ÉTHIQUE RELATIONNELLE #14. La Polyamorie est révolutionnaire

Oui, bon, je le reconnais, j’y vais peut-être un peu fort, là… Quoique.

Je l’ai dit, je le redis : la polyamorie est intrinsèquement féministe : par principe, chaque partenaire a les mêmes droits, quels que soient son genre, son âge, son orientation sexuelle ou relationnelle, ou son rôle dans la société. C’est un principe de base.

{NB. Et c’est d’ailleurs bien en cela notamment, que, bien que certain·es se posent encore des questions en ce sens, la polyamorie n’a vraiment rien à voir avec la polygamie telle qu’elle est le plus souvent pratiquée : polygynie.}

Et rien qu’en cela, franchement, dans notre société, eh ben disons-le : c’est pas acquis.

Allez, pour le plaisir (le mien, en tout cas !), je remets ici cette vidéo du Premier Ministre canadien Justin Trudeau à un sommet des Nations Unies :

« Je continuerai à dire que je suis féministe jusqu’à ce que ça soit accueilli par un haussement d’épaule. »
« I’m gonna keep saying loud and clearly that I’m a feminist until it is met with a shrug.(…) It shouldn’t be something that creates a reaction. It simply is saying I believe in equality in men and women and I believe that we still have an awful work to do to get there. »

Parce qu’en effet, il est plus que temps que les hommes se disent, s’assument et prouvent qu’ils sont féministes, parce que, comme il le dit, ça devrait être « normal » et non remarquable, d’être féministe.

Bien au-delà cela dit, la polyamorie n’est pas « seulement » féministe, elle est aussi fondamentalement et profondément égalitaire.

Parce qu’il ne s’agit pas seulement d’égalité entre les « hommes » et des « femmes », mais bien entre les personnes, i.e. les êtres humains, quel que soit leur genre. Qu’ielles se reconnaissent hommes ou femmes – ou pas. La polyamorie est inclusive. Des personnes trans, des personnes non-binaires, des personnes agenre. Des personnes aromantiques ou asexuelles.

Il n’existe pas de « hiérarchie » entre les personnes, personne n’est supérieur à personne, tout le monde a les mêmes droits. Point.

un pas de côté

La polyamorie nous fait faire un pas de côté par rapport à l’escalator relationnel, et rien qu’en cela, en réalité, c’est déjà révolutionnaire. Elle nous fait changer de paradigme.

Plus aucune injonction ou attente pré-établie
sur ce que sont « supposées » être nos relations. Du sexe ? Pas de sexe ? De l’amour dit « romantique » ? Une vie sous le même toit ? Quelle différence entre un·e « ami·e », un·e amant·e, un·e amoureuxe ? (Car – cela n’aura échappé à personne – il s’agit bien ici de la même racine du verbe latin amo, amare : aimer.)

Pourquoi vouloir étiqueter les personnes, et/ou nos relations ?
Pourquoi ne pas, quand on rencontre quelqu’un·e, laisser la place à l’inconnu, à la surprise, à la vie, tout simplement ? Laisser évoluer la relation… en fonction de ce que chacune des personnes concernées a envie de vivre ?

En ce sens, la polyamorie est écologique. Respectueuse de la vie telle qu’elle est. La vie est changement, la vie est mouvement, la vie est… vie. Quand on ne bouge plus, quand on n’évolue plus… c’est qu’on est mort·e.
Françoise Simpère ne s’y était pas trompée, qui sous-titrait déjà, en 2009, son Guide des Amours plurielles : Pour une écologie amoureuse.

Guide des amours plurielles

La polyamorie est éthique : égalitaire, démocratique, écologique. Elle s’épanouit dans un cadre de collaboration, solidarité, empathie, écoute de l’autre. Elle repose sur une logique d’abondance – par contraste avec une logique du manque et de la pénurie.

Un de ses mantra est : l’un·e n’empêche pas l’autre.

Alors bien sûr, le temps ou l’argent, contrairement à l’amour, sont des ressources limitées. Et il ne s’agit pas de prétendre que la polyamorie est un mode relationnel « facile » à vivre, ni qu’elle peut convenir à tout le monde. Bien sûr que non.

La polyamorie ne convient pas à tout le monde, de même que… la monogamie, non plus, ne convient pas – et ne peut pas convenir – à tout le monde.
Tout simplement parce que (attention, roulements de tambours…)

un même modèle ne peut pas convenir à tout le monde.  

Dans notre société et culture saturées d’histoires toutes construites sur le même modèle (le fameux Boy Meets Girl des comédies romantiques, elles-mêmes héritées des contes de fées), combien de personnes se sentent exclues, ont l’impression d’être « différentes », « pas normales », simplement parce qu’elles ne s’y reconnaissent pas ? Combien de personnes aromantiques ou asexuelles, par exemple, ne se sont jamais retrouvées dans ces romans ou films à l’eau de rose, quand bien même « on » voudrait leur faire croire que c’est ce dont chacun·e rêve ?

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En réalité, nos histoires sont toutes construites à partir d’un imaginaire collectif, dont font partie les fameux archétypesLes créateurices ne sont que des humain·es parmi d’autres, s’inspirant bien sûr de ce qu’ielles voient dans la vraie vie, mais avant tout des structures éprouvées des histoires qui les ont précédé·es.

C’est en partie comme ça que les mythes (tels que le mythe de l’Amour romantique) se perpétuent et se transmettent de génération en génération, et que certain·es, avec les meilleures intentions du monde, répètent : « C‘est comme ça ! Parce que ça a toujours été comme ça, et si tu ne t’y conformes pas, tu seras malheureuxe. »

Or, au risque de me répéter, chacun·e a le droit de se définir soi-même, de même que de définir pour soi les relations qui lui conviennent. 

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Je ne suis pas en train de prêcher en faveur des relations plurielles éthiques comme « modèle » ou « idéal »  – si c’est l’impression que vous avez à me lire, j’en suis désolée : là n’est clairement pas mon intention.
En revanche, ce en quoi je crois, c’est qu’il est temps qu’on déconstruise le mythe de la monogamie comme « naturelle », « évidente » et « applicable à tou·tes ».

La monogamie convient à certain·es : tant mieux !
Mais elle ne convient pas à d’autres : c’est un fait.
Mon enjeu ici est donc bien qu' »on » ne cherche alors pas à la leur imposer comme « seul mode de relations valable ». Parce que par principe, aucun modèle relationnel ne peut s’appliquer à tou·tes. Parce que nous sommes toute·s différent·es.

Et en ce sens qu’elle remet en cause ces croyances qui nous sont transmises par notre culture et la société dans son ensemble (le prince charmant, etc.), la polyamorie est intrinsèquement politique et… révolutionnaire. Oui, j’assume.

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La polyamorie remet en cause la structure hiérarchique à la base même de la société patriarcale : et je ne parle pas ici « seulement » de l’institution du mariage, mais bien au-delà – le principe même des rapports de force et de pouvoir entre les personnes, tels qu’ils sont définis sur une échelle sociale « verticale », avec des personnes qui seraient « supérieures » à d’autres.

Le mariage a été conçu comme un contrat social, entre autres pour garantir à l’homme qu’il transmettait bien son patrimoine à ses descendants biologiques – et non à ceux du voisin (quand bien même on le sait aujourd’hui, entre 10 à 20% des enfants ne seraient pas de leur père reconnu).
C’était un instrument de domination de l’homme sur la femme, considérée comme une sous-personne, comme une mineure (cela veut tout dire de la manière dont, encore aujourd’hui, on considère les enfants dans notre société comme des « sous-personnes » ; pensons aussi à cet héritage qui dit que, tant qu’une femme n’était pas mariée, elle restait une « mademoiselle », et n’avait pas le statut d’adulte réservé aux « madames »).

L’exclusivité était à l’origine bien plus imposée à la femme qu’à l’homme, qui a toujours joui d’indulgence à l’égard de ses aventures extra-conjugales.
Et à l’époque, d’ailleurs, le mariage n’avait rien à voir avec l’amour, mais bien avec la transmission du patrimoine.

Quand, dans les années 20 et 30, les femmes ont commencé à s’émanciper, et plus encore après-guerre, le mariage d’amour s’est généralisé, on a associé le sentiment d’amour… avec le contrat du mariage qui liait deux personnes pour le restant de leurs jours.

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Sauf que… comment peut-on envisager même de s’engager sur la pérennité d’un sentiment ?
Je peux te promettre d’être honnête, respectueuxe, fiable, fidèle au sens de « digne de confiance »… mais comment te promettre de t’aimer toujours ?

La fidélité ne signifie pas, pour moi, la même chose que l’exclusivité – sentimentale ou sexuelle.

Quand le mariage d’amour s’est généralisé, au lieu d’accorder aux femmes la même tolérance que celle qui s’appliquait jusque-là aux hommes sur leurs relations extra-conjugales (la contraception n’existait pas encore, ça restait « risqué » d’avoir un amant)… on a au contraire appliqué aux hommes la même exigence d’exclusivité.

Aie. Du coup, tout le monde logé à la même enseigne, piégé par le même contrat de base, implicite, d’exclusivité.

Certes. Mais aujourd’hui….?
Aujourd’hui, les femmes sont autonomes financièrement (même si leurs salaires sont encore inférieurs à ceux des hommes) et… on a la contraception !

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D’où la question : à partir du moment où la sexualité est enfin dissociée de la procréation, au nom de quoi cette exigence implicite d’exclusivité a-t-elle encore lieu d’être ?

Une des réponses est : nos croyances ! Nos habitudes, la culture, le story-telling, tout ce passé que l’on a hérité de nos parents, grands-parents et romans, films et contes de fées…

Eh bien… c’est tout cela que la polyamorie vient remettre en cause.
Et c’est aussi en cela qu’elle dérange.
Parce qu’elle vient titiller à un endroit où on n’a pas nécessairement envie d’être titillé·e.

Parce que beaucoup d’entre nous ont grandi avec des idées toutes faites… auxquelles ielles croient et veulent croire. Parce que beaucoup d’entre nous, au nom de ces croyances, ont accepté, toléré, voire subi, beaucoup de choses qu’ielles n’auraient peut-être pas acceptées sinon.

Et quand un·e trublion·ne à qui on n’a rien demandé, vient secouer tout ça en disant : « C’est possible de faire autrement, si si, je t’assure ! », eh bien… on n’a pas nécessairement envie de l’entendre.

Parce que se dire qu’on s’est peut-être sacrifié·e toute sa vie en renonçant à des tentations parce qu’on croyait que c’était la condition sine qua non pour maintenir à flot son couple… et apprendre au détour du chemin qu’une autre voie était possible… franchement, je comprends que ça soit rageant !

Peut-être est-ce en réalité moins douloureux de balayer tout ça d’un revers de la main en disant : « C’est n’importe quoi ! Ça marche pas, ces trucs-là ! Si ça avait marché dans les années 70, ça se saurait ! »

années 70

Sauf que voilà : dans les années 70, on parlait de libération sexuelle, pas de relations éthiques et égalitaires, d’accueil des émotions et de communication compassionnelle.

Dans les années 70, le féminisme n’en était qu’à ses balbutiements. Et souvent, ce qui était mis en avant était une « injonction à jouir » ! Celleux qui ne souhaitaient pas se conformer au nouvel ordre libertaire – et surtout celles qui ne souhaitaient pas coucher avec ceux qui prêchaient cette « libération » ! – étaient critiqué·es, raillé·es, et taxé·es de « petit·es bourgeois·es ».

Ce n’est pas de cela dont il est question aujourd’hui avec la polyamorie, et en rien, l’idée n’est de remplacer une norme par une autre ! Bien au contraire.
Il ne s’agit pas de proposer la polyamorie comme « une meilleure manière de vivre nos relations ». Non non.

Juste en revanche de dire : c’est possible. 
Et si la monogamie imposée comme norme dans notre société ne vous convient pas, ou vous étouffe… alors sachez qu’il est possible de vivre autrement.

La polyamorie est une alternative à la monogamie. 

L’idée est que chacun·e puisse choisir en conscience la manière dont ielle a envie de vivre ses relations.

C’est en ce sens que je n’ai pas peur de dire que la polyamorie est non seulement éthique, féministe, écologique, foncièrement politique, mais aussi… révolutionnaire !

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #13. En quoi la polyamorie dérange ?

L’ascenseur relationnel, autrement dit la « norme » implicite dans notre société de ce qu’est – ou doit être pour être reconnue comme telle – une relation, conjugue certains éléments :
– un couple hétéro
– qui fait des enfants
– et est monogame / exclusif à vie.

Sauf qu’aujourd’hui, on admet :
– que les mariages homo puissent aussi être des mariages d’amour ;
– que certain·e·s puissent ne pas vouloir avoir d’enfants ;
– que les monogamies puissent être « sérielles » ou « séquentielles » : on n’est plus monogame « à vie », mais le temps d’une union donnée.

Autrement dit, notre regard sur ce que sont censés être – ou ne pas être – l’amour et une relation d’amour, évolue selon la période de l’histoire ou la culture données. Dans certains pays, l’amour homo n’a toujours pas droit de cité (j’en profite pour vous inviter à signer la pétition à propos des tortures et arrestations des homosexuels en Tchétchénie).

Or, je ne le répéterai jamais assez : personne ne peut me définir à ma place.
Si une personne se dit amoureuse… c’est qu’elle est amoureuse. Personne ne peut savoir à ma place ce qu’il se passe dans ma tête ou ce que je ressens. Le jugement des autres sur ce que je vis est tout simplement absurde : c’est du non-sens.

Peut-on alors imaginer que si certain·e·s continuent à dire des relations plurielles que « ce n’est pas vraiment de l’amour« , ou que « ce n’est pas possible d’aimer plusieurs personnes à la fois« , comme on l’entend encore tellement souvent, c’est leur jugement, leur point de vue, qui n’engagent qu’elleux et leur idée préconçue de ce qu’est l’amour ?

Peut-on accepter que seule la parole des personnes qui vivent ces relations plurielles a de la valeur pour définir ou qualifier ce qu’elles vivent ?

Peut-on espérer que, parce que de plus en plus d’entre nous assumerons au grand jour nos relations différentes, hors de l’ascenseur relationnel, le point de vue des « normo-pensants » pourra évoluer, de même qu’il a évolué pour les couples homo ?

Off the Escalator

Aujourd’hui, même si les mœurs évoluent (on ne croit plus à la monogamie “jusqu’à la mort » et on accepte les divorces et séparations, qui créent, de fait, des monogamies sérielles), le mythe de la monogamie tient toujours : si ce n’est plus « à vie », au moins le temps d’un couple.

Paradoxalement, on peut se demander si le mariage homo n’a pas en réalité renforcé ce mythe de l’idéal de la monogamie : de l’exclusivité sentimentale et sexuelle.
Si « même les homo », qui avaient plutôt une « réputation » d’ouverture et de de non-monogamie veulent de l’institution du mariage (sous-entendu, du mariage exclusif), alors c’est bien qu’elle a encore du sens…?

Sauf que dans les faits, selon les sondages, il semblerait qu’entre 50 à 80% des couples “mono” ne sont en réalité exclusifs qu’en apparence et en théorie : en effet, beaucoup reconnaissent avoir au moins une fois, fait une « entorse au contrat ».

Or la grande différence entre ces « entorses » que l’on nomme adultères ou infidélités, et la polyamorie… est précisément l’éthique. 

L’adultère – aussi appelé infidélité : le fait d’être infidèle au contrat passé d’une exclusivité sentimentale et sexuelle – n’est en effet rien d’autre qu’une non-monogamie non-consensuelle (puisqu’au moins l’une des personnes concernées n’est pas au courant) – donc non-éthique.

Si la polyamorie dérange encore tant, n’est-ce pas parce qu’elle attire l’attention sur le fait que cette pratique « implicite » des relations maritales que constitue l’adultère (pensons à la tradition française du vaudeville !) est précisément non-éthique ?
vaudeville

Je me souviens de certaines critiques hyper virulentes à l’égard de mon premier long métrage Tout le plaisir est pour moi (*) qui parlait de clitoris, de masturbation féminine et encourageait les femmes à « prendre leur plaisir en mains » au lieu d’accuser leurs partenaires d’être « de mauvais amants ».
Je ne comprenais pas la véhémence de certaines, notamment des magazines féminins tels que Elle ou Marie-Claire (elles écrivaient que le film était « vulgaire » et « grossier » : or on peut lui faire plein de reproches… mais pas ceux-ci !), et ai posé la question à mon psy. Et sa réponse résonne encore à mes oreilles : Parce que votre film les confronte avec leurs propres compromis avec leur sexualité alors qu’elles ne vous ont rien demandé ! 
Et en effet, pendant les années qui ont suivi, je peux vous assurer que j’ai surveillé les unes des magazines : les premières sur la masturbation féminine sont arrivées… huit ans après seulement, en 2012.

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Sans doute en 2004 était-il encore trop tôt pour un certain nombre de personnes, pour parler aussi ouvertement et librement de masturbation…

Eh bien, je me demande si ce n’est pas la même chose avec la polyamorie, et si on n’a pas là, juste quelques années d’avance sur le « grand public » !

En gros, tant qu’on vit en monogamie hypocrite (tout le monde se dit monogame tandis qu’une grande majorité triche ou ferme les yeux)… tout va bien.

Mais quand la polyamorie commence à faire parler d’elle et à s’afficher dans les magazines grand public (comme Marie-France en janvier dernier), elle déplace les projecteurs sur le côté non-éthique et non-consensuel des relations monogames hypocrites.

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Et les gen·te·s n’ont pas nécessairement envie qu’on attire l’attention de leur conjoint·e sur leur éventuel désir “d’aller voir ailleurs”, ou de se confronter à l’idée que peut-être  leur conjoint·e a des relations extra-maritales. Petits Arrangements avec l’amour, pour reprendre le titre d’un livre de Lucy Vincent. 

Ielles ont peut-être envie de ne pas se confronter avec la réalité, parce que ça les arrange comme ça.
C’est le fameux Don’t ask, don’t tell.
Si je ne le sais pas, ça n’existe pas.
Je préfère ne pas savoir. 

Et quand certain·e·s parlent alors ouvertement de non-monogamie consensuelle et éthique – ce qu’est la polyamorie – en jouant la carte de l’honnêteté, en travaillant sur leurs émotions, leurs éventuelles difficultés relationnelles, leurs ombres, leurs insécurités… eh bien, c’est comme avec Tout le plaisir est pour moi : ça renvoie peut-être certain·e·s à leurs propres non-dits, arrangements et compromis alors que… ielles n’avaient rien demandé !

Cela fait-il sens pour vous ?
Hâte de lire vos commentaires.

Avec plaisir,
amour et bienveillance,
Isa

NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #12. À propos d’amour

Aujourd’hui plus que jamais, je m’interroge : qu’est-ce que l’amour ?

Comment sait-on qu’on est « amoureuxe » ? Comment cela se manifeste-t-il en nous ? Peut-on rester amoureuxe au-delà des « trois ans » mis en avant par Helen Fisher, anthropologue (Histoire naturelle de l’amour, Pourquoi nous aimons?) et rendus célèbres en France par Lucy Vincent (Comment devient-on amoureux ?) ?

L’idée à la base serait que la nature a « créé » l’amour pour pousser l’homme et la femme à procréer et rester ensemble tant que leur rejeton ne pourrait pas tenir seul sur ses deux pieds.

Sauf que… il s’agit clairement d’une vision hétéro-centrée de l’amour, et qui met d’emblée la femme en dépendance de l’homme (l’homme chargé d’assurer sa subsistance tandis qu’elle allaite leur enfant) et qui ne semble plus convenir à la réalité pratique de notre société moderne.
Et quand bien même : il ne s’agit là que des premiers mois de l’amour, donc, et en réalité, de ce qu’on désigne bien plus sûrement sous le terme de « passion amoureuse« .

Helen FisherLucy Vincent

Traditionnellement, on dit que l’amour « amoureux » – celui que l’on appelle l’amour « romantique » entre deux personnes – commence par une période que l’on peut rapporter à l’Eros des Grecs, cette période de limerence que dans les milieux poly, on désigne sous le nom de ENR : énergie de nouvelle relation, qui dure, dit-on – ceci étant appuyé par la biologie – entre quelques semaines et maximum 18 à 36 mois.

Passée cette première phase de passion amoureuse, on voit alors l’autre tel·le qu’ielle est et non plus tel·le que notre regard amoureux des premiers temps nous l’a fait voir : l’amour rend aveugle, dit le dicton, et ceci semble corroboré par la biologie. C’est là où, le plus souvent, « ça passe ou ça casse » : la plupart des relations ne dépassent pas ce stade des premières semaines ou mois.

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Si la relation continue, si l’amour-passion s’est enrichi au quotidien d’amitié, de respect, de partage et d’intimité, on parle alors d’amour Philia : c’est l’amour-intimité, l’amour-amitié, où l’on partage, où l’on se révèle à l’autre peu à peu et à tour de rôle, en réciprocité, comme le fait remarquer Michel Bozon dans Pratique de l’amour

On peut aimer quelqu’un très fort sans se sentir « amoureuxe » de cette personne, de même qu’on peut aimer quelqu’un·e sans avoir envie de lier sa vie à elle.

Car c’est là qu’intervient traditionnellement cette injonction sociétale à « faire couple » qui correspond à ce que l’on appelle l’escalator relationnel. Et qui, pour le coup, n’a plus grand-chose à voir avec la biologie, et tout avec les normes de la société (plus ou moins internalisées) dans laquelle on vit.

escalator_318-84529En effet, si deux personnes se plaisent, se fréquentent depuis un certain temps, la plupart des gens autour d’elles s’attendent à ce que leur relation franchisse l’échelon « supérieur » : qu’elles habitent ensemble, voire passent un contrat « officiel » (PACS ou mariage) et/ou fassent ou adoptent des enfants.
On parle alors d’engagement, selon la « théorie triangulaire de l’amour » développée par Robert Sternberg : les personnes partagent des valeurs communes, voire un projet de vie commun, et lient leur vie l’une à l’autre.

Cette théorie (après tout, ça n’en est qu’une parmi d’autres) applique à l’amour qui réunirait ces trois facettes – amour romantique, intimité et engagement – le terme de « accompli » (« consummate« ) : il s’agit bien ici encore et toujours du modèle dominant du couple monogame dans notre culture, présenté comme « supérieur » – dans le sens de « plus complet » – aux autres formes de relations.

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Or en réalité, aujourd’hui, force est de constater que ce modèle dominant, dans les faits, n’est guère compétitif : si tant est que l’on pose comme critère de réussite (car c’est encore souvent absurdement le cas) la durée ou la pérennité d’un couple, les taux d' »échec » sont retentissants.
Les statistiques des divorces sont impressionnantes, et le seraient bien plus encore si elles tenaient compte de toutes les unions libres, voire des couples qui se reconnaissent comme tels eux-mêmes, mais ne le sont pas par le recensement public, car non-cohabitant.

Or, malgré ces chiffres, malgré la réalité, comment se fait-il que l’on veuille encore y croire ?

Parce que quand on est amoureuxe, on est dopé·e aux hormones et, qu’en général, on est heureuxe. Et donc on a envie de se projeter dans l’avenir, et que ça dure longtemps.
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Et donc on continue à s’interroger (je continue à m’interroger !) : comment faut-il donc s’y prendre pour « faire durer l’amour » ?

D’où cette question première s’il en est : qu’est-ce que l’amour ?

Certain·es (Helen Fisher et Lucy Vincent en tête, donc) disent qu’il s’agit d’un phénomène biologique : les fameuses ocytocine et dopamine, et toutes ces endorphines qui nous font planer…
D’autres disent à l’inverse qu’il s’agit avant tout d’une construction sociale.

En réalité, on a changé de regard sur l’amour depuis quelques dizaines d’années.
La philosophe canadienne Carrie Jenkins vient de consacrer un ouvrage entier à l’amour, en s’interrogeant précisément sur cette question : l’amour est-il un fait biologique ou une construction sociale ?
Sa conclusion, sans grande surprise, est qu’il s’agit à la fois d’un fait biologique ET d’une construction sociale.

What Love Is

Là où son livre est puissant, en revanche, est dans sa déconstruction des schémas induits par notre pensée monogame traditionnelle, notamment des conclusions de Helen Fisher.
Que l’amour soit ocytocine et dopamine, certes : personne ne revient là-dessus ; de même que les IRM des cerveaux des personnes qui se disent amoureuses semblent assez parlants.

Sauf que… pourquoi Helen Fisher conclut-t-elle, par exemple, que l’ocytocine induit l’exclusivité, si ce n’est qu’elle lui fait dire ce qu’elle a envie de lui faire dire ?

Tout le livre de Carrie Jenkins tend à nous montrer que l’amour est aussi une construction sociale basée sur cette origine biologique de l’amour.

On ressent des papillons dans le ventre (si tant est qu’on ne soit pas aromantique), ce qui nous pousse à vouloir passer du temps avec une personne ; l’ocytocine que nous sécrétons alors favorise l’attachement entre nous : c’est un cercle vertueux ; et… là entrent en jeu la construction sociale et l’escalator relationnel, qui favorisent un certain type de relations plutôt qu’un autre.

Par exemple, il n’y a pas si longtemps, la vision « majoritaire » était que l’amour – le « véritable » amour – ne pouvait être qu’hétérosexuel : l’amour homosexuel était vu avec suspicion, on voulait croire qu’il s’agissait avant tout d’une attirance sexuelle (d’où ce terme de « homo-sexuel ? Pour le pathologiser ?)

C’est là où clairement, la légalisation un peu partout dans nos pays occidentaux du mariage entre personnes de même genre fait que désormais, l’amour homosexuel a acquis ses lettres de noblesse : on entend, on « accepte », que deux personnes du même genre peuvent être sincèrement amoureuses l’une de l’autre au point de vouloir lier leur vie l’une à l’autre sur le long terme.
Il ne viendrait plus à l’idée de qui que ce soit de remettre en cause le fait que c’est de l’amour.

baguesC’est en ce sens que l’on peut considérer l’amour aussi comme une construction sociale : en légalisant le mariage homo, la société dans son ensemble reconnaît que ce que ressentent les deux personnes qui se lient ainsi l’une à l’autre est tout aussi valide que ce que ressentent deux personnes hétéro – c’est ce qu’on reconnaît et appelle « l’amour ».

Selon Carrie Jenkins, l’amour est donc bien à la fois un fait biologique ce que je ressens : et je suis la seule personne légitime pour le définir ET une construction sociale : la forme que prennent mes relations est « reconnue » – ou non – par la société dans son ensemble.

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

NB. Si vous souhaitez m’encourager à écrire mon livre sur la polyamorie et les relations positives et éthiques, vous pouvez :
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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #11. Se faire du bien

Je parlais dans mon article #10 de « d’abord ne pas nuire« . Certes, c’est en effet une première règle de base et de bon sens. Mais de même que pour la communication dite « non-violente », il s’agit d’une intention en « ne pas », et non en positif. Et comme je le disais à propos des relations positives, il ne suffit pas qu’une relation soit « non toxique » ou « non abusive », pour qu’elle soit pour autant « positive » : une relation « neutre » pourra en effet être à 0 sur l’échelle de température des relations, là où une relation positive sera elle, possiblement à à 100. Et je préfère parler en positif.

D’où l’idée aujourd’hui d’aller plus loin que « seulement » ne pas faire du mal, en « faisant du bien ».

Je reprends ici une échelle créée par Michel Lacroix dans Paroles toxiques, paroles bienfaisantes : pour une éthique du langage. ll y a des relations ou des interactions qui ne nous font ni chaud ni froid (« neutres »), parmi lesquelles des « plutôt positives » (quand quelqu’un·e est « aimable », poli·e), d’autres « plutôt négatives » (imaginons un·e voisin·e que vous croisez devant chez vous et qui « oublie » de vous saluer). Et puis, de manière plus marquée, il y a des relations ou des interactions que l’on ressent comme carrément toxiques, voire abusives… (cf mon article #9 sur l’importance des limites psychiques et ces gen·te·s qui prétendent savoir mieux que nous ce qu’il se passe en nous ou diriger notre vie comme si ielles nous étaient supérieur·e·s), et inversement, d’autres qui nous font nous sentir bien, nous font pousser des ailes, nous mettent du baume au cœur… 
C’est de celles-ci dont je veux parler aujourd’hui. 
Ethique de la parole

Le langage est en effet une manière, même si évidemment le non-verbal est aussi fondamental, de créer du lien entre les personnes. Et des paroles positives, bienveillantes, encourageantes – si elles sont sincères et authentiques – peuvent faire autant de bien qu’à l’inverse, des paroles blessantes peuvent faire de mal.

Quand par exemple, je reçois, il y a deux jours, un commentaire sur l’un de mes articles me disant :

En ce moment où j’avance avec force mêlée d’incertitudes, c’est d’une salvatrice douceur que de pouvoir prendre appui sur tes écrits.

comment vous dire à quel point ça me touche, voire me bouleverse ? J’en ai le cœur qui fait des bonds, j’ai envie de le crier sur les toits, de l’afficher au-dessus de mon bureau : je n’écris pas dans le vide, il y a là, sur la toile, des gen·te·s qui me lisent, voire peut-être même des gen·te·s que je ne connais pas, et auxquel·lle·s, ne serait-ce que le temps d’un article, je fais du bien, pour lesquel·le·s, peut-être, je contribue à ouvrir des portes ?

J’écris ces articles parce que j’en ai besoin, parce que, d’une certaine manière, ce sont ceux que j’aurais aimé lire quand j’avais 15, 20 ou 25 ans… pour ne pas tomber dans les ornières dans lesquelles je suis tombée, ne pas accepter les relations toxiques voire abusives que j’ai pourtant tolérées pendant de nombreuses années en pensant que je ne « méritais pas mieux », et pour ressentir en moi bien plus tôt que, même si je n’étais pas « comme les autres », même si je me sentais « différente », moi aussi j’avais le droit d’être heureuse dans mes relations, de faire du bien et qu’on m’en fasse…
Et si je peux aider, ne serait-ce qu’une seule personne, à ouvrir les yeux un peu plus tôt que moi, à se poser des questions sur les illusions dont on nous berce dès notre enfance sur les mythes de l’amour romantique, sur le fait que pour « mériter » d’être en couple, il faut nécessairement faire des concessions et des compromis, à s’interroger sur le type de relations qu’elle souhaite pour elle-même… alors je serai amplement récompensée.
Et quand je reçois un tel message, alors des ailes me poussent, et je n’écris plus « au cas où », j’écris aussi pour cette personne en particulier, et comme elle me l’a écrit en retour :

Génial ! On s’entraide en fait ! Tu m’en vois ravie ! Alors oui, s’il te plait, continue !!!!

Voilà, c’est exactement ça : on s’entraide, c’est du gagnant-gagnant, l’amour et la bienveillance circulent, et c’est précisément ce que j’appelle une interaction positive par le langage.

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Et en réalité, même si certain·e·s d’entre nous savent spontanément comment entretenir avec les autres des interactions positives, la bonne nouvelle, c’est que… ça s’apprend !

Moi-même, je sais que j’ai incroyablement changé dans ma manière de m’exprimer depuis quelques années. Depuis que je sais que c’est possible de faire du bien avec des mots, qu’il est possible de vivre des interactions positives quasiment tout le temps, depuis que j’ai pris conscience que dans une relation, la moitié de cette relation dépend de moi, et que je peux (la plupart du temps, pas toujours) influer sur la manière dont va se dérouler l’interaction avec une autre personne, j’ai appris à observer les personnes autour de moi auprès desquelles je me sentais bien, les modéliser… et j’ai travaillé sur moi de manière à devenir une meilleure version de moi-même.

Fais de ton mieux

Autrement dit… communiquer, ça s’apprend. On peut choisir de se focaliser sur le bon en l’autre, sur le positif, sur ce qu’on aime en ellui, et lea valoriser, lea remercier, l’encourager. C’est ce que nous apporte notamment la pratique de la gratitude, un outil précieux.

Avoir confiance en l’autre parce qu’on a confiance en soi-même et en la relation, ça s’apprend aussi. Et se faire du bien et faire du bien autour de soi, plutôt que de se laisser ré-agir aux stimuli désagréables qui nous arrivent de l’extérieur parfois, c’est aussi un apprentissage conscient.

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #10. Primum non nocere

Comme je l’ai développé dans mes articles #8 sur le droit inaliénable de chacun·e à se définir soi-même et #9 sur l’importance de nos limites psychiques, si quelqu’une prétend me définir ou me qualifier de l’extérieurprojetant en réalité sur moi son jugement, son point de vue, ses pensées… ielle est dans l’absurde, dans du non-sens, mais aussi déjà dans une forme d’abus, cherchant (même inconsciemment, bien sûr) à outrepasser mes limites psychiques.

Or c’est malheureusement l’un des modes de communication les plus répandus dans notre société et notre culture.

Quand quelque chose nous dérange, nous blesse, nous met mal à l’aise… on a appris à en chercher la cause à l’extérieur de nous, au lieu de la chercher à l’intérieur.

Un parent dont l’enfant chante et danse joyeusement autour de lui, s’il est fatigué, inquiet, pourra lui dire : Arrête de faire du bruit comme ça, tu m’énerves ! Ou tu me fatigues ! Alors qu’à un autre moment, de bonne humeur et en pleine forme, il aurait tout aussi bien pu se mettre à chanter et danser aussi !
La formule juste n’est donc pas Tu m’énerves ou Tu me fatigues, mais bien Je suis énervée ou Je suis fatiguée.
Et… ça change tout, évidemment, pour l’enfant.

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Dans le premier cas, l’enfant se sentira « responsable », voire « coupable » de l’état d’énervement ou de fatigue de son parent, puisque celui-ci le lui a dit – et que tout ce que dit son parent, l’enfant le croit, naturellement.
Dans le deuxième cas, l’enfant saura que les émotions ou l’état émotionnel de son parent lui appartient, et qu’en effet, parfois ielles réussissent à être en connexion positive… et parfois pas, mais que l’enjeu ne repose pas sur ses épaules.

D’ailleurs, l’avez-vous remarqué ? Souvent la première question qu’un enfant pose quand ielle nous sent énervé·e est : Est-ce que c’est à cause de moi ? Est-ce que j’ai fait quelque chose ?

Chacun·e a le devoir d’assumer la responsabilité de ses propres émotions – et réactions : ne pas chercher la cause de mon état émotionnel à l’extérieur, mais s’interroger sur quel besoin non satisfait en moi se révèle ainsi dans ce que je ressens en moi comme une émotion désagréable ou pénible à éprouver (tristesse, peur ou colère). 

Car si je cherche à projeter sur un·e autre la responsabilité de ce que je ressens, je vais aussi, à coup sûr, abîmer la relation entre nous.

Un des premiers préceptes que j’aime mettre en avant, qui nous arrive tout droit d’Hippocrate et me paraît encore incroyablement inspirant, est Primum non nocere : D‘abord… ne pas nuire !

Primum Non Nocere

Quand on le rapporte au langage et à la communication verbale, cela donne notamment… le 1er accord toltèque : Que ma parole soit impeccable.
On parle ici d’éthique du langage, ou d’éthique de la parole.

Accord #1

Avant de parler, se poser la question : à quoi ce que je m’apprête à dire va-t-il servir ? Vais-je améliorer la relation ? Faire du bien à la personne ? Comment se sentira-t-ielle après avoir entendu ce que je m’apprête à lui dire ?

C’est le fameux dicton de nos grands-parents : tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler !

Si j’éprouve le “besoin” d’émettre une critique ou un jugement à l’égard de quelqu’un·e d’autre… peut-être peut-il alors être utile d’appuyer sur le bouton STOP ? S‘arrêter et prendre le Temps d’Observer avant de Poursuivre : de quoi ce “besoin” – qui m’appartient – est-il révélateur ?

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C’est là où les outils développés par Marshall Rosenberg dans ce qu’il a appelé la communication non-violente (CNV) trouvent toute leur utilité.
En particulier lorsqu’il attire notre attention sur le fait qu’une attitude ou une parole agressive de la part de quelqu’un·e est le plus souvent ce qu’il nomme : “l’expression tragique d’un besoin non satisfait”.

Mon “devoir” alors, si je souhaite entretenir avec mes proches (ou moins proches) des relations harmonieuses, est de prendre conscience de ces besoins non satisfaits en moi… et d’apprendre à les exprimer de façon que l’autre puisse les entendre : sans le juger, le critiquer, le dévaloriser, ou l’accabler de reproches.

Car quand quelqu’un·e entend ce qui ressemble à un reproche, un blâme, ou un jugement, quelle est le plus souvent sa réaction ? C’est une ré-action, précisément, car comme elle se sent (à juste titre) « attaqué·e » – et donc, en danger -, instinctivement et de façon réflexe, son amygdale s’active, et la personne va chercher, pour se protéger, soit à se justifier, soit à attaquer en retour, soit à fuir la discussion, souvent par crainte de ne l’envenimer ou se disant que, de toute façon, cela ne servirait à rien d’entrer sur ce terrain.

Autrement dit, et dans tous les cas, s’adresser à quelqu’un·e sous la forme d’une fléche décochée à son encontre, est bien la meilleure manière de… nuire à la communication, et par là-même, à la relation.

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Que souhaite-t-on ? Souhaite-t-on maintenir le lien, aller dans le sens de la relation… ou avoir raison, et que l’autre se retire la queue basse en signe de soumission, ou bien encore que cela nous mène tout droit à un combat de coqs ?

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La véritable question que l’on a à se poser est en effet bien celle-ci : quel but poursuit-on ? Que souhaite-t-on pour la relation à court, moyen et long terme ? De quoi a-t-on envie ?

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #9. De l’importance des limites psychiques

Comme on a des limites physiques, on a des limites psychiques.

Si quelqu’un·e me frappe, me porte un coup, me marche sur le pied dans le bus, ou même simplement me touche alors que je ne l’y ai pas explicitement autorisé·e… tout le monde est d’accord pour dire qu’il s’agit d’un abus physique. Et si cet abus a à voir avec mon intégrité sexuelle, alors on parlera d’abus sexuel. Et les abus physiques et sexuels sont punis par la loi.

NB. Le conseil constitutionnel est revenu en janvier dernier sur la loi passée en décembre sur l’interdiction des violences corporelles sur les enfants, soit-disant pour une question de forme : la France est l’un des derniers pays européens à encore, par défaut, « autoriser » le fait de frapper ses enfants. C’est… atterrant.

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Donc, reprenons : en France, sauf s’il s’agit de son enfant, tout le monde considère comme un abus de frapper quelqu’un·e ou de porter atteinte d’une quelconque manière à son intégrité physique.

Eh bien, il me semble qu’il est temps, plus que temps, qu’on apprenne aussi à reconnaître que, de même qu’on a des limites physiques, qui sont traditionnellement reconnues comme étant celles de notre enveloppe corporelle (mais pas seulement : les marteaux piqueurs dans l’appartement au-dessus du mien en ce moment-même portent également atteinte à mon bien-être « physique »), on a aussi des limites psychiques.

Et quand quelqu’un·e prétend me définir, me qualifier, ou prétend savoir ce qu’il se passe dans ma tête, quelles sont mes intentions ou ma motivation, ielle franchit mes limites psychiques.

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D’une part, cela n’a pas de sens, et n’a donc en conséquence, aucune valeur.
Car personne ne peut prétendre savoir ce que j’ai dans la tête, si j’ai chaud, faim ou froid, ce que je pense ou ressens.

Si quelqu’un·e me dit  : Tu cherches à me contrarier ou Tu ne m’écoutes pas ! … qui est-ielle pour prétendre être dans ma tête ?
C’est juste absurde.
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Oui, mais pas seulement. Car en réalité, c’est aussi déjà de l’abus, au même sens qu’un coup qui aurait été porté physiquement : en s’autorisant à parler de moi à ma place, ielle a franchi mes limites psychiques.

D’ailleurs, si je ne m’y suis pas préparé·e, si je n’ai pas auparavant levé mon bouclier en prévision de la flèche qui allait être décochée dans ma direction et si j’ai le malheur de croire que ce que cette personne dit de moi ou à propos de moi correspond à une quelconque réalité, cela peut provoquer en moi des dégâts considérables.

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Tu es égoïste, tu ne penses qu’à toi ! Tu es insupportable ! Tu ne t’en sortiras jamais. Tu es toujours en train de te plaindre. Etc etc etc.
Voilà le type de communication que Jacques Salomé a qualifié de « relation klaxon » (tu-tu-tu) et résumé avec la formule : « Le « tu » tue.«  

C’est là, qu’une fois de plus, les accords toltèques me sont d’une aide précieuse, et en particulier, le 2ème : Ne rien prendre personnellement ! Ne pas croire quelqu’un·e qui parle de moi à ma place !

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Face à quelqu’un·e qui prétend parler pour moi :

  1. Ne pas lui accorder de crédit 
    = ne pas chercher à s’expliquer ou à se justifier – ce qui pourrait valider par défaut ce qu’ielle dit.
  2. Lui répondre en miroir :
    Quoi ? Qu’as-tu dit ? Pourrais-tu répéter ? J’ai compris “ça” : est-ce bien “ça” que tu voulais dire ?

Autrement dit, lui renvoyer la balle, comme un mur dans une salle de squash : la violence de l’agression, du jugement, de la critique lui appartient. C’est d’elle-même, et non de nous, que la personne parle.
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Autrement dit, faire en sorte de ne pas se laisser aspirer par la spirale négative des jeux psychologiques, et de rester maître·sse de soi-même : savoir que nous sommes et restons la seule personne légitime pour parler de nous-mêmes.

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Ben oui, je sais – et je suis malheureusement bien placée pour le savoir : c’est souvent plus facile à dire qu’à faire, et voici en effet une injonction de plus qui pourrait être ressentie comme culpabilisatrice, voire à laquelle il pourrait être reproché de faire la part belle au victim-blaming.

J’en serais navrée.
Mon intention ici est en effet avant tout d’aider à faire prendre conscience du côté absurde – au sens de « non-sens » – d’une communication qui, en réalité, coupe toute communication authentique entre deux personnes, qui tue la relation entre elles.

Plutôt que d’essayer de se faire comprendre d’une personne qui vous accuse, parle à votre place, vous prête des intentions qui ne sont clairement pas les vôtres, prétend savoir mieux que vous ce que vous ressentez… une des options peut en effet de faire un pas de côté, regarder la scène comme s’il s’agissait d’une scène de cinéma, comme si nous étions spectateurice et non acteurice de la scène, et soudain, au lieu de la voir comme quelqu’un·e de potentiellement menaçant·e ou nocive, la voir comme un pantin qui décoche des flèches parce que c’est sa seule façon de communiquer quand elle se sent elle-même en danger (je suis allée voir Robin des Bois ce matin avec la classe de ma fille, c’est ma journée flèches et boucliers !).

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Ça ne règlera évidemment pas d’un coup tous les problèmes de communication que nous rencontrons avec cette personne… mais cela pourra au moins nous aider à moins en souffrir sur le moment : à ne pas le prendre personnellement (vous le reconnaissez maintenant ? C’est l’accord toltèque n°2 !).

Hâte de lire vos commentaires.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isa

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #8. Droit à se définir soi-même

Du point de vue qui est le mien, celui de l’éthique des relations, je souhaite aujourd’hui réfléchir autour de l’idée que :  Chacun·e a le droit au respect, et en particulier, de se définir soi-même. 

En réalité, personne ne peut savoir à ma place ce que je pense, ce que je ressens, ce que je souhaite, quelles sont mes intentions ou mes motivations.

Cellui qui prétend le savoir… est dans l’absurde, le non-sens, et dans l’abus : ielle outrepasse mes limites psychiques (j’y reviendrai demain).

J’ai découvert cette réflexion autour de ce qu’est une relation verbalement abusive  dans les livres de Patricia Evans il y a seulement quelques mois : et c’est comme si soudain tout avait pris sens pour moi, comme si toutes les pièces d’un puzzle jusque-là éparpillées… trouvaient enfin leur juste place.

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Li’dée principale est que dans notre société (patriarcale, hiérarchique), au lieu de reconnaître que chaque être humain ne peut légitimement que se définir lui-même, on marche à l’envers, dans le sens où on nous définit dès l’enfance de l’extérieur (outside in).
Les parents, en effet, ont souvent tendance à prétendre « mieux savoir que leur enfant » ce qui est bon pour lui, ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il a dans la tête. Mais non, tu ne t’es pas fait mal, c’est juste un bobo. Tu le fais exprès pour m’embêter ! Tu n’écoutes jamais ce que je te dis ! 

Or personne ne peut savoir à ma place ce qu’il se passe dans ma tête, mon corps, mes émotions, et je ne peux me définir que depuis l’intérieur vers l’extérieur :  inside out (tiens, ça ne peut pas être un hasard : c’est le titre de ce fabuleux film des studios Pixar sur les émotions, malheureusement traduit en français par Vice-versa – ce qui lui enlève tout son sens).

Et pourquoi cette définition « de l’extérieur » ? Pourquoi certain·e·s se permettent-ielles de prétendre mieux savoir que d’autres ce qu’il se passe en elleux ? Parce qu’ielles se sentent « légitimes » dans leur supériorité.

C’est là que m’est utile l’image des deux échelles sur lesquelles peuvent se mesurer les relations que j’ai trouvée chez Elaine N. Aron : l’échelle verticale du ranking (celle des rapports de force et de pouvoir : de la hiérarchie) qui fait que les êtres humains se mesurent les un·e·s aux autres en supérieur·e·s ou inférieur·e·s – par contraste avec l’échelle horizontale du linking : celle du « lien », de l’amitié et de l’amour, et qui est altruiste, réciproque, mutuelle, égalitaire.
Unknown-1Reprenons. Autrefois – il n’y a pas si longtemps – l’homme avait pouvoir sur la femme (le droit de vote, d’avoir un compte en banque, etc, vous vous souvenez ? L’occasion de (re)voir l’excellente vidéo sur « Les Femmes« , à la fois éducative, informative et hilarante (parce que mieux vaut en rire qu’en pleurer…) de Et tout le monde s’en fout).
Or aujourd’hui, on voit bien à quel point c’est juste… absurde.

On continue pour autant à trouver ce rapport de force et de pouvoir « normal » (qui détermine une « supériorité » hiérarchique, le « tu me dois le respect parce que je suis ton·ta supérieur·e, j’ai plus de poids que toi dans la société – au sens de : plus de pouvoir) pour d’autres relations telles que :

  • le parent sur l’enfant
  • lea professeur·e sur l’élève (pourquoi ne dit-on pas enseignant·e / apprenant·e ?)
  • l’employeur·se sur son employé·e.

Or, d’un point de vue éthique, fondamental, chaque personne étant un être humain : personne n’est supérieur à personne.

Pourtant certaines personnes se croient “supérieures” à d’autres et à ce titre, se permettent de les juger (des « jugements » de l’extérieur, qui, on le sait pourtant, parlent d’elles-mêmes et non de la personne qu’elles prétendent juger) et de mal leur parler, voire de leur donner des ordres.

En particulier,  les enfants sont encore trop souvent considérés comme des “sous-êtres”.
Mon fils l’a très justement exprimé un soir lors d’un atelier de communication non-violente – et les quinze adultes présent·e·s autour de lui ont, je crois, été fortement ému·e·s, comme moi, en « comprenant » la souffrance quotidienne qui se révélait à nous ainsi – quand il a fait cette demande : Est-ce que cela vous serait possible, ce soir, de me considérer non comme « un enfant », mais comme « une personne » ?

Pour moi, cela voulait tout dire de la manière dont souvent les parents, les professeurs, les adultes dans leur ensemble, se permettent de mal  parler aux enfants, de leur donner des ordres, de les rabaisser : ce sont des humiliations répétées (Ah surtout ne me réponds pas, ne sois pas impertinent !) et au quotidien, des émotions interdites d’expression que, petit à petit, l’enfant apprend à refouler – voire auxquelles plus tard, il n’aura parfois même plus accès.

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Pour moi, si quelqu’un·e se permet de prétendre savoir ce qu’il y a dans la tête, le corps, les intentions de quelqu’un·e d’autre, ou de lui dire comment ielle « devrait » se comporter, ou de porter un jugement sur ce qu’ielle a fait… ielle est dans l’abus.

Or on l’a vu, les rapports de force et de pouvoir, et les relations abusives donc, sont inscrites pour la plupart d’entre nous, dès notre enfance : on les intègre comme « normales ». On croit « normal » d’être défini·e de l’extérieuroutside in – alors qu’en réalité, cela ne fait pas sens, et constitue déjà de l’abus.

Fondamentalement, personne n’a plus de valeur que quelqu’un·e d’autre, quel que soient, une fois de plus, son âge, son genre, son statut social. Personne ne peut prétendre savoir mieux que moi qui je suis, ce que je veux, ce que je ressens ou ce que j’ai dans la tête. L’autre est… autre, aussi légitime que moi en tant qu’être humain.

Hâte de lire vos commentaires, aujourd’hui plus que jamais.

Au plaisir,
avec amour et bienveillance,
Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #7. Communication compassionnelle

J’ai choisi aujourd’hui de parler de communication compassionnelle plutôt que de « communication non-violente » qui fait directement référence aux outils développés par Marshall Rosenberg, pour deux raisons principales :

– d’une part, parce que j’ai de plus en plus de mal avec les mots qui se définissent « contre », en « non-quelque chose ».
Le livre J’arrête de râler de Christine Lewicki par exemple a été pour moi une révélation… mais je trouve dommage qu’il s’adresse à notre cerveau par une formule négative : car le cerveau ne connaît pas, ne comprend pas, la négative – d’où les enjeux et le développement de la psychologie positive, dont la découverte a littéralement changé ma vie (cf ma toute première série d’articles : 13 jours… devenus 21 de pensée positive) ;

– d’autre part, parce que je souhaite que mes réflexions ici, puisque je parle d’éthique des relations, dépassent en réalité le cadre de la seule « communication non violente ».
En ce sens, il ne s’agit pas « seulement » de communiquer les un·e·s avec les autres de manière « non-violente », mais bien plus profondément : avec le cœur, et dans l’accueil et la compassion.

Pourquoi ? Parce qu’à mon sens, cela permet de comprendre, de se comprendre, de nous comprendre.

Beaucoup de nos pensées, en effet, sont alimentées par des « projections », des hypothèses, des suppositions : l’autre fait ou a fait quelque chose par rapport à quoi je me sens mal ou mal à l’aise, qui me heurte, me blesse, réveille en moi des émotions désagréables… et ma machine à pensées (négatives, le plus souvent, parce que j’ai été élevé·e à penser comme ça, parce que l’ensemble de notre société fonctionne encore souvent comme ça) se met en route : ielle n’a vraiment aucune considération pour moi ; en fait, ielle s’en fout de moi ; si je comptais pour ielle, ielle n’aurait pas fait une chose pareille… (quelle que soit la chose en question).
Je pense trop copieSauf que j’ai bien écrit : « réveille en moi des émotions désagréables ».
Les émotions, en effet, sont les miennes : elles sont en moi. La même action, dans un autre contexte, ou faite par quelqu’un·e d’autre, n’aurait pas réveillé en moi les mêmes émotions, ni du coup, les mêmes pensées qui, en réalité, viennent « justifier » ou « trouver des explications (théoriquement) rationnelles » à ces émotions.

Dans notre culture, quand quelque chose pose problème, on a souvent le réflexe (acquis) de chercher un·e responsable, voire un·e coupable. Et comme je ne souhaite pas reconnaître que je pourrais avoir ma part de responsabilité, car, notre culture étant, de mon point de vue, une culture de la punition (si je suis « coupable », alors je dois être « puni·e »), je crains de n’être  mis·e en accusation ou montré·e du doigt si je me désigne comme « responsable »… alors je rejette la responsabilité – voire la « faute » – sur l’autre !

Je le vois au quotidien avec mes enfants : qu’est-ce que c’est difficile de déconstruire cette « réactivité » qui paraît automatique – instinctive ? – du « C’est pas moi ! » souvent suivi de : « Et puisque c’est pas moi… c’est l’autre ! »

La véritable question ici est : pourquoi, au nom de quoi, faudrait-il désigner ou trouver un·e « coupable » ?
Quand un verre d’eau a été renversé, l’important est-il de savoir qui l’a renversé, comment il a été renversé ou… de réparer les dégâts ?
Autrement dit, l’enjeu est-il de trouver un·e coupable / responsable  (Pourquoi je devrais ranger ? C’est pas moi qui ai dérangé !) ou bien de faire en sorte que tout aille pour le mieux à nouveau ?

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Pour moi, la communication compassionnelle – être dans la compassion, dans le sens de cum patior : souffrir avec – est aussi celle qui permet de « comprendre » l’autre. Et quand on comprend l’autre – qui, par définition, est autre (cf #6. L’autre… est autre) -, on peut lâcher les projections, les hypothèses, les suppositions, et se placer simplement de son point de vue.

Finalement, je me rends compte que c’est comme les différents points de vue dans une scène de cinéma : selon si on voit une scène du point de vue de l’un·e ou du point de vue de l’autre, on ne la vit pas, et on ne la comprend pas de la même façon.
Quand on réalise une scène au cinéma, il s’agit toujours de se poser la question : qui est le ou la narrateurice, qui raconte, de quel point de vue se place-t-on ?

Chacun·e d’entre nous est toujours le héros ou l’héroïne de sa propre histoire. Je ne peux voir le monde qu’à travers mes propres yeux : je peux imaginer ce qu’il se passe dans la tête de l’autre, je peux projeter ce qu’ielle pense, ressent… mais je ne peux pas le savoir. 

Et fondamentalement, de son point de vue, chaque être humain fait toujours ce qu’ielle pense, sur le moment, dans les circonstances données, être le mieux pour ellui.

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Ça me paraît en effet très important à garder en tête : on peut espérer qu’il est quand même rare que quelqu’un·e fasse quelque chose véritablement contre quelqu’un·e d’autre, ou exprès pour lui nuire : c’est plus sûrement parce qu’ielle fait passer son propre intérêt avant celui de quelqu’un·e d’autre…

On voit bien par exemple à quel point ça paraît absurde d’entendre un parent dire à propos de son enfant : Ielle le fait exprès pour me faire enrager, ou encore  Il me cherche ! pour reprendre le titre d’un livre d’Isabelle Filliozat – un enfant (surtout petit) a rarement pour intention de faire enrager son parent : ce n’est clairement pas dans son intérêt !

Il me chercheVu comme ça, on voit bien à quel point il est tout aussi absurde d’entendre quelqu’un·e dire à quelqu’un·e d’autre, quel que soit son âge : Tu ne m’écoutes pas ! Tu le fais exprès ou quoi ? Tu ne fais aucun effort. 

En réalité, comme je le disais,  l’autre est autre, et par définition, personne ne peut savoir ce qu’il se passe dans la tête de quelqu’un·e d’autre.

Découle pour moi de ce grand principe d’égalité de droits et de respect entre les personnes que j’ai posé dans mon article #5, le fait que chacun·e de nous a des droits, des émotions, des ressentis, des limites, des besoins… tout autant légitimes que les nôtres.

Il est donc tout aussi important :

  • à la fois d’oser affirmer ses émotions, besoins, désirs – car si on ne parle pas pour soi, personne ne peut les imaginer, ou les inventer, sauf dans le cadre d’une fiction ;
  • et d’entendre et accueillir ceux de l’autre, car c’est la seule façon de connaître ou de comprendre quelqu’un·e : de l’écouter et de comprendre son point de vue.

Étant entendu que comprendre, accueillir, accepter… ne signifie pas « être d’accord ».

Cela permet cependant au moins de : ne pas projeter, ou selon l’accord toltèque #3, ne pas faire de supposition. 

Cela permet aussi de mieux ressentir l’accord toltèque #2 : ne rien prendre personnellement.
En effet, quand l’autre fait quelque chose avec quoi je me sens mal ou mal à l’aise… partir du principe qu’ielle ne fait jamais rien dans l’intention de me blesser ou de me porter préjudice : quand on comprend son point de vue, on ressent que ça n’est pas “contre” nous, mais “pour” lui ou elle.

Accords toltèques

Fondamentalement, chacun.e est libre, de manière intrinsèque et inaliénable, de mener sa vie comme ielle l’entend, et… ne nous “doit” rien.

Et notamment, quand j’entends dire : “Les enfants doivent respect à leurs parents… sous-entendu « parce que » ce sont leurs parents” (idem avec des professeurs), je suis profondément choquée.
Oui, un enfant doit respect à son parent ou à son professeur, de même que, pour moi, éthiquement parlant, et de manière non négociable, un parent ou un professeur doit respect à l’enfant.

En réalité, chacun·e doit le respect à chacun·e, quel que soit son âge, son “rang” dans la société, son genre.
Ce sera le thème de la réflexion de mon article #8.

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Au plaisir,
avec amour et bienveillance,

Isabelle

 

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #6. L’autre est… autre !

Au risque de paraître enfoncer une porte ouverte, ma pensée du jour va porter sur ce qui, pour moi, est peut-être mon grand principe de base  là où j’en suis aujourd’hui – et qui peut tenir en réalité en quelques mots assez simples :

L’AUTRE EST… AUTRE !
Aussi libre et respectable 
en tant qu’être humain
que je le suis moi. 

C’est mon credo humaniste, égalitaire, fondamental.

Et donc –  là encore, je préfère mettre les points sur les « i » – :  par définition même, intrinsèquement féministe.

D’ailleurs, nota bene au passage pour celleux auxquel·le·s ça aurait échappé jusqu’à présent : la polyamorie est – par définition – égalitaire, donc féministe : chaque partenaire a les mêmes droits, quel que soit son âge, son genre, son orientation sexuelle ou relationnelle.

En Espagne, où ielles semblent avoir quelques années d’avance sur nous, j’ai l’impression – pour ce que j’en ai vu – que la plupart des activistes poly sont aussi des activistes féministes.
J’apprécie de même particulièrement la description sur Facebook du groupe  Black and Poly, dont les modérateurs ont organisé la projection de LUTINE à Oakland pour le Pride Day l’année dernière : Polyamory is an ethical form of non monogamy, rooted in feminism, with relationships that are typically geared around egalitarianism [equality for all] and is the practice, desire, or acceptance of having more than one intimate relationship at a time with the knowledge and consent of everyone involved.

J’aimerais qu’en France, de même, on ne puisse envisager la polyamorie en dehors du féminisme.

Une des questions que je me pose régulièrement est : comment revendiquer le féminisme en militant pour les droits des femmes, sans paraître être contre les hommes en tant qu’hommes ? – dérive dans laquelle j’ai malheureusement l’impression qu’il est facile de glisser.

Mon fils m’a un jour dit, alors qu’il avait dix ans : « Maman, qui tu vois quand tu me regardes ? Je ne suis pas mon père, je ne suis pas « les hommes », je suis moi, ton fils, et j’aimerais que tu me vois pour qui je suis, moi. »
Évidemment, s’il me l’a dit ce jour-là, c’est parce qu’il savait que je pouvais l’entendre. Et j’en ai été bouleversée.

Oui, car « l’autre est autre » signifie aussi que l’autre n’est pas la projection que je peux avoir de lui – et qui m’appartient.

Si, quand mon fils donne une gifle à sa sœur – ce qu’il s’était passé ce jour-là, et qui m’avait littéralement fait sortir de mes gonds, par l’image que j’y avais projetée des violences faites aux femmes – je vois en effet en lui tous les hommes violents depuis la nuit des temps… alors je ne lui laisse aucune chance, je coupe la communication entre nous, et la relation » (l’histoire que je me raconte) est biaisée dès le départ : quoi qu’il puisse chercher à me dire, je serais fermée au dialogue.

Je souhaite m’inscrire en faux et lutter contre le système de la société patriarcale dans laquelle on a tou·te·s vu le jour et qui est construite sur une hiérarchie entre les individu·e·s – dont le principe même va à l’encontre de mes convictions les plus profondes – sans pour autant sembler reprocher aux hommes « qui » ils sont. Au contraire, un par un, leur donner entendre notre voix, les aider à voir à travers nos yeux, à vivre le monde via l’expérience que l’on en a.

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L’autre étant autre, différent·e, séparé·e, et aussi respectable et libre que moi dans ses choix de vie, son libre-arbitre, ses désirs, je n’ai par principe, aucun « droit » sur elle ou lui.
Quand ielle décide quelque chose, c’est son choix. Je peux parler de moi, de ce que ça provoque en moi, des émotions que peut-être ça réveille… mais ça reste son choix, sa vie. Chaque être est libre, absolument, intrinsèquement.

Et la seule façon de savoir ce que l’autre a en tête, quelles sont ses émotions, ses désirs, ou ses motivations… est de le lui demander.
Ne pas faire de projections, de suppositions, d’hypothèses… qui ne sont que des pensées qui, par définition, m’appartiennent et n’ont rien à voir avec la réalité.

Demain… je reviendrai sur la pratique de la communication compassionnelle – terme que je préfère à « communication non-violente », car de manière générale, je n’aime pas ce qui se définit en « non-quelque chose » (dans « non-violente », j’entends encore la référence à « violente »).

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Isabelle

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ÉTHIQUE RELATIONNELLE #5. Règles générales et Cas particuliers

Je parlais dans mon article #4 de la différence qu’on pouvait être amené·e à faire entre la morale d’un côté, l’éthique de l’autre – sachant que les deux mots ont en réalité exactement la même origine étymologique, l’une en latin, l’autre en grec : comportement, mœurs, et ce qui fait qu’un être vit « bien » dans un milieu donné à une époque donnée.

En simplifiant, la morale serait ce qui nous est « donné », par la société, la culture, transmis par les générations, ce qui est censé s’appliquer à tou·te·s et dans toutes les circonstances : les grandes « règles » universelles telles que « tu ne tueras point » ou  « tu ne voleras point » (car si on l’autorisait pour une seule personne, la société dans son entier ne pourrait pas fonctionner) ; et si on pousse la logique un peu plus loin : Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse. 

Certes. Sauf que si – cas particulier – un parent n’a pas d’autre option sur le moment que de voler pour nourrir son enfant (sachant que par ailleurs, il ne met en danger la vie d’aucun autre enfant pour sauver le sien), qui songerait à le lui reprocher ?

Il y a donc bien d’un côté, les « règles générales » supposées s’appliquer et nous guider dans tous les cas… et de l’autre, des cas particuliers : d’où les questionnements sur « l’éthique ».

Qu’est-il « éthique » de faire ou pas ? Comment faire « au mieux », tant que ça ne fait de mal – ou le moins possible – à personne d’autre ?

C’est le fameux précepte : Ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre.
Cf l’article 4 de la  Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, adaptée à la mixité en 2015 Déclaration des Droits humains : 

« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque être humain n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. »

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C’est en ce sens, et au nom de la liberté intrinsèque, absolue et inaliénable de chaque être humain à disposer de sa vie tant qu’ielle ne nuit pas à autrui, qu’une « norme » en termes de relations privées et intimes qui, au nom d’une certaine « morale », et sous prétexte qu’elle correspond à de nombreuses personnes, voire peut-être même à la majorité – et tant mieux pour elles – prétendrait s’appliquer à tou·te·s… me semble discutable.

Autrement dit, je réclame le droit pour chacun·e à dessiner pour soi des relations sur-mesure, qui lui conviennent, et non suivant des injonctions à un prétendu « prêt-à-porter ».

Je fais bien sûr ici référence à ce que les Anglo-Saxon·nes appellent l’escalator relationnel, que je choisis de « traduire » par « ascenseur relationnel » (car « escalator » est vraiment trop moche en français et escalier mécanique, euh… comment dire ?) : cf ce livre passionnant et inspirant de Amy Gahran, journaliste canadienne, sorti tout récemment, qui montre la réalité pratique de la myriade de modes relationnels possibles. 

Off the EscalatorL’idée, c’est que dans nos sociétés et notre culture, on se construit souvent avec des idées toutes faites – qui peuvent rapidement se transformer, si on n’y fait pas attention, en injonctions normatives – sur ce qu’est – ou doit être – une relation « réussie ».
En gros : on se rencontre, on se plaît, on tombe amoureuxe, on « sort » ensemble, on fait des projets, on s’installe ensemble, (on fait des enfants), on passe toute sa vie ensemble, jusqu’à ce que l’un·e des deux meurt.

Autrement dit, la « norme » de l’escalator relationnel nous dit qu’une « vraie » relation réussie, c’est :

  • un couple hétéro (je parle de « couple » au sens de : relation entre deux personnes, comme en physique ou en mécanique)
  • qui vit ensemble
  • fait des enfants
  • et reste ensemble jusqu’à ce que l’un·e des deux meurt
  • en étant exclusifve l’un·e envers l’autre toute leur vie.

(Walt Disney, quoi !).

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Sauf que… ça fait quand même un moment que c’est acquis que ça ne « marche » pas comme ça dans la vraie vie, non ? Prenons les « normes » une à une :

  • les couples homo sont aujourd’hui autant reconnus et légitimes que les couples hétéro ;
  • il y a de plus en plus de couples non-cohabitants, ou de couples « longue distance » ;
  • grâce à la contraception, on peut choisir – ou non – de faire des enfants ; et il ne viendrait à l’idée de personne de ne pas reconnaître comme légitime, par exemple, une union de deux personnes en « famille recomposée » ;
  • avec la multiplication des divorces et des séparations, la plupart des gen·te·s vivent aujourd’hui ce qu’on appelle des « monogamies sérielles » : des unions monogames (contractualisées légalement ou non) les unes derrière les autres.

La seule « norme » qui tienne encore serait donc celle de l’exclusivité ?

On entend en effet encore dire ici et là :  le « vrai » amour ne peut être qu’exclusif ; si on va voir ailleurs, c’est que quelque chose ne va pas dans son couple ; on ne peut aimer qu’une personne à la fois.

En réalité, il ne s’agit ici que de généralités et de croyances héritées des générations précédentes : la fameuse « morale » générale, censée s’appliquer à tou·te·s sous prétexte que ça correspond à la réalité que vivent certaines personnes – voire la majorité.
Il n’y a pas si longtemps – c’est malheureusement encore le cas dans certains pays – certain·e·s ne « croyaient » pas en un amour possible entre deux personnes du même genre.

J’ai vu il y a peu une émission de télé hilarante (ou effarante : c’est selon !) sur la bisexualité : un jeune homme prétendait mordicus que la bisexualité qu’assumaient un homme et une femme en face de lui n’était qu’illusion de leur part, et qu’en réalité, ielles « n’assumaient pas » leur homosexualité. Les deux personnes avaient beau lui dire : « La bisexualité existe puisque je suis là, je n’aurais aucun mal à assumer mon homosexualité si tel était le cas, sauf qu’en réalité je suis bisexuel·le et je l’assume« , il n’en démordait pas.

Autrement dit, il prétendait savoir mieux qu’elleux-mêmes ce qu’ielles ressentaient !
C’est intéressant, et instructif : comment qui que ce soit peut-ielle prétendre savoir ce qu’il se passe dans la tête, le corps ou le cœur de quelqu’un·e d’autre ?

En réalité, vouloir imposer aux autres ce qui nous convient à nous-mêmes, sous prétexte qu’on « sait mieux » qu’elleux ce qui serait supposément bon pour elleux… n’est-il pas tout aussi « fou » ?
C'est pour ton bien

Et si on remplaçait la notion de « norme » par celle de « majorité » ?
Quand on dit d’une situation qu’elle est « normale » alors qu’en réalité, elle est juste « majoritaire », est-ce qu’en poussant le bouchon un peu plus loin, on ne projette pas que celleux qui ne se conformeraient pas à cette situation seraient « anormaux·les » ?

Et si on reconnaissait que le « modèle » du couple hétéro-mono-pour-la-vie hérité des générations qui nous ont précédé·e·s – parce que c’est ce qui marchait le mieux pour la majorité des gen·te·s à ce moment-là de leur histoire – n’est en réalité rien d’autre qu’un « mode » possible de relations… parmi d’autres qui existent déjà dans les faits aujourd’hui ?

Mon credo personnel est tout simplement qu’il n’y a pas de “règles” qui puissent s’appliquer à tou.te.s en termes de relations.  Et que les seules « règles » légitimes sont celles de l’éthique, à la fois générale, et en particulier : que chacun·e est libre aujourd’hui de dessiner pour soi-même les relations sur-mesure qui lui conviennent, tant qu’ielle ne nuit pas à autrui.

Autrement dit, quand j’entre en relation avec une personne, je m’engage à la respecter et à tenir compte de ses émotions, de ses sentiments, de ses besoins. De même que j’attends d’elle qu’elle respecte mes émotions, mes sentiments, mes besoins.
Ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre. Primum non nocere. 

En réalité, chacun·e fait du mieux qu’ielle peut, en fonction de qui ielle est et de qui est l’autre. Si la “norme” du couple hétéro-mono-pour-la-vie convient à certain·e·s : grand bien leur fasse. Mais pour les autres, je demande :  accueil, tolérance, bienveillance !

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Isabelle

 

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