La vie continue… Fêtons les reines !

J’ai écrit cet article hier… j’ai hésité avant de le poster aujourd’hui…
Et puis j’ai choisi la vie, et même… la vie en rose !

Ne les laissons pas faire, ne laissons pas le noir de la mort envahir nos esprits.
Résistons !
La vie est belle ! La vie vaut la peine qu’on se batte pour elle…

Hier donc… 6 janvier… jour de l’Épiphanie.
L’épi-quoi ?
Gardons notre sens de l’humour et nos valeurs… Liberté, égalité… sororité !

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L’année dernière, du haut de ses 4 ans, ma fille Lilou m’a demandé :
« Maman, pourquoi on dit la galette des rois, et pas… la galette des reines ? »

Alors depuis, chez nous, on fête la galette… des rois et reines !

Et cette année, tout particulièrement, on va fêter les Reine !

Les Reine… mais aussi les Eugénie, Amélie, Louise, Rose, Rosalie… toutes ces femmes, mes aïeules, qui ont un jour fait l’amour avec un homme… et grâce auxquelles je suis là aujourd’hui, à vous écrire depuis mon ordinateur.

Dans mon précédent article, je vous parlais de faire une « pause salutaire« .
Je ne sais pas vous… mais moi, je l’ai faite, et bien faite !

Entre Noël et le Nouvel An, je me suis offert un voyage… dans le temps, et ces quelques jours vécus en immersion dans la vie de mes ancêtres m’ont aussi permis de prendre conscience de la chance qu’on a de vivre aujourd’hui, malgré nos vies de dingues où on ne prend pas toujours le temps de se poser.

Le point de départ de mon voyage a été le film de Jérôme Soubeyrand : Ceci est mon corps, et le débat qui a suivi avec Danièle Flaumenbaum à propos de la sexualité transgénérationnelle. (*) Je me suis demandé qui étaient mes aïeules… et, comme Alice, je suis entrée dans un tourbillon… qui n’en finit plus de dévoiler ses secrets et ses merveilles.

Mes grands-mères, mes arrière et arrière-grands-mères… étaient institutrices, couturières, lingères, domestiques, souvent seulement « ménagères »… tandis que leurs maris étaient instituteurs, maréchal-ferrant, mineurs, maçon, buraliste, cultivateurs ou agriculteurs.

Et quelles vies… Combien d’enfants morts, de mariages à 16 ou 17 ans, mais aussi des enfants abandonnés à l’Assistance publique ou même « donnés » au bourgeois du village avec lequel elles avaient « fauté », comme il m’a été rapporté par mon grand-oncle…

Car au-delà de mes recherches sur Internet (très addictives), j’ai aussi pris le temps, lors de cette « pause salutaire », d’appeler mes aïeules et aïeux encore parmi nous, heureux de partager avec moi ces informations découvertes en quelques clics magiques… mais aussi de revivre pour un temps des souvenirs de leur enfance, même si parfois douloureux. Ils m’ont parlé de bombardements, de la difficulté à obtenir un Ausweis pour assister à l’enterrement d’un grand-père en zone libre, de prendre le maquis, ou de craindre pour la vie d’un père qui traversait le Rhône la nuit en barque…

Que d’émotions partagées…

Alors si vous aussi, vous avez la chance d’avoir encore autour de vous des personnes âgées… honorez-les, célébrez-les, remerciez-les des épreuves qu’ils ont endurées et traversées pour arriver jusqu’à nos jours et nous donner la vie… Ils ont perdu leurs parents, bien sûr, beaucoup de leurs ami·es, mais aussi souvent leur conjoint·e, ou même un·e enfant… et pour autant, ils gardent – pour certain·es – leur joie de vivre et leur sens de l’humour, et sont une source infinie de sagesse et d’amour. Interrogeons-les, aimons-les, choyons-les, profitons de leur présence encore parmi nous.

Je vous souhaite à toutes et à tous une belle et lumineuse année 2015 !

Au plaisir,
Isabelle

Et je dédie cet article…

à Antoinette Louise Duding, mon arrière-grand-mère, enfant de l’Assistance publique, dont j’ai trouvé sur les registres de l’hôpital de la Charité à Lyon… le nom de sa mère biologique, de sa tante et ses grands-parents. Louise Rosalie, sa mère, avait donc une sœur : Marie Félicité ; dans Tout le plaisir est pour moi (mon premier long métrage, sorti en 2004), la sœur de… Louise, mon personnage principal, s’appelle… Félicie !

à Eugénie Luiset, mon arrière-arrière-grand-mère, orpheline de père à 3 ans, de mère à 13 ans, et qui a en partie élevé sa petite-file dont la mère, sa fille, était morte en couches en 1940, au moment de l’offensive allemande… ;

à Reine Loiseau, sa mère, qui s’est mariée le 27 janvier 1883 et a accouché une semaine après, le 3 février… veuve à 24 ans et morte à 34, et qui habitait à Paris, rue Moret… là même où, plus d’un siècle après, en 1999, j’ai tourné mon film À corps perdu ;

à Marguerite Gaillard, la mère de Reine, donc mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère qui a perdu une première fille à presque 4 ans… puis son premier mari, puis encore 4 autres enfants de son deuxième mari. Puis quand elle a eu 74 ans, la seule fille qui lui restait, Reine, donc, est morte à 34 ans, et elle a alors élevé sa petite-fille, Eugénie, qui avait 13 ans.

à Marie Rose Broué, l’arrière-grand-mère de mon arrière-grand-père, à laquelle je dois ce nom de Broué, car, « fille-mère » comme on disait à l’époque, elle portait le nom de son père et non celui d’un mari qu’elle n’avait pas…

À toutes ces femmes courageuses et fortes, à toutes ces femmes qui ont vécu et ont donné la vie à leur tour, et grâce auxquelles je suis là aujourd’hui… je dis MERCI. Je vous aime. Nous sommes toutes des reines !

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Et je dédie aussi cet article à mes enfants, Quentin et Lilou, pour lesquell·es j’ai fait ces recherches. Quentin qui a pour 3ème prénom Antoine, le prénom de son arrière-arrière-grand-mère (Louise Antoinette Duding) à la 5ème génération (Quentin en latin veut dire « le 5ème ») ; tandis que Lilou, déclarée à l’état civil « Lou, Lilou, Rose, Margot », a comme 3ème prénom celui de la fameuse Rose Broué, la courageuse et scandaleuse… mais surtout porte en prénom d’usage… son 2ème prénom, comme – je l’ai découvert cette semaine ! – tou·tes ses aïeules et aïeux ! 😉
Vive l’inconscient transgénérationnel !

 

(*)  Un film joyeux et drôle, un film libre, libertaire, anarchiste, un film qui fait rire et réfléchir en même temps, un film dérangeant, bref, en deux mots… un film nécessaire et d’actualité ! 0s1ho

Après le succès des précédents débats, l’équipe du film Ceci est mon corps propose une nouvelle rencontre au cinéma La Clef avec le psychanalyste Bruno Clavier, et la gynécologue Danièle Flaumenbaum toujours sur le thème : « Sexualité et Transgénérationnel «  à l’issue de la projection du vendredi 9 janvier à 20h15. Seront également présents : le réalisateur et acteur Jérôme Soubeyrand, la co-scénariste et actrice Marina Tomé et le producteur, distributeur et comédien Pierre-Loup Rajot.
Pensez à réserver : reservation@cinemalaclef.fr

Et pour le plaisir… une des scènes du film, où un Christophe Alévêque tire les cartes à Gabin, curé ardéchois…

 

Une réflexion sur « La vie continue… Fêtons les reines ! »

  1. Une très lointaine cousine (branche remontant au début du 18e) qui doit être octogénaire m’a écrit, par mail, qu’elle aurait préféré se faire nonne ou être lesbienne plutôt que d’être mère il y a 2 siècles. Elle répondait à un de mes mails où je lui faisais part de ma difficulté à imaginer le fait que certains ancêtres aient vécu pendant 100 ans (4 générations) dans une clairière (appelée une « loge » d’aprés cette cousine) à fabriquer des sabots. Le froid, l’humidité, la claustrophobie. Coincés dans les bois, les seules sorties étant les messes (et encore des offices avaient lieu sur place) ou les déclarations de naissances, de décès. Pourtant ces gens devaient rire, chanter, danser, être heureux de vivre. Quelles étaient leur pensées, leurs envies ? On ne saura rien de tout cela. La généalogie nous donne des dates, une chronologie qui peut être synchronisée aux grands moments de l’Histoire… C’est bien, mais pour moi ce n’est pas assez ! Malheureusement ! Ces ancêtres ont été contemporains d’évènements historiques, on s’en doute, sinon on ne serait pas là à écrire des commentaires, et maintenant je peux mettre des noms et des prénoms en parallèle de ces évènements… ça me raccroche mes racines à l’Histoire, mais quoi d’autre ? Qu’en ont-ils pensé, s’ils étaient au courant ? Grrrrr… je ne le saurai jamais, toutes leurs vies et pensées sont perdues dans les brumes du temps.
    Remonter le temps est frustrant !

    J’ai aussi été très surpris par l’influence qu’avait l’économie sur la mobilité de nos ancêtres. J’ai remonté le fil de mes ancêtres mineurs en utilisant une carte des bassins houlliers auvergnats. Des forêts pour les fendeurs et sabotiers, des fleuves pour les vignerons (import du bois pour les fûts et export du pinard). La généalogie, c’est un mélange de jeu de pistes et de détective, c’est très addictif.

    Tu as fait une brève plongée dans le temps… dommage de ne pas t’y plonger un peu plus, quitte à le faire plus tranquillement et en dilettante. Je suis presque certain que tu trouverais des informations très intéressantes… ^^

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