De nos jours, on est tellement constamment sollicité par des informations ou obligations extérieures (travail, enfants, bruits, mails, textos qui interrompent, réseaux sociaux) qu’on en oublie souvent de se réserver du temps pour soi, ce temps que Dan Siegel appelle le « time-in » (par rapport à « time-out« ) : notre capacité à observer et noter comment on se sent à l’intérieur.
Dimanche matin, dans Brainstorm de Dan Siegel, j’ai lu qu’une sensation peut arriver au cerveau par deux moyens :
- l’information directe ressentie par le corps (parfois on n’en a pas conscience, mais elle modifie notre perception de la réalité, voire notre comportement) ;
- l’observation qu’on en fait, grâce à la capacité de notre esprit (mind) à regarder à l’intérieur de soi.
Intéressant en soi, mais… un peu abstrait, dit comme ça.
Un peu plus tard, j’avais décidé de méditer quelques minutes : prendre un temps pour moi, où je choisirais sur quoi focaliser mon attention.
C’est alors que ma fille a commencé à jouer au piano. Plutôt que de chercher à modifier la réalité, j’ai alors choisi de faire une méditation sur les bruits extérieurs, et je me suis concentrée sur son piano.
Peu après, un de mes chats m’a rejointe sur mon lit. J’ai essayé de me concentrer sur son ronron (je suis fan de ronronthérapie !), mais pas facile avec le piano. Je suis donc retournée au piano.
Mon amoureux a gentiment décidé d’aider ma fille avec son piano : j’ai continué à me concentrer sur les sons – le piano, plus leurs voix. Juste observer, noter, sans jugement.
Sauf que leurs voix ont commencé à s’emballer un peu : ils n’étaient pas d’accord.
Je me suis alors sentie légèrement agacée : allais-je devoir intervenir, alors que j’avais décidé de méditer ? Ils me dérangeaient ! Je me sentais petit à petit sortir de mon état de concentration, comme « en alerte ».
Je me suis interrogée sur cette sensation d’alerte : d’où venait-elle ? Qu’est-ce qui avait changé en moi ? Plutôt que de céder à ma pulsion d’aller leur faire remarquer qu’ils faisaient « trop de bruit »… j’ai choisi de tourner mon attention, non plus sur les sons extérieurs, mais sur mes sensations physiques intérieures.
J’ai alors pris conscience dans mon corps d’une légère tension qui me donnait l’impression d’être agitée, jusque dans mes poignets. J’ai décidé de l’observer, simplement, sans jugement.
Et alors soudain, j’ai compris, physiquement ressenti, ce que Dan Siegel voulait dire par les deux chemins par lesquels une sensation peut arriver à l’esprit : la sensation physique, qui m’informait directement qu’il y avait potentiel « danger » (je me sentais agitée et je sortais progressivement de mon état méditatif) ; et l’observation que je pouvais faire de cette sensation physique, qui lui donnait sens.
Dan Siegel appelle appelle ça : « OWN your sensation » – pour Observe, Witness, Narrate. L’observer simplement, en rendre compte et être capable de la raconter.
J’ai pris conscience de cette sensation de tension intérieure que je ressentais et qui, si je n’avais pas choisi de l’observer et si j’y avais été simplement réactive, aurait pu me conduire à me lever, soudain énervée, et à intervenir dans leur dispute sous prétexte qu’ils avaient interrompu ma méditation. Et on aurait été trois, alors, à être énervés.
Là, j’ai simplement observé, noté… et j’ai continué à me concentrer sur les sons qui me parvenaient du salon et sur mes sensations intérieures. Et tout s’est finalement très bien passé. Waouh !
C’est une chose de lire, c’en est une autre d’expérimenter physiquement.
Aujourd’hui, j’ai fait avec ma fille la grenouille n°1 : « Calme comme une grenouille ».
Où la voix de Sara Giraudeau explique qu’une grenouille, quand ça s’agite autour d’elle, reste calme et parfois ne bouge qu’un œil.
Au plaisir de partager ces expériences avec vous. Hâte de lire vos commentaires, et vos propres expériences.
Isabelle