Une nouvelle série d’articles de blog ? Eh bien, oui ! Ils m’aident à clarifier mes pensées, me procurent une gratification immédiate (objectif quotidien tenu !), je suis heureuse de les relire plus tard et de mesurer ainsi le chemin parcouru… Que du bon !
Donc après
– 13 jours devenus 21 de pensée positive, en novembre 2014
– 21 jours de Mindsight en novembre 2015
– 21 jours d’un Voyage en Polyamorie en mai 2016
– 21 jours + 1 pour des relations positives en novembre 2016
… me voici aujourd’hui repartie pour 21 articles à propos… d’éthique des relations.
« Éthique » ? Ouh là ! Kezako ? De la philo ?!
En partie, oui, mais pas seulement, et je ne manquerai pas d’y revenir.
Précisément, la question s’est posée il y a quelques mois au cours d’un café poly à Paris, et je me suis alors rendu compte que j’utilisais ce mot d' »éthique » pour décrire la polyamorie – la possibilité de vivre en parallèle plusieurs relations dans un cadre consensuel et « éthique » – sans peut-être y avoir suffisamment réfléchi de mon côté.
Parallèlement, je travaille depuis plusieurs mois sur ce qu’on appelle les relations « abusives », et notamment « verbalement abusives » (car il est souvent difficile de reconnaître qu’il s’agit d’abus quand ce ne sont « que des mots », alors même que des mots peuvent être autant dévastateurs que des coups).
En effet, alors que je pensais en avoir fait le tour il y a quelques années, ayant (beaucoup) lu à ce sujet en français (j’en ai même écrit un projet de documentaire, et créé un site pour répertorier des articles et liens), voici qu’une amie m’a mise sur la piste d’auteurices américain·es… qui ont bouleversé ma manière de voir – sans doute aussi grâce à mon travail autour de la Mindsight et de la Communication non-violente® : tout se recoupe, se connecte et, petit à petit, fait sens.
J’avais donc envie de transmettre tout ce que j’avais compris… sauf que l’idée de n’écrire que sur les relations abusives me déprimait d’avance.
Par ailleurs, moi qui ne suis ni psychologue, ni coache, professeure, chercheuse ou philosophe, je le sais, je tire ma « légitimité » pour écrire, des relations plurielles et de la polyamorie – grâce à LUTINE bien sûr, mon film, aux (très) nombreux livres que j’ai lus et groupes de discussion auxquels j’ai participé, mais aussi à mon expérience personnelle.
Depuis quelques mois, je me surprenais à dire ou penser des choses telles que : On n’a pas le *droit* de traiter les gens comme ça, de parler comme ça ; Au nom de « quoi » je me permettrais de…? ; On peut dire des mots qui font plaisir, mais pas des mots qui blessent…
D’où petit à petit, cette idée d’opposer les relations abusives aux relations positives et à la polyamorie… via une éthique des relations : Qu’est-ce qui fait du bien – ou pas ? Qu’est-ce qui permet de maintenir le lien – ou pas ? Qu’a-t-on a le « droit » de dire – ou pas ? Qu’est-ce qui a du sens – ou pas ?
Voici ce sur quoi je voudrais réfléchir dans ces articles. Le tout, mâtiné bien sûr de communication compassionnelle et d’accueil des émotions.
C’est avec cet objectif en tête que j’ai lu coup sur coup deux (courts) ouvrages qui m’ont confortée dans la direction que j’avais choisie : Paroles toxiques, paroles bienfaisantes : Pour une éthique du langage, et L’Éthique expliquée à tout le monde.
Demain, je reviendrai sur la polyamorie : de quoi s’agit-il ? Pourquoi est-ce que je choisis de parler de « polyamorie » et non de « polyamour » ? Qu’est-ce que la polyamorie, et qu’est-ce que n’est pas la polyamorie ?
Au plaisir de lire vos commentaires… et vos questions, si vous en avez : je conçois ce blog comme un espace de dialogue, mes articles se nourrissent de vos retours.
Avec amour et bienveillance,
Isabelle
NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
– réagir à mes articles, ici ou sur Facebook et me poser des questions
– me soutenir financièrement, en suivant ce lien sur HelloAsso
– et désormais aussi me consulter sur vos relations : il suffit de cliquer sur l’onglet Consultations !
C’est justement le soir où j’avais besoin d’entendre cela. L’éthique, le non éthique, ça reste très compliqué. Je pense qu’en gros, est éthique tout ce qui fait du bien, mais aussi tout ce qui nous permet d’exprimer notre ressenti, sans accuser l’autre (et pour ma part, c’est là où j’ai encore quelques faiblesses) d’avoir « fait exprès » de faire qu’on se sente mal. Après, ce qui n’est pas éthique, il va m’être difficile d’en parler : j’en sors et je suis heureuse d’avoir su m’en sortir. Mais il va me falloir quelque temps pour mettre des mots dessus. Disons qu’une relation où on vous fait comprendre que d’autres sont plus importants que vous, tout en vous répétant sur tous les tons que c’est vous la plus importante, en vous faisant porter ses propres choix, en maintenant à plaisir une rivalité vicieuse entre vous et une de ses autres relations… Bref, tout ça n’est pas éthique. Du tout.
Merci Marlène. Je suis désolée d’apprendre que tu as apparemment à nouveau traversé des choses pas cool. Tout mon soutien.
Quel plaisir de pouvoir te lire à nouveau. Je trouve tes séries très réjouissantes et instructives car elles partent toujours d’une réalité vécue que tu interroges et mets en perspective en les enrichissant de tes lectures et autres références. Bravo pour cette démarche à l’école de la vie…
Ethique ? Cela pose la question du plus grand bien et du mal, qu’on veut pour soi et pour les autres. Pour moi, ce mot est très lié à celui de conscience : conscience de soi, de l’autre, du monde. Conscience forcément éclairée par une dialogue intérieur. Cela me renvoie à un ordre harmonieux à atteindre, qui en même temps est déjà là. En germe.
Ethique relationnelle ? Je pense immédiatement à ce dialogue dit des trois filtres ou trois passoires, attribué à Socrate.
« Quelqu’un vint un jour trouver Socrate et lui dit : « Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ? »
« Un instant, répondit Socrate. Avant que tu ne me racontes tout cela, j’aimerais te faire passer un test rapide. Ce que tu as à me dire, l’as-tu fait passer par les trois passoires ? »
« Les trois passoires ? Que veux-tu dire ? »
« Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, reprit Socrate, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la VÉRITÉ. As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est VRAI ? »
« Non, pas vraiment, je n’ai pas vu la chose moi-même, je l’ai seulement entendu dire. »
« Très bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Voyons maintenant, essayons de filtrer autrement, en utilisant une deuxième passoire, celle de la BONTÉ. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de BIEN ? »
« Ah, non ! Au contraire ! »
« Donc, continue Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas sûr qu’elles soient vraies. Ce n’est pas très prometteur ! Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire : celle de l’UTILITÉ. Est-il UTILE que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ? »
« Utile ? Non, pas vraiment, je ne crois pas que ce soit utile. »
« Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni VRAI, ni BIEN, ni UTILE, pourquoi vouloir me le dire ? Je ne veux rien savoir. De ton côté, tu ferais mieux d’oublier tout cela. »
Merci, Gilles. Excellente, cette histoire de Socrate ! Je ne la connaissais pas, et je te remercie de l’avoir partagée avec nous. C’est exactement ça ! 😉
Merci pour tes encouragements, te lire est toujours un plaisir également… <3