21 JOURS pour des relations positives #19. Collaboration

Bonjour. Je suis l’autre. « L’aimé ».

Isa m’a demandé d’écrire un article pour son blog. Pour qu’elle ne soit pas la seule voix, le seul point de vue, en particulier du fait qu’elle utilise nos expériences de vie en commun pour alimenter ses réflexions et ses écrits.

Je profite donc de l’occasion pour d’abord confirmer que les faits qu’elle rapporte sont véridiques. Qu’il n’y a aucune invention, projection, romantisation, idéalisation. Que c’est certes sa vérité, sa vision des faits, mais que celle-ci correspond à ma vision des faits également, ainsi que la communication compassionnelle (non violente) le conseille : toujours parler d’abord des faits tels qu’une personne extérieure pourrait les rapporter.

Ensuite, que les ressentis qu’elle exprime ici sont bien ceux que nous nous exprimons l’un à l’autre. Les observations qu’elle fait de son propre fonctionnement mental correspondent effectivement à ce qu’elle m’exprime, et ce qu’elle rapporte de nos conversations correspond à ce que nous nous disons. En beaucoup plus condensé évidemment puisque nos discussions durent en réalité des heures…

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Je tiens à préciser cela parce que c’est d’une importance cruciale pour moi, dans mon histoire de vie. Avant de connaître Isa, je ne connaissais pas cela : un environnement sécure où les ressentis de l’un sont accueillis par l’autre, où la parole est libérée, où la confiance et la bienveillance constituent le socle d’une relation qui est nécessairement amenée à évoluer. Une relation où l’autre est par principe accepté pour qui il est, où on ne cherche pas à le changer pour qu’il corresponde à un pseudo-idéal, où en réalité on est excité par avance de voir l’autre évoluer au sein de la relation qu’on aura su établir, non pas sur des d’objectifs communs à atteindre ensemble, mais sur des principes partagés. Où le voyage est plus important que la destination. Où la fin ne justifie jamais les moyens, parce qu’en réalité, les moyens qu’on utilise révèlent qui nous sommes au fond, et la fin n’est en réalité jamais atteinte et somme toute, totalement illusoire.

Et quand je parle de « principes partagés« , je ne parle pas de promesses sur un avenir qu’on ne connaît pas – Je n’aimerai jamais que toi, je ne m’occuperai que de toi, je ne te quitterai jamais… Non. Notre relation s’est bâtie (très progressivement) sur quatre principes de fonctionnement :

– Le premier de ces principes, le plus essentiel, c’est de parler, le plus possible, de ce qui nous habite, de partager avec l’autre nos ressentis et nos conflits internes. Parler au « JE », oser exprimer toute la richesse des émotions parfois conflictuelles qui nous habitent et qui font de chacun de nous des êtres merveilleusement imparfaits.
Cette communication a trois vertus essentielles : nous connaître et nous accepter tels que nous sommes ; permettre à l’autre de nous connaître tels que nous sommes ; et faire diminuer l’intensité des émotions et nous permettre de travailler dessus.

– Le second principe, nécessaire au premier, est d’accepter et d’accueillir la parole de l’autre quand il parle de lui.
Toutes les réalités personnelles sont bonnes à dire, toute émotion est légitime.

– Le troisième, nécessaire pour une communication claire, est de ne jamais se mentir. Ne jamais dire ce que l’on pense que l’autre attend que l’on dise par peur de dire ce qu’on a vraiment au fond du cœur. Et comme l’autre accepte ma vérité par la vertu du second principe, je n’ai rien à gagner à ne pas la partager ou à la travestir.

– Le quatrième principe, qui découle logiquement des précédents, c’est la liberté. Chacun est libre de choisir ce qu’il souhaite vivre, ou ne pas vivre. La communication permet de tenter d’accorder nos besoins, de respecter nos libertés respectives.

Je vous donne cela comme une recette toute faite, mais en réalité, elle est le fruit d’une longue maturation. Nous avons découvert ces principes au fur et à mesure, après bien des écueils. Et leur application quotidienne reste difficile. Mais nous sommes rarement en difficulté tous les deux en même temps, et nous nous aidons mutuellement en offrant des espaces de parole, en questionnant les besoins de l’autre, en faisant preuve de la bienveillance et de l’empathie qui sous-tendent ces principes et qui sont les conditions essentielles de leur mise en oeuvre.

Et je suis bien placé pour savoir qu’il existe des relations où la bienveillance et l’empathie ne sont pas présentes, et où la communication est donc difficile. Où on exprime des jugements, des accusations, des « TU », où l’autre est coupable de ne pas être celui qu’on projetait.
Ou bien où on n’exprime rien, on n’ose pas dire à l’autre qui on est, de peur d’être jugé et rejeté, où on porte un masque et on reste dans son « rôle ».

La communication elle-même peut devenir un enjeu de pouvoir dans une relation difficile. « C’est trop difficile à exprimer« , « Je ne te le dirai pas« , « Je ne te parle plus« , « Réfléchis un peu« , « Tu le sais très bien« …
Ou à l’inverse : « Tais-toi« , « Je préfère ne pas le savoir« , « Si tu dis cela, je ne le supporterai pas« …

Certes on a le droit, le devoir même, de dire qu’il y a des situations oû l’émotion est trop présente pour que la communication puisse s’établir harmonieusement, et donc demander et s’accorder des pauses, pour permettre à l’émotion de redescendre. Mais ces pauses doivent être courtes, car la relation ne peut continuer pendant ces pauses.
Couper la communication, c’est tuer la relation à plus ou moins long terme.

Pour moi c’est cela le message le plus important : si vous ne pouvez pas exprimer votre moi profond à l’autre, vous ne pouvez pas espérer construire à long terme une relation enrichissante pour aucun des membres.
Ce sera une relation d’un autre type : une dépendance émotionnelle ou matérielle, où l’autre n’est pas un partenaire mais un inconnu inquiétant, une source de dangers qu’il faut maîtriser.
Une relation où chacun se sent incroyablement seul.

Sachez que ce n’est pas une fatalité. Qu’il existe d’autres relations que les relations de dépendance. Qu’elles sont incroyablement plus enrichissantes. Qu’elles sont semées d’embûches, qu’il faut pratiquer à la fois le lâcher-prise sur les éléments qu’on ne peut contrôler (les autres), la connexion à soi-même pour explorer nos peurs les plus profondes, et l’accueil bienveillant des autres qui font un chemin parallèle.
Et que la clef qui permet de dégonfler ces obstacles apparemment insurmontables, c’est la communication compassionnelle.

Isa nous montre un exemple de cette communication à travers son blog et son envie de transmettre ses expériences et ses lectures à d’autres qui se posent des questions similaires. Questions qui sont d’autant plus importantes à l’époque où nous vivons.

Deux chemins s’offrent à nous : souhaitons-nous faire advenir pour nos enfants un monde d’affrontement, où nous devons accaparer pour nous-même des ressources finies (temps, attention, amour, travail, argent, ressources naturelles), où notre « bien-être » prime sur celui des autres et où il y a forcément des gagnants et des perdants, un monde de solitude ;
ou au contraire, un monde de partage, d’écoute, de curiosité, de découverte de richesses insoupçonnées en nous-même et dans les autres, de travail en commun vers un bien-être plus universel ?
J’ai connu et vécu le premier de ces chemins, et maintenant j’ai choisi le second.

Loïc

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21 JOURS pour des relations positives #18. La Roue du consentement

Comme à propos de l’attachement (#17), voilà en réalité plusieurs mois que je veux écrire un article sur la roue du consentement et que je reporte toujours au lendemain : ce défi que je me suis fixé de 21 jours d’articles d’affilée me donne enfin le cadre dont j’avais besoin pour m’y contraindre, ici et maintenant – et j’en suis heureuse.

C’est à l’OpenCon en Catalogne en mai dernier, grâce à une amie australienne, que j’ai découvert la Roue du consentement, cet outil de développement personnel qui m’a tout de suite paru fondamental, notamment quand on cherche à sortir du cadre autocratique de la société patriarcale et hiérarchisée dans laquelle on vit, et quand on comprend que le consentement – un consentement « enthousiaste » : le « fuck yes! » – est un point essentiel des relations positives et en conscience telles que je souhaite les développer et les vivre autour de moi.

Pour profiter de ma « fenêtre d’opportunité » (mettre aussitôt en pratique ce qu’on vient d’apprendre, afin de l’ancrer en nous, sinon on l’oublie rapidement), j’ai proposé dès le mois de juin un atelier sur ce thème à quelques ami·es choisi·es – des « bêta-testeur·ses » – : je sens aujourd’hui qu’il est temps pour moi d’y revenir et de le présenter à plus large échelle.

La Roue du consentement (en anglais : The Wheel of Consent) est un outil créé par Betty Martin, qui vit à Seattle, aux États-Unis – qui certes, ont engendré un Trump, mais aussi tant de gens formidables que j’aime et qui m’inspirent au quotidien pour vivre ma vie et mes relations autrement – : sur son site, ou sur youtube, vous pourrez trouver des vidéos en anglais, tandis que mon amie Emmanuelle Duchesne vient d’en créer une en français.

Je vous présente donc la roue du Consentement telle que je l’ai dessinée moi-même lors de l’atelier que j’ai animé chez moi il y a quelques mois – puis je vous la commente :
img_7113La roue est particulièrement utile dans les échanges physiques entre les gens. Si elle peut s’appliquer à toutes les relations en général, elle est surtout remarquablement éclairante dans des relations intimes, notamment sexuelles.

Partons par exemple d’une situation toute simple, telle qu’on peut la pratiquer dans un atelier : un massage.
Imaginons quatre personnes en situation de massages, deux par deux : A et C, B et D.

A fait un massage à C, parce que C le lui a demandé : J’ai les épaules un peu tendues, est-ce que tu serais d’accord pour me faire un massage des épaules ?
A fait un massage à C, c’est qui A  « donne », et C qui « reçoit » : l’action et le « don » vont dans le même sens, de A vers C.
Dans la roue, A se trouve en haut à gauche, en position de « donner », tandis que C se trouve en bas à droite, en position de « recevoir ».

B fait un massage à D, parce que B a demandé à D : Je viens de suivre un stage de massage et j’aimerais bien mettre en pratique ce que j’ai appris, est-ce que tu serais d’accord pour que je te fasse un massage des épaules ?
C’est bien B qui fait le massage à D, mais B est en position de « prendre », tandis que D est en position de « laisser faire », « permettre », « autoriser » : l’action physique va bien de B vers D, mais le « don » va de D à B – c’est D qui « offre » à B l’accès à ses épaules.
Dans la roue, B se trouve en haut à droite, en position de « prendre », tandis que D se trouve en bas à gauche, en position de « permettre », « donner accès à ».

Les flèches rouges (l’action) et bleues (le don) au centre de la roue marquent très clairement cette distinction : dans le cas de donner / recevoir (de A vers C), les deux flèches sont dans le même sens ; tandis que dans le cas de prendre / permettre (B fait un massage à D parce que ça fait plaisir à… B), les deux flèches sont en sens inverse.

L’idée de Betty Martin, c’est que chacun·e de nous a dans la vie une position qu’ielle préfère, ou dans laquelle ielle est lae plus à l’aise. Et inversement, une position dans laquelle on ne se sent pas très à l’aise.
Préférez-vous donner ou recevoir ? « Prendre » ou « permettre » à l’autre, exprimer votre préférence par exemple en matière sexuelle, ou plus être dans une position de « passivité », de donner à l’autre accès à votre corps ?

Ce que défend Betty Martin, c’est que pour se sentir parfaitement à l’aise et bien dans sa vie, l’idéal, c’est de pouvoir occuper tour à tour les quatre positions, d’alterner. Dans une relation « positive », de parfois donner, parfois recevoir du plaisir ; parfois oser exprimer son désir, parfois se laisser aller au plaisir de faire plaisir à l’autre.

Là où son outil trouve pour moi toute sa force, c’est quand on regarde ce qu’il se passe… en dehors de cette roue du consentement, quand on s’interroge sur la limite entre l’intérieur et l’extérieur.
Tant qu’on est à l’intérieur, que l’un·e et l’autre des personnes en relation sont satisfaites, à l’aise, totalement consentantes de la manière dont se déroule une interaction (sexuelle par exemple, mais pas seulement), tout va bien…
Mais que se passe-t-il si on « déborde » un peu ?

Si quelqu’un·e a tendance à « trop » donner, par exemple, alors qu’on ne lui demande rien, que se passe-t-il ? Ielle sort du cadre de la roue du consentement (donnant, sans que l’autre ait explicitement affirmé son consentement), et ielle va étouffer l’autre… puis possiblement se poser en martyr (Après tout ce que j’ai fait pour toi ! Quel·le ingrat·e !)

Inversement, si quelqu’un·e ne gère ses relations qu’en mode « recevoir »… les autres autour vont vite se lasser et lae vivre comme égoïste, égocentrique…

Et que se passe-t-il dans la dynamique entre B et D, entre cellui qui « prend » et cellui qui « autorise » ?

Imaginons par exemple quelqu’un·e qui serait « trop » dans la position de B, de « prendre » : si ielle « prend » sans que l’autre soit pleinement consentant·e, ielle « sort du cadre » et se retrouve dans la zone de… l’abus. B devient un.e abuseur·se, un.e prédateur·rice.

Inversement, quelqu’un·e qui serait « trop » dans la case en bas à gauche, la position de D, de « permettre », « autoriser », « donner accès à… », sans véritablement s’interroger sur son propre désir (Est-ce que j’en ai vraiment envie ? Est-ce que je le fais pour faire plaisir à l’autre, ou parce ça me fait vraiment aussi envie à moi ?) se retrouve rapidement dans la position de victime.
D’un côté, l’agresseur·se, l’abuseur·se… de l’autre, la victime.
Un schéma qu’on ne connaît que trop, notamment dans les relations à l’inverse de celles que je cherche à définir ici, et qu’on va qualifier de toxiques, voire d’abusives.

En effet, si la personne en B franchit la limite qui mène à l’abus, elle devient un·e abuseur·se et, de ce fait, envoie la personne D de l’autre côté de la ligne aussi – qui devient victime.

Là où l’outil est intéressant aussi – et délicat à manier, clairement – est quand on observe ce qu’il se passe de l’autre côté de cette dynamique : si quelqu’un·e a tendance à « trop » laisser faire, a du mal à poser ses limites, à oser dire NON, n’est pas en connexion (autorisée) avec ses propres désirs… ielle devient, d’une certaine façon, « victime » en permettant « trop » à l’autre en face de possiblement basculer en mode « abuseur·se », si ielle n’a pas conscience de cette dynamique – ou bien sûr a tendance dans la vie à se comporter en abuseur·se.

Oui, je sais, on est là précisément sur une ligne rouge avec tout plein de clignotants qui s’affolent un peu partout.

Et c’est là où cet outil est intéressant à explorer en ateliers, dans des cadres sécurisés, où les un·es et les autres sont là pour travailler, réfléchir, ressentir, expérimenter ensemble.

J’aurais encore beaucoup de choses à dire sur cette roue, qui me semble une mine de trésors à découvrir… et j’aurai l’occasion d’y revenir, notamment pour vous raconter comment j’ai personnellement vécu les deux ateliers auxquels j’ai assisté : celui où j’ai découvert l’outil, en Catalogne, et le premier que j’ai moi-même animé.
La réaction des un·e.s et des autres, notamment en fonction de leur genre, et de la manière dont ielles se vivaient vulnérables physiquement ou non, était incroyablement parlante, notamment.
À suivre…

En attendant, hâte de lire vos commentaires !

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

LIENS, PISTES, ATELIERS ET CONSULTATIONS

Pour regarder la vidéo créée par Emmanuelle Duchesne sur son site Slow Sex Love Life en français, c’est ici :
Et si vous parlez anglais, n’hésitez pas à visiter le site de Betty Martin !

Liens utiles sur le thème du consentement (qui vous en donneront d’autres)
– Article sur le consentement dans ma série sur les relations positives
Coin-lecture (et vidéos) sur le consentement
Éducation au consentement pour les enfants et ados

Pour les dates des prochains ateliers, notamment sur la Roue du consentement, et/ou des salons Lutine & Cie, cliquez sur l’onglet « Salons & Ateliers« .
Le prochain atelier sur la Roue du consentement se tiendra à Paris le mercredi 5 décembre 2018, sur réservation uniquement (max 12 personnes). Pour toute inscription, écrire à contact@lutineetcie.com
Si vous souhaitez en organiser en régions, par exemple en parallèle d’une projection de LUTINE, m’écrire à la même adresse.

Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
réagir à mes articles, ici ou sur Facebook et/ou me poser des questions
me soutenir financièrement, en suivant ce lien sur HelloAsso
– et désormais aussi me consulter sur vos relations : il suffit de cliquer sur l’onglet Consultations !

21 JOURS pour des relations positives #17. Attachement

Ça fait longtemps que je veux écrire un article sur l’attachement, cette théorie élaborée par John Bowlby dès les années 50 et vérifiée scientifiquement par la suite… et je ne me sentais pas prête, je me disais que je devais encore y travailler… Aujourd’hui, même si je ne sens pas plus prête, je me lance, sans doute grâce à ma coiffeuse ce matin, à qui j’ai commencé à raconter de quoi il s’agissait et dont les yeux s’ouvraient tout grands, passionnés, et en qui ça avait l’air de résonner. Même si je ne suis pas une « experte », je peux quand même essayer de transmettre ce que moi, j’en ai compris.

Le style d’attachement que chacun·e de nous développe dans ses relations adultes nous vient en grande partie des relations qu’on a entretenues avec nos premières figures d’attachement dans notre enfance : pour la plupart d’entre nous, nos parents, et le plus souvent, singulièrement notre mère.

Un enfant à l’attachement dit « sécure » (ou « sécurisé » en bon français) se sent libre d’aller explorer le monde : il sait qu’à tout moment, il peut revenir à son « port d’attache« .
On le voit quand on observe des tout-petits qui partent en courant dans un parc par exemple : ils regardent souvent malgré tout derrière eux pour vérifier que leur parent les suit du regard, ou les suit tout court. C’est un jeu : ils s’éloignent… tout en sachant qu’ils sont en sécurité, que leur parent veille sur eux : c’est leur « base de sécurité« . Et en cas de stress, de chute, de danger… ils reviennent en courant ! Ils savent que leur parent sera là pour les rassurer, les consoler, les prendre dans les bras.

(C’est ce qu’on voit sur le schéma que j’ai fait ci-dessus : sur le tracé du haut, l’enfant quitte sa base sécure, pour explorer le monde. Il dit à son parent : Regarde-moi, soutiens-moi dans mes expérimentations, encourage-moi !
Sur le tracé du bas, l’enfant dit à son parent : Rassure-moi, console-moi, prends-moi dans tes bras, quelque chose m’a effrayé·e, je suis en stress, dis-moi que tout va aller bien.) 

Des scientifiques ont fait des expérimentations avec des enfants de un an. On les mettait dans une pièce avec leur parent, puis leur parent partait, s’absentait quelques minutes. Les enfants dits « sécures » pleuraient quand leur parent partait, puis rapidement, se remettaient à jouer. Quand leur parent revenait, ils se précipitaient sur eux pour leur faire un câlin, accueillir leur retour… puis ils repartaient jouer. Tranquilles, quoi.

Il existe en réalité un attachement dit « sécure », et un attachement dit « insécure », qui se décline en trois sous-groupes :

  •  l’attachement dit « évitant »
  •  l’attachement dit « anxieux » ou « ambivalent »
  • l’attachement dit « désorganisé ».

Les enfants dits « évitants », quand leur parent part, ne pleurent pas.
Et quand il revient, ils font à peine attention à lui.
En gros : Pas besoin de toi, je me débrouille très bien tout·e seul·e.

Les enfants à l’attachement « anxieux » ou « ambivalent » s’accrochent à leur parent quand il part : ils ont peur qu’il ne revienne pas.
Et quand il revient, ils sont incapables d’aller jouer dans leur coin : ils restent collés à leur parent, au cas où il reparte.

Les enfants à l’attachement « désorganisé » sont les plus en souffrance : ce sont en général ceux qui viennent de familles hautement dysfonctionnelles, où un parent boit, ou tape, où on ne sait jamais à quoi s’en tenir, où parfois le parent est là, parfois pas, et parfois, il peut être celui-là même à l’origine du danger alors que son rôle est de protéger l’enfant. L’enfant, en danger, ne sait vers qui se tourner, et disjoncte. En général, le parent qui provoque ça chez son enfant, est lui-même en état de « disjonctage ».

Tout ça est transgénérationnel et intergénérationnel, transmis de parents à enfants.

On estime qu’environ 60% de la population auraient un attachement dit « sécure ». Il en resterait 40% à l’attachement « insécure ».

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L’idée, c’est donc qu’on reproduit à l’âge adulte le style d’attachement principal que l’on a connu enfant. Sachant qu’on peut développer des attachements différents avec différentes personnes de notre enfance (chacun de nos parents, mais aussi nos grands-parents par exemple, ou toute figure importante et stable de notre enfance)  ET – et c’est là le plus important à mon sens – qu’on peut changer de style d’attachement : comme tout ce qui est lié à notre cerveau, on peut le travailler, le faire évoluer, le réparer.
Chouette ! C’est ça, la bonne nouvelle !

Je me demande si, en réalité, les relations « positives » telles que je cherche à les définir, ne se rapporteraient pas à un style d’attachement sécure, ou tout du moins qui s’en rapprocherait le plus possible — car donc, on peut y travailler en conscience.

En effet, il s’agit :
– d’avoir suffisamment confiance en soi-même et en l’autre pour se sentir libre et autorisé·e d’explorer le monde – et de læ laisser explorer le monde (base sécure) ;
parce qu’on sait qu’en toutes circonstances, nos émotions seront accueillies et non jugées, et qu’en cas de stress ou de besoin, on pourra se tourner vers l’autre pour un soutien et un accueil (port d’attache).

Quelqu’un·e à l’attachement évitant… a du mal à se lier à quelqu’un·e d’autre durablement, ne fait a priori pas confiance, se sent seul·e, et quoiqu’il arrive, pense qu’ielle ne peut compter que sur lui/elle-même.
Quand ielle se sent rejetée, pas assez aimé·e, jalouxe… ielle va avoir une réaction que j’identifie à la fable du Renard et des Raisins de Jean de La Fontaine : De toute façon, ils étaient verts. Autrement dit : Je n’ai pas besoin de toi.
Pour peu que ce soit dit un peu agressivement, l’autre se sent à son tour rejeté·e, non désiré·e… et c’est un cercle vicieux.

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Quelqu’un·e à l’attachement anxieux ou ambivalent… va typiquement se sentir en insécurité dès que l’autre s’éloigne : peur de læ perdre, peur de l’abandon. D’où (parfois) un besoin de « contrôle », et surtout, d’être constamment rassuré·e.
Un·e évitant·e et un·e anxieux·e peuvent très bien faire couple pendant longtemps : leurs névroses sont complémentaires.

En Polyamorie, il est clair que le fait que l’un·e ou l’autre dans une relation impliquante soit explicitement amené·e à entrer en relations intimes avec d’autres personnes, oblige notamment à prendre conscience de ses réactions et comportements en cas de stress et… à travailler sur son style d’attachement.

Si à chaque fois que mon/ma partenaire passe une soirée avec quelqu’un·e d’autre, je lea rejette parce que j’ai un style d’attachement évitant (Ah tu as envie de passer la soirée avec un·e autre ? Pas de souci, de toute façon je n’avais pas envie de te voir. Et d’ailleurs, je n’ai pas envie de te voir ce week-end non plus !)… ça va vite devenir fatigant, pour l’un·e comme pour l’autre.
De même, si j’ai un style d’attachement anxieux et que je ne supporte pas l’idée que mon/ma partenaire passe la soirée avec quelqu’un·e d’autre parce que j’ai trop peur de læ perdre, que j’ai besoin d’être en connexion constante pour être rassuré·e… là aussi, les relations vont devenir compliquées à vivre.

C’est là que se rappelle à nous… la bonne  nouvelle !!! On peut travailler sur son attachement et le faire évoluer ! Même si on a, à l’origine et dans notre enfance, développé un style principal d’attachement insécure, on peut, dans une relation et grâce à une relation, construire petit à petit un attachement plus sécure, en repérant nos « triggers« , ces boutons qui nous font disjoncter quand ils sont actionnés : au lieu de chercher à les éviter ou – pire – d’accuser l’autre d’en être responsable, on peut choisir de travailler sur eux et d’avancer ensemble, main dans la main, jour après jour. Waouh !

La polyamorie me semble être un outil puissant de développement personnel, une manière d’avancer sur le chemin de sa vie de manière consciente, grâce aux relations positives que l’on choisit de construire.
Je parle de « relations positives », je crois que j’aurais tout aussi bien pu parler de « relations en conscience« .

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #16. Prendre soin

Aujourd’hui je publie mon article plus tard que d’habitude… parce que je reviens du théâtre – où j’ai vu une nouvelle pièce formidable d’Alexis Michalik, Edmond sur le moment de la vie d’Edmond Rostand où il a écrit Cyrano de Bergerac, dans une urgence absolue alors qu’il n’avait rien écrit depuis deux ans (je me suis pas mal retrouvée dans cette créativité de l’urgence !). Puis j’ai pris un pot avec les comédiens, et au moment où je partais en disant « je veux aller finir mon article de blog« , en expliquant la discipline que je me suis fixée à moi-même, une jeune femme dit : « Ah c’est drôle, j’ai lu un article comme ça l’autre jour sur Internet, d’une autrice qui écrit sur les relations positives » ! 
Imaginez mon émotion… et comme par hasard, justement après avoir vu la même scène avec Rostand, où il est au café avec un ami et une jeune femme qui – ne sachant pas que c’est lui – dit tout le bien qu’elle pense d’une pièce qu’il a écrite.

J’ai souvent l’impression d’écrire dans le vide, ou d’écrire avant tout pour moi, parce que j’en éprouve le besoin, pour ancrer ces réflexions en moi, avoir un lieu où les retrouver, et aussi bien sûr, pour mes enfants… et soudain, ce soir, ce blog prend toute sa dimension quand une personne que je ne connais pas m’en parle sans savoir que c’est moi qui l’ai écrit… Waouh ! Merci la vie !

WAOUH

Un chercheur a beaucoup travaillé sur les relations positives au sens où je l’entends — la polyamorie en moins, bien entendu (c’est bien, de mon point de vue, ce qui manque chez tous ces auteurices et théoricien·nes) — : John M. Gottman, qui a notamment écrit Les Couples heureux ont leurs secrets et The Relationship Cure.

 

John M. Gottman commence son livre par une affirmation un peu contre-intuitive par rapport à tout ce qui se dit habituellement en thérapies de couple, et par rapport à ce que j’ai moi-même écrit ici, à propos de « communication » : que la « communication » ne fait pas tout dans un couple, et qu’il ne suffit pas de rétablir le « dialogue » dans une relation pour qu’elle se répare durablement quand elle a été abîmée.

Eh bien oui, en effet ! Pour reprendre l’image de Franklin Veaux et Eve Rickert dans leur remarquable ouvrage écrit à quatre mains sur la polyamorie : More Than Two, une relation est comme une plante dont il faut prendre soin, qu’il faut nourrir, mettre au soleil et arroser, si on veut avoir une chance de la voir survivre et s’épanouir.
Car avez-vous déjà essayé de ressusciter une plante que vous avez oublié d’arroser en plein été et qui a séché au soleil ? Parfois, on y arrive malgré tout, mais parfois aussi… il est trop tard.

De même, réparer une relation quand elle a été abîmée… n’est pas toujours chose aisée, ni garantie.

51+1ROAvV6L._SX331_BO1,204,203,200_La meilleure façon d’entretenir des relations positives avec les gens qui comptent pour vous… est donc de les entretenir au quotidien !

Chaque jour, chaque petit geste, chaque parole sont importantes.

Quand on s’est laissé·e aller à un mouvement d’humeur, quand on s’est laissé·e déborder par nos émotions, quand on n’a pas assez dormi, pas assez mangé, quand on s’est disputé·e avec quelqu’un·e d’autre… et qu’on se comporte mal, même ponctuellement, même une seule fois, avec une personne qui compte pour nous – notre conjoint·e, notre parent, notre enfant, un ami·e, un·e collègue… – il est important de le reconnaître et de faire de son mieux pour réparer, comme je l’ai écrit dans mon article #15. Certes.

Mais avant tout, il vaut mieux travailler à ce que la relation et les différentes interactions restent positives tout du long… – ou du moins, de faire de son mieux pour (4ème accord toltèque  !)

Et que faut-il pour qu’une relation soit « globalement positive » ? Des interactions « positives » !

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De même qu’un sentiment d’amour est constitué, jour après jour, minute après minute, de moments d' »émotions d’amour » partagées (voir à ce propos mon article sur une nouvelle définition de l’amour dans Love 2.0), de même une relation positive se nourrit, jour après jour, de petites interactions positives, les unes après les autres.

Comme l’écrit Anne Lamott dans son remarquable livre sur l’écriture : Bird by bird, ou plus classiquement, step by step – pas à pas, petit geste par petit geste…

C’est ça, d’après John M. Gottman, le « secret » des couples heureux – ou donc, pour l’entendre plus largement, des relations positives – : entretenir le positif au quotidien, de telle façon que quand apparaît un petit souci, chacun·e voit l’autre avec les yeux de l’amour et de la bienveillance, sait qu’il n’y avait aucune « intention » de faire du mal ou de blesser, se raccroche à ce qu’il y a de positif dans la relation, et décide de faire en sorte de résoudre ce petit souci sur le moment… au lieu de le rajouter à une grande liste de doléances et de complaintes, qui, petit à petit, ferait pencher la balance du côté négatif (vous connaissez les images de la cocotte-minute qui à un moment donné, explose, ou bien encore de la collection de timbres, qui, au dernier timbre, fait ressortir toutes les  rancœurs anciennes –  la fameuse « goutte d’eau qui fait déborder le vase ?)

Dans une relation positive entretenue jour après jour, geste après geste, petit mot d’amour après petit mot d’amour, quand quelque chose ne va pas, on peut penser à tout ce qui va bien – qui l’emporte alors sur le négatif.

John M. Gottman avance le ratio de 5 à 1, voire même de 7 à 1 dans un couple, pour que la relation soit positive : pour une critique ou un reproche, il faut auparavant avoir dit 5 ou 7 choses positives. Sinon, petit à petit, le négatif l’emportera et minera, lentement mais sûrement, la relation.

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D’où l’importance de la pensée positive, de la psychologie positive, de toujours valider le positif… et de prendre soin de notre relation au quotidien.

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

21 JOURS pour des relations positives #15. Réparation

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Certes, il semble y avoir des gens qui entretiennent systématiquement des relations toxiques, voire abusives, avec de nombreuses personnes. Des gens qui n’ont que peu de vrai·es ami·es – plus des relations de travail ou de voisinage -, qui se fâchent avec … Continuer la lecture

21 JOURS pour des relations positives #14. Connexion

Hier, j’ai organisé un grand goûter « poly X+ » (pour « sexualité positive »), et une projection rétrospective de mes courts-métrages et de mon dernier film, LUTINE. Moments d’émotions d’amour et de partage en cette journée nationale de commémoration des attentats d’il y a un an.

J’avoue que je redoutais un peu cette journée de souvenir car j’ai du mal, souvent, à ne pas me laisser envahir par les émotions des autres, je me sens « poreuse », je ne sais pas toujours marquer mes limites, et je bascule vite en mode « identification », projection et contagion des émotions.
J’avais alors décidé de faire de cette journée une journée d’amour et de connexions positives, où nous pourrions nous réchauffer les un·es les autres avec des sentiments bienveillants les un·es envers les autres. Résister à la terreur organisée par l’amour, le partage, la solidarité.

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J’ai lu ce matin sur Facebook un post d’un ami proche hier soir :
« Où trouver les ressources pour endiguer la tristesse d’un soir de novembre ? »

Voilà ce que j’ai envie de lui répondre.
Quand la tristesse nous envahit, parfois, il faut juste la laisser être. L’accompagner en nous pendant un temps. L’accueillir. Elle est là pour une raison, elle nous encourage à  nous replier sur nous et à nous ressourcer. La tristesse est importante, elle est même fondamentale. Quand on la repousse, qu’on la refuse… on se coupe de soi-même.

Quand ma fille a vu VICE-VERSAje crois que c’est une des leçons principales qu’elle en a retenues – et aussi, parce qu’elle était contente de voir que ce que j’essayais de lui transmettre dans sa vie de tous les jours était soudain « validé » par un film, alors que la plupart des adultes ont tendance à « chercher une solution » ou « minimiser » quand un enfant pleure : Oh mais pourquoi tu pleures ? Ne pleure pas, ce n’est pas grave !, là où moi, je lui dis au contraire : Je vois que tu as l’air triste : pleure si tu as envie de pleurer, ça fait du bien de pleurer quand on est triste) – : il est important d’accueillir la tristesse en nous, parce qu’elle joue un rôle essentiel dans notre vie.

16579171Inversement, parfois on sent aussi que cette tristesse est induite, contagieuse, qu’elle nous arrive de l’extérieur, ne nous est pas « nécessaire », mais risque au contraire de nous envahir, de nous déborder. Que, si on lui cède, on ne saura plus comment lui échapper… et on se demande comme ‘l’endiguer ».

Une des solutions que j’ai trouvées dans ce cas-là – qui marche pour moi, ce qui ne signifie pas qu’elle peut marcher à tous les coups ou marchera pour vous – est alors dans ce que j’ai fait hier : me connecter à mes ami·es, aux gens que j’aime et qui m’aiment, et qui partagent les mêmes valeurs profondes que moi, à ma « communauté ».

Autrement dit, « faire du lien » – d’après l’expression utilisée par Elaine N. Aron dans The Undervalued Self : du « linking » (je vous renvoie ici à l’article que j’avais écrit à son propos : Des relations en conscience ) – plutôt que du « ranking » : se comparer, regarder les autres, se sentir exclu·e du monde et… déprimer.

inside-out-suis-chere-tristesse-tres-heureux-l-t71fngOui, quand on se sent « down« , parfois, ce qui peut faire du bien, c’est faire du lien, se ressourcer auprès de ses ami·es, des gens qui vous apprécient et vous soutiennent, que vous appréciez et avez envie de soutenir. Se sentir moins seul·e, sentir que l’on fait partie d’une « communauté », qu’il y en a d’autres sur terre qui pensent comme vous, aiment comme vous.

Une des phrases qui m’avaient le plus bouleversée à la fin de JE PENSE TROP, ce livre qui a marqué, je crois, le début de la deuxième partie de ma vie – celle où j’ai commencé à m’accepter telle que j’étais, à ne plus me dévaloriser (ou alors à en prendre conscience et à travailler sur moi…), où j’ai commencé à me vivre, non plus comme un « vilain petit canard » (ce que je m’étais sentie toute ma vie – ah, le syndrome de l’imposteur·trice…) mais au contraire, comme un cygne… – disait en substance ceci (je ne l’ai pas retrouvée, je la cite de mémoire) : « Il existe d’autres Bisounours sur terre, l’enjeu maintenant est de les trouver. »

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C’est, je crois, ce que je m’applique à faire depuis quelques années : définir mes propres valeurs, afin d’attirer à moi des personnes qui les partagent et les partageront, et avec lesquelles je me sentirai en sécurité.

Hâte de lire vos commentaires.

Avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #13. Écoute empathique

Aujourd’hui, 13 novembre, jour de commémoration. « Com-mémoration » : le fait de se souvenir ensemble. Il ne s’agit pas de « mémoire », mais de « mémoration », mot qui paraît plus actif. On agit ensemble le fait de se souvenir ensemble. C’est important pour chacun·e de nous, c’est important pour la communauté : ça fait partie des éléments qui nous soudent les un·es aux autres.
Il est important d’ancrer ces souvenirs traumatiques dans nos mémoires autobiographiques, comme le faisait remarquer il y a deux jours Muriel Salmona, psychiatre spécialisée dans les troubles traumatiques dans un nouvel article du Nouvel Obs’.

Un traumatisme, en effet, s’inscrit directement dans nos mémoires traumatiques, sans passer par l’hippocampe, qui permettrait de le traiter et de l’envoyer dans notre mémoire autobiographique.
En parler, en reparler, revenir dessus, entendre les autres en parler… est certes douloureux, mais fait partie du chemin de résilience. Il nous faut nous accompagner les un·es les autres.

Une écoute empathique, active, me paraît un pré-requis d’une relation positive. L’empathie est la capacité à comprendre et ressentir ce que ressent quelqu’un·e d’autre, sans pour autant se laisser envahir par ses propres émotions.

Une écoute empathique est une écoute où on écoute l’autre, en recevant ce qu’ielle dit et exprime, sans chercher à intervenir, aider, ou conseiller. Juste être là, dans une présence bienveillante. Et c’est à la fois une des choses les plus simples et les plus difficiles à faire.

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J’ai vu il y a deux jours le film Le Client d’Asghar Farhadi, le réalisateur d’Une séparation, mais aussi du Passé et de À propos d’Elly, remarquables. L’histoire : une femme est agressée chez elle, dans l’appartement dans lequel elle vient tout juste de s’installer avec son compagnon. Lui est présenté comme un homme ouvert, intelligent émotionnellement, attentif à sa femme et aux émotions des autres : il est professeur, et comédien. Sauf que face au traumatisme qu’a subi sa femme, il est démuni, il ne sait plus faire, et il craque… parce qu’il ne connaît pas le fonctionnement du cerveau.
Il lui reproche notamment à un moment ce qu’il ressent de sa part comme une « incohérence » : elle refuse qu’il la touche la nuit… mais reste collée à lui la journée. Il l’interprète donc avec sa propre grille de lecture, par rapport à lui-même, et sans être attentif aux messages que elle lui envoie.
Car bien sûr, aucune « incohérence » dans son comportement dissocié : elle a été agressée et ne supporte donc plus le contact physique qui doit lui faire revivre l’agression… et par ailleurs, elle est terrifiée à l’idée de rester seule dans la journée, car vivant dans la peur que ça ne recommence.

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Seule solution dans ce cas, comme face à tout trauma : écouter, accompagner, entendre ses émotions à elle – et cela prendra du temps avant qu’elle ne puisse à nouveau se sentir en sécurité.
Quand il juge, prescrit, conseille, reproche… (tu pourrais ceci ou cela, prendre sur toi, faire des efforts…), elle se referme sur elle-même, repart dans la chambre, s’assoit sur le lit, lui tourne le dos. Ce n’est pas de la mauvaise volonté de sa part : elle n’a juste plus accès à ses fonctions cognitives habituelles, elle est comme un oiseau tombé du nid, en totale sidération, en panique.
Petit à petit, à ne pas être à l’écoute de sa femme, à faire passer ses priorités à lui avant celles de sa femme, à ne pas tenir compte de ce qu’elle lui demande, il se coupe d’elle et de leur relation.
Le Client est un film tragique… et poignant.

Aujourd’hui, 13 novembre, jour de commémoration et de souvenir. Partage, émotion, compassion, empathie, solidarité. Et résistance. Amour, tendresse, plaisir, célébration et présence à la vie.

Avec amour, compassion et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #12. Sécurité

Je parlais hier de besoin de sécurité dans une relation pour qu’elle puisse être considérée comme « positive ». Il se trouve que c’est aussi le premier des besoins fondamentaux selon William Glasser dont j’ai parlé dans mon article #4.

Se sentir en sécurité dans une relation, cela veut dire ne pas s’y sentir stressé·e, menacé·e ; sentir qu’elle est stable, qu’on peut compter dessus.

L’autre jour, j’ai assisté à une dispute entre deux amoureuxes. L’homme a dit quelque chose à la femme, qu’elle a mal vécu : ça l’a renvoyée – elle en avait conscience – à des relations antérieures abusives, et son corps s’est mis en résistance. Elle était en colère, mais cette colère cachait aussi la peur de se retrouver à nouveau dans une relation abusive.
Alors elle s’est défendue, du mieux qu’elle a pu sur le moment, en mettant en cause leur relation, afin de tenter de lui faire comprendre à quel point c’était important pour elle : « Si tu me parles sur ce ton, c’est fini entre nous. »
Sauf que lui, au lieu d’entendre sa peur, s’est à son tour senti menacé et a réagi sur le même mode de défense agressif« Vas-y, fais ta crise ! », dévalorisant sa réaction. Résultat : souffrance de part et d’autre. Que de gâchis.

On n’est pas très loin des extrêmes des enfants quand ils sont très en colère, dont on sait qu’on ne doit pas les prendre au premier degré : Elle m’a dit qu’elle n’était plus ma copine, ou Tu n’es plus ma mère ! Je ne suis plus ton fils ! 

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La première « règle » que l’on s’impose, mon aimé et moi-même, c’est précisément de ne pas remettre en cause notre relation sous le coup d’une émotion.

Si quelque chose ne nous convient pas, on exprime notre émotion : Je suis fâché·e ; j’ai peur ; voire : Quelque chose ne me convient pas et j’ai besoin qu’on en reparle, mais plus tard, car là je suis trop énervé·e… 
On sait qu’on tient l’un·e à l’autre, et que parfois, l’autre peut faire ou dire quelque chose qui nous insécurise… sans que cela remette pour autant en cause notre relation.

Il me semble que cette règle de respect et fiabilité de la relation peut aussi être valable dans des relations moins impliquantes, par exemple entre ami·es.

Il est important en effet de pouvoir dire les choses qui nous mettent mal à l’aise – sans que l’autre ne le « prenne mal » ou ne le prenne « personnellement », en se sentant visé·e en tant que personne.
C’est tout l’objet du 2nd accord toltèque : ne rien prendre personnellement.

Évidemment, il est important que nous soyons capables de nous exprimer en communication positive : parler de nos émotions, sensations, ressentis, sans faire des reproches ou des critiques à l’autre.
Dire par exemple : Quand tu arrives avec un quart d’heure de retard sans m’avoir prévenu·e, je me sens en colère, car j’ai un besoin de prévisibilité ;
et non : Comme d’habitude, tu ne fais pas attention aux autres ! Ou : Tu t’en fous de moi !

De manière générale… évitons les généralités ! Les jamais, toujours, comme d’habitude, une fois de plus… Évitons les TU et parlons au JE.

Si en revanche, alors que l’on s’exprime en communication non violente, la personne en face réagit « mal », se sent accusée injustement, et entre en défense ou en justification… alors ça peut devenir compliqué.

Avez-vous par exemple dans votre entourage des personnes avec lesquelles vous avez l’impression de « marcher sur des œufs » ?
Si on sait d’expérience qu’une personne peut facilement « prendre la mouche », et mal interpréter l’une de nos remarques, on va avoir tendance à éviter l’explication, pour ne pas envenimer la relation… et c’est la fuite en avant dans la non-communication : le malaise grandit, la personne en face va sentir notre réserve, et nous-même n’oserons plus aborder certains sujets.

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Prenons l’exemple d’un couple dans lequel l’un·e aimerait qu’ielles s’ouvrent à des relations tierces. S’ielle exprime son désir et que l’autre le prend comme une offense personnelle (Ça veut dire que tu ne m’aimes plus ?), il lui deviendra difficile de revenir sur le sujet… Ielle aura alors le choix de se résigner et se frustrer… ou bien de suivre son désir sans plus en parler à l’autre : nous voilà alors dans l’adultère classique, malheureusement si souvent induit par le fait que l’un·e des deux ne veut pas entendre parler d’ouvrir le couple.

Quand, à 21 ans, mon partenaire d’alors m’a dit : Si j’apprends que tu m’as trompé, je te quitte, je me souviens avoir pensé : Tu me demandes donc de te mentir le jour où ça m’arrivera. 

Une relation « positive » est-elle possible dans le mensonge et la dissimulation ? 

Sans pour autant aller jusque-là, si quelque chose me blesse dans l’attitude ou le comportement d’un·e ami·e ou d’une relation et que je ne peux pas lui en parler car je crains sa réaction, alors je vais me sentir en porte-à-faux dans la relation, puis assez vite je vais me retrouver dans l’évitement, et petit à petit, la relation perdra son sens pour moi.

Une relation se fait à deux. On ne peut jamais changer l’autre, ni lea contrôler : on n’a de prise que sur sa moitié de la relation, comme si on était chacun·e à un bout de la corde.

Faisons en sorte

  • d’avoir nous-même une parole « impeccable », comme le dit le premier accord toltèque ;
  • de ne rien prendre personnellement (2ème) ;
  • de ne pas faire de supposition sur ce que pense l’autre : demandons-le lui si on a un doute (3ème) ;
  • et dans tous les cas, faisons de notre mieux (4ème).

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Et si, malgré tous nos efforts pour une communication positive, nous nous retrouvons dans une relation douloureuse, dans laquelle on a l’impression de ne pas pouvoir être sincère et authentique, alors parfois, il peut être nécessaire de mettre fin à une relation, ou de la faire évoluer vers une relation moins proche, moins impliquante.

Car à mon sens, une relation positive est une relation dans laquelle on sent qu’on peut être nous-même, et que si quelque chose nous pose problème, on pourra en parler, sans que l’autre ne se sente remis·e en cause personnellement et ne remette en cause notre relation.

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

 

 

21 JOURS pour des relations positives #11. Paix

Entre les élections américaines le 9 et le premier anniversaire des attentats du 13 novembre, nous voici pile au milieu : le 11 novembre. Il y a pile cent ans, en 1916, on était au beau milieu de la guerre de 14-18.

Mes quatre arrière-grands-pères ont fait la guerre. Deux étaient originaires d’Ardèche, deux de l’Allier. Ils étaient nés en 1890, 1895, 1896,1899. Ils sont devenus instituteurs, percepteur des impôts, agriculteur.
Le premier a enchaîné trois ans de service militaire avec quatre ans de guerre. Il ne s’en est jamais remis, et a fait une tentative de suicide. C’est en lui faisant promettre que plus jamais il n’attenterait à ses jours que celle qui est devenue mon arrière-grand-mère lui a proposé de l’épouser.
Le deuxième a reçu un éclat d’obus dans le genou : il en a gardé une jambe raide toute sa vie, sur laquelle j’aimais m’asseoir quand il me racontait des histoires.
Le troisième a reçu un éclat d’obus dans son coude… et n’a jamais plus pu s’en servir.
Le quatrième, plus jeune, s’est enrôlé volontaire… et a été remobilisé en 1940.
Quelles vies !
Quand on les a enrôlés dans l’armée, ils avaient entre 18 et 21 ans.
Des enfants.

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Quel rapport avec les relations positives, me direz-vous ?
Ma certitude que c’est en travaillant chacun·e de nous sur nous-mêmes, en étant nous-mêmes des « role models » de communication non-violente et positive dans nos relations avec nos enfants, nos conjoint·es, nos collègues, nos voisin·es… qu’on a le plus de chances de, petit à petit, transformer la société autour de nous.

Un des credo de l’association ManKind Project (MKP, et en France mkpef.org) dont mon aimé fait partie est : changer le monde, un homme à la fois. Et j’ai en effet eu l’impression, le jour même où il a rencontré ces autres hommes qui travaillent sur eux-mêmes, dans la solidarité, la compassion et la bienveillance les uns envers les autres, insistant sur le non-jugement et la tolérance, que non seulement sa vision du monde avait changé, mais aussi ses relations avec les autres, et notamment les autres hommes.

Notre société élève les hommes dans la compétition les uns envers les autres, la rivalité :  « l’un… ou l’autre ».
Et si c’était « l’un ET l’autre » ? Et si, au lieu d’être rivaux, ennemis, concurrents, ils étaient compagnons, solidaires, frères ?

Si, au lieu de se comporter comme des gorilles, à qui sera le plus fort et remportera la femelle… les hommes se comportaient comme des bonobos, en partenariat, complicité, compassion ?

Henri Cartan, le doyen des mathématiciens européens quand je l’ai filmé en 1995, m’a raconté son souvenir de l’armistice de 1918 : le 11 novembre 1918, il avait 14 ans.

Plus jamais ça. Travaillons, chacun·e de nous, à la paix. Pour reprendre la citation de Gandhi : Soyons le changement que nous voulons voir.

ob_24935f_sois-le-changement-que-tu-veux-voir-daEt pour rendre cet article plus vrai, plus juste, plus fort… je vous glisse ci-dessous les livrets militaires de mes quatre arrière-grands-pères.

Hâte de lire vos commentaires.

Commémoration, amour et paix.
Isabelle

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21 JOURS pour des relations positives #10. Consentement

Le consentement est un sujet récurrent dans ma vie ces derniers temps. À plus d’un titre. Les premières qui m’ont fait prendre conscience de l’importance du consentement sont les créatrices de la « Conférence gesticulée sur le consentement », que j’ai eu la chance de voir à Paris il y a quelques mois. Depuis, tout m’y ramène.

Au mois de mai, à l’OpenCon en Catalogne où je présentais mon film LUTINE, j’ai assisté à un atelier qui m’a bouleversée, inspiré des travaux de Betty Martin sur « the Wheel of Consent » (la roue du consentement) : j’y reviendrai de manière plus détaillée, à coup sûr.

Dès que l’on commence à s’interroger sur les relations positives et sur quel type de relations on souhaite entretenir avec les personnes autour de nous, c’est évidemment une question que l’on est amené·e à se poser à chaque seconde, non seulement dans nos relations amoureuses, mais bien plus largement avec nos enfants, nos ami·es, nos voisin·es…

Si je te propose quelque chose et que tu réponds « oui », est-ce que c’est un « vrai oui » ? Ou est-ce que d’une manière ou d’une autre, tu t’y es senti.e obligé·e, contraint·e ? Est-ce que tu t’es senti·e piégé·e, coincé·e ? Est-ce que tu as eu peur des possibles conséquences ou « représailles » si tu disais non ?
T’es-tu même seulement senti·e autorisé·e à te demander à toi-même si tu avais « vraiment envie » de dire oui, ou si le non ne semblait tout simplement pas une option ?

À quel moment sort-on de la « roue du consentement » et franchit-on la limite qui nous fait basculer du côté de l' »abus », voire de l’agression, ou de la transgression ?

Quelqu’un·e qui « prend » quelque chose à quelqu’un·e d’autre qui le lui a librement et pleinement consenti, avec plaisir et enthousiasme… c’est super ! Les deux sont gagnant·es (case en haut à droite). Mais quelqu’un·e qui franchit la limite et sort de la roue du consentement, « prenant » sans que l’autre en face ne l’y ait totalement autorisé·e… passe dans la case hors de la roue : dans l’abus (j’y reviendrai dans un article qui sera consacré à cette roue, qui me paraît un outil fondamental depuis que je l’ai découvert).

En France, on entend souvent l’expression : « NON, c’est NON. »
Je l’ai par exemple souvent entendue scandée dans les manifestations contre les violences faites aux femmes, contre le viol ou toutes formes d’agressions sexuelles.
Ça nous vient peut-être aussi de souvenirs de notre enfance. Quand un enfant insiste : « Mais pourquoi ? », on lui répond souvent : « Parce que c’est comme ça ! » ou bien alors cette formule : « parce que NON, c’est NON ».

Sauf que pour moi, « non, c’est non »… ne suffit pas. Et depuis que je l’ai découverte sur des sites de nos ami·es du Québec, j’ai faite mienne cette expression : SANS OUI, C’EST NON !

Sans oui c'est non

Si, quand vous posez une question à quelqu’un·e, la réponse ne vous apparaît pas explicitement positive (Oui bien sûr ! Avec plaisir ! Évidemment ! À ta disposition !), mais plutôt dans le genre « mou du genou » (Pourquoi pas ? Il faut que j’y réfléchisse. Ça pourrait se faire. On en reparle ?), alors appliquez cette règle : Sans OUI, c’est NON.

La manière dont on formule une demande est importante.
Quand j’ai un service à demander à ma voisine par exemple, je prends toujours la précaution de préciser : Sens-toi libre de dire nonOu Aucune obligation bien sûr : si ça t’embête, je trouverai une autre solution.

Je préfère sans aucune hésitation quelqu’un·e qui sait me dire « Non, pas aujourd’hui » ou « Je ne préférerais pas » plutôt que quelqu’un·e qui me dirait toujours « Oui », mais dont je sentirais qu’en réalité, ça l’embête… ou qui ne me demanderait jamais rien en échange.

L’idée est de faire en sorte que la personne à qui vous avez quelque chose à demander se sente toujours totalement libre de vous dire oui… ou non, sans conséquence aucune pour votre amitié, votre relation, ou la suite de vos échanges.

Et ce que je présente là comme un échange de services entre voisin·es vaut évidemment pour l’ensemble de nos relations, et notamment nos relations amoureuses… et sexuelles.

Il est temps, plus que temps, que l’on apprenne à demander explicitement avant de toucher quelqu’un·e d’autre. Et il est important que l’on fasse une demande de façon à ce l’autre se sente totalement libre de dire non… sans que ça ne remette en cause la relation.

Helping hands, male hand takes young female hand

Un exemple concret ? Il y a quelques mois, j’ai été confrontée au cas d’un homme, dans un cercle d’ami·es, qui, quand il me disait bonjour, me tenait par la taille un peu trop longtemps à mon goût. Ça ne me mettait pas très à l’aise, et je me suis dit que peut-être, j’avais pu lui laisser croire, par une attitude un peu « trop » ouverte (ah, le sentiment de culpabilité…) que j’étais disponible pour une relation qui dépasserait le cadre strictement amical. Alors j’ai essayé d’être plus distante, plus froide. Ça n’a pas suffit. Il me prenait par la main, parfois. Et je ne savais pas comment la retirer.
Je ne me suis jamais sentie en « danger » – aussi sans doute parce que je n’ai jamais eu l’occasion (je m’en serais bien gardée…) de me trouver dans une pièce seule avec lui : nous ne nous voyions que dans un cadre public, entouré·es de nombreuxes ami·es.

Malgré tout, je me demandais, semaine après semaine, comment faire en sorte qu’il ne me prenne plus la main, alors que je n’en avais, moi, pas envie. Et je n’osais pas le lui dire explicitement, de peur de le blesser : je me disais qu’il ne « pensait pas à mal », qu’il se sentirait mortifié de ne pas s’en être rendu compte lui-même, j’espérais qu’il saurait lire mes signaux non-verbaux. Mais non.

J’ai fini par faire part de mon malaise à des amis communs, afin qu’ils puissent me venir en « aide » s’ils me voyaient en difficulté. Ils ont pris sur eux de lui parler : ça a libéré ma parole, nous nous sommes expliqué·es, et tout s’est arrangé.

Au final : des semaines de malaise, au cours desquelles j’avais fini par adopter une stratégie d’évitement : j’y pensais à l’avance et me demandais comment faire pour éviter de me trouver « piégée ».

Comment cet homme aurait-il pu s’y prendre autrement ?
En me demandant : J’aimerais beaucoup te tenir la main, est-ce ok pour toi ?
J’aurais alors pu y penser, et me serais sentie « autorisée » à répondre non : Je suis heureuse que tu me poses la question, et justement, je ne préfère pas. Je t’aime beaucoup comme ami, mais je ne ressens aucune attirance physique envers toi.

Et pourquoi cet homme ne me l’a-t-il pas demandé ? Sans doute parce qu’il a eu peur de cette réponse ! Parce que, tant qu’il ne pose pas la question, il peut me tenir la main !
CQFD.

La question est bien alors : quel genre de relations voulons-nous ?
Cet homme a-t-il conscience même de mon malaise ? Ne serait-il pas plus satisfaisant pour lui de peut-être tenir la main à moins de femmes… mais qu’elles en aient elles aussi vraiment envie ?

Des relations contraintes, forcées, où dès qu’ielle en a la possibilité, l’autre s’échappe… sont-elles / peuvent-elles être satisfaisantes ?

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Nous devons apprendre à demander mais aussi apprendre à recevoir un non, sans pour autant le prendre personnellement (3ème accord toltèque) et sans en vouloir à la personne qui nous dit non, qui a sans doute tout plein de raisons – qui lui appartiennent – de nous dire non.

Par ailleurs et inversement, nous devons non seulement apprendre à dire non, mais aussi apprendre à dire oui. Pour que nos « oui » aient une vraie valeur de « oui », et pas ce côté « mou du genou ».

Sauf que, pour pouvoir dire non, on a besoin de se sentir… en sécurité !
Voilà, le mot est lâché : SÉ-CU-RI-TÉ !

À suivre… car j’ai l’impression, là, de seulement commencer à dérouler la pelote.
Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour, compassion pour celleux d’entre vous qui souffrez – je pense notamment à tou·tes mes ami·es américain·es chez qui des souffrances physiques refont surface depuis hier-, et bienveillance,
Isa