Laurent – Extrait interview

LAURENT (disant le texte de PIERRE)

Pour moi, ce qui fait la spécificité du polyamour, c’est la notion de consensus entre les partenaires : le fait qu’on soit d’accord sur le principe de la non-exclusivité.
Et que ce ne soit ni un truc imposé l’un à l’autre, ni un truc caché l’un à l’autre, ni une mise devant le fait accompli. C’est le fait d’être d’accord, philosophiquement, et d’assumer les éventuels risques sur le fait que l’autre est libre d’aller voir ailleurs.

On en parle avant, on se met d’accord avant, sur le fait que oui, on peut être intéressé par d’autres personnes, et qu’on s’autorise mutuellement à avoir d’autres partenaires – sexuels, sentimentaux… ça, ça peut être affiné dans l’accord entre les partenaires – mais on est d’accord sur le principe d’une non-exclusivité, en se disant que ce n’est pas une négation de la relation, que ça ne la détruira pas, que ça ne se fait pas contre la relation.

À l’inverse, arriver un jour devant son partenaire, en disant : « Chérie, je te trompe depuis trois mois, mais en fait, je viens de comprendre que c’est parce que je suis polyamoureux », ce n’est pas du polyamour. On ne peut pas dire qu’on est polyamoureux si on fait ça. Je dis pas que c’est mal ou quoi, mais c’est de l’adultère, c’est ce qu’on veut, mais ce n’est pas du polyamour.

Ce qui fait vraiment l’essence du polyamour, pour moi, c’est le dialogue, mais surtout le consentement, l’accord entre les partenaires.

 

À PROPOS DE LA JALOUSIE

La jalousie, c’est intéressant, parce qu’on peut réussir à surmonter sa propre jalousie : la jalousie, ça se travaille.

La jalousie est en fait l’expression d’une peur qui nous est propre : ce que fait l’autre nous plonge dans une situation qui ressemble à une situation dont on a peur.

Et en général, ce sont des peurs d’enfance : la peur d’être abandonné, de pas être aimé, de pas être le meilleur. Ce sont des peurs de cet ordre-là, mais qu’en général, on ne reconnaît pas : quand elles surgissent, on ne les reconnaît pas. Elles surgissent sous la forme d’un nœud à l’estomac, sous la forme d’un truc où on se dit : « Ah, je suis jaloux, c’est parce que l’autre est en train de faire un truc. »

On ne se rend pas compte qu’au fond, ce qu’on ressent, c’est la peur d’un trucd’enfance, pas résolu.

Et quand on en prend conscience, d’abord on le relativise – on se rend compte que l’autre ne nous met pas en danger dans ce qu’il fait – moins que ce qu’on imagine – et d’autre part, on peut se dire : « En fait, cette peur est irrationnelle. »