21 JOURS pour des relations positives #7. Température des relations

Avec de la neige à Paris un 7 novembre, je me dis que c’est le jour ou jamais de parler température !

Pas facile, je le vois jour après jour, de définir des relations positives en termes uniquement « positifs », et non par opposition à : ce que ça n’est pas.
Parce qu’en réalité, ce que j’ai en tête va bien au-delà de : ce que ne sont pas des relations positives.

En effet, pour moi, des relations « positives » ne sont pas seulement des relations « non-toxiques » ou « non-abusives ».

Admettons par exemple qu’on crée une échelle de température en mettant les relations toxiques et abusives en-dessous de 0.
Ce que j’appelle des relations « positives » ne sont pas juste : toutes les relations qui se trouvent au-dessus de ce 0.

En effet, ce que je cherche à définir comme des relations « positives » sont au moins aussi haut dans l’échelle positive, que des relations abusives sont basses dans l’échelle négative : le -100 des secondes, correspond au +100 des premières.

Si on met à 0 les relations « neutres » – qui correspondent sans doute à la grande majorité des relations qu’on entretient dans la vie – et si on considère par exemple qu’en-dessous de 0, on entre dans la catégorie de ce que j’appelle des relations « abusives » (j’y reviendrai, notamment à propos de la « roue du consentement« , cet outil précieux que j’ai découvert il y a 6 mois et que je me propose de présenter en ateliers bientôt), des relations « positives » ne se situent pas à +10, mais bien à +100.

Et c’est bien cet écart entre le +10 et le +100 qui m’intéresse aujourd’hui. Car pendant plus de 40 ans, je n’en ai eu aucune conscience. Je pensais que des relations « positives », et notamment dans le cadre d’un « couple » (entendu comme une relation entre deux personnes de longue durée) se situaient en réalité à +10.
Je connaissais des relations « neutres », voire légèrement toxiques, puis j’ai connu une relation réellement abusive… mais je ne pensais pas qu’on pouvait vraiment dépasser le 0 ou le +10 dans des relations.
Alors à quoi bon tout remettre en cause, cesser une relation pour en recommencer éventuellement une autre… qui de toute façon, presque par définition, ne pourrait pas réellement être satisfaisante ?

Je pensais qu’il y avait peu d’espoir dans la relation amoureuse « de longue durée », que nécessairement, au bout de quelques mois, voire quelques années, elle se muait en « routine » : c’était la fameuse dé-cristallisation après la cristallisation, le moment où l’on voyait à nouveau l’autre tel·le qu’ielle était, et non tel·le que l’on aurait aimé qu’ielle soit ; je pensais que de toute façon, c’était la structure même de l’association de deux personnes sur le long terme qui posait problème. Du coup, je ne voyais pas bien la peine de me battre pour des relations meilleures : je ne savais juste pas que cela pouvait exister.

C’est bien précisément pour cela que j’écris cette série d’articles aujourd’hui : pour témoigner, donner de l’espoir, remonter le niveau d’exigence, pour aider à mieux relativiser. Tout dépend en effet, sur une échelle, de la référence.

Je me souviens d’une comédienne qui m’avait dit, me parlant de son compagnon de l’époque : « Au moins il ne me bat pas, et il ne se drogue pas. »
En effet, elle avait de drôles de références : à côté de ce qu’elle semblait avoir connu avant – et très certainement aussi dans son enfance – son compagnon lui paraissait « positif ». Pour autant, la manière dont elle en parlait ne donnait pas envie de le rencontrer. Et à côté d’elle, je me sentais, à l’époque, chanceuse.

À ce moment-là, la manière dont je voyais les « couples », dans leur grande majorité, était « plan-plan ». Je les voyais embrumés dans un quotidien sans relief, sans magie. Ennuyeux. Ennuyants. Ça ne m’attirait pas.
Alors certes, j’étais dans une relation qui ne me satisfaisait pas, mais je ne pensais pas « avoir droit » à beaucoup mieux… Je pensais que je pouvais tout juste remonter de -80 à 0, ou au mieux à +10.
Alors à quoi bon tout balayer, prendre le risque de repartir de 0, pour de toute façon, stagner à nouveau, quelques mois ou années après, au mieux +10 ?

J’étais résignée. Morte à l’intérieur. Ma vie était ailleurs que dans mon couple : je voulais créer, tourner, refaire du cinéma. Sauf que… difficile d’être créative, inventive, pleine de peps et de vie… quand la flamme intérieure vacille et lutte contre l’extinction.

Quand j’ai atteint le moment où le négatif a commencé à l’emporter systématiquement sur le positif, quand j’ai constaté que je ne croyais plus possible de raviver la flamme du positif, quand je ne suis même plus arrivée à profiter des bons moments parce que je savais, intérieurement, qu’ils allaient être suivis d’autres, douloureux et dévastateurs… alors j’ai accepté ce qu’au fond de moi, j’avais toujours su inéluctable un jour ou l’autre : la séparation.
Et j’étais résignée à ne plus jamais envisager une relation de « couple » : j’y voyais l’image d’une prison, d’un espace où je ne pourrais qu’étouffer, et en aucun cas, m’y épanouir.

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Cette série d’articles est une nouvelle déclaration d’amour à l’homme qui partage ma vie et mon quotidien depuis plus de cinq ans – comme l’est d’ailleurs mon film LUTINE.

Je ne savais pas qu’on pouvait être heureuxes, amoureuxe, passionné·es, fusionnel·les… tout en étant autonomes, indépendant·es, libres. Je ne savais pas que le couple pouvait être un lieu d’épanouissement personnel et réciproque. Je ne savais pas que je pourrais grandir comme je grandis jour après jour à ses côtés depuis cinq ans. Je suis une bien meilleure personne aujourd’hui que je ne l’étais quand je l’ai rencontré. J’apprends tous les jours à ses côtés, à l’observer, à vivre avec lui, de même que je crois que lui apprend et grandit à mes côtés. On s’accompagne, chacun·e sur le chemin de sa vie, et pour autant, aucun·e de nous ne se sent prisonnier·e ou « coincé·e », comme je croyais que nécessairement, on se sentait quand on est « en couple », comme je vois encore aujourd’hui tant de gens autour de moi sentir qu’ielles doivent « faire le choix » entre le couple ou la liberté d’être elleux-mêmes.

J’ai, quant à moi, l’impression de devenir, jour après jour et pas à pas, une meilleure version de moi-même, tout en vivant avec un homme tout aussi heureux de grandir à mes côtés vers une meilleure version de lui-même.

C’est pour témoigner de ce « possible » que j’ai entrepris l’écriture de cette série d’articles. Pour donner de l’espoir. Il y a un « après » des relations toxiques, voire abusives.

La vie est un voyage, et il nous appartient de le rendre le plus beau et le plus heureux possible.

Hâte de lire vos commentaires !

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

6 réflexions sur « 21 JOURS pour des relations positives #7. Température des relations »

  1. Merci beaucoup Isabelle pour cet article « revigorant » ! J’en étais justement à me dire que faire le choix entre le couple qui m’étouffe de plus en plus rapidement et qui finalement ne me donne plus vraiment envie, et être libre d’être moi mais avec la souffrance de la solitude qui flétrit le coeur au quotidien… je devais choisir entre 2 situations aussi difficiles l’une que l’autre, donc l’IMPASSE !

    Je ne sais pas encore comment trouver l’entre-deux dont vous parlez et ne pensais pas d’ailleurs que c’était possible, donc a priori ça l’est et j’en suis HEUREUSE, vous me redonnez de l’ESPOIR sans aucun doute !

    Reste à patienter et profiter du temps, savourer les moments de calme avant de RE-PARTAGER dans les conditions qui conviennent à chacun, et là ce n’est pas si aisé ! Encore merci 🙂

    J’adore l’idée de l’échelle qui m’aide beaucoup à mesurer ce que je vis et envisager ce que j’aimerais vivre ! J’ai hâte de découvrir la roue du consentement..

    • Merci Julie, oui, je crois comprendre ce que tu exprimes, j’ai le sentiment d’être passée par là moi aussi quand je me suis séparée du père de mes enfants, après deux (très) longues relations (théoriquement) exclusives et de me sentir piégée : n’y avait-il donc que cette alternative ? Des « couples » dans lesquels je ne me sentais pas heureuse, pas épanouie, pas réellement moi-même… ou être « seule » et enchaîner les relations sans enjeux émotionnels ?
      Je témoigne aujourd’hui aussi pour donner à d’autres cet espoir qu’alors j’aurais aimer entendre : oui, même quand on a auparavant vécu des relations compliquées, voire toxiques ou abusives, il est possible d’être heureuxe dans une relation, et épanoui·e, et d’être soi-même, et si ce qu’on souhaite pour soi-même, ce sont des relations poly, alors c’est possible aussi… Je ne dis pas que c’est simple tous les jours, loin de là, et c’est un chemin de toute une vie sans doute, mais au moins j’ai la sensation d’avancer, tous les jours, pas à pas, vers une meilleure version de moi-même et d’être de plus en plus en accord avec mes valeurs profondes et ça… ça fait du bien ! 😉
      Heureuse de pouvoir contribuer un peu à ma manière à te redonner de l’espoir… <3

  2. Un grand merci Isabelle pour ces réflexions à la fois personnelles, intimes et universelles. Il est urgent de pouvoir vivre libre, aimant, aimé et heureux. Il est urgent de partager et d’inspirer les autres, c’est simple mais c’est notre grande force.

  3. Je suis avec le même homme depuis 26 ans et nous avons évolué ensemble. Ça a été long et compliqué mais actuellement, nous sommes fusionnels, passionnés, fous d’amour, de plus en plus complices et de moins en moins sur le mode conflictuel, mais nous sommes aussi indépendants, libres et autonomes. Moi non plus je ne pensais pas qu’un jour ce serait possible et j’en remercie la vie et toutes les personnes que j’ai croisées.

    • Merci Marlène pour ton témoignage, ça fait chaud au cœur ! <3 Et ça me fait plaisir aussi, mois après mois, de vous accompagner de loin et loin dans votre voyage de votre côté...;-)

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