Mes ami(e)s,
après ces jours de tourmente et de tumulte… je veux reprendre ici à mon compte les mots de François Morel dans sa lettre à Patrick Pellous le 9 janvier sur France Inter (*) :
« JE PENSE DE TOUTES MES FORCES QU’IL FAUT
S’AIMER À TORT ET À TRAVERS. »
Alors je vous le dis comme je le pense :
Je vous aime.
Et en attendant que vous puissiez – enfin – voir LUTINE en entier, je vous en propose un extrait, dans lequel Françoise Simpère, l’auteure du Guide des amours plurielles et de Aimer plusieurs hommes, répond à mes questions.
C’est dans cet extrait qu’elle a cette jolie formule :
« Je pense qu’aimer, c’est garder les yeux ouverts sur le monde. »
Pour celles et ceux d’entre vous qui n’auraient pas le mot de passe (**), je retranscris ici ses mots :
Françoise Simpère :
« Ce qui est difficile, c’est pas d’accepter pour soi des relations – parce que ça, tout le monde se dit : « Dans le fond, c’est super si on peut connaître plusieurs personnes…» – c’est effectivement la première fois qu’on s’aperçoit que un homme qu’on aime (une femme pour un homme) a des désirs ailleurs, de se remettre en question.
C’est-à-dire de se dire : « Ah bon, mais est-ce que j’existe ? Et pourquoi il a envie ? » Et comme on a plein d’idées reçues… On vous dit par exemple : on peut pas aimer plusieurs personnes. Donc on commence à se dire : « Ben alors, s’il aime cette personne, c’est qu’il ne m’aime plus. » Ce qui est faux !
Le lieu commun, c’est : « S’il va voir ailleurs, ou si elle va voir ailleurs, c’est que ça marche pas dans le couple. » C’est faux, c’est tout aussi faux ! On va voir ailleurs parce qu’on n’a pas envie d’être aveugle. Je pense qu’aimer, c’est aussi garder les yeux ouverts sur le monde. Donc, on ne va voir ailleurs parce que ça ne va pas, on va voir ailleurs parce qu’il y a autre chose à regarder, il y a autre chose à découvrir.
C’est un chemin solitaire, sur lequel on doit se dire : « Je veux construire ma vie, je veux en être à la fois le créateur, le réalisateur, trouver mes propres valeurs, connaître mes forces, mais connaître aussi mes faiblesses. » C’est-à-dire savoir admettre que parfois, il y a des choses que je ne suis pas capable de vivre, et le plus difficile : oser avouer à l’autre qu’on a des faiblesses. »
Alors oui, aimons-nous à tort et à travers, et gardons ouverts nos yeux et nos cœurs.
Au plaisir,
Isabelle
(*) Lettre de François Morel à Patrick Pellous
NB. Un ami m’écrit pour me signaler l’origine du texte cité par François Morel d’où il a tiré cette si belle phrase : « Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers. » il s’agit d’une lettre ouverte écrite par Julos Beaucarne dans la nuit du 2 au 3 février 1975, alors que sa compagne, sa muse et mère de ses enfants, venait d’être assassinée.
Vous pouvez l’écouter dite par Claude Nougaro et en retrouver ici l’intégralité du texte dont voici quelques extraits :
» C’est la société qui est malade, il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et la persuasion. (…) Ne perdons pas courage ni vous ni moi. (…) Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. (…) Il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. (…) À vous autres, mes amis d’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui. Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers. »
(**) Pour obtenir le mot de passe, il vous suffit, à partir de 1€ symbolique, de participer à la production de LUTINE.
PS. Dimanche 25 janvier, foncez voir au théâtre de la Reine blanche HÉÉÉ MARIAMOU !, la comédie musicale de Maïmouna, dont j’ai mis un court extrait du spectacle dans mon film : elle y raconte et joue l’histoire de sa vie, c’est drôle, vivant, ludique, touchant, courageux et engagé !
Et pour celles et ceux d’entre vous qui ne l’auraient pas encore vu, foncez voir CECI EST MON CORPS, le film de Jérôme Soubeyrand (en 7ème semaine au cinéma La Clef à Paris, et dans quelques salles de province), fabriqué dans des conditions un peu semblables aux nôtres : en auto-production, hors des circuits habituels et balisés : un film libre, joyeux et… libérateur ! Un film poly. Un film d’amour. Et ça fait du bien.
Mardi 27 janvier après la projection de 19h50 : nouveau débat sur la sexualité transgénérationnelle : c’est passionnant.