Nous voilà prêt.e.s à nous embarquer pour ce voyage en terre inconnue, à franchir le premier seuil comme il est dit dans Le Voyage du héros, à… larguer les amarres.
On s’est réveillé.e de notre rêve bercé d’illusions et de contes de fée (#2), on ne croit plus au mythe du prince charmant (ni de la princesse), ni à l’Amour pour toujours… (#3) et pourtant on a encore envie de croire en l’amour, parce que l’amour est ce qui fait tourner le monde, c’est l’énergie de vie en nous, c’est ce qui donne du sens à notre vie.
On a envie de croire en des relations nouvelles entre les gens, où on pourrait être nous-même, où l’autre pourrait être lui/elle-même, dans l’accueil, la tolérance, la bienveillance. On s’est connecté.e à notre désir propre, à cette petite flamme en nous, on a commencé à lire, à réfléchir, à rencontrer des gens qui vivent autrement. Et ça semble possible. Et on a envie. (#4)
On a peur, pourtant. Et si on n’y arrivait pas ? Et si, pour nous, ça ne marchait pas ? Et si on allait se brûler les ailes ?
Un des livres qui de tout temps m’a le plus aidée, que j’ai lu et relu plusieurs fois et qui continue à m’inspirer, est Feel the Fear and Do It Anyway de Susan Jeffers (traduit épouvantablement par Tremblez, mais osez ! Rien qu’à l’écrire, j’en ai les poils qui se hérissent…).
Il y a tout dans ce livre : accueillez votre peur, accueillez votre émotion, vos sensations, acceptez la peur en vous, n’attendez pas qu’elle disparaisse pour agir ou vous mettre en mouvement, car quand on fait quelque chose qu’on n’a pas l’habitude, quand on s’embarque pour une terre inconnue, quand on sort de notre zone de confort… on a peur et c’est normal !
La peur est une émotion, et les émotions sont nos alliées, elles sont là pour nous rappeler d’être vigilant.e, qu’il peut y avoir un danger, un risque auquel on n’avait pas pensé. On est aux aguets.
– Certes, parfois « trop » : parfois notre peur réagit fort parce que notre mémoire se souvient, qu’une situation lui en rappelle une autre, qui nous a laissé un souvenir désagréable.
Parfois aussi, on a peur d’avoir peur. On se souvient d’une réaction un peu douloureuse qu’on a pu avoir devant une situation similaire… et on a peur de partir en vrilles à nouveau. Alors on tente de se protéger de l’émotion.
Parfois, on la déguise, aussi. On cache notre peur par de la colère, ou de la tristesse. Quand vous êtes triste ou en colère parfois… demandez-vous quelle peur se terre peut-être derrière ?
Dans tous les cas, l’idée est : n’attendez pas que votre peur ne soit plus là pour bouger ! Car sinon… vous pourriez bien faire du sur-place pendant longtemps encore.
Ressentez la peur en vous et… faites-le quand même ! Do it anyway! Just DO IT! GO FOR IT!
Quand on sort de notre zone de confort, on a peur : c’est normal. La peur peut être un moteur. Un signal fort que justement, c’est par là qu’on doit chercher. Là que se terre le monstre que l’on veut débusquer. Le monstre vert de la jalousie par exemple. Le monstre de nos insécurités profondes. Nos ombres, dirait Jung.
Si on cherche à fuir nos ombres, si on cherche à les cacher, si on les refoule… elles nous rattraperont d’une manière ou d’autre autre, sans doute bien plus violemment que si on décide de les regarder en face, et d’avancer côte à côte avec elle.
Moi et ma peur, on avance main dans la main. On a peur, mais on y va quand même. Parce qu’on sait qu’au cours de ce voyage, on va grandir. On va apprendre, on va changer, on va se rapprocher de nous-même. « Connais-toi toi-même« , comme dirait l’autre. Alors on y va.
Selon votre situation, les enjeux en présence vont être bien différents. Ce n’est évidemment pas pareil de se « lancer en polyamorie » quand on est célibataire (on peut être « solo-poly », tout comme on peut être « poly » sans être en relation avec personne), ou quand on est « en couple », ou tout du moins dans une relation implicante, dans laquelle des émotions fortes sont en jeu.
Qu’on soit un tout jeune couple, une toute nouvelle relation… – on vient de se rencontrer, et l’un.e dit à l’autre : « J’aimerais que nous parlions de comment nous gèrerons quand l’un.e de nous aura envie d’être en relation avec quelqu’un.e d’autre ».
Ou bien alors vous rencontrez quelqu’un.e et précisément, ielle est déjà en relation avec quelqu’un.e d’autre : c’est la première fois que ça vous arrive et vous ne savez pas comment réagir. L’autre vous dit : Ne t’inquiète pas, mon/ma partenaire est au courant, on est poly, c’est ok pour lui/elle que je sois en relation avec toi. – Hein ? Quoi ? Mais j’ai rien demandé, moi ! Et si moi, je n’ai pas envie d’imaginer que quand tu me quittes, tu vas le/la retrouver, et peut-être… lui raconter ce qu’on a fait ensemble ?!
Ou bien encore vous êtes en couple, en couple « classique », en couple « mono » – théoriquement mono. Et là, un.e des deux dit à l’autre : Chéri.e, j’ai bien envie d’aller brouter l’herbe du voisin (ou de la voisine, c’est plus rigolo pour la métaphore !). Comment vous réagissez ? Comment – pour utiliser le 3ème accord toltèque – ne pas le prendre personnellement ? Ne pas vous sentir visé.e ? Comment ne pas penser : Ça y est, je le savais, ça devait arriver un jour, je ne lui suffis plus…? Comment rester zen, serein.e et répondre : Mais oui mon/ma chéri.e, vas-y, éclate-toi, je t’attends à la maison pendant ce temps ?
Ou bien encore – et bien souvent, c’est bien ainsi que cela se passe : vous êtes en couple, et l’un.e des deux a déjà franchi le pas… mais sans vous, sans vous le dire. Aie. Ouille. C’est là où ça fait le plus mal. La trahison. Le mensonge. La duperie. La tromperie. L’adultère. Le fameux.
Là aussi, deux options : soit ielle a des remords, et vous en parle de lui/elle-même. Ça fait mal, très mal… mais vous choisissez de prendre cet aveu pour ce qu’il est : une preuve d’amour et de confiance. Et vous vous demandez comment reconstruire à partir de là.
Soit, pire : vous découvrez le pot-aux-roses. Ça fait très mal. N’empêche : ielle vous promet que ça ne remet pas en cause votre relation, qu’ielle vous aime toujours… et vous aussi vous l’aimez, et vous décidez de tenter l’aventure ensemble, main dans la main.
Je suis sûre que vous avez encore bien d’autres situations bien différentes à me suggérer…
Dans tous les cas, et quelle que soit votre situation de départ… vous vous embarquez. Ça y est. On monte sur le navire, on largue les amarres. Ou comme dit Florence Servan-Schreiber, dans 3 Kifs par jour (un autre de mes livres de chevet !), on « jette son sac par-dessus le muret ». On s’engage. You take a committment.
Waouh ! Et le bateau prend le large. Le vent souffle, la terre ferme s’éloigne. C’est… chaud ! Il va falloir apprendre à tenir debout alors que ça tangue, à ne pas tomber par-dessus le bord, à gérer le mal de mer. Tout un nouvel apprentissage. Des émotions qu’on ne connaissait pas. Des situations inédites. Et on se demande si on va « réussir », si on va être à la hauteur de ses propres espérances…
C’est là qu’on peut à nouveau utiliser un accord toltèque, le 4ème : prenez l’engagement envers vous-même… de faire de votre mieux ! Et, comme le dit Susan Jeffers (je ne me lasse pas de Susan Jeffers, j’adore !) : Embrace Uncertainty ! Assumez de ne pas savoir où le vent va vous porter, accueillez l’inconnu, souriez au monde avec grâce et courage.
À demain pour… les premiers obstacles, épreuves, remous, gros vents !
Et vous, regardez-vous vos peurs en face ? Les acceptez-vous ? Les accueillez-vous comme vos alliées pour mieux vous connaître ? Ou bien vous font-elles peur et les fuyez-vous ? Ou bien encore tentez-vous de les dissimuler à vos propres yeux et à ceux des autres, des fois qu’elles leur feraient peur, à ielles aussi ?
N’oubliez pas : je vous attends dans l’espace des commentaires ci-dessous, hâte de vous lire !
Avec amour et bienveillance.
Isabelle