enfants, peut-être auront-ils moins besoin d’aller chercher des réponses par eux-mêmes ou auprès de leurs grands frères, élevés eux aussi aux mêmes non-dits et films porno ?
Parlons-leur ! De désir, de plaisir, de sexualité ! Disons-leur qu’un jour, quand ils seront plus grands, eux aussi connaîtront ces plaisirs, ces joies immenses.
Disons aux filles que leur sexe est à l’intérieur de leur corps, et qu’un jour, elles aussi, accueilleront en leur grotte sacrée, le pénis d’un homme qu’elles auront choisi d’accueillir. Apprenons aux garçons le respect de la femme, de la Déesse en chacune d’elles. Qu’ils viennent à elles dans leur puissance et à leur écoute. Qu’ils échangent dans le respect et la confiance.
Car une sexualité heureuse et épanouie, comme l’amour, ne peut éclore que dans le respect et la confiance.
Au plaisir,
Isabelle
PS. Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu, pour faire plaisir à vos neurones-miroirs, voir et entendre des scènes d’amour et de sexualité, dans le respect et la confiance… courez voir CECI EST MON CORPS, en 26ème semaine d’exploitation au cinéma La Clef : lundi 8 juin, à 17h20, en présence du réalisateur et acteur Jérôme Soubeyrand ! Hors circuit commercial, hors société de consommation, mais plébiscité par le public qui en redemande !
Et pour le plaisir, une fois de plus, LA fameuse scène où Marlène explique à un Gabin médusé sa conception du plaisir entre un homme et une femme :
Parce que, défiant toutes les croyances du marketing marchant formaté et formatant, CECI EST MON CORPS, le formidable film écrit, réalisé et interprété par Jérôme Soubeyrand avec la complicité de Marina Tomé, est encore en salles cette semaine, à Paris pour la 12ème semaine consécutive au cinéma La Clef, poursuivant sa carrière à Toulouse, et gagnant semaine après semaine de nouvelles salles en province à la demande des exploitant·es, et – chose nouvelle et étonnante – des nombreux spectateur·trices qui « réclament » à leur cinéma préféré de le programmer… plutôt que de vous en parler en post scriptum, j’ai décidé d’en faire le sujet même de cet article.
Ce film a en effet changé ma vie… littéralement, réellement. Des films, j’en vois, et j’en ai vus, plusieurs par semaine depuis plus de trente ans, et un pareil bouleversement n’arrive pas si souvent… C’est pourtant pour moi le sens même de ce qu’est l’art, ou de ce que devrait être l’art : un artiste partage sa vision du monde, ses interrogations, ses passions, ses doutes, et parfois, réussit ce petit miracle de faire bouger, évoluer, vaciller, éclairer d’un jour nouveau… les vies de ses spectateurs.
CECI EST MON CORPSraconte l’histoire de Gabin, un curé monté à Paris depuis son Ardèche natale parce qu’il est tombé amoureux d’une actrice lors d’un stage de développement personnel : un émoi nouveau pour lui – ou qu’il a refoulé depuis de nombreuses années – et qui soudain, le bouleverse.
Mais au-delà de ce sentiment et de ces émotions d’amour qui l’envahissent totalement, ce que Gabin va découvrir dans la maison du bonheur dans laquelle il débarque à Paris… c’est aussi le plaisir sensuel, sexuel, de l’union des corps, ce plaisir de faire l’amour : le curé amoureux va découvrir les joies et l’extase que procure l’amour physique, à cinquante ans. Il en a des années à rattraper – et il a envie d’apprendre.
L’une des forces indéniable de ce film, est de présenter la petite communauté joyeuse, accueillante et bienveillante dans laquelle Gabin s’intègre somme toute assez simplement, comme allant de soi : Marlène, dont il est amoureux, partage en effet sa vie amoureuse et sexuelle entre Émilie, très éprise d’elle (étonnante Laetitia Lopez, au sourire contagieux) et Christian, son amant par ailleurs marié ; le quatrième pilier de leur « famille » étant Renato (Christophe Alévêque au meilleur de sa forme), homo et travesti quand il est lui-même, jouant parfaitement les banquiers à l’extérieur.
Ces gens s’aiment, se soutiennent, s’entraident. Ils sont gentils et bienveillants les uns envers les autres. Ils se réjouissent du bonheur de celleux qu’ils aiment, et sont plein de compassion devant leurs peines. Et ça fait du bien…
Ça fait du bien à nos neurones-miroirs… – vous savez, ces neurones qui font que quand on assiste à une scène, on ressent les mêmes émotions que celleux que l’on regarde ; ces neurones qui expliquent le fondement même, sans doute du théâtre et du cinéma : l’identification aux personnages et à leurs émotions.
Dit autrement : on sort du film ragaillardi·e, joyeuxe, avec des envies de dévorer la vie à pleines dents, d’aimer et d’être aimé·e, de partager, de rire, de faire l’amour. Et c’est tellement rare ! Un vrai « feel-good movie« , au sens plein et généreux du terme.
Mais Jérôme Soubeyrand va plus loin : en effet, au-delà de la fiction qui parle d’amour et de sexualité comme on en parle rarement au cinéma (comme il le dit lui-même : au cinéma, on parle beaucoup d’amour, ou bien alors de sexualité – problématique – mais rarement d’amour ET d’une sexualité épanouie et heureuse…), au-delà de la comédie, donc, il nous invite à réfléchir, en montant en parallèle des séquences documentaires : il interviewe d’une part les philosophes Michel Serres et Michel Onfray à propos des épîtres à Saint-Paul (fondement de la répression judéo-chrétienne contre le « péché de chair »), d’autre part Bruno Clavier, psychogénéalogiste (auteur des Fantômes familiaux), au cours d’une séance étonnante de thérapie transgénérationnelle.
C’est sans doute cette collusion entre une fiction joyeuse – et néanmoins profonde – et la résonance transgénérationnelle dans la vie de l’auteur lui-même… qui est à l’origine du bouleversement que cela a provoqué en moi. J’ai en effet vu le film début décembre… et depuis me suis plongée dans ma propre généalogie, remontant les générations, cherchant à en comprendre les répétitions, les non-dits, les forces et les faiblesses.
J’ajouterai, pour celles et ceux d’entre vous qui sont comédien·ne·s ou caressent le désir d’oser se montrer devant une caméra… que le film nous offre de très belles et émouvantes séquences de jeu, car Marlène anime un atelier de théâtre, et cherche notamment à illustrer, à travers une performance de Gabin, la différence entre le vrai et le vraisemblable.
Enfin, CECI EST MON CORPS, bien que ce ne soit pas son sujet principal, mais plutôt son « décor », nous parle de polyamorie (ou polyamour), cet art de vivre des amours plurielles avec le consentement de toutes les personnes concernées. À ce propos, je ne peux que vous encourager vivement à assister samedi 28 février à 16h (*) à une nouvelle projection du film au cinéma La Clef, suivie d’une rencontre-débat avec Jérôme Soubeyrand et Laetitia Lopez d’une part, Meta Tshiteya et Aurélien Selle, cofondateur·trices de l’association Polyfamilleset moi-même d’autre part, en tant que réalisatrice de la comédie documentaire LUTINE.
Et pour le plaisir, et parce que je ne m’en lasse pas : la bande-annonce :
Vous pourrez retrouver ici tous les extraits et vidéos sur le site officiel du film, ainsi que d’autres critiques enthousiastes, notamment d’Alain Riou, critique cinéma au Nouvel Obs’.
Il ne vous aura pas échappé qu’aujourd’hui, 14 février, jour de la Saint-Valentin, est aussi le jour où toute la société de consommation nous enjoint de « fêter l’amour et les amoureux »…
Mais ne devrait-ce pas être tous les jours, la fête de l’amour ? Et ne devrait-on pas fêter tous les gens qu’on aime et qui comptent pour nous, comme c’est le cas apparemment outre Atlantique ?
Dans mon article #5 de mes 21 jours de pensée positive, je vous parlais de ce livre Love 2.0 qui m’a beaucoup touchée, dans lequel Barbara Fredrickson nous propose une nouvelle définition de l’amour : une émotion positive, qui crée une synchronie biochimique entre deux ou plusieurs personnes, se nourrit de la présence physique et fait que l’on se veut et se fait du bien mutuellement. Par définition, l’amour est donc fugitif, comme toute émotion, mais aussi non exclusif et… conditionnel.
Autrement dit, l’amour, même si l’on ne peut pas le « commander » à l’origine, se travaille, et surtout s’entretient : en effet, le sentiment d’amour se nourrit d’émotions d’amour.
C’est cette idée-là que je trouve si belle, si positive et si optimiste : c’est l’addition, la multiplication de ces moments d’amour partagé… qui créent ce sentiment d’attachement, de confiance, d’intimité entre deux ou plusieurs personnes.
Bref, non seulement soyons attentifs au quotidien à tous ces gens qui comptent pour nous… mais aussi aux étrangers, aux inconnus, à ces autres que l’on croise dans la rue… partageons des micro-moments d’amour autant qu’on peut, aussi souvent qu’on le peut, nourrissons-nous et nourrissons les autres de ces émotions positives qui font du bien et créent autour de nous des auras de bonheur. Regardons les gens dans les yeux, sourions-leur, écoutons-les, vraiment, soyons présents, dans l’instant présent : la vie et le bonheur se déclinent au présent.
Et pour aller un peu au-delà, ce « jour des amoureux » est aussi pour moi l’occasion privilégiée de vous reparler de « polyamour », cet art des amours plurielles : le fait de pouvoir vivre simultanément plusieurs relations intimes, et que toutes les personnes concernées soient non seulement bien sûr au courant, mais d’accord pour partager un tel mode de vie.
Car comme le dit Françoise Simpère, l’auteur du Guide des amours plurielles et de Aimer plusieurs hommesdans l’extrait de mon film LUTINE que j’ai le plaisir de vous offrir ci-dessous :
« Pourquoi serait-il mieux d’aimer une seule personne plutôt que plusieurs ? Dans la vie, on aime toujours plusieurs personnes, on a plusieurs amis, et si on allait voir un psy en lui disant : « J’ai un ami, je ne veux surtout pas qu’il en ait d’autres », il dirait : « Vous avez une pathologie de possessivité et d’angoisse. » Il n’y a que dans l’amour dit « amoureux », qu’on vous dit : « Il y a une seule personne qui peut vous convenir. »
Et moi du coup, de base, je me suis dit : Aimer plusieurs personnes, c’est naturel. En sachant aussi que l’amour dont je parle, c’est un amour qui est très vaste, c’est un éventail de relations, c’est pas seulement la passion… Et du coup, les amours s’additionnent, elles ne sont pas rivales. Je crois que les relations s’ajoutent, qu’elles apportent toutes quelque chose : une relation, c’est une alchimie entre une personne et une autre… et l’alchimie n’est jamais la même, puisque à chaque fois, ce sont des personnes différentes. »
(Pour recevoir le mot de passe qui vous permettra de visionner la vidéo, adhérez à la newsletter de Lutine & Cie.)
En espérant vous donner ainsi envie d’en savoir un peu plus sur cet art des amours plurielles,
Au plaisir, et à l’amour,
Isabelle
PS. Et si vous ne l’avez pas encore vu, il est encore temps de vous précipiter au cinéma voir CECI EST MON CORPSde Jérôme Soubeyrand, en 10ème semaine d’exploitation au cinéma La Clef : un film libre, libéré et libérateur, qui parle d’amour, et… de polyamour.
Demain dimanche 15 février, projection spéciale à 15h45 suivie d’un débat avec le réalisateur, Bruno Clavier, psychogénéalogiste et Alain Riou, chroniqueur cinéma, qui a écrit un très bel article sur le film que je vous encourage à lire, et qui commence comme ça :
« C’est un petit film unique, intense, impudique, délicat, fou de liberté, d’inspiration, de sage incertitude et de joie. Un film qui dit « Nous avons tous quelque chose de Dieu, qui est amour, et c’est d’ailleurs pour ça qu’on l’aime. Et qu’on s’aime ». Il le dit et il le prouve : CECI EST MON CORPS est une épopée, une comédie, un poème, une sorte d’évangile, mais avant tout une merveilleuse déclaration d’amour.»
Demain dimanche 15 février également, à 11h, projection au Majestic Bastille d’AFRICAINE, le très beau film de mon amie Stéphanie Girerd, suivie d’un débat avec l’équipe.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Maïmouna Coulibaly reprend pour une représentation exceptionnelle vendredi 20 février à 20h30 au carreau du Temple son spectacle HÉ MARIAMOU !, là aussi un conte initiatique, mais sous la forme d’une comédie musicale dynamisante et euphorisante.
J’ai écrit mon précédent article… le mercredi 7 janvier, avant d’avoir pris la mesure de l’événement qui a changé, pour sûr, la perception du monde dans lequel nous vivons.
Comme vous toutes et vous tous, je suppose, je me suis demandé comment continuer… à vivre, à écrire, travailler, rire, aimer… Tout soudain, me paraissait dérisoire. Et puis les survivants de l’attentat nous ont montré la voie : justement, précisément, notre devoir est de CONTINUER ! Continuer à vivre, à aimer, à rire, à chanter, à créer ! Parce que là, est notre liberté, notre force, notre humanité. « Même pas peur », comme dit ma petite nièce, « même pas mal ! »
Alors aujourd’hui, je voudrais vous offrir les mots écrits par Julos Beaucarne dans la nuit du 2 au 3 février 1975, alors que sa compagne, sa muse et mère de ses enfants, venait d’être assassinée, mots qui ont été repris par François Morel dans sa lettre à Patrick Pellous du 9 janvier sur France Inter.
« C’est la société qui est malade, il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et la persuasion. (…) Ne perdons pas courage ni vous ni moi. (…) Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. (…) Il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. (…) À vous autres, mes amis d’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui. Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers. »
Alors je continue mon travail, et je contribue à ma façon, en semant moi aussi mes petites graines dans l’univers. Et je reprends à mon compte les mots de Françoise Simpère, l’auteure du Guide des Amours plurielles, dans une interview qu’elle m’a accordée pour mon film LUTINE : « Je pense qu’aimer, c’est garder les yeux ouverts sur le monde. »
Alors… aimons-nous à tort et à travers, et gardons les yeux ouverts sur le monde !
Au plaisir,
Isabelle
PS. Et comme continuer, résister, vivre, être libre, ça veut aussi dire aller au cinéma, et aller au cinéma voir un film libre, à la fois joyeux, libertaire et libérateur, un film qui fait rire et interroge, et qui sans aucun doute, en dérange certains… bref, un film nécessaire en ces temps agités ! CECI EST MON CORPS, film auto-produit, auto-distribué et qui n’existe en salles que tant que des spectateurs comme vous et moi allons le voir… est actuellement en 8ème semaine d’exploitation au cinéma La Clef à Paris. Séances le dimanche 1er février et le lundi 2 à 14h. J’y serai lundi 2 à 14h : je vous y donne rendez-vous !
Dans mon article #5, je vous parlais du livre Love 2.0de Barbara Fredrickson, et de la nouvelle définition de l’amour qu’elle propose : de la résonance positive entre deux ou plusieurs personnes, qui provoque une synchronie biochimique et de comportements, et les conduit à une bienveillance réciproque.
Ainsi défini comme une émotion positive, l’amour est donc par « définition » fugitif, conditionnel et… non exclusif.
Je n’ai évidemment pas pu m’empêcher de lire ce livre à la lumière du polyamour – aussi appelé « polyamorie », ou encore « lutinage » par Françoise Simpère dans son Guide des Amours plurielleset à qui je dois le titre de mon film Lutine.
Quelques idées-forces chez les « polyamoureux » :
– l’amour est donc « non exclusif » : toutes les personnes concernées sont d’accord sur le principe que chacun est libre d’aller « voir ailleurs ». Françoise Simpère se définit comme « fidèle mais non exclusive » : elle est fidèle à ses amours, qu’elle garde longtemps, tout en en ayant plusieurs en parallèle.
– la jalousie est une émotion, ou plutôt un ensemble d’émotions, qui se travaille : on peut « travailler » sur sa jalousie, comme sur toute émotion ;
– car chacun est responsable de ses émotions : ce n’est pas parce que l’autre fait quelque chose que je me sens mal : je suis acteur/actrice de ma propre vie, et à défaut de pouvoir contrôler mes émotions, je peuxchoisir mes réactions.
– le polyamour repose sur une parfaite égalité entre les partenaires : « L’un des principes de base« , nous dit Meta T., co-fondatrice de l’association Polyfamilles, « c’est que chaque partenaire a les mêmes droits. Et qu’on ne prend pas de libertés qu’on n’autoriserait pas à l’autre. » Le polyamour est donc « féministe ».
Les polyamoureux travaillent particulièrement sur l’accueil et l’écoute de leurs émotions. Ils parlent beaucoup, sont adeptes de la communication non violente, et de la gestion des conflits par le dialogue et la négociation : Françoise Simpère dit à leur propos que ce sont des « Bisounours ».
Et comme le fait remarquer Michèle M. dans mon film : « Ce qui donne de l’espoir, c’est de savoir qu’il y a des gens qui vivent comme ça, et qui le vivent bien. » Et d’ajouter : « Quand les gens ne connaissent pas le concept, ils disent que ce n’est pas « vraiment » de l’amour, qu’en fait on ne s’aime pas « vraiment ». Mais c’est tout le contraire : c’est justement parce qu’il y a énormément d’amour, de bienveillance, de respect, d’échanges… que ça marche. C’est une magnifique preuve d’amour que justement d’accepter de laisser tomber ce dans quoi on a toujours vécu : ces idées de possession, de possessivité, d’appartenance… Et en fait, c’est ça la clé : la confiance, l’amour, la bienveillance. » Waouh ! 😉
Et vous, qu’est-ce qui vous redonne de l’espoir quand vous avez un coup de blues ? L’espace des commentaires ci-dessous vous est réservé : je vous y attends pour partager avec vous.
« Comment ça, jour 5 ?!« , vous dites-vous, alors même qu’hier je vous annonçais que lundi soir, j’étais « tombée » et qu’il me semblait donc, en toute honnêteté, devoir repartir au jour #1 de mes 13 jours d’affilée de pensée positive ?
Eh bien, il se trouve que ce matin, j’ai reçu un cadeau : et quel beau cadeau ! Car il me vient de Lise Theiler Rubinstein, la pionnière du Goal Mapping en français, et donc la représentante officielle de Brian Mayne, dont la lecture du livre la semaine dernière m’a inspiré ce challenge. Voilà ce que Lise m’a écrit en commentaire de mon article #4 :
« Chère Isabelle, Je me suis engagée à faire équipe avec toi dans cette aventure au coeur de soi. J’y suis, j’y reste ! Ton dernier post est un merveilleux témoignage de ce qu’entend Brian Mayne. Lorsqu’il invite à 13 jours de pensée positive (cf son livre Goal Mapping), il entend cela comme un objectif, un cap à garder en vue SURTOUT quand la mer se fait grosse et peut à tout moment faire chavirer notre embarcation. Si la mer a été grosse pour toi le 3e ou 4e jour, tu as pourtant su garder le cap. Comme tu le dis, tu es « tombée » le 3e jour pour te relever ensuite et marcher à nouveau vers ton objectif. Donc, pour moi, aujourd’hui est ton 5e jour et non ton 2e jour de pensée positive… »
Chouette, alors !!! Merci, Lise ! Je reçois ton cadeau à sa juste valeur, et assume donc ici pleinement d’être aujourd’hui dans mon 5ème jour de pensée positive. Et je m’engage envers moi-même à « déborder » d’au moins 3 jours supplémentaires au-delà des 13 jours ! 😉
Depuis quelques jours, j’ai souvent en tête le « keyword to happiness » dont parle Marcia Reynolds dans Wander Women: mot-clé qui ouvre la porte du bonheur ? Mot-clé du bonheur ? Mot porte-bonheur ? Vous savez, ce mot-clé auquel penser quand on se sent fragilisé ou sur le terrain glissant d’une pensée négative ? (cf mon post #3 )
Je vous disais que le mien était CONFIANCE. Ma fille de 5 ans a choisi « PRINCESSE ». Et mon amie Nadia m’a écrit que le sien était AMOUR.
Ça tombe bien : je voulais justement vous parler d’amour ! Mais d’une nouvelle définition de l’amour. D’une définition révolutionnaire de l’amour. Telle que nous la propose Barbara L. Fredrickson dans son livre Love 2.0.
L’amour selon Barbara L. Fredrickson est de la « résonance positive » (positivity resonance ») :
– il s’agit d’une émotion positive partagée entre deux personnes (ou plus) ;
– qui provoque une synchronisation biochimique et de comportements entre les personnes concernées
– qui se veulent et se font du bien mutuellement.
Waouh ! Pour elle, l’amour est donc par essence fugitif (comme l’est une émotion), non exclusif (puisqu’on peut en partager avec toute personne, pas seulement nos proches), et conditionnel (puisque l’une des conditions est de se vouloir du bien mutuellement).
Et on peut apprendre à en créer et en vivre à volonté ! Et plus on en crée et plus on en vit… plus on en crée et plus on en vit !
Révolutionnaire, non ?
Et Barbara L. Fredrickson de nous encourager à pratiquer la méditation de bienveillance (en anglais : « LKM » pour Loving-Kindness Meditation) : ça sera mon prochain challenge !
Et vous, pratiquez-vous déjà la méditation ? Avez-vous choisi votre mot porte-bonheur ?
L’espace des commentaires ci-dessous est pour vous : je vous y attends !
PS. J’ai reçu pendant que j’écrivais ce post un texto d’une violence inouïe de la part du père de mes enfants. Comme j’ai décidé de PENSER POSITIF… j’ai choisi de me connecter au mot porte-bonheur de Nadia : AMOUR ! Qui là, s’avère plus opérationnel que « confiance ». Je me connecte à l’amour universel, à la SOURCE (cf The Tools, le livre) et à mon higher Self, selon Susan Jeffers. Et je résiste ! AMOUR est donc bien le mot du jour ! Merci, Nadia !
PPS. Vous trouverez aussi un chapitre entier consacré à ces « micro-moments d’amour » selon Barbara L. Fredrickson dans le livre de Florence Servan-Schreiber : Power Patate.