ÉTHIQUE RELATIONNELLE #9. De l’importance des limites psychiques

Comme on a des limites physiques, on a des limites psychiques.

Si quelqu’un·e me frappe, me porte un coup, me marche sur le pied dans le bus, ou même simplement me touche alors que je ne l’y ai pas explicitement autorisé·e… tout le monde est d’accord pour dire qu’il s’agit d’un abus physique. Et si cet abus a à voir avec mon intégrité sexuelle, alors on parlera d’abus sexuel. Et les abus physiques et sexuels sont punis par la loi.

NB. Le conseil constitutionnel est revenu en janvier dernier sur la loi passée en décembre sur l’interdiction des violences corporelles sur les enfants, soit-disant pour une question de forme : la France est l’un des derniers pays européens à encore, par défaut, « autoriser » le fait de frapper ses enfants. C’est… atterrant.

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Donc, reprenons : en France, sauf s’il s’agit de son enfant, tout le monde considère comme un abus de frapper quelqu’un·e ou de porter atteinte d’une quelconque manière à son intégrité physique.

Eh bien, il me semble qu’il est temps, plus que temps, qu’on apprenne aussi à reconnaître que, de même qu’on a des limites physiques, qui sont traditionnellement reconnues comme étant celles de notre enveloppe corporelle (mais pas seulement : les marteaux piqueurs dans l’appartement au-dessus du mien en ce moment-même portent également atteinte à mon bien-être « physique »), on a aussi des limites psychiques.

Et quand quelqu’un·e prétend me définir, me qualifier, ou prétend savoir ce qu’il se passe dans ma tête, quelles sont mes intentions ou ma motivation, ielle franchit mes limites psychiques.

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D’une part, cela n’a pas de sens, et n’a donc en conséquence, aucune valeur.
Car personne ne peut prétendre savoir ce que j’ai dans la tête, si j’ai chaud, faim ou froid, ce que je pense ou ressens.

Si quelqu’un·e me dit  : Tu cherches à me contrarier ou Tu ne m’écoutes pas ! … qui est-ielle pour prétendre être dans ma tête ?
C’est juste absurde.
Absurde

Oui, mais pas seulement. Car en réalité, c’est aussi déjà de l’abus, au même sens qu’un coup qui aurait été porté physiquement : en s’autorisant à parler de moi à ma place, ielle a franchi mes limites psychiques.

D’ailleurs, si je ne m’y suis pas préparé·e, si je n’ai pas auparavant levé mon bouclier en prévision de la flèche qui allait être décochée dans ma direction et si j’ai le malheur de croire que ce que cette personne dit de moi ou à propos de moi correspond à une quelconque réalité, cela peut provoquer en moi des dégâts considérables.

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Tu es égoïste, tu ne penses qu’à toi ! Tu es insupportable ! Tu ne t’en sortiras jamais. Tu es toujours en train de te plaindre. Etc etc etc.
Voilà le type de communication que Jacques Salomé a qualifié de « relation klaxon » (tu-tu-tu) et résumé avec la formule : « Le « tu » tue.«  

C’est là, qu’une fois de plus, les accords toltèques me sont d’une aide précieuse, et en particulier, le 2ème : Ne rien prendre personnellement ! Ne pas croire quelqu’un·e qui parle de moi à ma place !

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Face à quelqu’un·e qui prétend parler pour moi :

  1. Ne pas lui accorder de crédit 
    = ne pas chercher à s’expliquer ou à se justifier – ce qui pourrait valider par défaut ce qu’ielle dit.
  2. Lui répondre en miroir :
    Quoi ? Qu’as-tu dit ? Pourrais-tu répéter ? J’ai compris “ça” : est-ce bien “ça” que tu voulais dire ?

Autrement dit, lui renvoyer la balle, comme un mur dans une salle de squash : la violence de l’agression, du jugement, de la critique lui appartient. C’est d’elle-même, et non de nous, que la personne parle.
Hop la balle

Autrement dit, faire en sorte de ne pas se laisser aspirer par la spirale négative des jeux psychologiques, et de rester maître·sse de soi-même : savoir que nous sommes et restons la seule personne légitime pour parler de nous-mêmes.

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Ben oui, je sais – et je suis malheureusement bien placée pour le savoir : c’est souvent plus facile à dire qu’à faire, et voici en effet une injonction de plus qui pourrait être ressentie comme culpabilisatrice, voire à laquelle il pourrait être reproché de faire la part belle au victim-blaming.

J’en serais navrée.
Mon intention ici est en effet avant tout d’aider à faire prendre conscience du côté absurde – au sens de « non-sens » – d’une communication qui, en réalité, coupe toute communication authentique entre deux personnes, qui tue la relation entre elles.

Plutôt que d’essayer de se faire comprendre d’une personne qui vous accuse, parle à votre place, vous prête des intentions qui ne sont clairement pas les vôtres, prétend savoir mieux que vous ce que vous ressentez… une des options peut en effet de faire un pas de côté, regarder la scène comme s’il s’agissait d’une scène de cinéma, comme si nous étions spectateurice et non acteurice de la scène, et soudain, au lieu de la voir comme quelqu’un·e de potentiellement menaçant·e ou nocive, la voir comme un pantin qui décoche des flèches parce que c’est sa seule façon de communiquer quand elle se sent elle-même en danger (je suis allée voir Robin des Bois ce matin avec la classe de ma fille, c’est ma journée flèches et boucliers !).

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Ça ne règlera évidemment pas d’un coup tous les problèmes de communication que nous rencontrons avec cette personne… mais cela pourra au moins nous aider à moins en souffrir sur le moment : à ne pas le prendre personnellement (vous le reconnaissez maintenant ? C’est l’accord toltèque n°2 !).

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

 

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