Ce soir, j’ai craqué. La résultante de plein de petites choses accumulées, sans nul doute, au premier rang desquelles la fatigue. Quand on manque de sommeil, on est clairement moins résistant à toutes les petites piqûres du quotidien. C’est ce qu’on appelle la « fenêtre de tolérance » : elle est réduite quand on est fatigué, qu’on a faim, ou qu’on est déjà contrarié.
La journée a commencé par une petite contrariété qui peut apparaître mineure… mais qui en réalité est venue réveiller une angoisse bien plus profonde. Angoisse qui s’est immédiatement traduite par une sensation physique d’étouffement.
J’ai choisi de l’observer, en conscience. Une petite séance de TIPI : observer ses sensations physiques, pendant au maximum deux minutes. Et voir comment elles évoluent.
Me trouvant particulièrement réactive et sensible, j’ai décidé de prolonger ma nuit d’une heure.
Malgré tout, d’une certaine manière, le « ver était dans le fruit ». Car plus tard, d’autres petits incidents, qui, si j’avais été d’humeur sereine, seraient passés inaperçus, sont venus réactiver d’anciens schémas défensifs.
Sans doute, sans même m’en rendre compte, j’ai alors bloqué ma respiration : j’ai en effet découvert il y a un an, grâce à l’action conjuguée d’Isabelle Filliozat et de ma super ostéo, que dans le cas d’une émotion forte que je cherche à endiguer, contrôler… j’arrête de respirer, et que ça a pour conséquence mécanique de me donner l’impression d’avoir une vertèbre « coincée » pile en face du diaphragme (cf mon article Que se passe-t-il en moi ?).
Après, c’est le fameux schéma de la spirale négative : un sentiment de malaise physique entraîne une pensée négative, une pensée négative entraîne une autre pensée négative, qui contribue à bloquer un peu plus la respiration… On est « in the maze« , comme décrivent les auteurs du très utile livre The Tools.
Chaque auteur a son vocabulaire particulier pour décrire cet état où « we lose it« , on « craque », on « bugge » : on emprunte la low road, dit Daniel Siegel, on est « dans le précipice rouge » en-dessous de la prairie verdoyante de la sérénité, selon Isabelle Filliozat, on frôle les « rives du chaos ou de la rigidité », décrit encore Daniel Siegel dans Le Cerveau de votre enfant.
Autrement dit, on est englué dans notre cerveau reptilien, en proie aux conséquences d’une fatigue, d’une colère, d’angoisses possiblement réactivées par un syndrome de stress post-traumatique, évidemment prompt à se réveiller dans ces jours post-attentats… et plouf, on plonge.
J’ai plongé, tête la première.
La question est : comment on en sort ?
Ou, comme je le fais dire à mon personnage dans mon film LUTINE :
« Le gouffre, le fond du gouffre, même… je vois assez bien. Mais comment je remonte, moi ? »
C’est précisément quand on est dedans, qu’on a besoin de tous ces outils de mindsight : précisément dans ces moments-là qu’ils sont le plus utiles, et que malheureusement si on n’en a pas une pratique quotidienne, on a alors moins le réflexe d’y faire appel.
Premier réflexe : le bouton STOP ! Prendre conscience de l’état dans lequel on est.
- S‘arrêter
- et prendre le Temps
- d’Observer… ses pensées, sentiments, émotions, jugements…
- avant de Poursuivre
On m’a parlé hier d’un collège en banlieue où ils expérimentent la méditation en 6ème et l’accueil des émotions en 5ème. Une fois par jour, au moins, un des professeurs fait pratiquer aux enfants ce qu’ils appellent « le STOP ». Waouh.
On peut aussi, et tout simplement : boire un verre d’eau, en pleine conscience.
En réalité, toutes ces méthodes, le bouton STOP, le verre d’eau, TIPI, comme toutes les méditations, les respirations en pleine conscience, reviennent à cette idée simple : focaliser son attention sur ses sensations physiques, pour échapper à la spirale négative des pensées.
L’idée dans un premier temps est de se rendre compte, accepter, voir, reconnaître qu’on ne va pas bien : se l’autoriser, sans jugement, avec bienveillance et compassion, comme le ferait notre meilleur(e) ami(e).
Et observer nos sensations, accueillir nos émotions… cela suffit souvent déjà pour aller un peu mieux et au moins retrouver une respiration plus apaisée.
Les émotions, par définition, sont passagères : elles finissent toujours par passer.
Demain est un autre jour.
À demain, avec amour, compassion et bienveillance,
Isabelle