21 JOURS pour des relations positives #8. Accueil des émotions

Plutôt qu’un article de théorie sur la gestion des émotions (j’en ai déjà rédigé plusieurs et je vous invite à vous y reporter : « 13 JOURS de pensée positive #7« , « Nos émotions au cinéma« , « Voyage en Polyamorie #11. Spirale positive ; vous en trouverez d’autres en tapant « Émotions » dans l’onglet de recherche), j’ai envie aujourd’hui de donner un exemple concret d’une situation vécue il y a peu. Et pour que le lien avec ce que j’appelle une relation « positive » soit plus clair, il ne s’agira ni d’une situation en rapport avec la polyamorie, ni en rapport avec un enfant : on verra bien alors qu’il s’agit d’une posture générale d’accueil des émotions dans la vie, que ce soit avec un·e adulte, un·e enfant, dans un couple, une famille – ou même avec quelqu’un·e que vous ne connaissez pas dans la rue.

Pendant les vacances de la Toussaint (c’est donc vraiment récent), mon aimé et moi-même avons emmené ma fille, 7 ans, au jardin d’Acclimatation : elle avait envie d’une « fête foraine« . Un manège, deux manèges, trois manèges… tout allait plutôt bien. Ce n’était juste pas moi qui montait avec elle, car ces « trucs » qui secouent dans tous les sens pour créer des sensations – et spécifiquement des sensations de peur – dans le corps, ça fait bien longtemps que j’y ai renoncé…

(Parenthèse : je me souviens de la dernière fois où je suis montée dans un manège type montagne russe pour « faire comme les autres », et soi-disant « m’amuser » : c’était avec le père de mes enfants, sans doute au tout début de notre histoire, car je devais être dans la phase : « j’essaie de paraître cool« , au lieu de préférer être simplement moi-même. C’était donc… il y a vingt ans !
Sur le manège lui-même, j’ai cru… que j’allais mourir. Littéralement. Quand j’en suis descendue, j’ai vomi et pleuré, beaucoup. Dans le genre « cool », je pouvais repasser !
Ce jour-là, j’ai décidé qu’on ne m’y prendrait plus (comme le corbeau de La Fontaine) et que plus jamais, je ne monterais dans un manège que je ne « sens » pas. Fin de la parenthèse).

Retour au jardin d’Acclimatation, où ma fille, donc, s’éclatait avec son beau-père – qu’elle présente aussi souvent comme « l’amoureux de sa mère ». Jusqu’au moment où je les vois aller en direction d’un nouveau manège. Un truc euh… où des nacelles sont tenues par des chaînes…

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Quand on est dessus, ça donne ça : 
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Mais quand on est en-dessous, voilà ce qu’on voit :

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À vrai dire, je n’ai pas « réfléchi »… J’ai juste « vu » et senti monter lentement mais de manière inexorable en moi une bouffée d’angoisse : petit à petit, j’ai senti mes jambes flageoler, mon cœur s’accélérer, ma respiration se saccader… Rapidement, je n’ai plus pu parler, je suffoquais, j’étais en train de m’étouffer. Plus capable de prononcer un mot, bien incapable de dire : « Euh… je crois que je préférerais que vous ne montiez pas dans celui-ci… » Non, c’était bien plus radical que ça : une véritable « panic attack » – ça devait être ça.

C’est à ce moment-là que mon aimé, se retournant vers moi, m’a aperçue, me débattant avec mon corps envahi – j’imagine – de cortisol et d’adrénaline, au point où ils me paralysaient complètement. Je ne pouvais juste plus communiquer autrement que par des signaux physiques de détresse.
Il est aussitôt venu vers moi, a rassuré ma fille, soudain bien sûr un peu inquiète de me voir dans cet état, et c’est lui qui a prononcé les mots auxquels je n’avais plus accès : « Tu ne veux pas qu’on monte là-dedans, c’est ça ? Tu as peur ? »

Alors j’ai senti que, comme il semblait comprendre ce qui m’arrivait, je pouvais à nouveau contacter mon néo-cortex – mon cerveau rationnel – je pouvais « ré-intégrer » mon cerveau gauche et mettre des mots sur la panique de mon cerveau droit et j’ai réussi à dire : « J’ai peur que vous tombiez et que vous mourriez. »

Il n’a pas cherché à me rassurer, pas cherché à « rationaliser », à me dire : « Mais enfin, tu penses bien que ce n’est pas dangereux, ils ne laisseraient pas les gens monter dessus sinon » – ça aurait été bien inutile, et vous pensez bien que je me l’étais déjà dit. Aucune « rationalisation » ne pouvait m’empêcher de penser, moi : « Oui, mais si justement, aujourd’hui, il y a un accident ? »

Non, il a juste « accueilli » mon émotion, et il l’a « expliquée » à ma fille, qui, à son tour, commençait à pleurer : « Mais moi, je veux vraiment y aller sur ce manège… ».
Il lui a expliqué qu’une fois qu’elle était montée, il fallait juste que je laisse « redescendre » mon émotion, et qu’on allait trouver ensemble une solution : et faire une « résolution de problème« . Mais auparavant, il m’a juste prise contre lui, sans parler… et mes larmes ont alors pu sortir, en sanglots, me permettant d’évacuer les hormones de stress qui m’avaient envahie.
Une fois que j’ai pu retrouver une respiration à peu près normale, il m’a alors demandé si ça me paraissait possible, tout simplement, de ne pas regarder, pendant qu’ielles montaient sur le manège. J’ai accepté, en hochant la tête et tout en reniflant. J’avais vraiment la sensation d’avoir cinq ans.

Je me suis alors éloignée, dans la direction d’un rayon de soleil. J’ai trouvé un peu plus loin un petit point d’eau avec des canards, et j’ai regardé les canards, le soleil sur le pont, les gens avec leurs enfants. Je me suis réchauffée au soleil. Et j’ai attendu qu’ielles reviennent.
Au bout d’un moment, j’ai commencé à trouver le temps long… et à sentir à nouveau l’inquiétude remonter en moi : et si ielles ne revenaient pas ?
Alors je me suis concentrée sur ma respiration, en pleine conscience. Et j’ai attendu.
Et ielles sont revenus.

Et on a tou·tes les trois été fièr·es de nous, d’avoir su gérer cette crise. Moi, parce que j’avais réussi à surmonter ma peur qu’ils montent sur le manège et que je les avais laissé·es y aller ; ma fille parce qu’elle avait attendu que mes émotions redescendent sans faire de crise à son tour ; et mon aimé, parce qu’il avait brillamment géré ce moment délicat.

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Qu’aurait fait une personne avec laquelle j’aurais été dans une relation moins positive ? Elle se serait moquée de moi. Elle aurait haussé les épaules en disant : « Tu es vraiment ridicule. Quel âge tu as ? » ou bien encore : « Tu te donnes en spectacle, j’ai honte pour toi » ; ou bien encore : « Reprends-toi ! Tu imagines le modèle que tu donnes à ta fille ? » ; ou bien tout ça en même temps, sur le rythme d’une mitraillette : ta-ta-ta-ta-ta ! 

Et qu’est-ce que ça aurait provoqué en moi ? Une rage, une colère de ne pas être comprise, une humiliation, une rancœur. Est-ce que ça aurait contribué à apaiser mon émotion ? Certes non : ça aurait au contraire ajouté de la colère à ma peur. Et vraisemblablement, je me serais mise à crier ou à pleurer encore plus fort, pour les empêcher de monter sur le manège – à moins que je n’aie été complètement sidérée par la panique, en état de choc. Ma fille aurait paniqué à son tour, et l’après-midi, à coup sûr, aurait été gâché. On serait reparti·es du parc en étant tou·tes trois déçu·es et frustré·es, en colère et tristes. Et j’aurais entendu : « Il faut toujours que tu gâches tout. Tu es pire qu’un enfant ! Tu es ridicule, ma pauvre fille. Il faut te faire soigner, tu es pathétique. »
(Ça vous paraît exagéré comme dialogue ? C’est malheureusement du vécu…).

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Voilà donc ce que j’appelle l’accueil (positif) des émotions : les accueillir pour ce qu’elles sont – nos alliées. Les remercier (dans le cas de la peur par exemple) de nous alerter d’une situation potentiellement dangereuse. Et les accompagner, à leur rythme.

La méthode TIPI nous apprend qu’en deux minutes d’attention portée à la sensation physique d’une émotion, elle se modifie petit à petit… pour disparaître. À vrai dire, il me semble qu’il ne s’agit ni plus ni moins… que d’une attention au corps portée en pleine conscience. 

Au-delà de l’accueil des émotions, voilà ce qu’est pour moi une relation positive : une relation dans laquelle on se sent en sécurité. Dans laquelle on sait que nos émotions seront accueillies pour ce qu’elles sont : des vigies, des alliées, et non des ennemies. Et où la personne en face a suffisamment confiance en elle pour « ne rien prendre personnellement » (3e accord toltèque) : j’y reviendrai.

Pour aujourd’hui… hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

Voyage en Polyamorie #11. 8b. Spirale positive

On a quitté les rives de la Monogamie ordinaire (#2), réalisé que les mythes étaient précisément des mythes et qu’une bonne partie des comportements de nos contemporain·es étaient fondés sur des faux-semblants, mensonges et peurs (#3), on a choisi de croire notre petite voix intérieure qui nous disait qu’il devait être possible de vivre autrement nos relations au monde et aux autres (#4) et on s’est préparé.e au voyage du mieux qu’on a pu (#5) avant de se lancer dans l’aventure (#6).

Sauf qu’on a beau se préparer, rien ne vaut l’expérience : c’est en nageant qu’on apprend à nager… pas en regardant des tutos sur Internet ! Une fois qu’on s’est jeté.e à l’eau, ça remue donc bien plus que ce qu’on avait imaginé, que tout ce qu’on avait essayé d’anticiper : courants, contre-courants, obstacles divers et variés qu’on choisit de voir comme autant d’opportunités de nous affermir, de grandir, on affronte nos peurs (#7).

Les automatismes de notre vie d’avant ne nous servent plus à rien : c’est à nous d’inventer de nouveaux codes, de nouveaux modes de relations, tous nos repères ont sauté et… notre entourage historique nous tourne souvent le dos : leur monde n’est plus notre monde, on ne « colle plus » (ce que Kim Hudson dans son livre The Virgin’s Promise appelle « No Longer Fits Her World »), ielles ne nous reconnaissent plus et ne nous soutiennent pas, bien au contraire (ce qu’on cherche à défendre, une nouvelle éthique amoureuse, est bien trop dérangeante le plus souvent pour l’hypocrisie ambiante).
Et si on a l’impudence, à un moment un peu plus difficile que les autres, de chercher une oreille compatissante, en se confiant à un.e parent.e, un.e ami.e ou même un.e psy, on nous renvoie à notre responsabilité : « Tu l’as bien cherché, tu ne vas pas venir te plaindre en plus ! On t’avait prévenu.e, c’était couru d’avance » (#8).

Malgré tout, on sait, on sent qu’on est sur la bonne voie, et on veut continuer à y croire. On mesure le chemin parcouru, on se rend compte que l’une après l’autre, on a déjà affronté pas mal de nos peurs et insécurités, on est fier.e de soi, on sent qu’on peut aller plus loin, on se le souhaite. Étape après étape.
Et peut-être parce qu’à un moment, on se sent soudain plus fort.e, on fait un pas de côté, on ose affronter une nouvelle peur… et soudain, une bourrasque qu’on n’avait pas vue venir, plus forte que les autres, semble nous emporter (ce que Kim Hudson appelle « Caught Shining ») et des tourbillons nous entraînent vers le « ventre de la baleine«  (#9).

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Et là, euh… c’est la crise, le climax en dramaturgie : on a l’impression qu’on va y laisser notre peau, on voudrait revenir en arrière, mais c’est trop tard : on est « au fond du gouffre » et on se demande si on reverra jamais la lumière du jour… On lâche alors toutes nos défenses, et on s’avoue vaincu.e : « J’ai joué, j’ai perdu », dit mon personnage dans LUTINE. Et c’est là, quand on lâche prise, qu’on aperçoit, tout au fond, tapie dans le noir… la « Grande Déesse » de la créativité et de la destruction, celle qui, après l’hiver, fait renaître les fleurs au printemps.

Et alors, là-bas, tout au bout du bout, on aperçoit soudain une lueur… Humble comme au premier jour, on ose demander de l’aide, tendre la main… et ô miracle : on réalise qu’on n’est pas seul.e, qu’on est pas le/la premier.e à vivre cette expérience, qu’avant nous, d’autres sont passé.e.s par là, et sont prêt.e.s à nous aider, à partager leur expérience avec nous. On va pouvoir ainsi remonter à la surface : d’autres sont là pour nous accompagner sur le chemin de nous-même (#10).

Et ces autres, souvent rassemblé.e.s en communautés (cafés, goûters, pique-niques, groupes de parole poly, forum sur Internet, groupes sur Facebook) ont tout plein d’outils à partager avec nous – dont certains qu’on avait bien sûr déjà commencé à explorer et utiliser nous-mêmes : mais rien ne vaut le passage de témoin et le relais d’informations de pair·e à pair·e. C’est parce qu’on découvre que d’autres sont passé·es par là, qu’ielles aussi ont cru qu’ielles n’y arriveraient jamais, et qu’aujourd’hui, ielles semblent très heureuxes de leur nouvelle vie en Polyamorie… que notre espoir renaît, et avec lui, notre énergie positive pour nous en sortir et atteindre nous aussi, un jour, les rivages heureux de la Polyamorie.

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Première étape incontournable de cette spirale positive : l’accueil de nos émotions.
Tant d’entre nous ont été élevé·es avec l’idée qu’il fallait cacher, masquer, refouler nos émotions… qu’on n’y a même plus accès parfois, ou qu’on ne sait pas les reconnaître, parce qu’on les déguise. On les prend pour des ennemies… alors qu’elles sont nos alliées : elles sont là pour nous alerter, nous informer sur nous-mêmes, à un moment où le cerveau rationnel, lui, n’est pas nécessairement attentif.

Les émotions, que l’on vit dans notre corps, et qui se manifestent souvent (à l’exception de la joie) par des sensations physiques désagréables, voire douloureuses, sont souvent décriées et elles ont mauvaise presse : Arrête ton cinéma ! Que tu es chochotte ! Calme-toi immédiatement ou je vais te donner une bonne raison de pleurer ! Les garçons, ça ne pleure pas ! Pour qui tu te prends de me répondre comme ça ! C’est qui qui commande, ici ?

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On nous apprend à les mater, à les refouler. On nous apprend à les bloquer. On les ridiculise, on les dévalorise. On nous explique que nous devrions en avoir honte. Qu’on est trop sensible. Alors que c’est une chance d’être sensible et même hypersensible : c’est ce qui permet de nous connecter à la vie en nous, mais aussi à la vie en l’autre. C’est ce qui nous permet l’empathie, par la magie des neurones-miroirs.

[PARENTHÈSE. À propos des émotions, si vous n’avez pas encore vu Inside Out (Vice Versa) des studios Disney Pixar… précipitez-vous sur le DVD ! Pour petit.e.s et grand·es, ce film, construit (c’est mon intuition) à partir des livres de Dan Siegel sur le cerveau, nous explique comment, quand nous sommes tristes, en colère, ou que nous avons peur, notre cerveau émotionnel se déconnecte de notre cerveau rationnel et… passe aux commandes !
Le film est intelligent, drôle, bouleversant et… je vous invite à en lire les quelques lignes que j’ai écrites à son propos au moment de sa sortie tellement j’étais emballée : Nos émotions au cinéma (plus sur le cerveau et Dan Siegel… dans mon article #12 demain !).]

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Le principe de base d’une émotion est qu’elle a besoin d’être écoutée, entendue,  accueillie, acceptée. Si on la refoule, si on la nie, si on lui refuse notre attention, elle va redoubler d’intensité, revenir sous différentes formes, se glisser par l’interstice de la fenêtre quand on lui aura fermé la porte au nez.

Si on en a honte, si on culpabilise (c’est mal d’être jalouxe !), si on lui refuse l’accès à notre conscience… elle se déguisera et reviendra, par exemple, sous la forme de somatisations (j’en connais un rayon !).

Par exemple, la peur peut prendre la forme d’une colère. Mon aimé m’a promis de rentrer à minuit, mais il a du retard et aucune nouvelle. Je résiste un moment, j’essaie de penser à autre chose, et puis les pensées commencent à défiler dans ma tête, toutes plus alarmistes les unes que les autres : il sait pourtant que c’est important pour moi qu’il respecte le « cadre » sur lequel on s’est mis d’accord toutes les deux ; donc s’il a « pris le risque » d’arriver en retard alors qu’il a conscience que je vais sans doute mal le vivre, c’est que : soit il est vraiment très bien avec « elle« , au point d’en oublier que pendant qu’il prend du bon temps, moi je m’angoisse ; et je déroule le fil de mes pensées : il a eu beau faire son maximum pour me rassurer, il est en train de tomber amoureux d’elle, et puis, l’attrait de la nouveauté, je ne fais pas le poids, sans compter qu’elle est peut-être (cocher la case) plus belle, plus mince, plus douée en fellations, plus kinky, plus brillante, plus… (oh, on peut continuer pendant des heures comme ça !), et puis ils sont sûrement en train de faire l’amour en ce moment-même, et il doit prendre tellement de plaisir qu’il n’aura plus envie de me faire l’amour à moi après et… Bref, vous voyez le genre ? (Tout à fait déclinable au masculin, bien entendu : et s’il était plus… grand, plus musclé, plus doué en cunnilingus, s’il lui faisait mieux l’amour, et plus longtemps, s’il bandait plus dur, s’il la faisait plus jouir, plus rire… etc etc., à l’infini…) ; soit… – et c’est encore pire ! – : en fait, il a eu un accident ! Il est dans le coma, et les pompiers vont m’appeler d’une seconde à l’autre… blablabla.

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Quand le dit aimé arrive finalement avec une malheureuse petite demi-heure de retard, tout contrit, parce que le restaurant a eu un problème avec son terminal de carte bleue, et il a dû aller retirer de l’argent et là il s’est rendu compte qu’il n’avait plus de batterie, et après il y a eu un bug avec l’autolib, il a dû trouver une autre borne et… etc etc…, vous, vous n’êtes juste plus en état de l’entendre avec votre cerveau rationnel et… votre peur explose en colère ! Tu le sais pourtant que c’est important pour moi que tu respectes le cadre et que tu rentres à l’heure sur laquelle on s’est mis d’accord, en fait tu n’en as rien à faire de moi, etc. etc.

Et pour retourner à l’émotion de base – la peur qu’il ne vous aime plus et qu’il vous quitte… autrement dit, la peur de l’abandon, qui remonte à votre toute petite enfance, quand vous étiez dépendant·e de votre parent nourricier et que le moindre retard vous mettait en effet en danger vital -, il va falloir déblayer toutes les barrières que vous avez érigées entre vous et vous, nettoyer la colère, aller au-delà… jusqu’au moment où derrière la colère, vous découvrirez en effet la peur, viscérale, tripale… de mourir si on vous abandonne.
Je me suis un soir entendue dire à mon aimé : Quand tu es en retard comme ça et sans prévenir, j’ai peur que tu sois mortE. Et là, quand même, j’en ai pris conscience : est-ce que ma réaction disproportionnée par rapport à la situation ne remonte pas à… quand ma mère arrivait en retard pour me chercher à l’école ?! Aie aie aie…

La polyamorie peut en réalité être une bonne manière de faire en quelques mois autant de progrès qu’en dix ans de thérapie !

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C’est ça que j’appelle la « spirale positive » ?! Oui.
Car une fois qu’on a conscience que derrière l’expression d’une émotion peut s’en cacher une autre, une fois qu’on assume d’aller les débusquer, qu’on travaille dessus, qu’on choisit de les accueillir en amies et non plus en ennemies… alors, petit à petit, on se familiarise avec elles, et elles nous font moins peur.

On accepte que parfois, on semble « ne plus être nous-même » : on ne se reconnaît plus. Et en effet, ce n’est pas « nous », c’est « une partie de nous » qui s’exprime alors, c’est la peur en nous. Et on peut la prendre par la main (on peut même lui donner un nom), et la raccompagner à la porte.

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Et comment on fait ça ? On commence par accueillir l’émotion en nous, sous la forme de la sensation physique – souvent désagréable – qu’elle déclenche en nous.

C’est là par exemple qu’un outil comme TIPI (Technique d’identification des peurs sensorielles inconscientes) est particulièrement intéressant. Le principe en est simple : on se connecte à la sensation en nous, pendant deux minutes. On lâche la spirale négative des pensées qui nous entraîne inéluctablement vers le bas, et on se concentre sur les sensations de notre corps.

Comment se manifeste cette sensation désagréable ? Est-ce qu’on a mal au coeur ? La poitrine compressée ? Les boyaux en vrac ? Une sensation d’étouffer ? La poitrine resserrée ? Et puis on observe, simplement, comment se déplace, se transforme, peut-être, cette sensation physique. Sans chercher à la modifier, à la faire évoluer. Simplement, on l’observe. Sans jugement, sans critique, sans pensée. Et la plupart du temps, elle va en effet d’elle-même se modifier, se déplacer… et puis disparaître, le tout en moins de deux minutes. Magique, ou presque !

Sur les émotions, leurs manifestations et leur accueil, mon livre de référence est celui de Daniel Goleman : L’Intelligence émotionnelleMais j’aime aussi beaucoup ceux de Catherine Aimelet-Périssol, qui anime par ailleurs des ateliers de « Logique émotionnelle« , très « pratico-pratiques » et souvent libres d’accès, qui permettent non seulement de comprendre avec notre tête, mais aussi de ressentir concrètement, physiquement, dans notre corps, ce dont elle parle (j’ai moi-même suivi sa série de sept ateliers il y a environ trois ans, elle semble les reprendre chaque année.)

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Et puis, de manière plus générale, j’ai découvert il y a quelques années, ce qu’on appelle la « pensée positive », ou la psychologie positive. Et vraiment, littéralement, ça a changé ma vie.

Le tout premier livre qui a bouleversé la manière que j’avais de me voir et de me vivre, et m’a permis de m’accepter « telle que je suis » (en tout cas, j’y travaille au quotidien !) est Je pense trop de Christel Petitcollin, qui est devenue ma psy. J’ai accepté que je ne fonctionnais en effet « pas comme les autres » (source de beaucoup de souffrance depuis toujours) et que ce n’était pas « dans ma tête », mais bien réel. Que j’étais hyperesthésique, comme elle dit (je « sens », vois, ressens, entends, plus de choses que la majorité des gens), hypersensitive (lire à ce sujet les magnifiques livres d’Elaine N. Aron), neuro-droitière, avec une pensée en arborescence qui par ailleurs ne s’arrête jamais de tourner (le « petit moulin », le « monkey » dans ma tête, le hamster dans sa roue…).
(Cela fait quelques années que je me demande s’il peut y avoir un rapport entre hypersensitivité, douance, neuro-droitièr·es et polyamorie. Deborah Anapol qui a écrit un paragraphe en ce sens dans Polyamory in the 21st Century semble avoir la même intuition que moi.)

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C’est encore Christel Petitcollin, qui, la première, m’a mise sur la piste de 3 Kifs par jour, écrit par Florence Servan-Schreiber, qui à son tour, m’a donné envie de lire les livres qui l’avaient inspirée, dont  L’Apprentissage de l’imperfection (un trésor ! C’est Ie livre grâce auquel j’ai écrit et réalisé mon film LUTINE ; celui grâce auquel j’ai commencé ce blog ; celui grâce auquel j’ose en ce moment-même être en train d’écrire cet article : j’ai accepté d’apprendre à être imparfaite ! Et je suis très douée pour ça !).

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Le principe de base, c’est qu’une pensée positive entraîne une pensée positive… et une pensée négative, une pensée négative. Emballée par mes lectures, mais ayant aussi découvert que le cerveau est malléable, et que pour lui apprendre à emprunter de nouveaux chemins, il faut l’éduquer progressivement, j’ai entrepris d’écrire, le 1er novembre 2014, 13 articles de pensée positive…devenus 21, que je vous invite à lire – partie pour 13, j’en ai finalement écrit 21 d’affilée, tellement j’y ai pris goût… à un moment où j’étais pourtant au fond du trou et le moral dans les chaussettes.

Tous ces outils, « trucs » que j’ai découverts, explorés, intégrés progressivement, m’aident considérablement au jour le jour, à voir « la bouteille à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide ».

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Par exemple, au lieu de penser que la personne que vous aimez passe la soirée avec un.e autre et que vous êtes, pauvre malheureuxe, tout.e seul.e dans votre coin, pensez plutôt à la chance que vous avez qu’ielle partage votre vie après x temps passé ensemble, de savoir qu’ielle va revenir vers vous, et sans doute encore plus amoureuxe de vous parce que épanoui.e et libre. Pensez depuis combien de temps ielle vous a montré qu’ielle tenait à vous, jour après jour, et à tous les moments heureux que vous avez passés ensemble, et qui tissent entre vous des liens si forts.

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Et vous, comment vous en sortez-vous quand vous sentez que vos pensées vous entraînent vers le bas ? Avez-vous des « trucs », des outils ? Les partageriez-vous avec nous dans les commentaires ci-dessous ? L’espace vous est réservé.

Au plaisir de vous lire,
et à demain, avec amour, bienveillance et compassion,

Isabelle

21 JOURS de Mindsight #19 : J’ai le droit de craquer

Ce soir, j’ai craqué. La résultante de plein de petites choses accumulées, sans nul doute, au premier rang desquelles la fatigue. Quand on manque de sommeil, on est clairement moins résistant à toutes les petites piqûres du quotidien. C’est ce qu’on appelle la « fenêtre de tolérance » : elle est réduite quand on est fatigué, qu’on a faim, ou qu’on est déjà contrarié.

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La journée a commencé par une petite contrariété qui peut apparaître mineure… mais qui en réalité est venue réveiller une angoisse bien plus profonde. Angoisse qui s’est immédiatement traduite par une sensation physique d’étouffement.
J’ai choisi de l’observer, en conscience. Une petite séance de TIPI : observer ses sensations physiques, pendant au maximum deux minutes. Et voir comment elles évoluent.
Me trouvant particulièrement réactive et sensible, j’ai décidé de prolonger ma nuit d’une heure.

Malgré tout, d’une certaine manière, le « ver était dans le fruit ». Car plus tard, d’autres petits incidents, qui, si j’avais été d’humeur sereine, seraient passés inaperçus, sont venus réactiver d’anciens schémas défensifs.
Sans doute, sans même m’en rendre compte, j’ai alors bloqué ma respiration : j’ai en effet découvert il y a un an, grâce à l’action conjuguée d’Isabelle Filliozat et de ma super ostéo, que dans le cas d’une émotion forte que je cherche à endiguer, contrôler… j’arrête de respirer, et que ça a pour conséquence mécanique de me donner l’impression d’avoir une vertèbre « coincée » pile en face du diaphragme (cf mon article Que se passe-t-il en moi ?).

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Après, c’est le fameux schéma de la spirale négative : un sentiment de malaise physique entraîne une pensée négative, une pensée négative entraîne une autre pensée négative, qui contribue à bloquer un peu plus la respiration… On est « in the maze« , comme décrivent les auteurs du très utile livre The Tools.
Chaque auteur a son vocabulaire particulier pour décrire cet état où « we lose it« , on « craque », on « bugge » : on emprunte la low road, dit Daniel Siegel, on est « dans le précipice rouge » en-dessous de la prairie verdoyante de la sérénité, selon Isabelle Filliozat, on frôle les « rives du chaos ou de la rigidité », décrit encore Daniel Siegel dans Le Cerveau de votre enfant.

Autrement dit, on est englué dans notre cerveau reptilien, en proie aux conséquences d’une fatigue, d’une colère, d’angoisses possiblement réactivées par un syndrome de stress post-traumatique, évidemment prompt à se réveiller dans ces jours post-attentats… et plouf, on plonge.
J’ai plongé, tête la première.

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La question est : comment on en sort ?

Ou, comme je le fais dire à mon personnage dans mon film LUTINE :
« Le gouffre, le fond du gouffre, même… je vois assez bien. Mais comment je remonte, moi ? »

C’est précisément quand on est dedans, qu’on a besoin de tous ces outils de mindsight : précisément dans ces moments-là qu’ils sont le plus utiles, et que malheureusement si on n’en a pas une pratique quotidienne, on a alors moins le réflexe d’y faire appel.

Premier réflexe :  le bouton STOP ! Prendre conscience de l’état dans lequel on est.

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  •  S‘arrêter
  • et prendre le Temps
  • d’Observer… ses pensées, sentiments, émotions, jugements…
  • avant de Poursuivre

On m’a parlé hier d’un collège en banlieue où ils expérimentent la méditation en 6ème et l’accueil des émotions en 5ème. Une fois par jour, au moins, un des professeurs fait pratiquer aux enfants ce qu’ils appellent « le STOP ». Waouh.

On peut aussi, et tout simplement : boire un verre d’eau, en pleine conscience.
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En réalité, toutes ces méthodes, le bouton STOP, le verre d’eau, TIPI, comme toutes les méditations, les respirations en pleine conscience, reviennent à cette idée simple :  focaliser son attention sur ses sensations physiques, pour échapper à la spirale négative des pensées.

L’idée dans un premier temps est de se rendre compte, accepter, voir, reconnaître qu’on ne va pas bien : se l’autoriser, sans jugement, avec bienveillance et compassion, comme le ferait notre meilleur(e) ami(e).

Et observer nos sensations, accueillir nos émotions… cela suffit souvent déjà pour aller un peu mieux et au moins retrouver une respiration plus apaisée.

Les émotions, par définition, sont passagères : elles finissent toujours par passer.
Demain est un autre jour.

À demain, avec amour, compassion et bienveillance,
Isabelle

 

13 JOURS… #7 : Accueillir mes émotions

Ça y est, ce matin mes enfants sont partis chez leur père pour la 1ère fois : mise en place de la garde alternée.

En remontant de l’école, j’avais du mal à retenir mes larmes tout en me disant : « Non non, ne pas pleurer : je dois penser positif ». 

Oui mais voilà : penser positif, ce n’est pas non plus réprimer ou refouler ses émotions. C’est surtout ne pas se laisser entraîner dans le tourbillon et la spirale descendante des émotions et des pensées négatives qui s’auto-nourrissent les unes les autres : quand on se sent triste, notre poitrine se resserre, on respire moins largement, et on a tendance à nourrir des pensées tristes, voire déprimantes ou pessimistes.

Je me suis par exemple surprise à me demander ce qu’il se passerait si un de mes enfants, comme le frère d’un petit copain de ma fille, devait être hospitalisé pendant plusieurs jours : ce pourrait être ça aussi, la garde alternée – que je n’ai pas accès à sa chambre d’hôpital.

Et là, soudain, j’ai pris conscience de la spirale, et j’ai dit « STOOOOP !« . J’ai le droit d’être triste, c’est légitime, même, que je sois triste : la situation évidemment réactive la douleur de cette décision de justice que je trouve tellement in-juste… et au-delà, toute l’histoire qui y a mené.

Mais pleurer n’est pas la même chose que céder aux petites voix négatives et porteuses d’angoisses de ce qui n’existe même pas ! Pleurer, reconnaître mon chagrin, ma douleur du moment, c’est accepter mes émotions telles qu’elles sont, les accueillir sans jugement, dans leur réalité et leur légitimité.

Comme je dis souvent à mes enfants : toute émotion est légitime, tout comportement ne l’est pas.

Il ne s’agit pas de se « forcer » à penser positif, mais de prendre conscience des petites voix intérieures qui cherchent à nous entraîner sur la pente du négatif, et à ce moment-là, de « switcher » ! 

Alors j’ai pleuré quelques minutes, pour accueillir cette émotion de tristesse en moi… et puis j’ai pensé : j’ai une semaine devant moi pour travailler, monter mon film, écrire, dormir le matin, aller au cinéma le soir… Et les enfants, eux, seront de toute façon la plupart de leur temps à l’école et… ÇA IRA !

Le travail sur les émotions, c’est tous les jours, à tous les instants. Un des livres qui, pour moi, a été une révélation est L’Intelligence émotionnelle de Daniel Goleman : une révolution copernicienne.

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Et plus près de nous, le travail de Catherine Aimelet-Périssol, qui dirige l’institut de logique émotionnelle et a notamment écrit Comment apprivoiser son crocodile, m’aide énormément au quotidien : elle organise des ateliers que je recommande chaudement à toutes celles et tous ceux qui sont sur Paris. (*)

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Je suis aussi très intéressée par le travail développé par l’association TIPI  (Technique d’Identification sensorielle des Peurs inconscientes), le principe étant que quand on ressent une forte émotion négative, on reporte son attention sur son ressenti physique : où et comment se manifeste la sensation désagréable ? Comment évolue-t-elle ? Jusqu’à ce qu’elle disparaisse d’elle-même…

C’est ce que j’ai fait ce matin… et j’ai retrouvé une respiration plus sereine et séché mes larmes.

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Un 7ème jour de pensée positive au cours duquel j’ai re-regardé pour la 1ère fois en entier le montage de mon film Lutine, que je n’avais pas revu depuis le 20 juin… quelques jours après la 1ère audience. J’étais comme « bloquée », en mode « je retiens ma respiration ».

Aujourd’hui, je retrouve mon souffle et ma direction.

Et vous, acceptez-vous vos émotions ? L’espace de commentaires ci-dessous vous est réservé : je vous y attends ! 


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Je vous embrasse.
Je vous aime.

Isabelle

(*) Vous ai-je déjà dit que je ne crois pas au hasard ? Je découvre à l’instant que Catherine Aimelet-Périssol organise précisément CE SOIR vendredi 7 novembre à 19h30 un atelier « Se connaître avec la Logique émotionnelle » (entrée libre, au métro Notre-Dame des Champs), ainsi qu’un 2ème, le 20 novembre : Construire son couple avec la Logique émotionnelle. Pour sûr, j’y serai !

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