ÉTHIQUE RELATIONNELLE #11. Se faire du bien

Je parlais dans mon article #10 de « d’abord ne pas nuire« . Certes, c’est en effet une première règle de base et de bon sens. Mais de même que pour la communication dite « non-violente », il s’agit d’une intention en « ne pas », et non en positif. Et comme je le disais à propos des relations positives, il ne suffit pas qu’une relation soit « non toxique » ou « non abusive », pour qu’elle soit pour autant « positive » : une relation « neutre » pourra en effet être à 0 sur l’échelle de température des relations, là où une relation positive sera elle, possiblement à à 100. Et je préfère parler en positif.

D’où l’idée aujourd’hui d’aller plus loin que « seulement » ne pas faire du mal, en « faisant du bien ».

Je reprends ici une échelle créée par Michel Lacroix dans Paroles toxiques, paroles bienfaisantes : pour une éthique du langage. ll y a des relations ou des interactions qui ne nous font ni chaud ni froid (« neutres »), parmi lesquelles des « plutôt positives » (quand quelqu’un·e est « aimable », poli·e), d’autres « plutôt négatives » (imaginons un·e voisin·e que vous croisez devant chez vous et qui « oublie » de vous saluer). Et puis, de manière plus marquée, il y a des relations ou des interactions que l’on ressent comme carrément toxiques, voire abusives… (cf mon article #9 sur l’importance des limites psychiques et ces gen·te·s qui prétendent savoir mieux que nous ce qu’il se passe en nous ou diriger notre vie comme si ielles nous étaient supérieur·e·s), et inversement, d’autres qui nous font nous sentir bien, nous font pousser des ailes, nous mettent du baume au cœur… 
C’est de celles-ci dont je veux parler aujourd’hui. 
Ethique de la parole

Le langage est en effet une manière, même si évidemment le non-verbal est aussi fondamental, de créer du lien entre les personnes. Et des paroles positives, bienveillantes, encourageantes – si elles sont sincères et authentiques – peuvent faire autant de bien qu’à l’inverse, des paroles blessantes peuvent faire de mal.

Quand par exemple, je reçois, il y a deux jours, un commentaire sur l’un de mes articles me disant :

En ce moment où j’avance avec force mêlée d’incertitudes, c’est d’une salvatrice douceur que de pouvoir prendre appui sur tes écrits.

comment vous dire à quel point ça me touche, voire me bouleverse ? J’en ai le cœur qui fait des bonds, j’ai envie de le crier sur les toits, de l’afficher au-dessus de mon bureau : je n’écris pas dans le vide, il y a là, sur la toile, des gen·te·s qui me lisent, voire peut-être même des gen·te·s que je ne connais pas, et auxquel·lle·s, ne serait-ce que le temps d’un article, je fais du bien, pour lesquel·le·s, peut-être, je contribue à ouvrir des portes ?

J’écris ces articles parce que j’en ai besoin, parce que, d’une certaine manière, ce sont ceux que j’aurais aimé lire quand j’avais 15, 20 ou 25 ans… pour ne pas tomber dans les ornières dans lesquelles je suis tombée, ne pas accepter les relations toxiques voire abusives que j’ai pourtant tolérées pendant de nombreuses années en pensant que je ne « méritais pas mieux », et pour ressentir en moi bien plus tôt que, même si je n’étais pas « comme les autres », même si je me sentais « différente », moi aussi j’avais le droit d’être heureuse dans mes relations, de faire du bien et qu’on m’en fasse…
Et si je peux aider, ne serait-ce qu’une seule personne, à ouvrir les yeux un peu plus tôt que moi, à se poser des questions sur les illusions dont on nous berce dès notre enfance sur les mythes de l’amour romantique, sur le fait que pour « mériter » d’être en couple, il faut nécessairement faire des concessions et des compromis, à s’interroger sur le type de relations qu’elle souhaite pour elle-même… alors je serai amplement récompensée.
Et quand je reçois un tel message, alors des ailes me poussent, et je n’écris plus « au cas où », j’écris aussi pour cette personne en particulier, et comme elle me l’a écrit en retour :

Génial ! On s’entraide en fait ! Tu m’en vois ravie ! Alors oui, s’il te plait, continue !!!!

Voilà, c’est exactement ça : on s’entraide, c’est du gagnant-gagnant, l’amour et la bienveillance circulent, et c’est précisément ce que j’appelle une interaction positive par le langage.

logo-gagnantgagnant

Et en réalité, même si certain·e·s d’entre nous savent spontanément comment entretenir avec les autres des interactions positives, la bonne nouvelle, c’est que… ça s’apprend !

Moi-même, je sais que j’ai incroyablement changé dans ma manière de m’exprimer depuis quelques années. Depuis que je sais que c’est possible de faire du bien avec des mots, qu’il est possible de vivre des interactions positives quasiment tout le temps, depuis que j’ai pris conscience que dans une relation, la moitié de cette relation dépend de moi, et que je peux (la plupart du temps, pas toujours) influer sur la manière dont va se dérouler l’interaction avec une autre personne, j’ai appris à observer les personnes autour de moi auprès desquelles je me sentais bien, les modéliser… et j’ai travaillé sur moi de manière à devenir une meilleure version de moi-même.

Fais de ton mieux

Autrement dit… communiquer, ça s’apprend. On peut choisir de se focaliser sur le bon en l’autre, sur le positif, sur ce qu’on aime en ellui, et lea valoriser, lea remercier, l’encourager. C’est ce que nous apporte notamment la pratique de la gratitude, un outil précieux.

Avoir confiance en l’autre parce qu’on a confiance en soi-même et en la relation, ça s’apprend aussi. Et se faire du bien et faire du bien autour de soi, plutôt que de se laisser ré-agir aux stimuli désagréables qui nous arrivent de l’extérieur parfois, c’est aussi un apprentissage conscient.

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

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