Je termine ici en réalité mon article #2 sur la polyamorie définie comme : « la possibilité de vivre en parallèle plusieurs relations intimes consensuelles et éthiques« .
L’éthique fait pour moi partie intrinsèque de la polyamorie dès la création même du mot : en effet, si l’on en croit le récit de Deborah Anapol dans son livre Polyamory: The New Love Without Limits – repris par Alan McDonald sur son site polyinthemedia – le terme polyamory aurait été inventé par Oberon et Morning Glory Zell à la fin des années 80 pour remplacer en positif l’expression responsible non-monogamy.
L’idée était de définir les relations multiples possibles entre plusieurs partenaires adultes et librement consentants en un seul mot :
- à la fois de manière positive, et non plus sous la forme d’un « non-quelque chose » (« non-monogamie ») ;
- et en incluant leur côté « responsable », qu’on peut comprendre comme un équivalent de « éthique » – par opposition avec les formes de non-monogamie qui ne le sont pas.
Certes, nos relations devraient toujours être consensuelles et éthiques.
Oui, mais voilà, dans les faits, elles ne le sont pas, et insister sur le côté éthique des relations poly permet de les distinguer d’autres formes de non-monogamie :
- la polyamorie n’est pas la polygamie : où il s’agit d’unions ou de mariages (du grec ancien γάμος, gámos : union, mariage), et qui est a priori, non égalitaire ;
là où la polyamorie est égalitaire et féministe : chaque partenaire a les mêmes droits, quel que soit son genre, son âge, son orientation sexuelle ou relationnelle. - la polyamorie n’est pas de l’infidélité ou de l’adultère : puisque par définition, dans l’adultère, l’un·e des partenaires n’étant pas au courant, ielle ne peut pas être consentant·e.
- enfin, la polyamorie n’est pas le libertinage, qui est une non-exclusivité consensuelle, certes, mais principalement liée à la sexualité ; là où la polyamorie insiste sur des relations entre les partenaires (qui peuvent d’ailleurs être asexuelles).
J’insiste aussi sur le mot de « possibilité » – et non pratique dans les faits – de vivre des relations plurielles : comme le dit Françoise Simpère dans LUTINE, l’important est « que la porte soit ouverte, pas de la franchir tous les jours. »
Pour moi, la polyamorie comprend ainsi en réalité ce que j’ai défini comme une « monogamie positive« , qui serait choisie en conscience par deux partenaires qui décideraient d’être monogames tant que ça leur convient à l’un·e et à l’autre, tout en se mettant d’accord que si l’un·e des deux a un jour envie d’ouvrir leur relation, ielles pourront en parler, sans que cela ne la remette en question.
Quand on parle d’éthique, par définition, on tient compte du consentement de l’autre : libre, éclairé et révocable.
On parle ici de culture du consentement : chaque partenaire d’une relation est au courant, et d’accord, sur ses modalités.
Pour moi, cette culture du consentement s’oppose à deux autres formes malheureusement trop souvent vécues, voire subies, dans les relations :
- d’une part à ce qu’on appelle la « culture du viol », où l’un·e prend le pouvoir sur l’autre et nie son ressenti, l’accusant en miroir d’être responsable de la situation ;
- d’autre part et plus largement, à la violence et aux relations abusives “ordinaires”. J’y reviendrai plus en détails : c’est en réalité une de mes motivations pour écrire ici.
Aujourd’hui plus que jamais, je souhaite parler ici d’éthique, de respect, et d’amour.
Avec amour, soutien, et bienveillance,
Isabelle
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Pourrais tu définir le mot éthique de manière générale ?
Pour moi, tu as écrit la définition pour toi de ce qu’est une relation éthique, mais je pense pour les lecteurs, il faudrait que ce mot soit clair pour que chacun ensuite puisse définir ce qu’est une relation éthique, vu qu’il y a plein de manière de vivre la polyamorie.
Oui oui oui, merci Chloé, tu as tout à fait raison et à vrai dire, c’est même bien là le véritable enjeu pour moi de cette série de 21 articles : définir ce qu’on entend par « éthique » quand on parle de « relations plurielles consensuelles et éthiques » à propos de polyamorie. Parce que je trouve qu’on emploie parfois ce mot à tort et à travers sans toujours se poser la question de ce que l’on entend par là…
Je pensais faire un seul article pour donner la définition de la polyamorie, sauf qu’avec ce choix sémantique polyamorie / polyamour, en fait, je l’ai coupé en deux, et du coup, peut-être que j’ai perdu un peu mon fil directeur entre-temps…;-(
Le point, c’est de dire : on parle de « relations plurielles éthiques » : c’est bien beau, mais qu’entend-on par « éthique » ?!
Eh bien… c’est ce que je vais chercher à développer dans les articles à venir…;-)
Merci de m’avoir posé cette question – c’est « la » question, comme dit ma fille dans LUTINE ! – qui m’a permis de mieux expliciter ma démarche : work in progress!