ÉTHIQUE RELATIONNELLE #4. Qu’est-ce que l’éthique ?

À la fin de mon article #3 qui définissait la polyamorie comme « la possibilité de relations plurielles consensuelles et éthiques », Chloé m’a écrit en commentaire :

Pourrais tu définir le mot éthique de manière générale ? Pour moi, tu as écrit la définition pour toi de ce qu’est une relation éthique, mais je pense pour les lecteurs, il faudrait que ce mot soit clair pour que chacun ensuite puisse définir ce qu’est une relation éthique, vu qu’il y a plein de manière de vivre la polyamorie.

Merci Chloé ! Je crains en effet que, de parenthèse en parenthèse (#2. Pourquoi je choisis de parler de « polyamorie » plutôt que de « polyamour » ; #3. Qu’est-ce que la polyamorie ? Des relations consensuelles et éthiques »), je n’aie fini par perdre mes lecteurices !

Je propose donc un petit retour en arrière « logique », pour préciser ma démarche ici.

Il y a un an, j’ai écrit 21 articles d’un Voyage en Polyamorie : en m’inspirant de la structure du Voyage du héros et du Parcours de l’héroïne, deux livres essentiels pour moi en termes d’écriture dramaturgique, j’y explorais la polyamorie « de l’intérieur » – comment on peut y venir, et être amené·e à faire face aux défis que cela pose parfois, notamment d’un point de vue émotionnel.

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Il y a six mois, j’ai éprouvé le besoin d’aller « plus loin » que la polyamorie, en travaillant sur ce que j’ai appelé des relations « positives » : m’inspirer des outils de communication et de gestion des émotions découverts en polyamorie, pour les appliquer à toutes nos relations.

J’ai alors soudain pris conscience qu’en choisissant de réaliser LUTINE plutôt que le documentaire sur les violences psychologiques sur lequel je travaillais en parallèle, j’avais choisi le verre à moitié plein, plutôt que le verre à moitié vide : le côté positif des relationsce qui fait du bien et vous pousse à devenir le meilleur de vous-même… plutôt que ce qui fait du mal, et vous mine de l’intérieur.

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Les « relations positives » ou en conscience, auxquelles j’étais arrivée par la polyamorie, seraient donc la face lumineuse, inversée, des relations abusives ?

Étant de nouveau malgré moi confrontée à des comportements que je considérais comme « abusifs », je me suis alors demandé :  qu’est-ce qui me fait dire que c’est « abusif » ? Qu’est-ce qu’une relation abusive verbalement, émotionnellement ou psychologiquement ? Comment la reconnaître, quels sont les « trucs » qu’on peut apprendre à repérer, comment y faire face ?

D’où cette idée de l’éthique : est-ce que réfléchir à l’éthique des relations, à ce mot « éthique » dans « des relations consensuelles et éthiques », pourrait m’aider à mieux comprendre ce que je suis en droit d’attendre d’une relation, et ce que je me dois d’y apporter moi aussi ?

C’est donc l’enjeu de ce nouveau voyage que j’entreprends. Et je n’ai évidemment pas, du moins pour l’instant, les réponses aux questions que je me pose : je me dis que, comme souvent, ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage lui-même !

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Donc : de quoi parle-t-on quand on parle d’éthique ? Quelle différence entre « l’éthique » et la « morale » ?

D’après Roger Pol-Droit, qui a écrit L’Éthique expliquée à tout le monde (je cite mes sources !), le mot « éthique » viendrait du grec ancien ἦθος, êthos, qui signifierait « étude du comportement dans un milieu donné », et par extension, « mœurs, coutumes » ; mais aussi, souci de l’autre : faire en sorte qu’un être vivant se sente « bien » dans un milieu donné.

Et le mot « morale » viendrait de l’équivalent en latin, mos, mores : les mœurs, là aussi.

Globalement, il explique que pendant des siècles, depuis les Grecs, Socrate et Platon, Aristote, les Épicuriens, les Stoïciens… jusqu’à Spinoza et son Éthique, réfléchir à l’éthique aurait correspondu à réfléchir au bonheur : qu’est-ce qui nous rend heureuxes, nous et l’autre ? Qu’est-ce qui nous fait du bien, par opposition à qu’est-ce qui nous fait du mal ?
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Ce n’est qu’avec Kant qu’en réalité, aurait été introduite l’idée de « devoir » : qu’est-ce que je « dois » faire, dans un sens qui pourrait s’appliquer à tout le monde de la même manière ?
(Que les vrai·es philosophes me pardonnent mes raccourcis, et n’hésitent pas à rectifier, préciser, amender… J’assume mon incompétence en me disant qu’après tout, ce qui compte, c’est ce que j’en ai retenu, et qui peut m’être utile dans ma vie de tous les jours).

Pour moi, le souci de l’autre et de son bien-être est donc présent dès le départ, car si je me fais du bien au détriment de quelqu’un·e d’autre, cela ne peut certes pas être généralisé à tout le monde.
L’enjeu devient donc rapidement : comment je dois me comporter pour faire du bien à l’autre, ou tout du moins, ne pas lui faire de mal, tout en étant heureuxe moi-même ?

On retrouve là le serment d’Hippocrate : primum non nocere : d’abord, ne pas nuire, ni à moi, ni à autrui.
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Par ailleurs, petit à petit, la différence entre la morale et l’éthique se serait posée entre d’un côté, la « morale » qui serait donnée par la société, la culture : ce qui serait transmis de génération en génération, qui existerait avant nous, et pour tout le monde pareil ; et de l’autre, l’éthique, au sens de ce qui serait plutôt à définir.

D’un côté, quelque chose d’un peu « rigide », donc, l’idée de « la norme », qui s’imposerait de l’extérieur ; de l’autre, quelque chose de plus complexe, plus souple aussi.

En complément, pour l’éthique, on aurait aussi d’un côté, le sens général, les grands principes (genre les « valeurs » ou les « vertus » : honnêteté, fidélité, fiabilité, souci de l’autre) ; et de l’autre, ce qui correspond plus à chacun·e d’entre nous, et va s’appliquer différemment selon chaque cas particulier.

C’est à cela que je réfléchirai demain : à la tension entre la « norme » et ce qui me rend heureuxe moi, en particulier, et qui ne correspond peut-être pas à la « morale » générale à laquelle l’ensemble de la société ou de la culture voudraient me faire adhérer…

Hâte de lire vos commentaires… Pas simple, tout ça…

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #3. Relations consensuelles et éthiques

Je termine ici en réalité mon article #2 sur la polyamorie définie comme : « la possibilité de vivre en parallèle plusieurs relations intimes consensuelles et éthiques« .

L’éthique fait pour moi partie intrinsèque de la polyamorie dès la création même du mot : en effet, si l’on en croit le récit de Deborah Anapol dans son livre Polyamory: The New Love Without Limits – repris par Alan McDonald sur son site polyinthemedia – le terme polyamory aurait été inventé par Oberon et Morning Glory Zell à la fin des années 80 pour remplacer en positif l’expression responsible non-monogamy.

L’idée était de définir les relations multiples possibles entre plusieurs partenaires adultes et librement consentants en un seul mot :

  • à la fois de manière positive, et non plus sous la forme d’un « non-quelque chose » (« non-monogamie ») ;
  • et en incluant leur côté « responsable », qu’on peut comprendre comme un équivalent de « éthique » – par opposition avec les formes de non-monogamie qui ne le sont pas.

Certes, nos relations devraient toujours être consensuelles et éthiques.

Oui, mais voilà, dans les faits, elles ne le sont pas, et insister sur le côté éthique des relations poly permet de les distinguer d’autres formes de non-monogamie :

  • la polyamorie n’est pas la polygamie : où il s’agit d’unions ou de mariages (du grec ancien γάμος, gámos : union, mariage), et qui est a priori, non égalitaire ;
    là où la polyamorie est égalitaire et féministe : chaque partenaire a les mêmes droits, quel que soit son genre, son âge, son orientation sexuelle ou relationnelle.
  • la polyamorie n’est pas de l’infidélité ou de l’adultère : puisque par définition, dans l’adultère, l’un·e des partenaires n’étant pas au courant, ielle ne peut pas être consentant·e.
  • enfin, la polyamorie n’est pas le libertinage, qui est une non-exclusivité consensuelle, certes, mais principalement liée à la sexualité ; là où la polyamorie insiste sur des relations entre les partenaires (qui peuvent d’ailleurs être asexuelles).

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J’insiste aussi sur le mot de « possibilité » – et non pratique dans les faits – de vivre des relations plurielles : comme le dit Françoise Simpère dans LUTINE, l’important est « que la porte soit ouverte, pas de la franchir tous les jours. »

Pour moi, la polyamorie comprend ainsi en réalité ce que j’ai défini comme une « monogamie positive« , qui serait choisie en conscience par deux partenaires qui décideraient d’être monogames tant que ça leur convient à l’un·e et à l’autre, tout en se mettant d’accord que si l’un·e des deux a un jour envie d’ouvrir leur relation, ielles pourront en parler, sans que cela ne la remette en question.

Quand on parle d’éthique, par définition, on tient compte du consentement de l’autre : libre, éclairé et révocable.

On parle ici de culture du consentement : chaque partenaire d’une relation est au courant, et d’accord, sur ses modalités.

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Pour moi, cette culture du consentement s’oppose à deux autres formes malheureusement trop souvent vécues, voire subies, dans les relations :

  • d’une part à ce qu’on appelle la « culture du viol », où l’un·e prend le pouvoir sur l’autre et nie son ressenti, l’accusant en miroir d’être responsable de la situation ;
  • d’autre part et plus largement, à la violence et aux relations abusives “ordinaires”. J’y reviendrai plus en détails : c’est en réalité une de mes motivations pour écrire ici.

 

Aujourd’hui plus que jamais, je souhaite parler ici d’éthique, de respect, et d’amour.

Avec amour, soutien, et bienveillance,
Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #2. « Poly-quoi » ? Amorie. Polyamorie.

Aujourd’hui, je vais vous parler de polyamorie.

Hein ? De poly-quoi ? Tu veux dire « polyamour » ?
– Non non, je dis bien « poly-amorie ». Je vais parler de polyamorie. 

Bon. Je vous propose, avant de parler de ce dont il s’agit (ça sera l’objet de l’article de demain : Polyamorie : de quoi parle-t-on ? De relations consensuelles et éthiques), que l’on se mette d’accord sur un petit point de vocabulaire.

En effet, contrairement notamment aux créateurs du site polyamour.info en 2008, je choisis moi, de « traduire » en français le néologisme américain « polyamory » non pas par « polyamour », mais par « polyamorie ». Comme les Allemand·es et les Néerlandais·es, qui disent « Die Polyamorie« , et non de « Die Polyliebe » (je me dis que si les créateurices du mot « polyamory » avaient voulu parler de « poly-amour », ielles auraient créé « poly-love« ).

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Ah, donc « polyamour » ou aujourd’hui « polyamorie » que tu nous proposes, est une traduction à l’origine d’un néologisme américain ?

Voilà. Polyamory est à l’origine composé d’une racine grecque – poly : plusieurs – et d’une racine latine – amor : amour (on est d’accord, ça ne se « fait pas », de mélanger comme ça le grec et le latin : c’est pourquoi certain·es proposent « multiamory«  ou « polyphilia«  !). Et en même temps… ben voilà, quoi : le mot existe et est même entré dans le Oxford Dictionary (certes avec une définition foireuse : personne n’est parfait·e…).

OK. Va pour polyamory. Mais donc, pourquoi « polyamorie » et non « polyamour » ?

Parce qu’en français, quand on entend le mot « amour », on pense souvent à l’Amour avec un grand A ; autrement dit, la passion amoureuse. On pense à « être amoureuxe ».
Or si, quand on choisit de vivre en Polyamorie, il est en effet possible de vivre plusieurs relations amoureuses (au sens de « romantiques ») en parallèle – tant que toutes les personnes concernées sont au courant et d’accord : c’est là qu’on parle d’éthique, et nous y reviendrons, puisque c’est le sujet même de cette série d’articles ! – la polyamorie est en réalité plus largement la possibilité de vivre en parallèle plusieurs relations intimes – qu’elles soient amoureuses ou non, sexuelles ou non – dans un cadre consensuel et éthique.

On peut en effet être « poly » et aromantique, « poly » et asexuel·le.

Quand on parle de polyamorie – i.e. de relations plurielles ou non-exclusives éthiques – on ne parle en effet pas d' »Amour » – en tout cas, pas nécessairement.
Or en français, comme on entend « polyAmour » (et c’est la même chose en italien avec poliamore, et en espagnol avec poliamor), on croit comprendre de quoi il s’agit : de plusieurs « amours » ou relations « amoureuses ». Mais non. Ça peut, mais pas seulement.

De même avec l’adjectif « polyamoureuxe. » En anglais, « polyamorous » ne veut pas dire « être amoureuxe de plusieurs personnes », mais « être attiré·e » par (attracted to) plusieurs personnes (définition dans le Oxford Dictionary: Showing, feeling, or relating to sexual desire. Ah oui, zut, on a dit qu’il était nase pour « polyamory » !)

Comment on fait alors, pour l’adjectif ? Je propose « poly« , tout simplement (ça marche à tous les coups et dans toutes les langues) ou bien alors, comme la forme nominale « polyamorist » en anglais : « polyamoriste » (bon, j’admets, c’est pas très joli…).

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POLY-QUOI ? 

En anglais, quand quelqu’un·e qui n’a jamais entendu parler de polyamory entend le mot pour la première fois, ielle est obligé·e de poser la question : de quoi s’agit-il ?

En français, en revanche, si on parle de « polyamour », il se peut que la personne se dise : « Si je suis amoureuxe de maon partenaire ET de mon amant·e, ça fait de moi un·e polyamoureuxe. »
Eh bien… non !

Car si l’adultère est (comme la polyamorie) une forme de non-exclusivité, elle est (contrairement à la polyamorie) non-consensuelle… donc non-éthique : puisqu’au moins une des personnes n’étant pas au courant, elle ne peut être d’accord.

Vous me suivez ? (Si non, pas de panique : ce sera tout l’objet de l’article de demain !) 

L’idée, en adoptant le mot « polyamorie », est donc de créer la même interrogation chez notre interlocuteurice en français, qu’en anglais : Pardon, tu peux répéter ?  Poly… quoi ? De quoi tu parles ? Jamais entendu ! 

Et hop, le tour est joué, et on peut commencer à définir… et à parler consentement, éthique, tout ça, quoi.
Et ça… c’est pour demain !

Hâte de lire vos commentaires,
avec plaisir, amour et bienveillance,
Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #1. Intentions

Une nouvelle série d’articles de blog ? Eh bien, oui ! Ils m’aident à clarifier mes pensées, me procurent une gratification immédiate (objectif quotidien tenu !), je suis heureuse de les relire plus tard et de mesurer ainsi le chemin parcouru… Que du bon !

Donc après
13 jours devenus 21 de pensée positive, en novembre 2014
21 jours de Mindsight en novembre 2015
– 21 jours d’un Voyage en Polyamorie en mai 2016
21 jours + 1 pour des relations positives en novembre 2016

… me voici aujourd’hui repartie pour 21 articles à propos… d’éthique des relations.

« Éthique » ? Ouh là ! Kezako ? De la philo ?!
En partie, oui, mais pas seulement, et je ne manquerai pas d’y revenir.
Précisément, la question s’est posée il y a quelques mois au cours d’un café poly à Paris, et je me suis alors rendu compte que j’utilisais ce mot d' »éthique » pour décrire la polyamorie – la possibilité de vivre en parallèle plusieurs relations dans un cadre consensuel et « éthique » – sans peut-être y avoir suffisamment réfléchi de mon côté.

éthiqueParallèlement, je travaille depuis plusieurs mois sur ce qu’on appelle les relations « abusives », et notamment « verbalement abusives » (car il est souvent difficile de reconnaître qu’il s’agit d’abus quand ce ne sont « que des mots », alors même que des mots peuvent être autant dévastateurs que des coups).

En effet, alors que je pensais en avoir fait le tour il y a quelques années, ayant (beaucoup) lu à ce sujet en français (j’en ai même écrit un projet de documentaire, et créé un site pour répertorier des articles et liens), voici qu’une amie m’a mise sur la piste d’auteurices américain·es… qui ont bouleversé ma manière de voir – sans doute aussi grâce à mon travail autour de la Mindsight et de la Communication non-violente® : tout se recoupe, se connecte et, petit à petit, fait sens.

J’avais donc envie de transmettre tout ce que j’avais compris… sauf que l’idée de n’écrire que sur les relations abusives me déprimait d’avance.

Par ailleurs, moi qui ne suis ni psychologue, ni coache, professeure, chercheuse ou philosophe, je le sais, je tire ma « légitimité » pour écrire, des relations plurielles et de la polyamorie – grâce à LUTINE bien sûr, mon film, aux (très) nombreux livres que j’ai lus et groupes de discussion auxquels j’ai participé, mais aussi à mon expérience personnelle.

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Depuis quelques mois, je me surprenais à dire ou penser des choses telles que : On n’a pas le *droit* de traiter les gens comme ça, de parler comme ça ; Au nom de « quoi » je me permettrais de…? ; On peut dire des mots qui font plaisir, mais pas des mots qui blessent… 

D’où petit à petit, cette idée d’opposer les relations abusives aux relations positives et à la polyamorie… via une éthique des relations : Qu’est-ce qui fait du bien – ou pas ? Qu’est-ce qui permet de maintenir le lien – ou pas ? Qu’a-t-on a le « droit » de dire – ou pas ? Qu’est-ce qui a du sens – ou pas ?
Voici ce sur quoi je voudrais réfléchir dans ces articles. Le tout, mâtiné bien sûr de communication compassionnelle et d’accueil des émotions.

C’est avec cet objectif en tête que j’ai lu coup sur coup deux (courts) ouvrages qui m’ont confortée dans la direction que j’avais choisie : Paroles toxiques, paroles bienfaisantes : Pour une éthique du langage, et L’Éthique expliquée à tout le monde.
Ethique de la paroleEthique expliquée

Demain, je reviendrai sur la polyamorie : de quoi s’agit-il ? Pourquoi est-ce que je choisis de parler de « polyamorie » et non de « polyamour » ? Qu’est-ce que la polyamorie, et qu’est-ce que n’est pas la polyamorie ?

Au plaisir de lire vos commentaires… et vos questions, si vous en avez : je conçois ce blog comme un espace de dialogue, mes articles se nourrissent de vos retours.

Avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

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Bilan du Goûter poly X+ inclusif de la Saint-Valentin

Voici la liste des ateliers et groupes de discussions qui nous ont été proposés au cours d’un après-midi fort riche et varié au Café de Paris, ainsi que les liens et les pages Facebook sur lesquels vous pourrez retrouver certain.e.s de nos intervenant.e.s :
– « Polyamorie et Neuroatypie »
– « Sexualité et Vieillissement« , par Dominique Lefèvre
– « Bi et Pan sexualité« , par Sebastien de Bi’Cause
Méditation Loovida : méditation du cœur pour se reconnecter à son authenticité et accueillir ses émotions, par Rosalie Debesse.
– « Sentiment d’insécurité dans les couples poly ou non-exclusifs« , thème demandé par l’un.e des participant.e.s au goûter et groupe de discussion animé par Low Heek.
– « Relations abusives : les détecter, en sortir. »
– « Polyamour et Parentalité »
Partage d’infos autour du Tantra, par Yves-Marie L’Hour, de nava-tantra.com
– « Flux instinctif libre« , par Melyssa
– « Colocation poly »
– « Passer le cap : débuter en polyamour, ou comment se lancer quand on est « novice » » : demandé par Alexis et groupe de discussion animé par Low Heek
– « Spectre asexuel/Aro »
– « Les Vari-orientations » (homoromantique et hétérosexuel.el, par exemple)
– « GENREs !« , par Jena, Pauline et Aloïs
– « Sur le désir« , par Deva Broncy, sexothérapeuthe et qui anime aussi des soirées Tantra et massage en alternance le jeudi, en collaboration avec Jacques O. des PicsNics du Bien-Être
– « Relations saines après un trauma »
– « Passer de « Je dois » à « Je choisis » (vraiment)« , par Christophe Vincent, coach certifié en CNV (communication non violente), qui anime pour nous les ateliers CNV / Poly.

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Célébrons la Saint-Valentin

Célébrons la Saint-Valentin à notre manière : poly, inclusive, respectueuse

Lutine & Cie vous invite au Café de Paris le 12 février 2017 pour une journée d’ouverture à l’Autre, dans le respect de sa personne et de son consentement :
– de 14h30 à 18h, goûter poly X+ inclusif sur un mode participatif et collaboratif
– de 18h30 à 20h30 : projection (25mn) + discussion autour du consentement.
– à 21h : projection en avant-première exceptionnelle de LUTINE puis discussion.
Réservation indispensable sur HelloAsso.

Les trois événements (détaillés ci-dessous) sont gratuits (sur donation libre et en conscience), et indépendants les uns des autres : vous pouvez assister à l’un seulement, à deux d’entre eux, ou aux trois.

Seule « obligation » : c’est un café, et il est donc attendu que chacun·e commande au moins une consommation.
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***
De 14h30 à 18h, Goûter poly X+ inclusif : un après-midi d’ateliers et de groupes de discussion en petits comités sur un mode collaboratif et participatif autour des thèmes de la polyamorie et de la sexualité positive. Chacun.e des participant.e.s peut proposer un thème de discussion, une présentation sur un sujet, ou un atelier.
Les sessions, d’une durée d’environ 30 mn chacune, commenceront à 15h, 16h et 17h. Plus d’infos sur Facebook et polyamour.info

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***
De 18h30 à 20h30, nous réfléchirons ensemble aux thèmes du respect de l’autre et de son consentement en deux temps :
– projection de À CORPS PERDU, court-métrage (25 mn, 2000) qui raconte l’histoire d’une jeune femme qui, traumatisée après une agression sexuelle, revient peu à peu à la vie.
– puis discussion sur le consentement co-animée par deux invitées :

  • Inès Gauthier, psychologue clinicienne, qui anime des groupes de parole thérapeutiques d’auteurs de violences sexuelles et conjugales, et qui nous parlera de la psychologie des agresseurs ;
  • Laura G., sociologue, formée à la justice restauratrice et à l’éducation populaire par le théâtre, co-créatrice de la Conférence gesticulée sur le consentement qui se jouera au même Café de Paris le 7 mars.

Ensemble nous réfléchirons à comment créer un monde plus sûr, où chacun.e se sentirait en sécurité, avec la confiance que son consentement serait absolument respecté. Un monde où « SANS OUI, C’EST NON ».
Plus d’infos sur Facebook

Sans oui c'est non

***
Enfin, à 21h, projection en avant-première exceptionnelle de LUTINE, comédie documentée sur les amours plurielles, suivie d’une discussion.

Projection « au chapeau », pour aider à la distribution du film.
Réservation indispensable en cliquant sur HelloAsso ou sur la vignette ci-dessous.

Propulsé par HelloAsso

21 JOURS pour des relations positives #23. Polyamorie

Quoi ? 21 jours annoncés et, une fois passé le récap’ du 22ème jour, je joue les prolongations ? Et oui ! Car des imprévus de la vie se sont parfois invités sur mes pages (je pense notamment à mes articles #2. Détournement#9. Le Choc et #20. Indulgence) et je tenais absolument à cet article sur la polyamorie, bien que j’en ai déjà beaucoup parlé dans mes 21 jours de Voyage en Polyamorie

Non seulement, en effet, je suis loin d’en avoir fait le tour, mais aussi, c’est pour moi l’aboutissement naturel de mes articles sur les « relations positives », même si, on l’aura compris, pour moi, les caractéristiques des relations « positives » que j’ai essayé de mettre en valeur (consentement, réciprocité, harmonie, accueil des émotions, sécurité, empathie, prendre soin, collaboration, attachement, connexion, réparation, indulgence…) valent autant pour toutes nos relations que nos seules relations sexo-affectives, comme les appellent nos ami·es espagnol·es.

En effet, je suis toujours surprise quand je lis des essais sur la communication non violente, ou par exemple les livres remarquables du moine bouddhiste vietnamien auquel je dois ma cloche de pleine conscience, Thich Nhat Hanh, sur l’amour : How to Love et True Love, ou encore celui de bell hooks, all about love… mais aussi tous les livres sur les couples, tel que celui d’Ywane Viart (Couple heureuxou encore ceux de John Gottman dont j’ai beaucoup parlé au cours de ces articles… d’être d’accord avec eux sur tous les points… jusqu’au moment où il est soudain question d’exclusivité – ou non.

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Commençons par un petit point de vocabulaire, afin de bien tou·tes parler de la même chose : à propos des couples, il est commun de parler de « fidélité » d’un côté, « d’infidélité » de l’autre.
Pour moi, la « fidélité » n’a rien à voir avec l’exclusivité (sexuelle ou amoureuse) : le mot « fidélité » vient du latin fides, fidei, qui veut dire confiance.

Être « fidèle », c’est être fidèle à ses idées, à ses promesses, à ses engagements ; c’est être digne de foi, au sens de confiance ; quelqu’un·e de « fidèle », c’est quelqu’un·e qui est « fiable« , sur qui on peut compter. Je fais ce que je dis, je dis ce que je fais. 
Françoise Simpère, l’autrice du Guide des Amours plurielles, se présente comme « fidèle mais non exclusive », et « fidèle à tous ses amants ».
Ce qu’habituellement on nomme « fidélité » dans une relation amoureuse… est bien en réalité de « l’exclusivité ».

En revanche, je peux comprendre qu’on parle d’ « infidélité » à propos d’un adultère quand le contrat entre deux personnes était l’exclusivité : il s’agit bien d’avoir « trompé » saon partenaire, d’avoir trahi sa confiance. On n’a pas été « fidèle » à la parole donnée ou au contrat passé.
Et souvent, précisément, ce qui fait le plus mal dans les histoires d’adultères, ce n’est pas tant le fait que votre partenaire a – ou a eu – une relation intime avec quelqu’un·e d’autre, que celui qu’ielle vous l’ait caché, qu’ielle vous ait trompé·e, ait trahi votre confiance.

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Revenons à la question qui me taraude : la quasi totalité des auteurices qui écrivent sur les couples et les relations d’amour continuent à prôner l’exclusivité (sexuelle ou amoureuse) comme un élément fondamental d’une relation heureuse.

Pourquoi pas, en effet, si cela leur convient à elleux ?
Mais pourquoi vouloir étendre et imposer leur vision à tou·tes les autres ?

L’autre soir, au café poly de Paris, un·e des participant·es a posé la question : depuis combien de temps l’exclusivité est-elle mise en avant comme essentielle au sein d’une union heureuse ?
En réalité, seulement depuis le XIXème siècle romantique, et même plus tard, quand, après des mariages arrangés pour des raisons économiques et de transmission du patrimoine (dans notre société patriarcale hiérarchique), on a commencé à vouloir associer le mariage et l’amour.
Auparavant, on vivait d’un côté son mariage, cette relation sociale de longue durée, et de l’autre ses histoires d’amour, souvent plus courtes. Les femmes étaient tenues à l’exclusivité pour ne pas risquer de tomber enceintes d’un autre homme que leur mari (les chiffres, encore aujourd’hui, des enfants dont le père biologique n’est pas le père officiel sont impressionnants : environ 20%, paraît-il) ; et il était admis que les hommes aient des maîtresses, du moment qu’ils avaient la délicatesse de rester discrets : d’où la grande tradition du vaudeville dans le théâtre français.

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Et dans les années 50 (c’est donc en réalité très récent : ça date de mes grands-parents !), quand le mariage d’amour s’est généralisé, et puisque la contraception n’existait pas et que les femmes auraient fait courir un risque à « la famille » si elles avaient eu plusieurs relations… au lieu d’étendre aux femmes la liberté accordée aux hommes, c’est aux hommes qu’on a étendu la contrainte imposée aux femmes. Et les un·es comme les autres se sont alors imposé mutuellement cette sacro-sainte « exclusivité ».

Sauf que… jamais les femmes et les hommes n’ont été réellement exclusif·ves. Jamais « vraiment ». Certain·es, oui, bien sûr. Mais statistiquement… non.

Les chiffres des adultères sont en effet impressionnants : on estime, selon les sondages (sachant que les femmes semblent avoir tendance à minimiser et les hommes, à exagérer), qu’il y aurait, après cinq ans de vie commune, entre 50 à 80% des couples dont l’un·e aurait au moins une fois trompé l’autre. Étant entendu que les sondages tiennent compte des couples « mariés », en n’interrogeant pas les gens en unions libres, et encore moins les couples non cohabitants, pourtant de plus en plus nombreux.

Alors quoi ? La société, la culture, les « autres », les comédies romantiques, les dessins animés de Walt Disney, nous encouragent à être exclusif·ves – et nous culpabilisent si on ne l’est pas – en nous faisant croire que tout le monde l’est autour de nous… quand en réalité, la majorité des gens se trompent, ou se sont trompé·es, ou se tromperont.

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Comme ielle pense être « a-normal·e », cellui qui « trompe » le vit souvent (pas toujours, mais souvent…) avec difficulté, culpabilité : ielle hésite, s’en veut, voudrait arrêter, n’ose pas l’avouer de peur de faire mal à l’autre et de mettre en péril la relation. Et comme on nous fait croire que si on va « voir ailleurs », c’est que quelque chose ne va pas / plus dans notre couple, alors ielle se demande si ielle aime encore vraiment saon partenaire. Et comme nos pensées créent notre réalité

À ce titre, le témoignage de mon amie Michèle dans LUTINE me paraît éloquent :
« J’ai trompé mon mari : je suis tombée éperdument amoureuse de quelqu’un d’autre un jour, et je l’ai trompé – l’adultère classique. Je l’ai bien vécu pendant un certain temps, et puis après, j’ai culpabilisé énormément, et j’ai arrêté la relation de ce fait. 
À l’époque, je me disais que j’étais complètement dingue. Surtout, je pensais que quand on trompait son conjoint, c’est qu’on ne l’aimait plus. Et là, je me regardais et je me disais : « Je l’aime toujours, je n’ai pas du tout envie de le quitter, je veux continuer à vivre avec lui… » »

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Quant à cellui qui est trompé·e, quand l’adultère est découvert – et c’est souvent le cas – c’est sa vie qui s’écroule – et pour cause : comment faire confiance à une personne qui vous a menti, parfois depuis de longues années ? Comment reconstruire une confiance entamée ? Comment ne pas réécrire le passé, se dire que tout ce qu’on a vécu était « faux », factice ?

J’ai trompé… parce que je ne me voyais pas renoncer à d’autres alors que je savais, moi, que ça ne remettait pas en cause mes sentiments ni mon désir de rester avec mon partenaire et qu’il m’avait prévenue que si je le trompais, il me quitterait… Quelle solution avais-je alors ? Me frustrer, me couper de mes désirs… ou le tromper. Lui parler, en effet, n’était pas une option, puisque l’issue en était connue à l’avance.
Et j’ai été trompée. Plusieurs fois, bien sûr, en plus de vingt-ans de vie de couple, toutes mises bout à bout. À chaque fois, la douleur a été intense, même quand une fois, j’ai découvert le pot-aux-roses une fois séparé·s : le sentiment de trahison, de tromperie, restait le même.

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Bien sûr, si dans un couple, l’un·e et l’autre sont très heureuxes et épanoui·es en étant exclusif.ves, sans frustration, sans doutes, sans désirs extérieurs… tant mieux !

Mais quand c’est la société, la culture, et les autres… qui nous imposent l’exclusivité, quand c’est une obligation, une contrainte sociale morale et normative, quand soi-même on sent qu’on aurait envie d’autre chose, ou même on fait autre chose… comment se sentir véritablement heureuxe et épanoui·e ?

Il arrive aussi qu’on s’impose à soi-même l’exclusivité, par idéologie, par respect du contrat passé, et non par réel désir… mais comment être sûr·e à 100% que c’est aussi le cas de notre conjoint·e, quand on sait que tant de couples traversent un jour ou l’autre une situation d’adultère ? Comment ne pas se demander : Et si ielle me trompait, le saurais-je ? Comment faire confiance à l’autre, quand on sait que tant se trompent ? Pourquoi en serait-il différemment avec nous ? Pourquoi serions-nous l’exception ?

À chaque fois que je parle avec quelqu’un·e qui me dit : Je n’ai jamais trompé maon partenaire, et ellui non plus, je pense : Comment peut-ielle en être si sûr·e ? Comment savoir ce que vit l’autre en réalité ?
Combien de thérapeutes de couples ont recueilli séparément la parole de chacun·e des deux partenaires d’un couple qui leur ont avoué qu’ielles avaient trompé leur partenaire… mais n’ont jamais osé le reconnaître devant læ-dit·e partenaire ?

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Il me semble que notre société, sur ce sujet comme sur bien d’autres, marche la tête à l’envers. On privilégie les apparences, les faux-semblants, l’hypocrisie.
Un mari qui trompe sa femme – ou une femme qui trompe son mari, car c’est de plus en plus équitablement réparti – est souvent plus proche de sa ou ses maîtresses, que de sa femme, à laquelle il ne peut plus confier ses émotions ou ses sentiments les plus intimes.
Parfois, il triche aussi avec ses amis, qui sont les « amis du couple », car il ne souhaite pas trahir sa femme une seconde fois. Donc après s’être coupé de sa femme, il se coupe émotionnellement de ses amis.

Tant de gens vivent ainsi en dehors de leur propre vie, coupé·es d’elleux-mêmes et de leurs proches, portant un masque, faisant semblant.
Et souvent, un jour, parce que leur relation principale s’est distendue, petit à petit, à force de ne plus pouvoir se confier l’un à l’autre, ielles tombent amoureux de quelqu’un·e d’autre, se séparent, et… repartent pour un cycle.

Combien de personnes, dans notre société, sont réellement « monogames » au sens où on voudrait nous le faire croire : unies à une seule et même personne « pour toute la vie » ? En réalité, la plupart sont bien plus souvent des « monogames sériel·les » : enchaînant les unions (théoriquement) monogames, avec souvent des périodes d’adultères entre deux.

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Alors, quoi ? Comment les auteurices qui nous parlent de communication positive, d’authenticité, d’accueillir les émotions, d’entendre les désirs et les besoins de l’autre avec nos oreilles de girafe, d’être capable d’exprimer nos demandes… peuvent-ielles par ailleurs continuer à prôner une monogamie de façade, une monogamie théorique… mais pas réelle dans les faits, statistiquement ?

Il me semble, moi, que si on veut être en cohérence avec ce que l’on prône : la communication compassionnelle, la bienveillance, l’écoute empathique, le non-jugement, l’accueil des émotions, désirs, besoins, demandes de soi-même et de l’autre… on ne peut que s’ouvrir à la polyamorie, définie comme : « la possibilité de vivre simultanément plusieurs relations intimes de manière consensuelle et éthique. »

Autrement dit, il ne s’agit pas d’avoir nécessairement, de fait, plusieurs relations, mais au moins de pouvoir en parler, l’envisager, sans que la relation ne soit remise en question. Il s’agit d’accueillir les émotions et les sentiments de l’autre comme lui appartenant, parce qu’ielle est un·e être libre, autonome, séparé·e de nous.
Si maon partenaire a envie d’avoir une relation avec quelqu’un·e d’autre en plus de moi (je ne parle pas d’une relation qui se soit essoufflée au point où la relation extérieure soit le symptôme d’un malaise) et que pour ellui, ça ne remet pas en cause notre relation… au nom de quoi, de quel droit, pourrais-je m’y opposer ?

Évidemment, ça n’est pas si simple, et on arrive là au cœur même de ce qui fait le quotidien d’une relation poly : vivre avec ses émotions, le délicat équilibre entre d’un côté la liberté et les désirs de l’un·e, et de l’autre, les peurs et insécurité de saon partenaire. Ce n’est pas l’enjeu de cet article de répondre à ces questions : comment on fait, au jour le jour, pour vivre avec ses émotions, apprivoiser ses insécurités, créer un attachement sécure au sein d’une relation poly ? (Si cela vous intéresse, je  vous renvoie aux 21 articles de mon Voyage en Polyamorie et aux nombreux livres ou sites consacrés à ce sujet).

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En revanche, mon idée était bien de montrer que lorsque l’on va au bout des idées de tolérance, bienveillance, non-jugement, accueil des émotions, communication non violente… au sein d’un couple, il me semble que l’on ne peut, en toute cohérence, qu’au moins s’ouvrir à la discussion sur les amours plurielles.

En effet, si maon partenaire en a envie (même si moi, je préférerais qu’ielle n’en ait pas envie…), alors n’est-il pas de ma responsabilité, si je veux être en cohérence avec moi-même, de travailler sur moi, afin de lui rendre possible l’expression et la pratique de ses désirs ou de ses sentiments pour d’autres ?

C’est en ce sens que pour moi, ce que j’ai appelé la « monogamie positive » – à savoir une relation dans laquelle il est entendu que si l’un·e des deux a un jour envie d’ouvrir le couple, alors l’autre fera en sorte de travailler sur soi pour lui permettre de vivre ce qu’ielle a à vivre -fait partie de ma définition de la polyamorie.

Et donc la polyamorie, étant entendue comme la possibilité de vivre des relations plurielles de façon consensuelle et éthique, correspond à ma définition d’une relation positive. 

Waouh.
Voici donc la fin de cette série d’articles.

Je remercie celleux qui auront eu la patience de lire cet article-ci jusqu’au bout… et m’empresse de vous demander : qu’en pensez-vous ? Hâte de lire vos commentaires !

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #22. Récap’

Une fois de plus, je dois avouer que tout au long de ces 21 articles (sur 22 jours), j’ai adoré me laisser surprendre, jour après jour, par ce que j’écrivais, et qui ne correspondait souvent pas à ce que j’avais imaginé ou programmé.
Voilà donc ici un petit récap’ avant – je m’en réjouis déjà – un… (si si !) 23ème article demain, qui conclura ces 21 articles pour des relations positives par… une réflexion sur la polyamorie.

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  1. Intentions : ma déclaration d’intentions, ou « note d’intentions », comme on dit pour accompagner un projet de film : ici, il s’agit d’un projet de livre ; 
  2. Détournement : où, dès le 2ème jour, je n’écris pas l’article que j’avais en tête, et passe par le détour imposé d’une relation qui – force est de le constater – n’est pas positive ;
  3. Direction : où je propose une cartographie de ce dont je souhaite parler au cours de ces articles ;
  4. Besoins fondamentaux : les 5 besoins fondamentaux selon William Glasser, une alternative à la pyramide de Maslow, où l’amour et le plaisir trouvent enfin la place, que, selon moi, ils méritent, aux côtés de la sécurité, de la liberté et du pouvoir ;
  5. Prendre le temps : où je découvre le plaisir d’être le témoin d’une relation positive entre une maman et sa toute petite fille de 18 mois ;
  6. Harmonie : où une lectrice me donne l’idée de parler, en effet, de relations « harmonieuses », où l’on considère une relation comme une danse, comme une co-création ;
  7. Température des relations : où je me risque à dessiner une échelle des relations, car une relation positive ne se définit pas seulement par ce qu’elle n’est pas : une relation abusive, voire toxique : non, c’est bien mieux que ça !
  8. Accueil des émotions : fondamental, essentiel, la base, quoi !
  9. Le choc : suite au séisme ressenti par le résultat des élections américaines, un hommage à la femme combative et à l’énergie communicative qu’est Michelle Obama ;
  10. Consentement : le premier des deux articles sur le consentement : comme l’accueil des émotions, le fondement même pour moi, d’une relation positive, le respect absolu de l’autre comme une personne libre et autonome, dont les émotions, les sentiments, les désirs, les besoins, ont autant de valeur que les nôtres ;
  11. Paix : en ce jour de commémoration de l’Armistice de 1918, un hommage à nos arrière-grands-pères, et pour que « plus jamais ça », et vive le « Man-Kind Project » !
  12. Sécurité : l’un de nos cinq besoins fondamentaux : sans sécurité, on  survit en mode « stress », voire « sidération » ou « dissociation », et rien n’est possible ;
  13. Écoute empathique : savoir écouter est essentiel pour comprendre vraiment qui est l’autre, et pouvoir l’accueillir tel.le qu’ielle est ;
  14. Connexion : quand on se sent mal, ou triste, il est important de créer du lien (du linking) pour se reconnecter à soi-même et à celles et ceux qui nous aiment et qu’on aime ;
  15. Réparation : il peut arriver qu’on ait un comportement abusif au sein même d’une relation par ailleurs positive : l’important est alors de le reconnaître, de pouvoir en parler, présenter ses excuses et de faire de son mieux pour réparer la relation alors mise à mal ;
  16. Prendre soin de nos relations comme on prendrait soin d’une plante, au quotidien et avec des petits gestes qui, mis bout à bout, s’avèrent vitaux pour qu’une relation puisse s’épanouir et nous épanouir : le ratio de 5:1, voire 7:1 quand il s’agit d’un couple, d’interactions positives versus des négatives, repéré par John Gottman ;
  17. Attachement : où je me risque enfin à cet article sur l’attachement auquel je songe depuis longtemps : ce n’est que la première étape d’une longue réflexion, à n’en pas douter ; où il est rassurant d’apprendre qu’on peut travailler sur son attachement, et le faire évoluer d’un attachement insécure, à un attachement sécure : une relation positive sont le lieu même de notre avancée vers un meilleur nous-même.
  18. La Roue du consentement : d’après les travaux de Betty Martin ; un outil précieux et dont je n’ai pas encore fait le tour (vous apprécierez le jeu de mot !) ;
  19. Collaboration : où je donne la parole à mon aimé, car une relation positive se crée à deux ;
  20. Indulgence : où l’indulgence envers soi-même est au moins aussi importante que l’indulgence envers l’autre… et où j’assume de m’être autorisée à sauter un jour dans mon écriture ;
  21. Réciprocité : où il est question des « bids for connexion » repérés par John G. Gottman et de ne pouvoir travailler que sur sa propre moitié de la relation ;
  22. Nous y voici !
  23. Des relations positives à la polyamorie : et si on parlait de la même chose ?

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

21 JOURS pour des relations positives #21. Réciprocité

Un des éléments qui me paraît essentiel pour une relation positive entre deux personnes (qui vaut évidemment pour un groupe plus large), c’est qu’elle soit souhaitée et travaillée de part et d’autre.

En effet, comme je le disais à nouveau dans mon article #20 sur l’indulgence, on ne peut agir que sur sa « moitié » de la relation, comme si chacun·e tenait un des deux bouts d’une corde dans ses mains.
Si on avance vers l’autre avec des oreilles de girafe et les meilleures intentions du monde, mais qu’en face, l’autre nous tire dessus à boulets rouges, il y a un moment où notre devoir premier est de nous protéger.

femme_homme_corde_imagelargeDans son livre Pratique de l’amour, le sociologue Michel Bozon insiste sur cette notion de réciprocité, notamment dans les débuts d’une relation, mais je pense qu’on peut l’étendre à l’ensemble de la durée d’une relation.
En effet, quand on rencontre quelqu’un·e, l’idée est de se livrer progressivement : on donne quelque chose, l’autre y répond, nous donne quelque chose à son tour (une information, une confidence, un sourire, un regard…) et c’est ainsi que petit à petit, se construisent la confiance et le désir d’échanger plus.

31gnw2prohl-_sx305_bo1204203200_ Si, dans une relation, l’un·e donne toujours, et l’autre se contente de « recevoir » ou de « prendre », sans jamais « donner » à son tour… très vite, la relation va se trouver déséquilibrée (on rejoint là les idées de la Roue du consentement : #18).

Dans ses recherches sur les relations, notamment au sein d’un couple – mais pas seulement : et c’est bien là que c’est aussi intéressant aussi pour moi, qui cherche à définir des relations positives plus largement que dans une relation de « couple » -, John Gottman parle de « bids for connection », que j’ai un peu de mal à traduire (« offres de connexion » me semble trop renvoyer à des enjeux économiques… »Perches de connexion », comme on tendrait une perche ? « Tentatives » ?)

L’idée, c’est que quand on entre en relation avec quelqu’un·e, que ce soit pour acheter du pain ou avec son/sa partenaire de vie, on envoie des « signaux » : un mot, un geste, un regard, un sourire.
De la manière dont l’autre va y répondre, et dont on y répondra à notre tour, va dépendre la suite de l’échange.

John Gottman identifie trois manières de répondre :

  • turning toward : se tourner vers
  • turning away : se dé-tourner
  • turning against : se tourner contre

Exemple : quelqu’un·e s’adresse à un·e collègue à son bureau en lui disant : Je vais déjeuner, est-ce que ça t’intéresse de venir avec moi ?, lui envoyant très clairement une « proposition de connexion ». L’autre peut répondre :

  1. Oui, avec plaisir.
    Ou : Je dois d’abord finir quelque chose, mais je te rejoins ensuite.
    Ou : Pas possible aujourd’hui, mais demain pour sûr !
    Dans les trois cas, ielle se « tourne vers » son interlocuteur·trice, lui envoyant à son tour un « signal de connexion », maintenant ainsi le canal de connexion ouvert entre elleux.
  2. Non, merci (sans relancer). 
    Ou : Est-ce que tu as vu passer le mail de Machin ? (Ne répondant pas à la proposition, dé-tournant la conversation).
    Dans un cas comme dans l’autre, ielle se « dé-tourne« , ce qui ferme la discussion, et n’encourage pas vraiment la première personne à réitérer son offre une fois suivante.
  3. Tu n’as vraiment rien de mieux à faire qu’aller manger alors qu’on a tellement de travail ?
    Ielle se « tourne contre« , attaque, voire agresse, et fait plus que fermer la discussion.

En fonction, ensuite, de comment la première personne réagira, la conversation s’en tiendra là (dans les deux derniers cas, la plupart du temps, les gens n’y reviennent pas…) ou aura une chance d’être relancée.

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Une fois qu’on a repéré ces trois manières de répondre, il est extrêmement intéressant de les observer à l’œuvre dans nos relations de tous les jours.

Par exemple, si on a commis un impair et qu’on présente des excuses sincères (bid for connection) mais que l’autre, au lieu d’accepter vos excuses et de passer à autre chose, continue à vous faire la tête (turning away), voire des reproches (turning against), ça ne donne que moyennement envie de venir s’y re-frotter… sauf si on n’a pas le choix (dans le cas par exemple d’un enfant avec son parent), ou si on tient vraiment à la relation et qu’on s’attache à entendre (en faisant preuve d’une grande intelligence émotionnelle) combien l’autre a vraiment été très blessé·e ou mis·e en colère : cela va alors prendre du temps pour réparer la relation.

Autre exemple avec un enfant qui renverse un verre de jus d’orange sans le faire exprès : il est bien embêté, et souvent, de lui-même, va présenter ses excuses.
À quoi bon alors continuer à le houspiller : Tu pourrais faire attention, quand même ! Combien de fois je t’ai dit de ne pas mettre ton verre au bord de la table ? Ce qui le conduit inévitablement sur la défensive.
Il est bien plus efficace – à court, moyen et long terme – d’accueillir ses excuses, et de le laisser réparer sa maladresse (qui est une « maladresse » et non une « bêtise » : les mots comptent…).

Cet exemple avec un enfant vaut en réalité pour toutes nos relations : si on tient à elles et qu’on veut le bien de notre partenaire, une relation, ça s’entretient, comme le disent Franklin Veaux et Eve Rickert dans More Than Two, comme une plante ou un jardin.
Si on n’y met que des déchets, que du négatif, petit à petit, elle va s’étioler.
Si on veut qu’elle grandisse, s’épanouisse, mieux vaut la nourrir de nutriments positifs, de petits mots gentils, câlins et autres douceurs relationnelles.

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À nouveau, on ne peut pas changer les autres, et on n’est responsable que de la moitié d’une relation.
Si l’autre est négatif·ve, toxique, voire abusif·ve… si on le peut, le mieux que l’on puisse faire, c’est couper court aux échanges et se protéger – voire fuir.

C’est en travaillant au quotidien, dans chaque petit détail de la vie, dans chaque échange, qu’on contribuera à créer avec un·e autre une relation heureuse, épanouie, positive.

Et pour cela, il est important d’être à l’écoute, de soi-même et de l’autre. D’être capable d’exprimer ses émotions, ses désirs, ses besoins, ses demandes… et aussi – tout aussi important – d’être capable d’entendre les émotions, les désirs, les besoins, les demandes, de l’autre.
En présupposant de sa part de la bienveillance envers nous et notre relation – autrement dit (3ème accord toltèque), sans rien prendre « personnellement » : sans imaginer qu’ielle se « tourne contre » nous.

J’étais partie pour 21 articles… je crois bien qu’il m’en faudra au moins un 22ème…
En attendant, hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

21 JOURS pour des relations positives #20. Indulgence

Vous l’aurez (peut-être ?) remarqué : nous sommes aujourd’hui le 21 novembre, et cet article du 21 novembre porte le numéro #20 au lieu du #21 : j’ai en effet sauté un jour d’écriture hier.
Après consultation avec moi-même, après deux soirées incroyablement riches en émotions positives, suivie d’une autre journée forte en émotions… bouleversantes, je me suis en effet « autorisée » moi-même à ne pas écrire mon 20ème article hier.
Je me suis dit qu’après tout, personne, à part moi-même, ne m’y « forçait », et que je pouvais m’accorder cette pause… après celle du #19, que j’avais pour le coup planifiée à l’avance.

Le 19, j’avais en effet envie que mes lectrices et lecteurs ici puissent entendre directement la voix de mon partenaire, car c’est souvent ce qu’il me manque dans les articles ou les livres des personnes qui racontent l’histoire de leur vie en impliquant un·e autre : je me demande toujours « Et l’autre, qu’est-ce qu’il ou elle aurait envie d’en dire ? »
De même qu’à chaque fois que j’entends quelqu’un·e me dire : « En x années, je n’ai pas trompé mon/ma partenaire et ellui non plus« , je me demande toujours : Comment peut-ielle en être aussi sûr·e ? Qu’aurait à en dire son partenaire si ielle pouvait parler librement ?
Je suis donc heureuse donc que vous ayez pu ici entendre directement la voix de Loïc —qu’il en soit ici remercié chaleureusement et publiquement.

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Hier, en revanche, j’avais prévu d’écrire le soir, après une longue journée. Mais une fois de plus, la vie en a décidé autrement. J’étais lessivée, rétamée, sur les rotules. Et j’ai choisi de m’accorder un répit. De me l’autoriser, sans vergogne, en l’assumant.
Parfois il est bon, aussi, de savoir repérer ses limites, et ne pas chercher à les dépasser à tout prix… car autant cela peut parfois être bénéfique, et même exaltant, parfois aussi il est important de s’écouter. Et d’être indulgent·e envers soi-même.

Et alors que j’avais décidé d’écrire un article qui s’intitulerait « Réciprocité », j’ai décidé d’écrire à la place cet article « Indulgence »…

L’indulgence envers nous-mêmes est un élément essentiel, à mon sens, d’une vie sereine et épanouie. Traitons-nous nous-mêmes comme si nous étions notre meilleur·e ami·e.
Avez-vous remarqué à quel point on est parfois sévère avec nous-mêmes ? À quel point on se dit : J’aurais dû… / J’aurais pu… / Si j’avais su… / Si c’était à refaire…À quelle fréquence on se dit (ou on dit aux autres) : Je ne suis pas fier·e de moi, voire Je suis nul·le ?

Je l’entends déjà parfois chez mes enfants, et j’essaie vraiment de les encourager à ne pas parler d’eux-mêmes ainsi : validons le positif, en toutes circonstances. Rien ne sert de s’auto-flageller, et n’oublions jamais que nos pensées créent notre réalité :  si nous disons ou pensons quelque chose, le risque est grand qu’on ne le croie.
Et ce serait dommage !

Indulgence, donc, envers nous-même… mais aussi indulgence envers les autres.

Personne n’est parfait – et heureusement ! Tout le monde a droit à l’erreurErrare Humanum est – et heureusement !

L’un des livres qui m’aide le plus au quotidien et grâce auquel, entre autres, j’ai pu écrire et réaliser LUTINE dans de telles conditions précaires et sans garanties, est L’Apprentissage de l’imperfectionJe ne peux que vous le recommander.
51TJ-rjvUwL._SY445_À la question qui se pose : Mais comment font les autres ?, il répond cette évidence : Du mieux qu’ielles peuvent, elleux aussi…
Sauf que dans notre société, on nous fait croire que les autres sont parfait·es, et que nous sommes les seuls êtres imparfaits – d’où souvent, notre rapport étouffant à une culpabilité.

Yves-Alexandre Thalmann explique très bien que le « sentiment de culpabilité » n’est pas vraiment utile en soi : soit on est en effet « coupable », et alors on fait ce qu’on a à faire pour tenter de réparer… soit on se « sent » coupable mais on ne l’est pas… et alors peut-être la « faute » revient-elle à quelqu’un·e d’autre ?
Ça nous conduit tout droit à toute une réflexion sur la différence entre la « responsabilité » et la « culpabilité ». Mais de parenthèse en parenthèse… je m’égare.

Indulgence, donc, envers nous-mêmes, mais aussi envers les autres. Et c’est aussi, à mon sens, ce qui fait la différence entre une relation positive et une qui ne l’est pas, ou moins.
On rejoint là, le fameux ratio 5:1 et même 7:1 quand il s’agit d’un « couple » (une relation intime et impliquante émotionnellement parlant, qui s’inscrit au quotidien sur le long terme)  d’interactions positives versus des interactions négatives, mis en évidence par John Gottman pour caractériser une relation positive.

C’est parce que chacun·e a de l’autre une vision positive, parce que chacun·e a la certitude que l’autre « fait de son mieux » (pour reprendre le 4ème accord toltèque), tient compte de son/sa partenaire et fait à chaque instant en sorte de prendre soin au mieux de la relation, qu’ielle peut cultiver en lui/elle-même cette indulgence envers l’autre.
4accord

Ce qui nous met en colère, souvent, c’est notre pensée que l’autre « aurait pu / dû » faire autrement, qu’ielle n’a pas suffisamment tenu compte de nous, ou de nos émotions (voir mon coin-lecture « Mes émotions sont mes alliées« , où sont notamment répertoriés de nombreux livres sur les émotions et notamment sur la colère).

Si on sait que l’autre tient compte de nous, fait attention à notre relation, et fait de son mieux… alors au lieu d’être dominé·e dans un premier temps par la colère, quand quelque chose nous a blessé·e, on peut directement passer à la case « tristesse ».

On peut exprimer nos émotions en mode « JE », au lieu d’exprimer notre « besoin non satisfait » sous une forme « tragiquement suicidaire » en mode « TU », comme le dit Marshall Rosenberg dans ses ouvrages et conférences sur la communication non violente.

ex-communication-non-violente

Évidemment, tout se tient, et tous ces auteurices, ces penseur·ses, ces théoricien·nes, ces sages, ces moines bouddhistes… disent la même chose, chacun·e avec ses mots différents, mais globalement, cela revient à :

  • accepter l’autre tel·le qu’ielle est et s’accepter soi-même avec indulgence et non-jugement ;
  • s’exprimer au « JE » de façon positive en parlant de « ses » émotions, « ses » besoins ;
  • faire des demandes claires et accepter que l’autre fasse de même ;
  • entendre les paroles de l’autre sans les prendre personnellement (3e accord toltèque), en étant capable de les entendre avec le langage du cœur (et nos oreilles de girafe) ;
  • maintenir le canal de communication ouvert tant que faire se peut.

Étant entendu qu’une relation positive se crée à deux, que chacun·e ne peut être responsable que de sa propre part de la relation, qu’on ne peut jamais contrôler ni faire changer un·e autre, qu’on n’a de prise que sur soi-même… et que tout ce que j’ai exprimé et écrit jusqu’à présent sur les relations positives n’a de sens que dans un cadre de respect et de réciprocité.

Ce devait être mon article d’hier… ce sera celui de demain.
Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle