Voyage en Polyamorie #19. Éthique de la Polyamorie

La position que j’ai adoptée au début de ce Voyage en Polyamorie (qui est la mienne et n’engage que moi !) est celle de ma désillusion à propos de l’idéal de la Monogamie, petit frère du mythe de l’Amour romantique, dont on nous rabat les oreilles à longueur de films et d’articles de journaux, et qui ne résiste pas, à mon sens, à un regard un peu critique sur ce qu’il se passe en réalité en coulisses, derrière les rideaux de la scène de théâtre sur laquelle nous jouons toutes et tous.

Qu’on ne se méprenne pas : je suis heureuse, profondément et sincèrement, pour les couples qui vivent heureux et épanouis en vraie Monogamie choisie en conscience, et renouvelée de leurs vœux jour après jour.
Ma motivation à entreprendre ce Voyage, et qui est, au fond je crois, la même que pour mon film LUTINE, est d’informer les autres, celles et ceux pour lesquel·les cet idéal inatteignable est écrasant et culpabilisant, qu’il existe d’autres manières de vivre les relations amoureuses que vivre en Monogamie hypocrite, frustrante ou résignée.

Si je ressens en moi ce besoin de transmettre, de créer les conditions pour des débats, c’est sans doute parce que, comme mon personnage au début de LUTINE : « je me dis que potentiellement, [le sujet de la polyamorie] peut intéresser tout le monde, et aider peut-être tout le monde… Parce que l’amour, les histoires d’amour, de couple, de fidélité, d’exclusivité ou pas, ça concerne tout le monde, et je crois en même temps que c’est facile pour personne… ».

Et aussi parce qu’ayant entrepris le voyage moi-même il y a quelques années, grâce à un ami qui m’a fait découvrir le concept alors que je sortais de plus de vingt ans de relations de couples décevantes et douloureuses, me permettant de me réconcilier avec l’Amour et d’envisager à nouveau des relations heureuses, éthiques et en conscience ; parce qu’étant passée par le ventre de la baleine (#9), et étant remontée grâce au soutien constant et bienveillant de nombreuxes ami·es autour de moi et de toute une communauté dont j’ai découvert, en présentant LUTINE à l’étranger (Lisbonne, Barcelone, Rome, Vienne, San Francisco, bientôt New York, Montréal) qu’elle était encore plus riche que je ne l’imaginais, car internationale, je me sens aujourd’hui dans cette position de l’héroïne – en toute modestie ! – qui ayant « choisi sa lumière » (#17), tend à son tour la main à celles et ceux qui seraient curieuxes d’entreprendre le voyage.

Aussi vraisemblablement, je l’avoue, parce qu’ayant écrit et conçu LUTINE à la fois comme une comédie, un divertissement, mais aussi un outil pédagogique, qui donne des éléments et des clés pour des débats après les projections, je me sens une forme de responsabilité vis-à-vis de tou·tes ces spectateurices qui vont découvrir la Polyamorie à travers mon film… afin de les mettre en garde contre des tentatives de se lancer dans l’aventure qui n’auraient pas été suffisamment préparées et réfléchies.
Aussi enfin, parce qu’en démocratisant, vulgarisant, médiatisant le sujet (je ne suis évidemment pas seule, c’est dans « l’air du temps », il y a de plus en plus d’articles ou de reportages), j’ai tout à fait conscience que la Polyamorie risque d’attirer de nombreux profiteurs, pour ne pas dire « prédateurs », des gens qui penseraient trouver parmi la « communauté » de la chair fraîche et disponible, tel le producteur joué par Philippe Rebbot dans LUTINE qui demande  : « Est-ce que quand on est polyamoureuse, on couche plus facilement ?
J’ai l’intuition que risquent de débarquer dans les cafés poly, qui font des petits un peu partout en France, dans les groupes Facebook ou sur le forum de polyamour.info, tout un tas de « faux-poly » ou de poly-fakes, qui auront intégré le discours et viendront « chasser de la meuf ».
C’est pourquoi il me paraît important, fondamental même, de dire, écrire, répéter, marteler, encore et encore, que vivre en Polyamorie, ça ne veut pas seulement dire pouvoir vivre en parallèle plusieurs histoires intimes (sexo-affectives, comme on dit en Espagne), mais avant tout, les vivre de façon éthique et consensuelle.
Qu’il est essentiel que toutes les personnes concernées soient non seulement au courant, mais aussi d’accord, profondément ; et qu’il s’agisse d’un consentement enthousiaste (d’un Fuck yes !), et non d’un consentement mou, ou qui aurait été concédé sous une quelconque pression ou contrainte.
 Il me paraît tout aussi important de former les gens aux différents outils d’accueil des émotions, mais surtout de communication, et en particulier à la communication non violente, aussi appelée communication compassionnelle.

Quand on pratique la Polyamorie — comme on pratiquerait un art martial — on se rend vite compte, confronté·e à des peurs dont on est habituellement épargné·e en Monogamiequ’on a tout intérêt à développer des outils spécifiques pour faire face aux émotions qu’elles réveillent en nous, et qui peuvent parfois être violentes ou bouleversantes.

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La CNV (communication non-violente : cf mon coin-lecture) nous apprend que nos émotions et nos réactions nous appartiennent : l’autre ne peut pas être tenu·e pour responsable de notre colère par exemple, ce qu’ielle a fait n’est qu’un « déclencheur ».

Si maon partenaire arrive en retard à un rendez-vous, je peux : soit le vivre comme un manque de respect ; soit en être content·e parce que j’ai grappillé un quart d’heure de travail ; soit être en panique parce que j’ai peur qu’ielle n’ait eu un accident.

Ce qui me met en colère n’est donc pas que l’autre arrive en retard, mais ce que je projette sur son comportement. Si pour moi, sa ponctualité est un signe que je compte pour ellui (ou pas) et que je manifeste ma colère quand ielle arrive en retard, ce qui est en jeu – mon besoin derrière cette colère – est mon besoin de réassurance, qui n’a pas été satisfait ; si c’était un rendez-vous de travail et que je comptais dessus pour avancer, alors c’est ma frustration qui s’exprime.

Marshall Rosenberg nous invite à chercher le besoin non satisfait derrière nos émotions, et particulièrement de notre colère.

Certes. Mais quelqu’un.e qui appliquerait la CNV de manière abusive, pourrait chercher à imposer à l’autre ses manières de voir, en lui disant : Si tu es en colère, c’est ton problème. Mon besoin à moi était d’arriver en retard.

La Polyamorie n’est pas seulement une manière différente de vivre ses relations amoureuses, c’est aussi une philosophie de vie. Qui peut être évidemment totalement pervertie, si elle n’est pas pratiquée de façon éthique.

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Je pense qu’à titre personnel, je suis d’autant plus entrée de manière enthousiaste en Polyamorie il y a quelques années qu’à l’époque, j’y voyais un moyen de me protéger des personnes toxiques et manipulatrices. Je n’avais en effet plus confiance dans mon instinct, qui m’avait déjà trompée par le passé, et je craignais, si je renouais une relation amoureuse, de ne pas repérer d’emblée un comportement toxique. Le fait de pouvoir vivre plusieurs relations en parallèle me donnait l’impression d’être protégée d’un manipulateur qui ne pourrait alors pas me couper des autres sans qu’ils ne s’en rendent compte.

Aujourd’hui, je ne pense plus qu’il suffise de vivre en Polyamorie pour être protégé·e des relations toxiques. Et je pense au contraire précisément qu’il est urgent de développer dans la société – pas seulement pour les polyamoristes, mais pour tou·tes — et ce, le plus tôt possible, dès l’enfance, des outils afin que chacun·e puisse développer des antennes qui l’alertent contre des comportements qui ne sont pas acceptables.

On n’a pas le droit – PAS LE DROIT ! – de critiquer, juger, dévaloriser, humilier, rabaisser l’autre, de faire du chantage, de menacer de représailles si quelqu’un·e ne fait pas ce qu’on souhaite. On n’a pas le droit de læ contraindre d’une quelconque manière, de minimiser ses émotions : Tu es trop sensible, tu fais des histoires pour rien, tout ça n’est pas très grave.

C’est la logique, la continuité de la violence éducative ordinaire (VEO) dans laquelle on a grandi. On y est tellement habitué·e que si on ne nous apprend pas à en repérer des symptômes, les « trucs », on peut très bien ne même pas en avoir conscience.
Et pour peu qu’un·e manipulateurice ait parfaitement intégré le discours poly, les outils, les codes, le vocabulaire, ielle peut très bien renverser les outils de CNV pour son intérêt propre.

La CNV nous apprend à entendre les besoins non satisfaits derrière ce que Marshall Rosenberg appelle de manière très émouvante, je trouve, des tentatives d’expression « tragiquement suicidaires ». Mais il ne s’agit pas non plus, en contrepartie, d’offrir de l’empathie à quelqu’un·e qui en abuserait et ne ferait pas preuve de la même empathie envers nous.

Pour développer des relations saines et équilibrées entre deux personnes, il est nécessaire que les deux soient sur la même longueur d’ondes. Une des règles de base d’une relation équilibrée, écrit Michel Bozon dans La Pratique de l’amour, est la réciprocité. Au début d’une relation, je me livre, l’autre se livre, puis moi, puis ellui. Chacun·e donne de soi, s’offre en cadeau, se confie, à tour de rôle. Si une relation n’est que dans un sens, si l’un·e donne et l’autre pas, c’est très vite déséquilibré.

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Il me semble qu’il est du devoir – moral et impératif – de l’ensemble de nous tou·tes, de transmettre ces outils, ces expériences, de raconter nos balbutiements, nos plantages, nos galères…

La Polyamorie est un mode de relations qui insiste sur le côté éthique des relations à l’autre : égalitaire, féministe par définition, compassionel. Ce n’est pas pour rien si le bouquin de référence mondial (jusqu’à More Than Two) était La Salope éthique : éthique, la salope !

Il s’agit de faire attention à l’autre, pas d’utiliser les outils développés en CNV pour lui faire avaler des couleuvres.
Quand le personnage d’Isa dans LUTINE, découvrant un article sur la jalousie dans La Salope éthique, le traduit par  : « Ta jalousie t’appartient, tu ne peux pas m’en tenir pour responsable », son partenaire lui répond à juste titre : « Si tu couchais pas avec ton comédien dans ton lit pendant que je suis au bureau, j’aurais pas de problème à gérer. »
Chacune des phrases commençant par « tu » ou « ta », ceci n’est typiquement pas un dialogue en CNV : en CNV, on parle de soi, de son ressenti, de ses besoins.

IMG_5108Notons aussi que la CNV est avant tout une invitation à travailler sur soi-même et non une exigence à ce que les autres travaillent sur elleux-mêmes !

La polyamorie, contrairement à ce que pense ma grand-mère, ce n’est pas « coucher avec n’importe qui n’importe comment« . Il s’agit de relations éthiques, en conscience. On choisit de vivre dans l’honnêteté (ce qui ne veut pas dire « transparence »), sans tricher, sans mentir, sans tromper. Et dans l’écoute et l’accueil compassionnel des émotions des un·es et des autres.

Ce que l’on dit souvent à l’intention des « débutant·es » ou des poly-curieuxes, c’est : Prenez votre temps. Avancez à votre rythme, et singulièrement, au rythme de la personne la plus lente (formule qui nous vient de More Than Two). Ne forcez pas les choses, ne passez pas en force, vous créeriez des précédents traumatiques, qui rendraient les choses encore plus compliquées par la suite.

À nous tou·tes d’être vigilant·es et de dénoncer les comportements abusifs, les chasseurs dans les cafés poly ou dans les groupes Facebook. Si quelqu’un.e vous importune, vous demande en MP alors que vous ne læ connaissez pas, dénoncez-læ, aux modérateurices des groupes, aux organisateurices des événements publics.
Ne subissez pas en pensant que ce sont des comportements normaux. Ne banalisons pas la violence.

Depuis quelques jours, les voix s’élèvent dans la société – des femmes, mais aussi des hommes féministes – pour dénoncer le harcèlement et les violences sexuelles. Osons parler ! C’est important, aussi dans les milieux poly. Nous ne sommes pas plus épargné·es que partout ailleurs dans la société, et nous le serons d’autant moins que nous sommes de plus en plus exposé·es. Sachons nous montrer exemplaires et préserver nos lieux de vie poly de manière à ce qu’ils restent sécures.

Et vous, quelle est votre expérience des cafés poly ou des groupes Facebook ? Y avez-vous déjà rencontré des poly-fakes ou faux-poly ? Racontons nos expériences ! Libérons la parole !
L’espace des commentaires ci-dessous vous est réservé : vous y êtes les bienvenu·es !

À demain, avec amour et bienveillance,
Isabelle

 (*) Je vous encourage à lire dans les commentaires à la suite de chacun de mes articles, ceux de mon amie Elisende Coladan : ils se répondent, se complètent, d’une manière que je trouve réjouissante et fort inspirante, montrant par l’exemple ce que nous avançons, je crois, l’une et l’autre : qu’il y a autant de façon de vivre la Polyamorie que de polyamoristes ; et qu’il est avant tout important pour chacun·e de vous / nous, de savoir ce qu’ielle attend de la vie et des relations, et de les définir pour soi en fonction.

6 réflexions sur « Voyage en Polyamorie #19. Éthique de la Polyamorie »

  1. Ping : Les faux polyamoureux – trolldejardin

  2. Ce texte sur l’éthique me touche profondément de tous les échos qu’il fait résonner en moi.
    Ce sens de l’éthique me fait penser à l’ABC des émotions, de Claude Steiner. Et notamment à ce passage où Steiner insiste sur le « je peux te faire ressentir, tu peux me faire ressentir » : « Nous pouvons provoquer des émotions chez l’autre, nous sommes donc responsables de ce que l’autre ressent ». Steiner dénonce par là ce qu’il perçoit comme un abus du Credo de la Gestalt-thérapie de Fritz Perls. « Je fais mes affaires, tu fais les tiennes. Je ne suis pas dans le monde pour vivre tes attentes et tu n’es pas dans le monde pour vivre les miennes… »
    D’après Steiner, si Perls cherchait à critiquer et dénoncer les attentes affectives culpabilisatrices que l’on peut faire peser sur les autres en fuyant sa responsabilité propre, sa pensée, sous l’influence d’une certaine interprétation du bouddhisme, a pu être vulgarisée en appel à l’irresponsabilité affective des uns envers les autres.
    A mes yeux, tout l’équilibre est là, entre ces deux points de vue : La conscience des émotions que nous ressentons comme manifestation dont nous sommes personnellement créateur, et la conscience de notre pouvoir de provoquer des émotions chez les autres. Prendre la pleine responsabilité de nos émotions sans fermer les yeux sur le pouvoir que nous avons de provoquer celles des autres. Savoir prendre la mesure de ce qui nous appartient pleinement, en tant qu’individu, en considérant la relation comme une entité à part entière, où deux êtres sont à moitié égale responsables de ce qui s’y déroule.

    • Oui oui oui !!! Magnifique commentaire !!! <3
      C'est exactement ça : trouver le juste équilibre entre "je ne suis pas responsable des émotions que tu ressens, et encore moins de tes réactions"... et en même temps, quand on est en relation, et qui plus est en relation impliquante, impliquée, avec des sentiments, des enjeux, des engagements..., on ne peut pas ne pas tenir compte du fait qu'on est interdépendant.e.s et on se doit de faire attention à l'autre. Et tout du moins, d'agir en cohérence avec ses engagements et les accords que l'on a passés. Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis. Être aligné.e. Se comporter (le plus possible) en cohérence avec ses valeurs et sa philosophie de vie. Et quand on a eu un écart, le reconnaître, et accompagner l'autre dans l'accueil et l'évolution de ses émotions.... 😉

  3. Oui… mais… je suis toujours contestataire à un certain point. 😉

    Je me demande s’il est possible qu’en cherchant à sécuriser des cafés polys ou autres endroits, on pérennise certains problèmes de domination et manipulation ?

    J’étais très pris par la discussion dans « La Salope Ethique » de la demande et du refus. Spécifiquement, que dans la plupart de sociétés occidentales, c’est à l’homme de proposer et la femme d’accepter ou de refuser. Il y a immédiatement des problèmes qui suivent : cela renforce l’idée de l’homme actif et la femme passive. D’ailleurs, il y a même une accentuation de sorte que des femmes se gênent à refuser activement, donc même recevoir une proposition non voulue est une agression, et donc à refuser comme telle ou d’accepter contre son gré. Les hommes, en même temps, apprennent qu’ils risquent de prendre à la gueule s’ils posent une question trop directement. Nous apprenons alors à cacher notre jeu, y compris de nous-même. Sauf certains, ceux auquels l’empathie manque, qui se rendent compte qu’il est possible de déstabiliser des femmes par un approche en grande confiance. C’est un système qui profite facilement aux manipulateurs masculins, alors.

    Cela me fait penser à une histoire de chat et de chien : ma copine de l’époque était venue habiter chez moi avec sa chienne, chasseuse enthousiaste des chats. Moi, j’avais deux chats. Winnifred la timide s’est réfugiée sous mon lit. En revanche Snowie ne flanchait d’un millimètre quand la chienne s’est lancé vers elle. Dans son esprit, un chien n’était qu’un gros lourd bête stupide et il n’y avait pas de question qu’elle recule. La chien a vite compris qu’elle n’était pas chassable… elle s’est même laissée piétiner par le chat qui voulait passer sans prendre la peine de contourner ce gros corps qui bloquait sa route.

    Pour en tirer la leçon, oui, il faut que les hommes arrêtent de draguer grossièrement. Mais pour que cela fonctionne, il faut que les femmes assument de proposer des choses aux mecs. Elles en tireront plusieurs avantages :
    – pouvoir sélectionner celui (ou celle) qui plaît
    – reconnaître très rapidement un macho qui ne supporte pas qu’on l’approche
    – apprendre à désirer, et d’acter sur ce désir au lieu d’attendre passivement qu’on les désire
    – comprendre ce que c’est d’approcher un autre, devenir familière des sensations et peurs en jeu et donc de reconnaître des faux
    – recevoir la gratitude des mecs hésitants !

    Mais, mais, la société nous ayant construits d’agir selon le modèle « homme propose, femme acquiesce, » il vaut mieux le pratiquer dans un endroit encadré et sécurisé. Comme un café poly, par exemple (mais aussi dans des stages de Tantra où il est souvent question de choisir ou se laisser être choisi). Par contre, interdire toute forme de drague renforce l’idée que les femmes aient besoin de protection : bien que ces principes soient posés en langage soigneusement neutre, Isa a bien parlé en haut de ceux qui débarquent « chasser des meufs ». D’ailleurs, c’est un peu comme la logique qu’on empêche des crétins à rouler à 200km/h en baissant la limite de vitesse de 90 à 80 : ce n’est pas eux qui vont prendre en compte l’instruction.

    • Oui oui oui, je comprends parfaitement, et tu as absolument raison. C’est à l’ensemble de nous toutes et tous de changer. C’était d’ailleurs tout à fait le sens de ce que je cherchais à faire avec mon premier long, TOUT LE PLAISIR EST POUR MOI : dire aux femmes de se prendre en main (sans jeu de mots, mais quand même… si !), de se prendre en charge, d’assumer leurs désirs et leur plaisir, et d’attendre que ça vienne des hommes. Libérer la parole. Ne pas attendre que l’autre vous approche, en effet, mais oser y aller soi-même. Ceux que ça va déranger, en effet, car ils n’ont pas l’habitude, tant pis… Les autres… seront ravis ! 😉 Je pense qu’on a toutes et tous à y gagner. Et commencer par nos petits groupes poly, insister sur le consentement, et non seulement le consentement, mais le consentement enthousiaste, sur le Fuck yes! me semble un préalable nécessaire… et pas suffisant, en effet ! 😉
      Ensuite, interpréter que quand on signale que ce n’est pas un lieu de drague sous-entend que les femmes ne sont pas toujours capables de se défendre elles-mêmes… en effet ! Là aussi, c’est un apprentissage. La parole qui se libère en ce moment dans la société (en tout cas dans les journaux et les réseaux sociaux, si pas dans la France profonde) nous aidera sans doute. En effet, certaines ont des souvenirs d’agression précédente, ou tout simplement de malaises… et si elles n’ont pas envie de « risquer le conflit » (défense = attaque), il y a des chances qu’elles adoptent la stratégie défense = fuite et repli. Et du coup, qu’elles viennent une fois… et puis plus. Je commence à recevoir en MP ce genre de témoignages.
      Pour quelques femmes capables de se défendre elles-mêmes (curieusement, je n’ai pas le souvenir d’avoir été embêtée jamais dans un café poly), quelques-unes autres, plus intimidées peut-être, si elles sont nouvelles et ne connaissent personne, ne reviendront pas. Et c’est ça qui est vraiment problématique. On veut que tout le monde s’y sente à l’aise.
      Une des stratégies que l’on a adoptée à Paris est que les cafés soient animés à tour de rôle en parité. Bien que les femmes, en effet, s’affirment et encouragent les autres à faire de même. C’est à la société toute entière d’en prendre conscience et d’évoluer. De même qu’il m’apparaît important de la part des hommes… de ne pas monopoliser la parole. Quand ils remarquent que plusieurs hommes viennent de parler… qu’ils passent leur tour et montrent le bon exemple pour laisser parler une femme. J’ai vu un ami un soir faire ça… et j’ai trouvé ça à la fois bouleversant et… évident : c’est ce qui devrait se faire de manière générale, pour que les groupes mixtes soient égalitaires, vraiment.

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