21 JOURS pour des relations positives #14. Connexion

Hier, j’ai organisé un grand goûter « poly X+ » (pour « sexualité positive »), et une projection rétrospective de mes courts-métrages et de mon dernier film, LUTINE. Moments d’émotions d’amour et de partage en cette journée nationale de commémoration des attentats d’il y a un an.

J’avoue que je redoutais un peu cette journée de souvenir car j’ai du mal, souvent, à ne pas me laisser envahir par les émotions des autres, je me sens « poreuse », je ne sais pas toujours marquer mes limites, et je bascule vite en mode « identification », projection et contagion des émotions.
J’avais alors décidé de faire de cette journée une journée d’amour et de connexions positives, où nous pourrions nous réchauffer les un·es les autres avec des sentiments bienveillants les un·es envers les autres. Résister à la terreur organisée par l’amour, le partage, la solidarité.

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J’ai lu ce matin sur Facebook un post d’un ami proche hier soir :
« Où trouver les ressources pour endiguer la tristesse d’un soir de novembre ? »

Voilà ce que j’ai envie de lui répondre.
Quand la tristesse nous envahit, parfois, il faut juste la laisser être. L’accompagner en nous pendant un temps. L’accueillir. Elle est là pour une raison, elle nous encourage à  nous replier sur nous et à nous ressourcer. La tristesse est importante, elle est même fondamentale. Quand on la repousse, qu’on la refuse… on se coupe de soi-même.

Quand ma fille a vu VICE-VERSAje crois que c’est une des leçons principales qu’elle en a retenues – et aussi, parce qu’elle était contente de voir que ce que j’essayais de lui transmettre dans sa vie de tous les jours était soudain « validé » par un film, alors que la plupart des adultes ont tendance à « chercher une solution » ou « minimiser » quand un enfant pleure : Oh mais pourquoi tu pleures ? Ne pleure pas, ce n’est pas grave !, là où moi, je lui dis au contraire : Je vois que tu as l’air triste : pleure si tu as envie de pleurer, ça fait du bien de pleurer quand on est triste) – : il est important d’accueillir la tristesse en nous, parce qu’elle joue un rôle essentiel dans notre vie.

16579171Inversement, parfois on sent aussi que cette tristesse est induite, contagieuse, qu’elle nous arrive de l’extérieur, ne nous est pas « nécessaire », mais risque au contraire de nous envahir, de nous déborder. Que, si on lui cède, on ne saura plus comment lui échapper… et on se demande comme ‘l’endiguer ».

Une des solutions que j’ai trouvées dans ce cas-là – qui marche pour moi, ce qui ne signifie pas qu’elle peut marcher à tous les coups ou marchera pour vous – est alors dans ce que j’ai fait hier : me connecter à mes ami·es, aux gens que j’aime et qui m’aiment, et qui partagent les mêmes valeurs profondes que moi, à ma « communauté ».

Autrement dit, « faire du lien » – d’après l’expression utilisée par Elaine N. Aron dans The Undervalued Self : du « linking » (je vous renvoie ici à l’article que j’avais écrit à son propos : Des relations en conscience ) – plutôt que du « ranking » : se comparer, regarder les autres, se sentir exclu·e du monde et… déprimer.

inside-out-suis-chere-tristesse-tres-heureux-l-t71fngOui, quand on se sent « down« , parfois, ce qui peut faire du bien, c’est faire du lien, se ressourcer auprès de ses ami·es, des gens qui vous apprécient et vous soutiennent, que vous appréciez et avez envie de soutenir. Se sentir moins seul·e, sentir que l’on fait partie d’une « communauté », qu’il y en a d’autres sur terre qui pensent comme vous, aiment comme vous.

Une des phrases qui m’avaient le plus bouleversée à la fin de JE PENSE TROP, ce livre qui a marqué, je crois, le début de la deuxième partie de ma vie – celle où j’ai commencé à m’accepter telle que j’étais, à ne plus me dévaloriser (ou alors à en prendre conscience et à travailler sur moi…), où j’ai commencé à me vivre, non plus comme un « vilain petit canard » (ce que je m’étais sentie toute ma vie – ah, le syndrome de l’imposteur·trice…) mais au contraire, comme un cygne… – disait en substance ceci (je ne l’ai pas retrouvée, je la cite de mémoire) : « Il existe d’autres Bisounours sur terre, l’enjeu maintenant est de les trouver. »

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C’est, je crois, ce que je m’applique à faire depuis quelques années : définir mes propres valeurs, afin d’attirer à moi des personnes qui les partagent et les partageront, et avec lesquelles je me sentirai en sécurité.

Hâte de lire vos commentaires.

Avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS de Mindsight #21 : Une semaine après…

Me voilà au seuil de mon 21ème jour du défi que je me suis lancé : 21 jours d’affilée d’au moins 5 mn de méditation par jour et d’attention portée à la mindsight, relayées par un article quotidien.
Étonnamment, je n’ai pas « senti passer » ces 21 jours.

En réalité, depuis une semaine, nos sensations, sentiments intérieurs, agendas personnels… ont été bouleversés. Nous sommes passés en mode « réactif », de manière inconsciente, automatique. Que nous nous soyons laissés happer par les informations ou les fils négatifs sur les réseaux sociaux, comme une addiction dont on sait qu’elle est nocive mais à laquelle on n’arrive pas à s’abstraire, ou au contraire que nous ayons choisi d’y échapper pour nous en protéger… depuis une semaine, nous sommes en réaction.

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Quand notre corps a subi une violence, un accident, un coup… on y fait attention, on en prend soin. Ça devrait être la même chose pour notre psychisme. Il est important de ne pas vouloir faire « comme si rien ne s’était passé ».

Affirmer « la vie continue » comme en déni de la violence qui nous a été faite à tous, sans prendre le temps de s’interroger sur nos sensations intérieures, nos ressentis, nos peurs, nos angoisses, c’est prendre le risque qu’ils se réveillent en nous plus tard, et sans que nous ayons alors moyen de les comprendre.

Prendre le temps de s’observer, de s’écouter, de parler, de partager ses émotions et ses ressentis, de pleurer… c’est important. C’est même essentiel.

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À moindre échelle, je me souviens d’une histoire racontée par Isabelle Filliozat dans un de ses livres sur les émotions : l’histoire d’un couple qui avait failli avoir un accident de voiture. Une fois sains et saufs, et le premier choc de sidération passé, la femme avait crié, et beaucoup pleuré. L’homme, lui, lui disait et se disait : « Tout va bien, on est vivants » et ne comprenait pas sa réaction qu’il jugeait « excessive », voire hystérique.

Sauf que voilà… la femme n’a eu aucune séquelle de cet accident, elle avait évacué sur le moment ses émotions de peur et de panique, sa peur rétrospective que ça aurait pu être infiniment plus grave (je crois qu’un camion leur avait foncé dessus sur une petite route au bord d’un précipice). Tandis que l’homme, lui, a continué à faire des cauchemars et des insomnies, n’arrivait plus à travailler, ni à se concentrer… et a fini par débarquer en détresse dans le cabinet d’Isabelle Filliozat quelques mois plus tard.

Parlant, non ?

Dans le même ordre d’idée, je me souviens, il y a quelques années, de la réponse que m’avait faite ma psy, Christel Petitcollin, spécialiste des violences psychologiques, à qui j’avais demandé : « Comment ça se fait que je ne m’habitue pas, qu’à chaque parole agressive ou méprisante, j’en souffre toujours autant ? » Elle m’avait répondu :

« Quand on reçoit un coup comme un coup de poing, un choc physique, on a mal : notre corps ne s’habitue pas. Une violence verbale, un choc émotionnel… c’est comme un coup de poing que reçoit notre psychisme. C’est normal d’en être affecté.e. Même si, vous verrez, mieux vous irez, plus vite vous vous rétablirez à chaque fois. »
C’est cela qu’on nomme résilience.

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La résilience est un apprentissage. Nous ne sommes pas toutes et tous égaux devant elle. Celles et ceux d’entre nous qui ont un attachement sécure à leurs parents, dont les parents ont répondu aux besoins émotionnels dans leur enfance, en les écoutant, en accueillant les émotions et en mettant des mots dessus… ont acquis ces mécanismes d’auto-protection et se remettent mieux d’un choc.

Celles et ceux d’entre nous, en revanche, qui ont eu ce qu’on appelle un attachement « insécure » (évitant, ambivalent ou désorganisé), dont les parents n’ont pas su ou pas pu accueillir les émotions quand ils étaient en détresse enfants, voire ont provoqué ces sentiments de détresse chez eux… ne savent pas s’auto-apaiser : chaque choc, chaque violence, sont susceptibles de les mettre en difficulté. Et ils mettront plus de temps à s’en remettre. Voire resteront traumatisés.

images-1Voilà pourquoi il est important de répondre à la détresse de nos enfants, et d’être attentif/ve à la nôtre. Quand un enfant, par exemple, fait une « crise », lui dire : « Calme-toi ! Tant que tu ne seras pas calmé, je ne te parlerai pas« , c’est rajouter de la violence et de la rupture là où il est déjà en grande difficulté, et qu’il se sent déjà mal d’être mal, et de faire une crise.

C’est plus encore quand ils sont en crise que quand ils vont bien, que nos enfants ont besoin de nous : accueillons leurs émotions, leurs failles, sachons répondre à leurs besoins (« besoins » n’est pas « caprices »). Quand un.e enfant est en crise, sur la « low road« , victime de son « cerveau du bas », connectons-nous à lui/elle émotionnellement, ne crisons pas nous-mêmes à notre tour et au contraire restons calme et connecté.e : prenons-le/la dans nos bras.

De même que quand un.e enfant s’est fait mal physiquement, on le/la soigne ; quand un.e enfant est en détresse psychique, accueillons sa détresse. Prenons-le/la dans nos bras.

Unknown

Soyons notre propre parent bienveillant, traitons-nous nous-même comme si nous étions notre meilleur.e ami.e.

La violence qui nous a été faite à toutes et à tous la semaine dernière, quel que soit le degré auquel on a été ou non touché.e personnellement, est une violence psychique terrible. On a soudain été confronté.e à la mort, à la conscience de notre mort un jour, et de celle de nos proches, à cette conscience qui, en temps normal et pour nous en protéger, reste inconsciente.

imagesSoyons indulgent.e, bienveillant.e, accueillant.e envers nous-même.
La résilience est un apprentissage. Et la bonne nouvelle que nous transmettent les neuro-sciences, c’est que : on peut apprendre à tout âge.

imagesAvec amour, bienveillance et compassion,
à demain.

Isabelle