21 JOURS pour des relations positives #23. Polyamorie

Quoi ? 21 jours annoncés et, une fois passé le récap’ du 22ème jour, je joue les prolongations ? Et oui ! Car des imprévus de la vie se sont parfois invités sur mes pages (je pense notamment à mes articles #2. Détournement#9. Le Choc et #20. Indulgence) et je tenais absolument à cet article sur la polyamorie, bien que j’en ai déjà beaucoup parlé dans mes 21 jours de Voyage en Polyamorie

Non seulement, en effet, je suis loin d’en avoir fait le tour, mais aussi, c’est pour moi l’aboutissement naturel de mes articles sur les « relations positives », même si, on l’aura compris, pour moi, les caractéristiques des relations « positives » que j’ai essayé de mettre en valeur (consentement, réciprocité, harmonie, accueil des émotions, sécurité, empathie, prendre soin, collaboration, attachement, connexion, réparation, indulgence…) valent autant pour toutes nos relations que nos seules relations sexo-affectives, comme les appellent nos ami·es espagnol·es.

En effet, je suis toujours surprise quand je lis des essais sur la communication non violente, ou par exemple les livres remarquables du moine bouddhiste vietnamien auquel je dois ma cloche de pleine conscience, Thich Nhat Hanh, sur l’amour : How to Love et True Love, ou encore celui de bell hooks, all about love… mais aussi tous les livres sur les couples, tel que celui d’Ywane Viart (Couple heureuxou encore ceux de John Gottman dont j’ai beaucoup parlé au cours de ces articles… d’être d’accord avec eux sur tous les points… jusqu’au moment où il est soudain question d’exclusivité – ou non.

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Commençons par un petit point de vocabulaire, afin de bien tou·tes parler de la même chose : à propos des couples, il est commun de parler de « fidélité » d’un côté, « d’infidélité » de l’autre.
Pour moi, la « fidélité » n’a rien à voir avec l’exclusivité (sexuelle ou amoureuse) : le mot « fidélité » vient du latin fides, fidei, qui veut dire confiance.

Être « fidèle », c’est être fidèle à ses idées, à ses promesses, à ses engagements ; c’est être digne de foi, au sens de confiance ; quelqu’un·e de « fidèle », c’est quelqu’un·e qui est « fiable« , sur qui on peut compter. Je fais ce que je dis, je dis ce que je fais. 
Françoise Simpère, l’autrice du Guide des Amours plurielles, se présente comme « fidèle mais non exclusive », et « fidèle à tous ses amants ».
Ce qu’habituellement on nomme « fidélité » dans une relation amoureuse… est bien en réalité de « l’exclusivité ».

En revanche, je peux comprendre qu’on parle d’ « infidélité » à propos d’un adultère quand le contrat entre deux personnes était l’exclusivité : il s’agit bien d’avoir « trompé » saon partenaire, d’avoir trahi sa confiance. On n’a pas été « fidèle » à la parole donnée ou au contrat passé.
Et souvent, précisément, ce qui fait le plus mal dans les histoires d’adultères, ce n’est pas tant le fait que votre partenaire a – ou a eu – une relation intime avec quelqu’un·e d’autre, que celui qu’ielle vous l’ait caché, qu’ielle vous ait trompé·e, ait trahi votre confiance.

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Revenons à la question qui me taraude : la quasi totalité des auteurices qui écrivent sur les couples et les relations d’amour continuent à prôner l’exclusivité (sexuelle ou amoureuse) comme un élément fondamental d’une relation heureuse.

Pourquoi pas, en effet, si cela leur convient à elleux ?
Mais pourquoi vouloir étendre et imposer leur vision à tou·tes les autres ?

L’autre soir, au café poly de Paris, un·e des participant·es a posé la question : depuis combien de temps l’exclusivité est-elle mise en avant comme essentielle au sein d’une union heureuse ?
En réalité, seulement depuis le XIXème siècle romantique, et même plus tard, quand, après des mariages arrangés pour des raisons économiques et de transmission du patrimoine (dans notre société patriarcale hiérarchique), on a commencé à vouloir associer le mariage et l’amour.
Auparavant, on vivait d’un côté son mariage, cette relation sociale de longue durée, et de l’autre ses histoires d’amour, souvent plus courtes. Les femmes étaient tenues à l’exclusivité pour ne pas risquer de tomber enceintes d’un autre homme que leur mari (les chiffres, encore aujourd’hui, des enfants dont le père biologique n’est pas le père officiel sont impressionnants : environ 20%, paraît-il) ; et il était admis que les hommes aient des maîtresses, du moment qu’ils avaient la délicatesse de rester discrets : d’où la grande tradition du vaudeville dans le théâtre français.

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Et dans les années 50 (c’est donc en réalité très récent : ça date de mes grands-parents !), quand le mariage d’amour s’est généralisé, et puisque la contraception n’existait pas et que les femmes auraient fait courir un risque à « la famille » si elles avaient eu plusieurs relations… au lieu d’étendre aux femmes la liberté accordée aux hommes, c’est aux hommes qu’on a étendu la contrainte imposée aux femmes. Et les un·es comme les autres se sont alors imposé mutuellement cette sacro-sainte « exclusivité ».

Sauf que… jamais les femmes et les hommes n’ont été réellement exclusif·ves. Jamais « vraiment ». Certain·es, oui, bien sûr. Mais statistiquement… non.

Les chiffres des adultères sont en effet impressionnants : on estime, selon les sondages (sachant que les femmes semblent avoir tendance à minimiser et les hommes, à exagérer), qu’il y aurait, après cinq ans de vie commune, entre 50 à 80% des couples dont l’un·e aurait au moins une fois trompé l’autre. Étant entendu que les sondages tiennent compte des couples « mariés », en n’interrogeant pas les gens en unions libres, et encore moins les couples non cohabitants, pourtant de plus en plus nombreux.

Alors quoi ? La société, la culture, les « autres », les comédies romantiques, les dessins animés de Walt Disney, nous encouragent à être exclusif·ves – et nous culpabilisent si on ne l’est pas – en nous faisant croire que tout le monde l’est autour de nous… quand en réalité, la majorité des gens se trompent, ou se sont trompé·es, ou se tromperont.

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Comme ielle pense être « a-normal·e », cellui qui « trompe » le vit souvent (pas toujours, mais souvent…) avec difficulté, culpabilité : ielle hésite, s’en veut, voudrait arrêter, n’ose pas l’avouer de peur de faire mal à l’autre et de mettre en péril la relation. Et comme on nous fait croire que si on va « voir ailleurs », c’est que quelque chose ne va pas / plus dans notre couple, alors ielle se demande si ielle aime encore vraiment saon partenaire. Et comme nos pensées créent notre réalité

À ce titre, le témoignage de mon amie Michèle dans LUTINE me paraît éloquent :
« J’ai trompé mon mari : je suis tombée éperdument amoureuse de quelqu’un d’autre un jour, et je l’ai trompé – l’adultère classique. Je l’ai bien vécu pendant un certain temps, et puis après, j’ai culpabilisé énormément, et j’ai arrêté la relation de ce fait. 
À l’époque, je me disais que j’étais complètement dingue. Surtout, je pensais que quand on trompait son conjoint, c’est qu’on ne l’aimait plus. Et là, je me regardais et je me disais : « Je l’aime toujours, je n’ai pas du tout envie de le quitter, je veux continuer à vivre avec lui… » »

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Quant à cellui qui est trompé·e, quand l’adultère est découvert – et c’est souvent le cas – c’est sa vie qui s’écroule – et pour cause : comment faire confiance à une personne qui vous a menti, parfois depuis de longues années ? Comment reconstruire une confiance entamée ? Comment ne pas réécrire le passé, se dire que tout ce qu’on a vécu était « faux », factice ?

J’ai trompé… parce que je ne me voyais pas renoncer à d’autres alors que je savais, moi, que ça ne remettait pas en cause mes sentiments ni mon désir de rester avec mon partenaire et qu’il m’avait prévenue que si je le trompais, il me quitterait… Quelle solution avais-je alors ? Me frustrer, me couper de mes désirs… ou le tromper. Lui parler, en effet, n’était pas une option, puisque l’issue en était connue à l’avance.
Et j’ai été trompée. Plusieurs fois, bien sûr, en plus de vingt-ans de vie de couple, toutes mises bout à bout. À chaque fois, la douleur a été intense, même quand une fois, j’ai découvert le pot-aux-roses une fois séparé·s : le sentiment de trahison, de tromperie, restait le même.

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Bien sûr, si dans un couple, l’un·e et l’autre sont très heureuxes et épanoui·es en étant exclusif.ves, sans frustration, sans doutes, sans désirs extérieurs… tant mieux !

Mais quand c’est la société, la culture, et les autres… qui nous imposent l’exclusivité, quand c’est une obligation, une contrainte sociale morale et normative, quand soi-même on sent qu’on aurait envie d’autre chose, ou même on fait autre chose… comment se sentir véritablement heureuxe et épanoui·e ?

Il arrive aussi qu’on s’impose à soi-même l’exclusivité, par idéologie, par respect du contrat passé, et non par réel désir… mais comment être sûr·e à 100% que c’est aussi le cas de notre conjoint·e, quand on sait que tant de couples traversent un jour ou l’autre une situation d’adultère ? Comment ne pas se demander : Et si ielle me trompait, le saurais-je ? Comment faire confiance à l’autre, quand on sait que tant se trompent ? Pourquoi en serait-il différemment avec nous ? Pourquoi serions-nous l’exception ?

À chaque fois que je parle avec quelqu’un·e qui me dit : Je n’ai jamais trompé maon partenaire, et ellui non plus, je pense : Comment peut-ielle en être si sûr·e ? Comment savoir ce que vit l’autre en réalité ?
Combien de thérapeutes de couples ont recueilli séparément la parole de chacun·e des deux partenaires d’un couple qui leur ont avoué qu’ielles avaient trompé leur partenaire… mais n’ont jamais osé le reconnaître devant læ-dit·e partenaire ?

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Il me semble que notre société, sur ce sujet comme sur bien d’autres, marche la tête à l’envers. On privilégie les apparences, les faux-semblants, l’hypocrisie.
Un mari qui trompe sa femme – ou une femme qui trompe son mari, car c’est de plus en plus équitablement réparti – est souvent plus proche de sa ou ses maîtresses, que de sa femme, à laquelle il ne peut plus confier ses émotions ou ses sentiments les plus intimes.
Parfois, il triche aussi avec ses amis, qui sont les « amis du couple », car il ne souhaite pas trahir sa femme une seconde fois. Donc après s’être coupé de sa femme, il se coupe émotionnellement de ses amis.

Tant de gens vivent ainsi en dehors de leur propre vie, coupé·es d’elleux-mêmes et de leurs proches, portant un masque, faisant semblant.
Et souvent, un jour, parce que leur relation principale s’est distendue, petit à petit, à force de ne plus pouvoir se confier l’un à l’autre, ielles tombent amoureux de quelqu’un·e d’autre, se séparent, et… repartent pour un cycle.

Combien de personnes, dans notre société, sont réellement « monogames » au sens où on voudrait nous le faire croire : unies à une seule et même personne « pour toute la vie » ? En réalité, la plupart sont bien plus souvent des « monogames sériel·les » : enchaînant les unions (théoriquement) monogames, avec souvent des périodes d’adultères entre deux.

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Alors, quoi ? Comment les auteurices qui nous parlent de communication positive, d’authenticité, d’accueillir les émotions, d’entendre les désirs et les besoins de l’autre avec nos oreilles de girafe, d’être capable d’exprimer nos demandes… peuvent-ielles par ailleurs continuer à prôner une monogamie de façade, une monogamie théorique… mais pas réelle dans les faits, statistiquement ?

Il me semble, moi, que si on veut être en cohérence avec ce que l’on prône : la communication compassionnelle, la bienveillance, l’écoute empathique, le non-jugement, l’accueil des émotions, désirs, besoins, demandes de soi-même et de l’autre… on ne peut que s’ouvrir à la polyamorie, définie comme : « la possibilité de vivre simultanément plusieurs relations intimes de manière consensuelle et éthique. »

Autrement dit, il ne s’agit pas d’avoir nécessairement, de fait, plusieurs relations, mais au moins de pouvoir en parler, l’envisager, sans que la relation ne soit remise en question. Il s’agit d’accueillir les émotions et les sentiments de l’autre comme lui appartenant, parce qu’ielle est un·e être libre, autonome, séparé·e de nous.
Si maon partenaire a envie d’avoir une relation avec quelqu’un·e d’autre en plus de moi (je ne parle pas d’une relation qui se soit essoufflée au point où la relation extérieure soit le symptôme d’un malaise) et que pour ellui, ça ne remet pas en cause notre relation… au nom de quoi, de quel droit, pourrais-je m’y opposer ?

Évidemment, ça n’est pas si simple, et on arrive là au cœur même de ce qui fait le quotidien d’une relation poly : vivre avec ses émotions, le délicat équilibre entre d’un côté la liberté et les désirs de l’un·e, et de l’autre, les peurs et insécurité de saon partenaire. Ce n’est pas l’enjeu de cet article de répondre à ces questions : comment on fait, au jour le jour, pour vivre avec ses émotions, apprivoiser ses insécurités, créer un attachement sécure au sein d’une relation poly ? (Si cela vous intéresse, je  vous renvoie aux 21 articles de mon Voyage en Polyamorie et aux nombreux livres ou sites consacrés à ce sujet).

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En revanche, mon idée était bien de montrer que lorsque l’on va au bout des idées de tolérance, bienveillance, non-jugement, accueil des émotions, communication non violente… au sein d’un couple, il me semble que l’on ne peut, en toute cohérence, qu’au moins s’ouvrir à la discussion sur les amours plurielles.

En effet, si maon partenaire en a envie (même si moi, je préférerais qu’ielle n’en ait pas envie…), alors n’est-il pas de ma responsabilité, si je veux être en cohérence avec moi-même, de travailler sur moi, afin de lui rendre possible l’expression et la pratique de ses désirs ou de ses sentiments pour d’autres ?

C’est en ce sens que pour moi, ce que j’ai appelé la « monogamie positive » – à savoir une relation dans laquelle il est entendu que si l’un·e des deux a un jour envie d’ouvrir le couple, alors l’autre fera en sorte de travailler sur soi pour lui permettre de vivre ce qu’ielle a à vivre -fait partie de ma définition de la polyamorie.

Et donc la polyamorie, étant entendue comme la possibilité de vivre des relations plurielles de façon consensuelle et éthique, correspond à ma définition d’une relation positive. 

Waouh.
Voici donc la fin de cette série d’articles.

Je remercie celleux qui auront eu la patience de lire cet article-ci jusqu’au bout… et m’empresse de vous demander : qu’en pensez-vous ? Hâte de lire vos commentaires !

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #22. Récap’

Une fois de plus, je dois avouer que tout au long de ces 21 articles (sur 22 jours), j’ai adoré me laisser surprendre, jour après jour, par ce que j’écrivais, et qui ne correspondait souvent pas à ce que j’avais imaginé ou programmé.
Voilà donc ici un petit récap’ avant – je m’en réjouis déjà – un… (si si !) 23ème article demain, qui conclura ces 21 articles pour des relations positives par… une réflexion sur la polyamorie.

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  1. Intentions : ma déclaration d’intentions, ou « note d’intentions », comme on dit pour accompagner un projet de film : ici, il s’agit d’un projet de livre ; 
  2. Détournement : où, dès le 2ème jour, je n’écris pas l’article que j’avais en tête, et passe par le détour imposé d’une relation qui – force est de le constater – n’est pas positive ;
  3. Direction : où je propose une cartographie de ce dont je souhaite parler au cours de ces articles ;
  4. Besoins fondamentaux : les 5 besoins fondamentaux selon William Glasser, une alternative à la pyramide de Maslow, où l’amour et le plaisir trouvent enfin la place, que, selon moi, ils méritent, aux côtés de la sécurité, de la liberté et du pouvoir ;
  5. Prendre le temps : où je découvre le plaisir d’être le témoin d’une relation positive entre une maman et sa toute petite fille de 18 mois ;
  6. Harmonie : où une lectrice me donne l’idée de parler, en effet, de relations « harmonieuses », où l’on considère une relation comme une danse, comme une co-création ;
  7. Température des relations : où je me risque à dessiner une échelle des relations, car une relation positive ne se définit pas seulement par ce qu’elle n’est pas : une relation abusive, voire toxique : non, c’est bien mieux que ça !
  8. Accueil des émotions : fondamental, essentiel, la base, quoi !
  9. Le choc : suite au séisme ressenti par le résultat des élections américaines, un hommage à la femme combative et à l’énergie communicative qu’est Michelle Obama ;
  10. Consentement : le premier des deux articles sur le consentement : comme l’accueil des émotions, le fondement même pour moi, d’une relation positive, le respect absolu de l’autre comme une personne libre et autonome, dont les émotions, les sentiments, les désirs, les besoins, ont autant de valeur que les nôtres ;
  11. Paix : en ce jour de commémoration de l’Armistice de 1918, un hommage à nos arrière-grands-pères, et pour que « plus jamais ça », et vive le « Man-Kind Project » !
  12. Sécurité : l’un de nos cinq besoins fondamentaux : sans sécurité, on  survit en mode « stress », voire « sidération » ou « dissociation », et rien n’est possible ;
  13. Écoute empathique : savoir écouter est essentiel pour comprendre vraiment qui est l’autre, et pouvoir l’accueillir tel.le qu’ielle est ;
  14. Connexion : quand on se sent mal, ou triste, il est important de créer du lien (du linking) pour se reconnecter à soi-même et à celles et ceux qui nous aiment et qu’on aime ;
  15. Réparation : il peut arriver qu’on ait un comportement abusif au sein même d’une relation par ailleurs positive : l’important est alors de le reconnaître, de pouvoir en parler, présenter ses excuses et de faire de son mieux pour réparer la relation alors mise à mal ;
  16. Prendre soin de nos relations comme on prendrait soin d’une plante, au quotidien et avec des petits gestes qui, mis bout à bout, s’avèrent vitaux pour qu’une relation puisse s’épanouir et nous épanouir : le ratio de 5:1, voire 7:1 quand il s’agit d’un couple, d’interactions positives versus des négatives, repéré par John Gottman ;
  17. Attachement : où je me risque enfin à cet article sur l’attachement auquel je songe depuis longtemps : ce n’est que la première étape d’une longue réflexion, à n’en pas douter ; où il est rassurant d’apprendre qu’on peut travailler sur son attachement, et le faire évoluer d’un attachement insécure, à un attachement sécure : une relation positive sont le lieu même de notre avancée vers un meilleur nous-même.
  18. La Roue du consentement : d’après les travaux de Betty Martin ; un outil précieux et dont je n’ai pas encore fait le tour (vous apprécierez le jeu de mot !) ;
  19. Collaboration : où je donne la parole à mon aimé, car une relation positive se crée à deux ;
  20. Indulgence : où l’indulgence envers soi-même est au moins aussi importante que l’indulgence envers l’autre… et où j’assume de m’être autorisée à sauter un jour dans mon écriture ;
  21. Réciprocité : où il est question des « bids for connexion » repérés par John G. Gottman et de ne pouvoir travailler que sur sa propre moitié de la relation ;
  22. Nous y voici !
  23. Des relations positives à la polyamorie : et si on parlait de la même chose ?

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

21 JOURS pour des relations positives #21. Réciprocité

Un des éléments qui me paraît essentiel pour une relation positive entre deux personnes (qui vaut évidemment pour un groupe plus large), c’est qu’elle soit souhaitée et travaillée de part et d’autre.

En effet, comme je le disais à nouveau dans mon article #20 sur l’indulgence, on ne peut agir que sur sa « moitié » de la relation, comme si chacun·e tenait un des deux bouts d’une corde dans ses mains.
Si on avance vers l’autre avec des oreilles de girafe et les meilleures intentions du monde, mais qu’en face, l’autre nous tire dessus à boulets rouges, il y a un moment où notre devoir premier est de nous protéger.

femme_homme_corde_imagelargeDans son livre Pratique de l’amour, le sociologue Michel Bozon insiste sur cette notion de réciprocité, notamment dans les débuts d’une relation, mais je pense qu’on peut l’étendre à l’ensemble de la durée d’une relation.
En effet, quand on rencontre quelqu’un·e, l’idée est de se livrer progressivement : on donne quelque chose, l’autre y répond, nous donne quelque chose à son tour (une information, une confidence, un sourire, un regard…) et c’est ainsi que petit à petit, se construisent la confiance et le désir d’échanger plus.

31gnw2prohl-_sx305_bo1204203200_ Si, dans une relation, l’un·e donne toujours, et l’autre se contente de « recevoir » ou de « prendre », sans jamais « donner » à son tour… très vite, la relation va se trouver déséquilibrée (on rejoint là les idées de la Roue du consentement : #18).

Dans ses recherches sur les relations, notamment au sein d’un couple – mais pas seulement : et c’est bien là que c’est aussi intéressant aussi pour moi, qui cherche à définir des relations positives plus largement que dans une relation de « couple » -, John Gottman parle de « bids for connection », que j’ai un peu de mal à traduire (« offres de connexion » me semble trop renvoyer à des enjeux économiques… »Perches de connexion », comme on tendrait une perche ? « Tentatives » ?)

L’idée, c’est que quand on entre en relation avec quelqu’un·e, que ce soit pour acheter du pain ou avec son/sa partenaire de vie, on envoie des « signaux » : un mot, un geste, un regard, un sourire.
De la manière dont l’autre va y répondre, et dont on y répondra à notre tour, va dépendre la suite de l’échange.

John Gottman identifie trois manières de répondre :

  • turning toward : se tourner vers
  • turning away : se dé-tourner
  • turning against : se tourner contre

Exemple : quelqu’un·e s’adresse à un·e collègue à son bureau en lui disant : Je vais déjeuner, est-ce que ça t’intéresse de venir avec moi ?, lui envoyant très clairement une « proposition de connexion ». L’autre peut répondre :

  1. Oui, avec plaisir.
    Ou : Je dois d’abord finir quelque chose, mais je te rejoins ensuite.
    Ou : Pas possible aujourd’hui, mais demain pour sûr !
    Dans les trois cas, ielle se « tourne vers » son interlocuteur·trice, lui envoyant à son tour un « signal de connexion », maintenant ainsi le canal de connexion ouvert entre elleux.
  2. Non, merci (sans relancer). 
    Ou : Est-ce que tu as vu passer le mail de Machin ? (Ne répondant pas à la proposition, dé-tournant la conversation).
    Dans un cas comme dans l’autre, ielle se « dé-tourne« , ce qui ferme la discussion, et n’encourage pas vraiment la première personne à réitérer son offre une fois suivante.
  3. Tu n’as vraiment rien de mieux à faire qu’aller manger alors qu’on a tellement de travail ?
    Ielle se « tourne contre« , attaque, voire agresse, et fait plus que fermer la discussion.

En fonction, ensuite, de comment la première personne réagira, la conversation s’en tiendra là (dans les deux derniers cas, la plupart du temps, les gens n’y reviennent pas…) ou aura une chance d’être relancée.

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Une fois qu’on a repéré ces trois manières de répondre, il est extrêmement intéressant de les observer à l’œuvre dans nos relations de tous les jours.

Par exemple, si on a commis un impair et qu’on présente des excuses sincères (bid for connection) mais que l’autre, au lieu d’accepter vos excuses et de passer à autre chose, continue à vous faire la tête (turning away), voire des reproches (turning against), ça ne donne que moyennement envie de venir s’y re-frotter… sauf si on n’a pas le choix (dans le cas par exemple d’un enfant avec son parent), ou si on tient vraiment à la relation et qu’on s’attache à entendre (en faisant preuve d’une grande intelligence émotionnelle) combien l’autre a vraiment été très blessé·e ou mis·e en colère : cela va alors prendre du temps pour réparer la relation.

Autre exemple avec un enfant qui renverse un verre de jus d’orange sans le faire exprès : il est bien embêté, et souvent, de lui-même, va présenter ses excuses.
À quoi bon alors continuer à le houspiller : Tu pourrais faire attention, quand même ! Combien de fois je t’ai dit de ne pas mettre ton verre au bord de la table ? Ce qui le conduit inévitablement sur la défensive.
Il est bien plus efficace – à court, moyen et long terme – d’accueillir ses excuses, et de le laisser réparer sa maladresse (qui est une « maladresse » et non une « bêtise » : les mots comptent…).

Cet exemple avec un enfant vaut en réalité pour toutes nos relations : si on tient à elles et qu’on veut le bien de notre partenaire, une relation, ça s’entretient, comme le disent Franklin Veaux et Eve Rickert dans More Than Two, comme une plante ou un jardin.
Si on n’y met que des déchets, que du négatif, petit à petit, elle va s’étioler.
Si on veut qu’elle grandisse, s’épanouisse, mieux vaut la nourrir de nutriments positifs, de petits mots gentils, câlins et autres douceurs relationnelles.

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À nouveau, on ne peut pas changer les autres, et on n’est responsable que de la moitié d’une relation.
Si l’autre est négatif·ve, toxique, voire abusif·ve… si on le peut, le mieux que l’on puisse faire, c’est couper court aux échanges et se protéger – voire fuir.

C’est en travaillant au quotidien, dans chaque petit détail de la vie, dans chaque échange, qu’on contribuera à créer avec un·e autre une relation heureuse, épanouie, positive.

Et pour cela, il est important d’être à l’écoute, de soi-même et de l’autre. D’être capable d’exprimer ses émotions, ses désirs, ses besoins, ses demandes… et aussi – tout aussi important – d’être capable d’entendre les émotions, les désirs, les besoins, les demandes, de l’autre.
En présupposant de sa part de la bienveillance envers nous et notre relation – autrement dit (3ème accord toltèque), sans rien prendre « personnellement » : sans imaginer qu’ielle se « tourne contre » nous.

J’étais partie pour 21 articles… je crois bien qu’il m’en faudra au moins un 22ème…
En attendant, hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #20. Indulgence

Vous l’aurez (peut-être ?) remarqué : nous sommes aujourd’hui le 21 novembre, et cet article du 21 novembre porte le numéro #20 au lieu du #21 : j’ai en effet sauté un jour d’écriture hier.
Après consultation avec moi-même, après deux soirées incroyablement riches en émotions positives, suivie d’une autre journée forte en émotions… bouleversantes, je me suis en effet « autorisée » moi-même à ne pas écrire mon 20ème article hier.
Je me suis dit qu’après tout, personne, à part moi-même, ne m’y « forçait », et que je pouvais m’accorder cette pause… après celle du #19, que j’avais pour le coup planifiée à l’avance.

Le 19, j’avais en effet envie que mes lectrices et lecteurs ici puissent entendre directement la voix de mon partenaire, car c’est souvent ce qu’il me manque dans les articles ou les livres des personnes qui racontent l’histoire de leur vie en impliquant un·e autre : je me demande toujours « Et l’autre, qu’est-ce qu’il ou elle aurait envie d’en dire ? »
De même qu’à chaque fois que j’entends quelqu’un·e me dire : « En x années, je n’ai pas trompé mon/ma partenaire et ellui non plus« , je me demande toujours : Comment peut-ielle en être aussi sûr·e ? Qu’aurait à en dire son partenaire si ielle pouvait parler librement ?
Je suis donc heureuse donc que vous ayez pu ici entendre directement la voix de Loïc —qu’il en soit ici remercié chaleureusement et publiquement.

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Hier, en revanche, j’avais prévu d’écrire le soir, après une longue journée. Mais une fois de plus, la vie en a décidé autrement. J’étais lessivée, rétamée, sur les rotules. Et j’ai choisi de m’accorder un répit. De me l’autoriser, sans vergogne, en l’assumant.
Parfois il est bon, aussi, de savoir repérer ses limites, et ne pas chercher à les dépasser à tout prix… car autant cela peut parfois être bénéfique, et même exaltant, parfois aussi il est important de s’écouter. Et d’être indulgent·e envers soi-même.

Et alors que j’avais décidé d’écrire un article qui s’intitulerait « Réciprocité », j’ai décidé d’écrire à la place cet article « Indulgence »…

L’indulgence envers nous-mêmes est un élément essentiel, à mon sens, d’une vie sereine et épanouie. Traitons-nous nous-mêmes comme si nous étions notre meilleur·e ami·e.
Avez-vous remarqué à quel point on est parfois sévère avec nous-mêmes ? À quel point on se dit : J’aurais dû… / J’aurais pu… / Si j’avais su… / Si c’était à refaire…À quelle fréquence on se dit (ou on dit aux autres) : Je ne suis pas fier·e de moi, voire Je suis nul·le ?

Je l’entends déjà parfois chez mes enfants, et j’essaie vraiment de les encourager à ne pas parler d’eux-mêmes ainsi : validons le positif, en toutes circonstances. Rien ne sert de s’auto-flageller, et n’oublions jamais que nos pensées créent notre réalité :  si nous disons ou pensons quelque chose, le risque est grand qu’on ne le croie.
Et ce serait dommage !

Indulgence, donc, envers nous-même… mais aussi indulgence envers les autres.

Personne n’est parfait – et heureusement ! Tout le monde a droit à l’erreurErrare Humanum est – et heureusement !

L’un des livres qui m’aide le plus au quotidien et grâce auquel, entre autres, j’ai pu écrire et réaliser LUTINE dans de telles conditions précaires et sans garanties, est L’Apprentissage de l’imperfectionJe ne peux que vous le recommander.
51TJ-rjvUwL._SY445_À la question qui se pose : Mais comment font les autres ?, il répond cette évidence : Du mieux qu’ielles peuvent, elleux aussi…
Sauf que dans notre société, on nous fait croire que les autres sont parfait·es, et que nous sommes les seuls êtres imparfaits – d’où souvent, notre rapport étouffant à une culpabilité.

Yves-Alexandre Thalmann explique très bien que le « sentiment de culpabilité » n’est pas vraiment utile en soi : soit on est en effet « coupable », et alors on fait ce qu’on a à faire pour tenter de réparer… soit on se « sent » coupable mais on ne l’est pas… et alors peut-être la « faute » revient-elle à quelqu’un·e d’autre ?
Ça nous conduit tout droit à toute une réflexion sur la différence entre la « responsabilité » et la « culpabilité ». Mais de parenthèse en parenthèse… je m’égare.

Indulgence, donc, envers nous-mêmes, mais aussi envers les autres. Et c’est aussi, à mon sens, ce qui fait la différence entre une relation positive et une qui ne l’est pas, ou moins.
On rejoint là, le fameux ratio 5:1 et même 7:1 quand il s’agit d’un « couple » (une relation intime et impliquante émotionnellement parlant, qui s’inscrit au quotidien sur le long terme)  d’interactions positives versus des interactions négatives, mis en évidence par John Gottman pour caractériser une relation positive.

C’est parce que chacun·e a de l’autre une vision positive, parce que chacun·e a la certitude que l’autre « fait de son mieux » (pour reprendre le 4ème accord toltèque), tient compte de son/sa partenaire et fait à chaque instant en sorte de prendre soin au mieux de la relation, qu’ielle peut cultiver en lui/elle-même cette indulgence envers l’autre.
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Ce qui nous met en colère, souvent, c’est notre pensée que l’autre « aurait pu / dû » faire autrement, qu’ielle n’a pas suffisamment tenu compte de nous, ou de nos émotions (voir mon coin-lecture « Mes émotions sont mes alliées« , où sont notamment répertoriés de nombreux livres sur les émotions et notamment sur la colère).

Si on sait que l’autre tient compte de nous, fait attention à notre relation, et fait de son mieux… alors au lieu d’être dominé·e dans un premier temps par la colère, quand quelque chose nous a blessé·e, on peut directement passer à la case « tristesse ».

On peut exprimer nos émotions en mode « JE », au lieu d’exprimer notre « besoin non satisfait » sous une forme « tragiquement suicidaire » en mode « TU », comme le dit Marshall Rosenberg dans ses ouvrages et conférences sur la communication non violente.

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Évidemment, tout se tient, et tous ces auteurices, ces penseur·ses, ces théoricien·nes, ces sages, ces moines bouddhistes… disent la même chose, chacun·e avec ses mots différents, mais globalement, cela revient à :

  • accepter l’autre tel·le qu’ielle est et s’accepter soi-même avec indulgence et non-jugement ;
  • s’exprimer au « JE » de façon positive en parlant de « ses » émotions, « ses » besoins ;
  • faire des demandes claires et accepter que l’autre fasse de même ;
  • entendre les paroles de l’autre sans les prendre personnellement (3e accord toltèque), en étant capable de les entendre avec le langage du cœur (et nos oreilles de girafe) ;
  • maintenir le canal de communication ouvert tant que faire se peut.

Étant entendu qu’une relation positive se crée à deux, que chacun·e ne peut être responsable que de sa propre part de la relation, qu’on ne peut jamais contrôler ni faire changer un·e autre, qu’on n’a de prise que sur soi-même… et que tout ce que j’ai exprimé et écrit jusqu’à présent sur les relations positives n’a de sens que dans un cadre de respect et de réciprocité.

Ce devait être mon article d’hier… ce sera celui de demain.
Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #19. Collaboration

Bonjour. Je suis l’autre. « L’aimé ».

Isa m’a demandé d’écrire un article pour son blog. Pour qu’elle ne soit pas la seule voix, le seul point de vue, en particulier du fait qu’elle utilise nos expériences de vie en commun pour alimenter ses réflexions et ses écrits.

Je profite donc de l’occasion pour d’abord confirmer que les faits qu’elle rapporte sont véridiques. Qu’il n’y a aucune invention, projection, romantisation, idéalisation. Que c’est certes sa vérité, sa vision des faits, mais que celle-ci correspond à ma vision des faits également, ainsi que la communication compassionnelle (non violente) le conseille : toujours parler d’abord des faits tels qu’une personne extérieure pourrait les rapporter.

Ensuite, que les ressentis qu’elle exprime ici sont bien ceux que nous nous exprimons l’un à l’autre. Les observations qu’elle fait de son propre fonctionnement mental correspondent effectivement à ce qu’elle m’exprime, et ce qu’elle rapporte de nos conversations correspond à ce que nous nous disons. En beaucoup plus condensé évidemment puisque nos discussions durent en réalité des heures…

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Je tiens à préciser cela parce que c’est d’une importance cruciale pour moi, dans mon histoire de vie. Avant de connaître Isa, je ne connaissais pas cela : un environnement sécure où les ressentis de l’un sont accueillis par l’autre, où la parole est libérée, où la confiance et la bienveillance constituent le socle d’une relation qui est nécessairement amenée à évoluer. Une relation où l’autre est par principe accepté pour qui il est, où on ne cherche pas à le changer pour qu’il corresponde à un pseudo-idéal, où en réalité on est excité par avance de voir l’autre évoluer au sein de la relation qu’on aura su établir, non pas sur des d’objectifs communs à atteindre ensemble, mais sur des principes partagés. Où le voyage est plus important que la destination. Où la fin ne justifie jamais les moyens, parce qu’en réalité, les moyens qu’on utilise révèlent qui nous sommes au fond, et la fin n’est en réalité jamais atteinte et somme toute, totalement illusoire.

Et quand je parle de « principes partagés« , je ne parle pas de promesses sur un avenir qu’on ne connaît pas – Je n’aimerai jamais que toi, je ne m’occuperai que de toi, je ne te quitterai jamais… Non. Notre relation s’est bâtie (très progressivement) sur quatre principes de fonctionnement :

– Le premier de ces principes, le plus essentiel, c’est de parler, le plus possible, de ce qui nous habite, de partager avec l’autre nos ressentis et nos conflits internes. Parler au « JE », oser exprimer toute la richesse des émotions parfois conflictuelles qui nous habitent et qui font de chacun de nous des êtres merveilleusement imparfaits.
Cette communication a trois vertus essentielles : nous connaître et nous accepter tels que nous sommes ; permettre à l’autre de nous connaître tels que nous sommes ; et faire diminuer l’intensité des émotions et nous permettre de travailler dessus.

– Le second principe, nécessaire au premier, est d’accepter et d’accueillir la parole de l’autre quand il parle de lui.
Toutes les réalités personnelles sont bonnes à dire, toute émotion est légitime.

– Le troisième, nécessaire pour une communication claire, est de ne jamais se mentir. Ne jamais dire ce que l’on pense que l’autre attend que l’on dise par peur de dire ce qu’on a vraiment au fond du cœur. Et comme l’autre accepte ma vérité par la vertu du second principe, je n’ai rien à gagner à ne pas la partager ou à la travestir.

– Le quatrième principe, qui découle logiquement des précédents, c’est la liberté. Chacun est libre de choisir ce qu’il souhaite vivre, ou ne pas vivre. La communication permet de tenter d’accorder nos besoins, de respecter nos libertés respectives.

Je vous donne cela comme une recette toute faite, mais en réalité, elle est le fruit d’une longue maturation. Nous avons découvert ces principes au fur et à mesure, après bien des écueils. Et leur application quotidienne reste difficile. Mais nous sommes rarement en difficulté tous les deux en même temps, et nous nous aidons mutuellement en offrant des espaces de parole, en questionnant les besoins de l’autre, en faisant preuve de la bienveillance et de l’empathie qui sous-tendent ces principes et qui sont les conditions essentielles de leur mise en oeuvre.

Et je suis bien placé pour savoir qu’il existe des relations où la bienveillance et l’empathie ne sont pas présentes, et où la communication est donc difficile. Où on exprime des jugements, des accusations, des « TU », où l’autre est coupable de ne pas être celui qu’on projetait.
Ou bien où on n’exprime rien, on n’ose pas dire à l’autre qui on est, de peur d’être jugé et rejeté, où on porte un masque et on reste dans son « rôle ».

La communication elle-même peut devenir un enjeu de pouvoir dans une relation difficile. « C’est trop difficile à exprimer« , « Je ne te le dirai pas« , « Je ne te parle plus« , « Réfléchis un peu« , « Tu le sais très bien« …
Ou à l’inverse : « Tais-toi« , « Je préfère ne pas le savoir« , « Si tu dis cela, je ne le supporterai pas« …

Certes on a le droit, le devoir même, de dire qu’il y a des situations oû l’émotion est trop présente pour que la communication puisse s’établir harmonieusement, et donc demander et s’accorder des pauses, pour permettre à l’émotion de redescendre. Mais ces pauses doivent être courtes, car la relation ne peut continuer pendant ces pauses.
Couper la communication, c’est tuer la relation à plus ou moins long terme.

Pour moi c’est cela le message le plus important : si vous ne pouvez pas exprimer votre moi profond à l’autre, vous ne pouvez pas espérer construire à long terme une relation enrichissante pour aucun des membres.
Ce sera une relation d’un autre type : une dépendance émotionnelle ou matérielle, où l’autre n’est pas un partenaire mais un inconnu inquiétant, une source de dangers qu’il faut maîtriser.
Une relation où chacun se sent incroyablement seul.

Sachez que ce n’est pas une fatalité. Qu’il existe d’autres relations que les relations de dépendance. Qu’elles sont incroyablement plus enrichissantes. Qu’elles sont semées d’embûches, qu’il faut pratiquer à la fois le lâcher-prise sur les éléments qu’on ne peut contrôler (les autres), la connexion à soi-même pour explorer nos peurs les plus profondes, et l’accueil bienveillant des autres qui font un chemin parallèle.
Et que la clef qui permet de dégonfler ces obstacles apparemment insurmontables, c’est la communication compassionnelle.

Isa nous montre un exemple de cette communication à travers son blog et son envie de transmettre ses expériences et ses lectures à d’autres qui se posent des questions similaires. Questions qui sont d’autant plus importantes à l’époque où nous vivons.

Deux chemins s’offrent à nous : souhaitons-nous faire advenir pour nos enfants un monde d’affrontement, où nous devons accaparer pour nous-même des ressources finies (temps, attention, amour, travail, argent, ressources naturelles), où notre « bien-être » prime sur celui des autres et où il y a forcément des gagnants et des perdants, un monde de solitude ;
ou au contraire, un monde de partage, d’écoute, de curiosité, de découverte de richesses insoupçonnées en nous-même et dans les autres, de travail en commun vers un bien-être plus universel ?
J’ai connu et vécu le premier de ces chemins, et maintenant j’ai choisi le second.

Loïc

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21 JOURS pour des relations positives #18. La Roue du consentement

Comme à propos de l’attachement (#17), voilà en réalité plusieurs mois que je veux écrire un article sur la roue du consentement et que je reporte toujours au lendemain : ce défi que je me suis fixé de 21 jours d’articles d’affilée me donne enfin le cadre dont j’avais besoin pour m’y contraindre, ici et maintenant – et j’en suis heureuse.

C’est à l’OpenCon en Catalogne en mai dernier, grâce à une amie australienne, que j’ai découvert la Roue du consentement, cet outil de développement personnel qui m’a tout de suite paru fondamental, notamment quand on cherche à sortir du cadre autocratique de la société patriarcale et hiérarchisée dans laquelle on vit, et quand on comprend que le consentement – un consentement « enthousiaste » : le « fuck yes! » – est un point essentiel des relations positives et en conscience telles que je souhaite les développer et les vivre autour de moi.

Pour profiter de ma « fenêtre d’opportunité » (mettre aussitôt en pratique ce qu’on vient d’apprendre, afin de l’ancrer en nous, sinon on l’oublie rapidement), j’ai proposé dès le mois de juin un atelier sur ce thème à quelques ami·es choisi·es – des « bêta-testeur·ses » – : je sens aujourd’hui qu’il est temps pour moi d’y revenir et de le présenter à plus large échelle.

La Roue du consentement (en anglais : The Wheel of Consent) est un outil créé par Betty Martin, qui vit à Seattle, aux États-Unis – qui certes, ont engendré un Trump, mais aussi tant de gens formidables que j’aime et qui m’inspirent au quotidien pour vivre ma vie et mes relations autrement – : sur son site, ou sur youtube, vous pourrez trouver des vidéos en anglais, tandis que mon amie Emmanuelle Duchesne vient d’en créer une en français.

Je vous présente donc la roue du Consentement telle que je l’ai dessinée moi-même lors de l’atelier que j’ai animé chez moi il y a quelques mois – puis je vous la commente :
img_7113La roue est particulièrement utile dans les échanges physiques entre les gens. Si elle peut s’appliquer à toutes les relations en général, elle est surtout remarquablement éclairante dans des relations intimes, notamment sexuelles.

Partons par exemple d’une situation toute simple, telle qu’on peut la pratiquer dans un atelier : un massage.
Imaginons quatre personnes en situation de massages, deux par deux : A et C, B et D.

A fait un massage à C, parce que C le lui a demandé : J’ai les épaules un peu tendues, est-ce que tu serais d’accord pour me faire un massage des épaules ?
A fait un massage à C, c’est qui A  « donne », et C qui « reçoit » : l’action et le « don » vont dans le même sens, de A vers C.
Dans la roue, A se trouve en haut à gauche, en position de « donner », tandis que C se trouve en bas à droite, en position de « recevoir ».

B fait un massage à D, parce que B a demandé à D : Je viens de suivre un stage de massage et j’aimerais bien mettre en pratique ce que j’ai appris, est-ce que tu serais d’accord pour que je te fasse un massage des épaules ?
C’est bien B qui fait le massage à D, mais B est en position de « prendre », tandis que D est en position de « laisser faire », « permettre », « autoriser » : l’action physique va bien de B vers D, mais le « don » va de D à B – c’est D qui « offre » à B l’accès à ses épaules.
Dans la roue, B se trouve en haut à droite, en position de « prendre », tandis que D se trouve en bas à gauche, en position de « permettre », « donner accès à ».

Les flèches rouges (l’action) et bleues (le don) au centre de la roue marquent très clairement cette distinction : dans le cas de donner / recevoir (de A vers C), les deux flèches sont dans le même sens ; tandis que dans le cas de prendre / permettre (B fait un massage à D parce que ça fait plaisir à… B), les deux flèches sont en sens inverse.

L’idée de Betty Martin, c’est que chacun·e de nous a dans la vie une position qu’ielle préfère, ou dans laquelle ielle est lae plus à l’aise. Et inversement, une position dans laquelle on ne se sent pas très à l’aise.
Préférez-vous donner ou recevoir ? « Prendre » ou « permettre » à l’autre, exprimer votre préférence par exemple en matière sexuelle, ou plus être dans une position de « passivité », de donner à l’autre accès à votre corps ?

Ce que défend Betty Martin, c’est que pour se sentir parfaitement à l’aise et bien dans sa vie, l’idéal, c’est de pouvoir occuper tour à tour les quatre positions, d’alterner. Dans une relation « positive », de parfois donner, parfois recevoir du plaisir ; parfois oser exprimer son désir, parfois se laisser aller au plaisir de faire plaisir à l’autre.

Là où son outil trouve pour moi toute sa force, c’est quand on regarde ce qu’il se passe… en dehors de cette roue du consentement, quand on s’interroge sur la limite entre l’intérieur et l’extérieur.
Tant qu’on est à l’intérieur, que l’un·e et l’autre des personnes en relation sont satisfaites, à l’aise, totalement consentantes de la manière dont se déroule une interaction (sexuelle par exemple, mais pas seulement), tout va bien…
Mais que se passe-t-il si on « déborde » un peu ?

Si quelqu’un·e a tendance à « trop » donner, par exemple, alors qu’on ne lui demande rien, que se passe-t-il ? Ielle sort du cadre de la roue du consentement (donnant, sans que l’autre ait explicitement affirmé son consentement), et ielle va étouffer l’autre… puis possiblement se poser en martyr (Après tout ce que j’ai fait pour toi ! Quel·le ingrat·e !)

Inversement, si quelqu’un·e ne gère ses relations qu’en mode « recevoir »… les autres autour vont vite se lasser et lae vivre comme égoïste, égocentrique…

Et que se passe-t-il dans la dynamique entre B et D, entre cellui qui « prend » et cellui qui « autorise » ?

Imaginons par exemple quelqu’un·e qui serait « trop » dans la position de B, de « prendre » : si ielle « prend » sans que l’autre soit pleinement consentant·e, ielle « sort du cadre » et se retrouve dans la zone de… l’abus. B devient un.e abuseur·se, un.e prédateur·rice.

Inversement, quelqu’un·e qui serait « trop » dans la case en bas à gauche, la position de D, de « permettre », « autoriser », « donner accès à… », sans véritablement s’interroger sur son propre désir (Est-ce que j’en ai vraiment envie ? Est-ce que je le fais pour faire plaisir à l’autre, ou parce ça me fait vraiment aussi envie à moi ?) se retrouve rapidement dans la position de victime.
D’un côté, l’agresseur·se, l’abuseur·se… de l’autre, la victime.
Un schéma qu’on ne connaît que trop, notamment dans les relations à l’inverse de celles que je cherche à définir ici, et qu’on va qualifier de toxiques, voire d’abusives.

En effet, si la personne en B franchit la limite qui mène à l’abus, elle devient un·e abuseur·se et, de ce fait, envoie la personne D de l’autre côté de la ligne aussi – qui devient victime.

Là où l’outil est intéressant aussi – et délicat à manier, clairement – est quand on observe ce qu’il se passe de l’autre côté de cette dynamique : si quelqu’un·e a tendance à « trop » laisser faire, a du mal à poser ses limites, à oser dire NON, n’est pas en connexion (autorisée) avec ses propres désirs… ielle devient, d’une certaine façon, « victime » en permettant « trop » à l’autre en face de possiblement basculer en mode « abuseur·se », si ielle n’a pas conscience de cette dynamique – ou bien sûr a tendance dans la vie à se comporter en abuseur·se.

Oui, je sais, on est là précisément sur une ligne rouge avec tout plein de clignotants qui s’affolent un peu partout.

Et c’est là où cet outil est intéressant à explorer en ateliers, dans des cadres sécurisés, où les un·es et les autres sont là pour travailler, réfléchir, ressentir, expérimenter ensemble.

J’aurais encore beaucoup de choses à dire sur cette roue, qui me semble une mine de trésors à découvrir… et j’aurai l’occasion d’y revenir, notamment pour vous raconter comment j’ai personnellement vécu les deux ateliers auxquels j’ai assisté : celui où j’ai découvert l’outil, en Catalogne, et le premier que j’ai moi-même animé.
La réaction des un·e.s et des autres, notamment en fonction de leur genre, et de la manière dont ielles se vivaient vulnérables physiquement ou non, était incroyablement parlante, notamment.
À suivre…

En attendant, hâte de lire vos commentaires !

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

LIENS, PISTES, ATELIERS ET CONSULTATIONS

Pour regarder la vidéo créée par Emmanuelle Duchesne sur son site Slow Sex Love Life en français, c’est ici :
Et si vous parlez anglais, n’hésitez pas à visiter le site de Betty Martin !

Liens utiles sur le thème du consentement (qui vous en donneront d’autres)
– Article sur le consentement dans ma série sur les relations positives
Coin-lecture (et vidéos) sur le consentement
Éducation au consentement pour les enfants et ados

Pour les dates des prochains ateliers, notamment sur la Roue du consentement, et/ou des salons Lutine & Cie, cliquez sur l’onglet « Salons & Ateliers« .
Le prochain atelier sur la Roue du consentement se tiendra à Paris le mercredi 5 décembre 2018, sur réservation uniquement (max 12 personnes). Pour toute inscription, écrire à contact@lutineetcie.com
Si vous souhaitez en organiser en régions, par exemple en parallèle d’une projection de LUTINE, m’écrire à la même adresse.

Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
réagir à mes articles, ici ou sur Facebook et/ou me poser des questions
me soutenir financièrement, en suivant ce lien sur HelloAsso
– et désormais aussi me consulter sur vos relations : il suffit de cliquer sur l’onglet Consultations !

21 JOURS pour des relations positives #17. Attachement

Ça fait longtemps que je veux écrire un article sur l’attachement, cette théorie élaborée par John Bowlby dès les années 50 et vérifiée scientifiquement par la suite… et je ne me sentais pas prête, je me disais que je devais encore y travailler… Aujourd’hui, même si je ne sens pas plus prête, je me lance, sans doute grâce à ma coiffeuse ce matin, à qui j’ai commencé à raconter de quoi il s’agissait et dont les yeux s’ouvraient tout grands, passionnés, et en qui ça avait l’air de résonner. Même si je ne suis pas une « experte », je peux quand même essayer de transmettre ce que moi, j’en ai compris.

Le style d’attachement que chacun·e de nous développe dans ses relations adultes nous vient en grande partie des relations qu’on a entretenues avec nos premières figures d’attachement dans notre enfance : pour la plupart d’entre nous, nos parents, et le plus souvent, singulièrement notre mère.

Un enfant à l’attachement dit « sécure » (ou « sécurisé » en bon français) se sent libre d’aller explorer le monde : il sait qu’à tout moment, il peut revenir à son « port d’attache« .
On le voit quand on observe des tout-petits qui partent en courant dans un parc par exemple : ils regardent souvent malgré tout derrière eux pour vérifier que leur parent les suit du regard, ou les suit tout court. C’est un jeu : ils s’éloignent… tout en sachant qu’ils sont en sécurité, que leur parent veille sur eux : c’est leur « base de sécurité« . Et en cas de stress, de chute, de danger… ils reviennent en courant ! Ils savent que leur parent sera là pour les rassurer, les consoler, les prendre dans les bras.

(C’est ce qu’on voit sur le schéma que j’ai fait ci-dessus : sur le tracé du haut, l’enfant quitte sa base sécure, pour explorer le monde. Il dit à son parent : Regarde-moi, soutiens-moi dans mes expérimentations, encourage-moi !
Sur le tracé du bas, l’enfant dit à son parent : Rassure-moi, console-moi, prends-moi dans tes bras, quelque chose m’a effrayé·e, je suis en stress, dis-moi que tout va aller bien.) 

Des scientifiques ont fait des expérimentations avec des enfants de un an. On les mettait dans une pièce avec leur parent, puis leur parent partait, s’absentait quelques minutes. Les enfants dits « sécures » pleuraient quand leur parent partait, puis rapidement, se remettaient à jouer. Quand leur parent revenait, ils se précipitaient sur eux pour leur faire un câlin, accueillir leur retour… puis ils repartaient jouer. Tranquilles, quoi.

Il existe en réalité un attachement dit « sécure », et un attachement dit « insécure », qui se décline en trois sous-groupes :

  •  l’attachement dit « évitant »
  •  l’attachement dit « anxieux » ou « ambivalent »
  • l’attachement dit « désorganisé ».

Les enfants dits « évitants », quand leur parent part, ne pleurent pas.
Et quand il revient, ils font à peine attention à lui.
En gros : Pas besoin de toi, je me débrouille très bien tout·e seul·e.

Les enfants à l’attachement « anxieux » ou « ambivalent » s’accrochent à leur parent quand il part : ils ont peur qu’il ne revienne pas.
Et quand il revient, ils sont incapables d’aller jouer dans leur coin : ils restent collés à leur parent, au cas où il reparte.

Les enfants à l’attachement « désorganisé » sont les plus en souffrance : ce sont en général ceux qui viennent de familles hautement dysfonctionnelles, où un parent boit, ou tape, où on ne sait jamais à quoi s’en tenir, où parfois le parent est là, parfois pas, et parfois, il peut être celui-là même à l’origine du danger alors que son rôle est de protéger l’enfant. L’enfant, en danger, ne sait vers qui se tourner, et disjoncte. En général, le parent qui provoque ça chez son enfant, est lui-même en état de « disjonctage ».

Tout ça est transgénérationnel et intergénérationnel, transmis de parents à enfants.

On estime qu’environ 60% de la population auraient un attachement dit « sécure ». Il en resterait 40% à l’attachement « insécure ».

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L’idée, c’est donc qu’on reproduit à l’âge adulte le style d’attachement principal que l’on a connu enfant. Sachant qu’on peut développer des attachements différents avec différentes personnes de notre enfance (chacun de nos parents, mais aussi nos grands-parents par exemple, ou toute figure importante et stable de notre enfance)  ET – et c’est là le plus important à mon sens – qu’on peut changer de style d’attachement : comme tout ce qui est lié à notre cerveau, on peut le travailler, le faire évoluer, le réparer.
Chouette ! C’est ça, la bonne nouvelle !

Je me demande si, en réalité, les relations « positives » telles que je cherche à les définir, ne se rapporteraient pas à un style d’attachement sécure, ou tout du moins qui s’en rapprocherait le plus possible — car donc, on peut y travailler en conscience.

En effet, il s’agit :
– d’avoir suffisamment confiance en soi-même et en l’autre pour se sentir libre et autorisé·e d’explorer le monde – et de læ laisser explorer le monde (base sécure) ;
parce qu’on sait qu’en toutes circonstances, nos émotions seront accueillies et non jugées, et qu’en cas de stress ou de besoin, on pourra se tourner vers l’autre pour un soutien et un accueil (port d’attache).

Quelqu’un·e à l’attachement évitant… a du mal à se lier à quelqu’un·e d’autre durablement, ne fait a priori pas confiance, se sent seul·e, et quoiqu’il arrive, pense qu’ielle ne peut compter que sur lui/elle-même.
Quand ielle se sent rejetée, pas assez aimé·e, jalouxe… ielle va avoir une réaction que j’identifie à la fable du Renard et des Raisins de Jean de La Fontaine : De toute façon, ils étaient verts. Autrement dit : Je n’ai pas besoin de toi.
Pour peu que ce soit dit un peu agressivement, l’autre se sent à son tour rejeté·e, non désiré·e… et c’est un cercle vicieux.

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Quelqu’un·e à l’attachement anxieux ou ambivalent… va typiquement se sentir en insécurité dès que l’autre s’éloigne : peur de læ perdre, peur de l’abandon. D’où (parfois) un besoin de « contrôle », et surtout, d’être constamment rassuré·e.
Un·e évitant·e et un·e anxieux·e peuvent très bien faire couple pendant longtemps : leurs névroses sont complémentaires.

En Polyamorie, il est clair que le fait que l’un·e ou l’autre dans une relation impliquante soit explicitement amené·e à entrer en relations intimes avec d’autres personnes, oblige notamment à prendre conscience de ses réactions et comportements en cas de stress et… à travailler sur son style d’attachement.

Si à chaque fois que mon/ma partenaire passe une soirée avec quelqu’un·e d’autre, je lea rejette parce que j’ai un style d’attachement évitant (Ah tu as envie de passer la soirée avec un·e autre ? Pas de souci, de toute façon je n’avais pas envie de te voir. Et d’ailleurs, je n’ai pas envie de te voir ce week-end non plus !)… ça va vite devenir fatigant, pour l’un·e comme pour l’autre.
De même, si j’ai un style d’attachement anxieux et que je ne supporte pas l’idée que mon/ma partenaire passe la soirée avec quelqu’un·e d’autre parce que j’ai trop peur de læ perdre, que j’ai besoin d’être en connexion constante pour être rassuré·e… là aussi, les relations vont devenir compliquées à vivre.

C’est là que se rappelle à nous… la bonne  nouvelle !!! On peut travailler sur son attachement et le faire évoluer ! Même si on a, à l’origine et dans notre enfance, développé un style principal d’attachement insécure, on peut, dans une relation et grâce à une relation, construire petit à petit un attachement plus sécure, en repérant nos « triggers« , ces boutons qui nous font disjoncter quand ils sont actionnés : au lieu de chercher à les éviter ou – pire – d’accuser l’autre d’en être responsable, on peut choisir de travailler sur eux et d’avancer ensemble, main dans la main, jour après jour. Waouh !

La polyamorie me semble être un outil puissant de développement personnel, une manière d’avancer sur le chemin de sa vie de manière consciente, grâce aux relations positives que l’on choisit de construire.
Je parle de « relations positives », je crois que j’aurais tout aussi bien pu parler de « relations en conscience« .

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #16. Prendre soin

Aujourd’hui je publie mon article plus tard que d’habitude… parce que je reviens du théâtre – où j’ai vu une nouvelle pièce formidable d’Alexis Michalik, Edmond sur le moment de la vie d’Edmond Rostand où il a écrit Cyrano de Bergerac, dans une urgence absolue alors qu’il n’avait rien écrit depuis deux ans (je me suis pas mal retrouvée dans cette créativité de l’urgence !). Puis j’ai pris un pot avec les comédiens, et au moment où je partais en disant « je veux aller finir mon article de blog« , en expliquant la discipline que je me suis fixée à moi-même, une jeune femme dit : « Ah c’est drôle, j’ai lu un article comme ça l’autre jour sur Internet, d’une autrice qui écrit sur les relations positives » ! 
Imaginez mon émotion… et comme par hasard, justement après avoir vu la même scène avec Rostand, où il est au café avec un ami et une jeune femme qui – ne sachant pas que c’est lui – dit tout le bien qu’elle pense d’une pièce qu’il a écrite.

J’ai souvent l’impression d’écrire dans le vide, ou d’écrire avant tout pour moi, parce que j’en éprouve le besoin, pour ancrer ces réflexions en moi, avoir un lieu où les retrouver, et aussi bien sûr, pour mes enfants… et soudain, ce soir, ce blog prend toute sa dimension quand une personne que je ne connais pas m’en parle sans savoir que c’est moi qui l’ai écrit… Waouh ! Merci la vie !

WAOUH

Un chercheur a beaucoup travaillé sur les relations positives au sens où je l’entends — la polyamorie en moins, bien entendu (c’est bien, de mon point de vue, ce qui manque chez tous ces auteurices et théoricien·nes) — : John M. Gottman, qui a notamment écrit Les Couples heureux ont leurs secrets et The Relationship Cure.

 

John M. Gottman commence son livre par une affirmation un peu contre-intuitive par rapport à tout ce qui se dit habituellement en thérapies de couple, et par rapport à ce que j’ai moi-même écrit ici, à propos de « communication » : que la « communication » ne fait pas tout dans un couple, et qu’il ne suffit pas de rétablir le « dialogue » dans une relation pour qu’elle se répare durablement quand elle a été abîmée.

Eh bien oui, en effet ! Pour reprendre l’image de Franklin Veaux et Eve Rickert dans leur remarquable ouvrage écrit à quatre mains sur la polyamorie : More Than Two, une relation est comme une plante dont il faut prendre soin, qu’il faut nourrir, mettre au soleil et arroser, si on veut avoir une chance de la voir survivre et s’épanouir.
Car avez-vous déjà essayé de ressusciter une plante que vous avez oublié d’arroser en plein été et qui a séché au soleil ? Parfois, on y arrive malgré tout, mais parfois aussi… il est trop tard.

De même, réparer une relation quand elle a été abîmée… n’est pas toujours chose aisée, ni garantie.

51+1ROAvV6L._SX331_BO1,204,203,200_La meilleure façon d’entretenir des relations positives avec les gens qui comptent pour vous… est donc de les entretenir au quotidien !

Chaque jour, chaque petit geste, chaque parole sont importantes.

Quand on s’est laissé·e aller à un mouvement d’humeur, quand on s’est laissé·e déborder par nos émotions, quand on n’a pas assez dormi, pas assez mangé, quand on s’est disputé·e avec quelqu’un·e d’autre… et qu’on se comporte mal, même ponctuellement, même une seule fois, avec une personne qui compte pour nous – notre conjoint·e, notre parent, notre enfant, un ami·e, un·e collègue… – il est important de le reconnaître et de faire de son mieux pour réparer, comme je l’ai écrit dans mon article #15. Certes.

Mais avant tout, il vaut mieux travailler à ce que la relation et les différentes interactions restent positives tout du long… – ou du moins, de faire de son mieux pour (4ème accord toltèque  !)

Et que faut-il pour qu’une relation soit « globalement positive » ? Des interactions « positives » !

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De même qu’un sentiment d’amour est constitué, jour après jour, minute après minute, de moments d' »émotions d’amour » partagées (voir à ce propos mon article sur une nouvelle définition de l’amour dans Love 2.0), de même une relation positive se nourrit, jour après jour, de petites interactions positives, les unes après les autres.

Comme l’écrit Anne Lamott dans son remarquable livre sur l’écriture : Bird by bird, ou plus classiquement, step by step – pas à pas, petit geste par petit geste…

C’est ça, d’après John M. Gottman, le « secret » des couples heureux – ou donc, pour l’entendre plus largement, des relations positives – : entretenir le positif au quotidien, de telle façon que quand apparaît un petit souci, chacun·e voit l’autre avec les yeux de l’amour et de la bienveillance, sait qu’il n’y avait aucune « intention » de faire du mal ou de blesser, se raccroche à ce qu’il y a de positif dans la relation, et décide de faire en sorte de résoudre ce petit souci sur le moment… au lieu de le rajouter à une grande liste de doléances et de complaintes, qui, petit à petit, ferait pencher la balance du côté négatif (vous connaissez les images de la cocotte-minute qui à un moment donné, explose, ou bien encore de la collection de timbres, qui, au dernier timbre, fait ressortir toutes les  rancœurs anciennes –  la fameuse « goutte d’eau qui fait déborder le vase ?)

Dans une relation positive entretenue jour après jour, geste après geste, petit mot d’amour après petit mot d’amour, quand quelque chose ne va pas, on peut penser à tout ce qui va bien – qui l’emporte alors sur le négatif.

John M. Gottman avance le ratio de 5 à 1, voire même de 7 à 1 dans un couple, pour que la relation soit positive : pour une critique ou un reproche, il faut auparavant avoir dit 5 ou 7 choses positives. Sinon, petit à petit, le négatif l’emportera et minera, lentement mais sûrement, la relation.

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D’où l’importance de la pensée positive, de la psychologie positive, de toujours valider le positif… et de prendre soin de notre relation au quotidien.

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Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

21 JOURS pour des relations positives #15. Réparation

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Certes, il semble y avoir des gens qui entretiennent systématiquement des relations toxiques, voire abusives, avec de nombreuses personnes. Des gens qui n’ont que peu de vrai·es ami·es – plus des relations de travail ou de voisinage -, qui se fâchent avec … Continuer la lecture

21 JOURS pour des relations positives #14. Connexion

Hier, j’ai organisé un grand goûter « poly X+ » (pour « sexualité positive »), et une projection rétrospective de mes courts-métrages et de mon dernier film, LUTINE. Moments d’émotions d’amour et de partage en cette journée nationale de commémoration des attentats d’il y a un an.

J’avoue que je redoutais un peu cette journée de souvenir car j’ai du mal, souvent, à ne pas me laisser envahir par les émotions des autres, je me sens « poreuse », je ne sais pas toujours marquer mes limites, et je bascule vite en mode « identification », projection et contagion des émotions.
J’avais alors décidé de faire de cette journée une journée d’amour et de connexions positives, où nous pourrions nous réchauffer les un·es les autres avec des sentiments bienveillants les un·es envers les autres. Résister à la terreur organisée par l’amour, le partage, la solidarité.

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J’ai lu ce matin sur Facebook un post d’un ami proche hier soir :
« Où trouver les ressources pour endiguer la tristesse d’un soir de novembre ? »

Voilà ce que j’ai envie de lui répondre.
Quand la tristesse nous envahit, parfois, il faut juste la laisser être. L’accompagner en nous pendant un temps. L’accueillir. Elle est là pour une raison, elle nous encourage à  nous replier sur nous et à nous ressourcer. La tristesse est importante, elle est même fondamentale. Quand on la repousse, qu’on la refuse… on se coupe de soi-même.

Quand ma fille a vu VICE-VERSAje crois que c’est une des leçons principales qu’elle en a retenues – et aussi, parce qu’elle était contente de voir que ce que j’essayais de lui transmettre dans sa vie de tous les jours était soudain « validé » par un film, alors que la plupart des adultes ont tendance à « chercher une solution » ou « minimiser » quand un enfant pleure : Oh mais pourquoi tu pleures ? Ne pleure pas, ce n’est pas grave !, là où moi, je lui dis au contraire : Je vois que tu as l’air triste : pleure si tu as envie de pleurer, ça fait du bien de pleurer quand on est triste) – : il est important d’accueillir la tristesse en nous, parce qu’elle joue un rôle essentiel dans notre vie.

16579171Inversement, parfois on sent aussi que cette tristesse est induite, contagieuse, qu’elle nous arrive de l’extérieur, ne nous est pas « nécessaire », mais risque au contraire de nous envahir, de nous déborder. Que, si on lui cède, on ne saura plus comment lui échapper… et on se demande comme ‘l’endiguer ».

Une des solutions que j’ai trouvées dans ce cas-là – qui marche pour moi, ce qui ne signifie pas qu’elle peut marcher à tous les coups ou marchera pour vous – est alors dans ce que j’ai fait hier : me connecter à mes ami·es, aux gens que j’aime et qui m’aiment, et qui partagent les mêmes valeurs profondes que moi, à ma « communauté ».

Autrement dit, « faire du lien » – d’après l’expression utilisée par Elaine N. Aron dans The Undervalued Self : du « linking » (je vous renvoie ici à l’article que j’avais écrit à son propos : Des relations en conscience ) – plutôt que du « ranking » : se comparer, regarder les autres, se sentir exclu·e du monde et… déprimer.

inside-out-suis-chere-tristesse-tres-heureux-l-t71fngOui, quand on se sent « down« , parfois, ce qui peut faire du bien, c’est faire du lien, se ressourcer auprès de ses ami·es, des gens qui vous apprécient et vous soutiennent, que vous appréciez et avez envie de soutenir. Se sentir moins seul·e, sentir que l’on fait partie d’une « communauté », qu’il y en a d’autres sur terre qui pensent comme vous, aiment comme vous.

Une des phrases qui m’avaient le plus bouleversée à la fin de JE PENSE TROP, ce livre qui a marqué, je crois, le début de la deuxième partie de ma vie – celle où j’ai commencé à m’accepter telle que j’étais, à ne plus me dévaloriser (ou alors à en prendre conscience et à travailler sur moi…), où j’ai commencé à me vivre, non plus comme un « vilain petit canard » (ce que je m’étais sentie toute ma vie – ah, le syndrome de l’imposteur·trice…) mais au contraire, comme un cygne… – disait en substance ceci (je ne l’ai pas retrouvée, je la cite de mémoire) : « Il existe d’autres Bisounours sur terre, l’enjeu maintenant est de les trouver. »

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C’est, je crois, ce que je m’applique à faire depuis quelques années : définir mes propres valeurs, afin d’attirer à moi des personnes qui les partagent et les partageront, et avec lesquelles je me sentirai en sécurité.

Hâte de lire vos commentaires.

Avec amour et bienveillance,
Isabelle